Bruce Springsteen
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The Observer, 18 janvier 2009

Rencontrez le nouveau patron



C'est Bruce Springsteen d'une humeur tout à fait sincère, discutant sur la manière dont Bush a ruiné l'Amérique, et sur la manière dont il a surmonté ses récentes tragédies personnelles. Mais avec un nouveau président, le chanteur fait preuve d'un nouvel optimisme - mince, il adore même le supermarché du coin maintenant.

Interview de Mark Hagen

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The Observer, 18 janvier 2009
C'est une froide journée d'hiver, et je conduis à travers des champs enneigés pour aller rencontrer Bruce Springsteen. Vers la fin du XVIIIème siècle, un émigré écossais est venu dans cette partie du nord du New Jersey à la recherche d'un nouveau monde. Il a acheté du terrain, a construit une maison pour sa famille et s'est installé dans une vie d'agriculteur. Les canards et les poulets sont toujours là, mais le propriétaire actuel y mène une vie très différente.

Bruce Springsteen et moi, nous nous sommes liés d'amitié il y a dix ans, lorsque j'étais venu dans cette même propriété afin de réaliser un film pour la BBC. C'est un endroit chaleureux et familier, le bois et l'ardoise de la cuisine donnant sur un petit studio d'enregistrement et sur un salon décoré de photos d'Elvis Presley, de Bob Dylan et du Band; en fait, la pièce où Springsteen a enregistré l'album The Seeger Sessions de 2006, les musiciens s'installant autour des canapés et sur les escaliers. Dans l'entrée ont été prises en 2005 certaines des photos pour Devils & Dust et juste derrière, il y a la piscine d'où il émergeait, dégoulinant, en pleine terreur nocturne, pour la vidéo de A Night With The Jersey Devil, un blues spectral, basé sur un extrait de Baby Blue de Gene Vincent datant de 1958, et offert pour Halloween sur son site internet, l'année dernière.

Je suis revenu ici régulièrement, parfois pour revisiter son ancien répertoire, parfois pour parler de nouveaux projets, mais toujours pour boire de la bière, échanger des découvertes musicales et spéculer sur les grands mystères de la vie, comme sur la façon dont Elvis arrivait à faire un toupet avec ses cheveux. Aujourd'hui, je suis là alors que Springsteen se prépare à sortir son 16ème album studio, Working On A Dream, un ensemble de chansons intimistes sur les relations longue durée, les méditations sur les effets du temps, le tout emballé dans une superposition d'arrangements riches et bien ancrés dans les années 60 des Beach Boys, des Turtles et des Byrds.

Springsteen a rarement évité de parler de grands thèmes - repensez à 1975 et à la façon dont une Amérique inquiète, post-Vietnam, post-Watergate a réagi à Born To Run et à sa vision romantique de la fuite, ou comment les tragédies des petites villes américaines de Born In The U.S.A. en 1984 ont trouvé un écho durant les années Reagan, où la division entre les riches et les pauvres s'est aggravée. Ces dernières années, tel a continué à être le cas. Tout le monde sait qu'il a commencé The Rising en 2002 à la suite du 11-septembre, après qu'un inconnu a baissé la vitre de sa voiture et dit au chanteur "Nous avons besoin de vous maintenant". Magic, sorti il y a deux ans, était en grande partie un barrage contre les années Bush, et en novembre dernier, Barack Obama est venu le voir jouer sur scène et a avoué à sa femme qu'il s'était uniquement engagé dans la course à la présidentielle parce qu'il ne pouvait pas être Bruce Springsteen. Il a souvent décrit son travail comme une longue conversation avec son public, et c'est sa capacité à faire durer cet échange - en grande partie dans les deux sens - qui fait de lui quelqu'un de toujours pertinent, actuellement et fermement bien installé aux côtés de Dylan, de Presley et de Johnny Cash sur le Mont Rushmore de la musique populaire américaine.

Avec ça à l'esprit, plus le fait qu'il jouera au Super Bowl - le plus américain des événements - le 1er février, la semaine suivant la sortie de l'album, il est assez surprenant que Working On A Dream ne soit pas un discours sur l'état de la nation, mais quelque chose de plus personnel, et une rupture par rapport à sa sonorité habituelle. Springsteen lui-même le reconnaît quand il dit "vous entendrez des fragments de tous mes autres disques, mais si vous avez tous mes autres disques, vous n'avez pas celui-ci, il vous amène vers un endroit différent".

Le Springsteen qui m'accueille chaleureusement en me serrant dans ses bras est dans sa forme habituelle, avec un rire rauque lorsqu'il se rappelle de la fois où il a vu les New York Dolls au Max's Kansas City en 1972, coincé à Manhattan après avoir manqué le dernier bus. Il me demande ce que j'écoute en ce moment et note soigneusement les noms de Kate Rusby et de Girls Aloud pour faire des recherches complémentaires. Svelte dans une chemise noire sur un tee-shirt noir, qui arbore un crâne et une tête de mort, il n'a jamais été la personne la plus enthousiaste qui soit pour faire des interviews mais se prête au jeu de bonne grâce, peaufinant et aiguisant ses réponses aussi méticuleusement qu'on peut l'imaginer écrire ses chansons. Ce qui ne veut pas dire qu'il soit sur ses gardes ou en aucun cas secret, ni qu'il se tient à l'écart de la politique. En fait, les deux heures suivantes vont révéler un homme prêt à parler ouvertement de sa vie et de son travail à un niveau assez remarquable.


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