Bruce Springsteen
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Episode 8 - Se tourner vers le renouveau Américain

Renegades : Born In The U.S.A.



POTUS BARACK OBAMA: Bruce et moi avons terminé nos échanges par un retour vers là où nous avons commencé, en nous questionnant, « Que faudra-t-il pour restaurer la foi en cette promesse Américaine ? », « Comment raconter une nouvelle histoire fédératrice sur notre pays, qui soit fidèle à nos idéaux les plus élevés, tout en établissant un état des lieux honnête des sujets sur lesquels nous n’avons pas été à la hauteur ? » Ce n’est pas chose aisée à faire en ces temps cyniques, surtout lorsque vous avez des milliers de médias différents et de plate-formes internet qui vous expliquent que vous pouvez gagner beaucoup d’argent en soufflant sur les braises de la colère et du ressentiment.

[L’orgue joue]

Cependant, d’une manière ou d’une autre, nous croyons tous les deux qu’il est encore possible de raconter une telle histoire, et que, à travers le pays, il y a des gens désireux de la connaître. Nous sommes convaincus qu'en dépit de tous nos désaccords, la plupart d’entre nous aspire à une Amérique plus juste et plus empathique. Une Amérique qui appartient à tous. Nous avons commencé à explorer cet idée-là avec le récit d’un cadeau invraisemblable qu’une inconnue m’a offert au cours de ma campagne pour la présidence. Et puis avec Bruce expliquant la genèse d'une de ses chansons les plus populaires et les plus mal comprises.

[L’orgue joue en fond, puis s’estompe]

****

BRUCE SPRINGSTEEN: Dis-moi, quand as-tu pensé la première fois que tu voulais te présenter à l’élection présidentielle ?

POTUS BARACK OBAMA: Uh, oh [rires]

BRUCE SPRINGSTEEN: Quelle était ton ambition ? [rires] Qu’est-ce qui... [rires] Qu’est-ce qui t’en a donné l'envie ? [rires]

POTUS BARACK OBAMA: On m’a certainement fait tomber sur la tête.

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: L'envie remonte à tout ce dont nous avons parlé... A cette idée d’aligner l’Amérique avec ses idéaux. C’était mon travail, c’était mon but.

Ce qui est formidable lorsque tu pars en campagne, c'est que tu voyages aux quatre coins du pays. Nous avons commencé la campagne dans l'Iowa, qui n'est pas un État très représentatif. C'est un État blanc, en très grande majorité. Beaucoup de maïs, beaucoup d'élevages de porcs. La population est, en moyenne, assez âgée. Et donc, si tu cherches un endroit où un jeune Afro-Américain, du nom de Barack Hussein Obama, a les meilleures chances de gagner, et bien l'Iowa n'est pas le choix le plus judicieux. Et pourtant, parce que j'habitais dans l'État voisin de l'Illinois, et que j'avais beaucoup fait campagne dans le sud de ce même État, je connaissais la population plutôt bien. Ce que j'avais découvert assez tôt - au cours de ma campagne pour me faire élire au Sénat - c'est que bon nombre d'entre eux étaient exactement comme mes grands-parents. Lorsque tu vas chez eux, ils te servent la même Jell-O moulée (1). Ils parlent des choses de la même manière. Les valeurs fondamentales sont très similaires, très Midwest, amicaux, rien d'ostentatoire. Et je suis donc très à l'aise dans cet environnement.

Tu vas de ville en ville, et tu parles à une centaine de citoyens. Tu parles à cinq cent personnes. Et puis bientôt un millier. Mais tu as toujours l'impression d'engager une discussion intime. Et ce que j'ai appris dans l'Iowa n'a fait que conforter ce en quoi j'avais cru depuis le début : en dépit de toutes nos différences, il y a des traits communs chez tous les Américains. Les parents de Michelle, dans le South Side de Chicago, envisageaient les choses de manière très similaire à un couple de l'Iowa. Ces deux couples croyaient au dur labeur. Tous deux croyaient aux sacrifices consentis pour les enfants. Pour les deux, il était important de tenir parole. Ils croyaient en la responsabilité individuelle, et que nous devons accomplir certaines choses les uns pour les autres, comme par exemple s'assurer que tous les enfants bénéficient d'un bon enseignement, ou que les seniors ne sombrent pas dans la pauvreté. Qu'en cas de maladie, vous ne vous retrouviez pas livré à vous-même. Et la fierté d'avoir un bon boulot. Tu vois ces valeurs communes, et tu te dis : si j'arrive juste à convaincre les habitants des villes et ceux de la campagne, les Blancs, les Noirs et les Hispaniques - si j'arrive à faire en sorte qu'ils s'entendent, ils se verront et se reconnaitront les uns dans les autres et, à partir de ce moment-là, nous aurons une base pour véritablement faire avancer le pays.

BRUCE SPRINGSTEEN: As-tu vu des choses qui t'ont choqué ? Où qui t'ont amené à remettre en question tes choix ?

POTUS BARACK OBAMA: Je remettais en questions mes décisions chaque jour, parce que tu te fais bousculer lorsque tu es sur la route. Parce que tu fais des erreurs, tu dis des idioties et, parfois, le public est mortellement déçu. La plupart du temps, lorsque je remettais mes choix en question, ce n'était pas l'entreprise proprement dite qui était en question, ce n'était pas mon incapacité manifeste à me hisser à la hauteur de l'occasion. Ou la déception que j'éprouvais quand je n'arrivais pas à faire passer le courant avec les gens, quand je ne parvenais pas à raconter leur histoire. Si tu t'y prends bien, quand tu te présentes à l'élection présidentielle, le sujet, ce n'est pas toi, en fait. Le sujet consiste à trouver le chœur, à trouver le collectif.

Au début de la campagne, je dois me rendre en Caroline, dans une ville appelée Greenwood. La raison pour laquelle je m'y rends, c’est parce que je voulais à tout prix le soutien d'une élue de l’État (2). Et elle m'avait dit, « Si vous venez dans cette ville, je vous soutiendrai officiellement ».

BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.

POTUS BARACK OBAMA: « Dans ma ville ».

[La guitare acoustique joue en fond]

Je réponds, « Oui ». Il se trouve que cette ville est à une heure et demi de la grande ville...

BRUCE SPRINGSTEEN: Ok.

POTUS BARACK OBAMA: ...la plus proche. Et à l’époque, je ne suis pas bien placé dans les sondages. Et nous arrivons sur place, et il pleut à verse, et le New York Times vient de publier un article à charge contre moi. Et puis tu sais, tout le monde commence à se dire, « Ce n'était qu'un feu de paille »... Finalement, j’arrive là-bas et... C’est dans un gymnase, ou quelque chose comme ça. Et j’entre, et je suis mouillé, je suis de mauvaise humeur, et tout à coup, alors que je serre les mains de tout le monde, j’entends...

[Archive audio de Edith Childs et du Président Obama scandant: “Gonflé à Bloc ! ...Gonflé à bloc !”]

POTUS BARACK OBAMA: « Gonflé à bloc ! »

BRUCE SPRINGSTEEN: « Prêt à y aller ! »

POTUS BARACK OBAMA: « Prêt à y aller ! »

[Archive audio de Edith Childs et du Président Obama scandant: “Prêt à y aller ! Gonflé à Bloc ! Gonflé à bloc ! Prêt à y aller !”]

POTUS BARACK OBAMA: Il s’est avéré que cette... [rires] magnifique femme s’appelait Edith Childs.

[La guitare acoustique joue en fond]

POTUS BARACK OBAMA: C’était une sorte de détective privée à mi-temps [rires]

BRUCE SPRINGSTEEN: D’accord [rires]

POTUS BARACK OBAMA: Et elle avait un grand sourire, et elle portait une robe assez flamboyante et un chapeau, et apparemment, elle avait l’habitude de scander ce cri de ralliement.

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: « Gonflé à bloc, prêt à y aller » Et je me suis dit, au début, « C’est dingue ».

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: Mais tout le monde répétait ces mots, alors je me suis dit, « Et bien, je ferais mieux de faire pareil. De toute façon, je suis là ». Et tout à coup, j’ai commencé à me sentir bien. Et, j’ai adoré.

BRUCE SPRINGSTEEN: C’est formidable.

POTUS BARACK OBAMA: L’excentricité de...

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: ...de la détermination dont elle faisait preuve.

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: C’était juste une détermination joyeuse.

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: Soudain, je suis de meilleure humeur. Nous avons un bon échange avec les personnes présentes. Quand je pars, je dis à mon équipe, « Êtes-vous gonflés à bloc ? Êtes-vous prêt à foncer ? » C'est ce que j'ai découvert pendant la campagne présidentielle, c'est que les gens te portent.

BRUCE SPRINGSTEEN: Évidemment.

POTUS BARACK OBAMA: Ce n'est pas toi. Tu fais passer leur énergie.

[La guitare acoustique joue]

Leurs espoirs. Leurs puissances. Ah, leur résilience. Ce que tu découvres également - mais on s'y attend - c'est que certaines des tensions les plus sombres de la vie américaine sont présentes. Tu sais, lorsque je suis allé en Caroline du Sud, j'ai connu ce grand moment avec Edith Childs. J'ai aussi eu des moments où j'entre dans un restaurant... Et je commence à serrer des mains et tout le monde...

BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.

POTUS BARACK OBAMA: ...est très gentil, et puis tu arrives à une table.

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: Où on refuse de te serrer la main.

BRUCE SPRINGSTEEN: Hmm.

POTUS BARACK OBAMA: Tu comprends... Et puis tu reprends ta voiture et tu aperçois un drapeau confédéré (3) hissé par certains manifestants. Le message n'est pas vraiment subtil [rires]

BRUCE SPRINGSTEEN: Non.

POTUS BARACK OBAMA: Dans l'ensemble, pour un moment sombre comme celui que je viens d'évoquer, tu as 10...

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: ...15, 20, 30 petits moments de gloire, tu comprends ? Il n'y a pas une seule manière d'être un Américain, et c'est la raison pour laquelle lorsque tu vois certaines prises de positions politiques qui ont émergé...

BRUCE SPRINGSTEEN: Dingue... Si répugnant, mec.

POTUS BARACK OBAMA: Quand tu entends... Pendant notre campagne, il y avait Sarah Palin (4), qui était une sorte de prototype et une précurseur de...

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: ...ce qui allait arriver après. Et elle parlait des vrais américains et moi, visiblement, je ne correspondais pas à ces critères-là. Et lorsque je l'entends, je m'interroge, « Tu ne t'es pas beaucoup baladé, parce que...

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: ...les Américains sont de toutes les tailles et de toutes les formes ».

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: Et c'est une joie de faire campagne pour la présidence. Tu visites les cinquante États.

[Bruce Springsteen - Born In The USA]

Tu rencontres des citoyens de tous horizons et de toutes positions, et il y a un fil conducteur entre nous... Il y a ce lien. Il y a cet attachement. Même entre les conservateurs, les libéraux... Il y a un ensemble commun de valeurs, mais elles ont été très profondément enterrées. Une partie de l'intensité de nos désaccords vient précisément du fait que nos sujets de désaccords, ce sont les contradictions que nous portons en nous.

[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond: “Booorn in the U.S.A... I was...Booorn in the U.S.A... I was...Booorn in the U.S.A....Booorn in the U.S.A...”]


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