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Vous attendiez que Wrecking Ball rencontre un plus grand succès, et vous en avez conclu que le public n'attend plus du rock qu'il affiche ses opinions ?
Le rock, à l'heure actuelle, n'est pas le premier vecteur pour communiquer ces idées-là. Il y a une sorte de mélange de pop et de hip-hop qui est le courant dominant et qui véhicule les messages culturels actuels.
Qu'en pensez-vous ?
C'est juste une réalité. La pop est toujours mouvante et se transforme. Il y a énormément de bonne musique en ce moment. Kanye West fait des disques formidables. Kendrick Lamar est incroyable. Vous ne voudriez pas que les choses restent statiques ou qu'il y ait une hégémonie tenace sur des positions culturelles. Mais, en ce moment même, il y a quelqu'un dans un garage avec une guitare qui, probablement, trouve une manière différente de tout réinventer, une autre place à prendre. C'est toujours comme ça.
Dans le livre, vous avez mentionné que deux des chansons de Wrecking Ball venaient d'un projet de film gospel. Qu'est-ce que c'était ?
Je ne souhaite pas en parler. Il s'agissait de quelque chose qui n'a pas été mené à son terme et le reste du projet est toujours en attente.
Rocky Ground m'a toujours semblé cinématographique. Elle ressemble à une chanson de film.
Oui. Elle a été écrite, à l'origine, pour un film.
Je pense qu'il s'agit d'une de vos meilleures chansons et elle n'a probablement pas eu l'attention qu'elle mérite.
Oui. Et il y a eu un remix de cette chanson qui est meilleur que la version originale qui se trouve sur l'album. Je suis très fier de cette chanson. C'était un petit titre plein de beauté.
Vous leur avez évidemment rendu hommage sur scène, mais les morts de David Bowie et de Prince, cette année, vous ont-elles grandement affectées ?
C'était terriblement dommage. C'était une grande perte et une tragédie. Je me suis toujours senti des affinités avec Prince. C'était un type, à chaque fois que j'allais le voir, je me disais, "Oh, mec, de retour aux sources". Il y avait un film sur lui, diffusé au cours du Arsenio Hall Show, où il joue une série de chansons d'un trait. C'est juste un des plus grands showmans que j'ai jamais vu. Et il connaissait tout. Il connaissait tout, et pouvait donc mettre en œuvre ce qu'il savait. Depuis les années 60 et 70 et Sam & Dave et James Brown, il a été un des plus grands showmans à émerger. J'ai beaucoup étudié ce qu'il a fait et j'ai essayé de reproduire le maximum de ce que je pouvais avec mes talents. Mais il a amené l'art de la scène à un niveau inégalé.
Mais quand ces types s'en vont, est-ce que ça vous donne un petit coup de pied au cul ou un rappel que tout a une fin ?
Je pense qu'on s'est tous assis pour se dire, "Quoi ?" Je n'arrivais pas à y croire quand j'ai appris la nouvelle. Chaque mort vous apporte une vision renouvelée. C'est un des messages que les morts nous transmettent. Une occasion de regarder nos vies et de regarder à nouveau le monde. C'est juste une puissante expérience, tout simplement.
Vous n'avez joué dans aucun film, ni dirigé un film, vous n'avez jamais fait d’exposition de vos peintures. Vous ne faites pas ces choses supplémentaires que beaucoup de rock stars font. Ce livre est ce qui vous a amené le plus loin. Les autres choses ne vous intéressent pas ?
Il faut avoir une intime conviction sur la raison pour laquelle vous voulez faire autre chose et sachant que vous n'avez peut-être pas ces talents escomptés. Si j'avais eu l'intime conviction, j'aurais réalisé un film, j'aurais essayé. Mais je ne l'ai jamais eu. Si vous écoutez The Ghost Of Tom Joad ou Devils & Dust, ce sont mes petits films. Et je n'ai absolument aucun talent de peinture ou de dessin ou quoi que ce soit. Ce n'est donc pas une tentation d'aucune manière, sous quelque forme que ce soit. J'ai trouvé que les formes sur lesquelles je travaillais ont été un grand exécutoire pour les choses que je voulais exprimer. Quand j'étais très jeune et qu'on m'a offert des rôles dans différents films, j'étais soucieux de diluer mon travail comme musicien et dans l'identité que je me construisais à cette époque-là. Et donc, je me suis dit, "Je vais me focaliser sur tout ce que j'ai, en faisait ce que je fais ici et maintenant".
Avec le recul, pourquoi le rock'n'roll a-t-il été une force de transformation si puissante dans votre vie - et dans le monde en général ?
En premier lieu, il y a eu une explosion qui avait été réprimée, tout d'abord, de manière extrêmement brutale. Donc, lorsque sont arrivés Little Richard et Chuck Berry et Elvis et Jerry Lee Lewis, il y a eu cette chose qui couvait et qui a soudainement déferlé sur le monde, vous permettant enfin de vivre avec une partie de votre esprit et de votre corps qui étaient auparavant brimés, de beaucoup de manières. Le rock est également apparu à un moment où les gens s'interrogeaient sur la religion. Il y a donc eu un coté laïque-profane, basé sur la félicité et la joie et sur une transcendance personnelle liées aux circonstances. Il s'est retrouvé pris dans l'épicentre du rêve américain, le rêve de réussite et d'accomplissement. C'était juste une force puissante, explosive, qui est arrivée à une époque où l'histoire l'exigeait presque.
Et quand vous en avez eu besoin, également.
Je suis né au bon moment.
Finalement, étant donné les années émotionnellement dures que vous avez passées, comment allez-vous aujourd'hui ?
Je vais bien ! Je vais bien aujourd'hui [il touche du bois]
Le rock, à l'heure actuelle, n'est pas le premier vecteur pour communiquer ces idées-là. Il y a une sorte de mélange de pop et de hip-hop qui est le courant dominant et qui véhicule les messages culturels actuels.
Qu'en pensez-vous ?
C'est juste une réalité. La pop est toujours mouvante et se transforme. Il y a énormément de bonne musique en ce moment. Kanye West fait des disques formidables. Kendrick Lamar est incroyable. Vous ne voudriez pas que les choses restent statiques ou qu'il y ait une hégémonie tenace sur des positions culturelles. Mais, en ce moment même, il y a quelqu'un dans un garage avec une guitare qui, probablement, trouve une manière différente de tout réinventer, une autre place à prendre. C'est toujours comme ça.
Dans le livre, vous avez mentionné que deux des chansons de Wrecking Ball venaient d'un projet de film gospel. Qu'est-ce que c'était ?
Je ne souhaite pas en parler. Il s'agissait de quelque chose qui n'a pas été mené à son terme et le reste du projet est toujours en attente.
Rocky Ground m'a toujours semblé cinématographique. Elle ressemble à une chanson de film.
Oui. Elle a été écrite, à l'origine, pour un film.
Je pense qu'il s'agit d'une de vos meilleures chansons et elle n'a probablement pas eu l'attention qu'elle mérite.
Oui. Et il y a eu un remix de cette chanson qui est meilleur que la version originale qui se trouve sur l'album. Je suis très fier de cette chanson. C'était un petit titre plein de beauté.
Vous leur avez évidemment rendu hommage sur scène, mais les morts de David Bowie et de Prince, cette année, vous ont-elles grandement affectées ?
C'était terriblement dommage. C'était une grande perte et une tragédie. Je me suis toujours senti des affinités avec Prince. C'était un type, à chaque fois que j'allais le voir, je me disais, "Oh, mec, de retour aux sources". Il y avait un film sur lui, diffusé au cours du Arsenio Hall Show, où il joue une série de chansons d'un trait. C'est juste un des plus grands showmans que j'ai jamais vu. Et il connaissait tout. Il connaissait tout, et pouvait donc mettre en œuvre ce qu'il savait. Depuis les années 60 et 70 et Sam & Dave et James Brown, il a été un des plus grands showmans à émerger. J'ai beaucoup étudié ce qu'il a fait et j'ai essayé de reproduire le maximum de ce que je pouvais avec mes talents. Mais il a amené l'art de la scène à un niveau inégalé.
Mais quand ces types s'en vont, est-ce que ça vous donne un petit coup de pied au cul ou un rappel que tout a une fin ?
Je pense qu'on s'est tous assis pour se dire, "Quoi ?" Je n'arrivais pas à y croire quand j'ai appris la nouvelle. Chaque mort vous apporte une vision renouvelée. C'est un des messages que les morts nous transmettent. Une occasion de regarder nos vies et de regarder à nouveau le monde. C'est juste une puissante expérience, tout simplement.
Vous n'avez joué dans aucun film, ni dirigé un film, vous n'avez jamais fait d’exposition de vos peintures. Vous ne faites pas ces choses supplémentaires que beaucoup de rock stars font. Ce livre est ce qui vous a amené le plus loin. Les autres choses ne vous intéressent pas ?
Il faut avoir une intime conviction sur la raison pour laquelle vous voulez faire autre chose et sachant que vous n'avez peut-être pas ces talents escomptés. Si j'avais eu l'intime conviction, j'aurais réalisé un film, j'aurais essayé. Mais je ne l'ai jamais eu. Si vous écoutez The Ghost Of Tom Joad ou Devils & Dust, ce sont mes petits films. Et je n'ai absolument aucun talent de peinture ou de dessin ou quoi que ce soit. Ce n'est donc pas une tentation d'aucune manière, sous quelque forme que ce soit. J'ai trouvé que les formes sur lesquelles je travaillais ont été un grand exécutoire pour les choses que je voulais exprimer. Quand j'étais très jeune et qu'on m'a offert des rôles dans différents films, j'étais soucieux de diluer mon travail comme musicien et dans l'identité que je me construisais à cette époque-là. Et donc, je me suis dit, "Je vais me focaliser sur tout ce que j'ai, en faisait ce que je fais ici et maintenant".
Avec le recul, pourquoi le rock'n'roll a-t-il été une force de transformation si puissante dans votre vie - et dans le monde en général ?
En premier lieu, il y a eu une explosion qui avait été réprimée, tout d'abord, de manière extrêmement brutale. Donc, lorsque sont arrivés Little Richard et Chuck Berry et Elvis et Jerry Lee Lewis, il y a eu cette chose qui couvait et qui a soudainement déferlé sur le monde, vous permettant enfin de vivre avec une partie de votre esprit et de votre corps qui étaient auparavant brimés, de beaucoup de manières. Le rock est également apparu à un moment où les gens s'interrogeaient sur la religion. Il y a donc eu un coté laïque-profane, basé sur la félicité et la joie et sur une transcendance personnelle liées aux circonstances. Il s'est retrouvé pris dans l'épicentre du rêve américain, le rêve de réussite et d'accomplissement. C'était juste une force puissante, explosive, qui est arrivée à une époque où l'histoire l'exigeait presque.
Et quand vous en avez eu besoin, également.
Je suis né au bon moment.
Finalement, étant donné les années émotionnellement dures que vous avez passées, comment allez-vous aujourd'hui ?
Je vais bien ! Je vais bien aujourd'hui [il touche du bois]
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NOTES
(1) Ce vers est tiré de la chanson Badlands.
(2) Patti Scialfa, chanteuse et auteur-compositrice américaine, et membre du E Street Band depuis 1984, est la femme de Bruce Springsteen.
(3) Jon Landau, critique musicale, est devenu le producteur et le manager de Bruce Springsteen.
(4) A l'est d'Eden est un roman de John Steinbeck, publié en 1952. C'est une fresque sur le bien et le mal sur plusieurs générations.
(5) David Duke est un homme politique américain, promoteur de théories racistes, et militant de la suprématie blanche et d'un nationalisme blanc.
(6) Black Live Matters est un mouvement militant américain, né dans la communauté afro-américaine, et dénonçant le racisme, et la violence policière. Il a été fondé en 2013, suite à l’acquittement de l'agent de sécurité qui tua, en février 2012, en Floride, le jeune Trayvon Martin, 17 ans.
(7) Colin Kaepernick est un joueur de football américain de l'équipe des 49ers de San Francisco. En 2016, avant un match, il pose un genou à terre au moment de l'hymne américain pour protester contre l'oppression des gens de couleur aux États-Unis, réclamant, par son geste, plus d’égalité pour la communauté noire.
(8) En 1984, en pleine campagne pour sa réelection, le président républicain Ronald Reagan avait tenté de s'approprier, dans un discours, le soutien du chanteur, sans son consentement. Bruce Springsteen s'en est désolidarisé.
(9) Ce vers est tiré de la chanson This Hard Land
(10) La Beat Generation est un mouvement littéraire et artistique, né dans les années 1950, aux États-Unis, dans le sillage de Jack Kerouac.
(11) Clive Davis a été le président de la maison de disques Columbia Records de 1967 à 1973.
(12) John Hammond (1910-1987) était un producteur de musique américain, découvreur de talents comme Bob Dylan, Leonard Cohen, Aretha Franklin, et Bruce Springsteen.
(2) Patti Scialfa, chanteuse et auteur-compositrice américaine, et membre du E Street Band depuis 1984, est la femme de Bruce Springsteen.
(3) Jon Landau, critique musicale, est devenu le producteur et le manager de Bruce Springsteen.
(4) A l'est d'Eden est un roman de John Steinbeck, publié en 1952. C'est une fresque sur le bien et le mal sur plusieurs générations.
(5) David Duke est un homme politique américain, promoteur de théories racistes, et militant de la suprématie blanche et d'un nationalisme blanc.
(6) Black Live Matters est un mouvement militant américain, né dans la communauté afro-américaine, et dénonçant le racisme, et la violence policière. Il a été fondé en 2013, suite à l’acquittement de l'agent de sécurité qui tua, en février 2012, en Floride, le jeune Trayvon Martin, 17 ans.
(7) Colin Kaepernick est un joueur de football américain de l'équipe des 49ers de San Francisco. En 2016, avant un match, il pose un genou à terre au moment de l'hymne américain pour protester contre l'oppression des gens de couleur aux États-Unis, réclamant, par son geste, plus d’égalité pour la communauté noire.
(8) En 1984, en pleine campagne pour sa réelection, le président républicain Ronald Reagan avait tenté de s'approprier, dans un discours, le soutien du chanteur, sans son consentement. Bruce Springsteen s'en est désolidarisé.
(9) Ce vers est tiré de la chanson This Hard Land
(10) La Beat Generation est un mouvement littéraire et artistique, né dans les années 1950, aux États-Unis, dans le sillage de Jack Kerouac.
(11) Clive Davis a été le président de la maison de disques Columbia Records de 1967 à 1973.
(12) John Hammond (1910-1987) était un producteur de musique américain, découvreur de talents comme Bob Dylan, Leonard Cohen, Aretha Franklin, et Bruce Springsteen.