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La scène musicale a beaucoup changé depuis la sortie de votre dernier album. Comment pensez-vous y trouver votre place aujourd'hui ?
Je n’y trouve jamais vraiment ma place, bizarrement. Dans les années soixante-dix, la musique que j’écrivais était assez romantique, et elle contenait beaucoup d’innocence, et elle ne donnait pas l’impression de faire partie de cette époque-là. Et dans les années quatre-vingt, j’écrivais et je chantais sur ce que je sentais arriver aux gens autour de moi et sur la direction, qu'à mes yeux, ce pays prenait. Et cela n’était pas non plus en adéquation avec l’époque.
Et bien, vu la réaction à votre musique à cette époque-là, je pense que vous aviez bien trouvé votre place pendant les années quatre-vingt.
Et bien, nous avions du succès, mais ce n’est pas la même chose. Tout ce que j’essaie de faire, c’est écrire de la musique qui a un sens à mes yeux, avec en elle de l'engagement et de la passion. Et je pense que j’ai le sentiment que si les thèmes sur lesquels j'écris sont vrais, et s’il y a de l’émotion, et bien il y aura quelqu’un qui voudra l’entendre. Je ne sais pas si c’est un grand public ou un public plus petit que j’ai eu par le passé. Mais le sujet n’a jamais été ma motivation première. J’ai une sorte d’histoire que je raconte, et je n’en suis vraiment qu’au milieu.
En même temps, vos nouveaux albums n’ont pas eu dans les charts le succès escompté, et vous avez dû subir des attaques de la part de médias. Qu'en ressentez-vous ?
J’essaie de ne pas m’impliquer. C’est une chose qui semble être dans l’air pour tout le monde et n’importe qui, mais je ne le prends pas vraiment personnellement. Je veux dire, peu importe le temps que vous passez à Los Angeles, vous entendez souvent: "Fantastique ! Vous êtes en haut de l'affiche - maintenant plantez-vous !".
Il y a un jeu des médias qui se joue ici et là, et je pense que ce jeu fait vendre journaux et magazines. Mais ce n’est pas un élément fondamental de la personne que je suis ou de ce que je fais. Vous faites votre musique, puis vous essayez de lui trouver un public, quel qu’il soit.
Je n’y trouve jamais vraiment ma place, bizarrement. Dans les années soixante-dix, la musique que j’écrivais était assez romantique, et elle contenait beaucoup d’innocence, et elle ne donnait pas l’impression de faire partie de cette époque-là. Et dans les années quatre-vingt, j’écrivais et je chantais sur ce que je sentais arriver aux gens autour de moi et sur la direction, qu'à mes yeux, ce pays prenait. Et cela n’était pas non plus en adéquation avec l’époque.
Et bien, vu la réaction à votre musique à cette époque-là, je pense que vous aviez bien trouvé votre place pendant les années quatre-vingt.
Et bien, nous avions du succès, mais ce n’est pas la même chose. Tout ce que j’essaie de faire, c’est écrire de la musique qui a un sens à mes yeux, avec en elle de l'engagement et de la passion. Et je pense que j’ai le sentiment que si les thèmes sur lesquels j'écris sont vrais, et s’il y a de l’émotion, et bien il y aura quelqu’un qui voudra l’entendre. Je ne sais pas si c’est un grand public ou un public plus petit que j’ai eu par le passé. Mais le sujet n’a jamais été ma motivation première. J’ai une sorte d’histoire que je raconte, et je n’en suis vraiment qu’au milieu.
En même temps, vos nouveaux albums n’ont pas eu dans les charts le succès escompté, et vous avez dû subir des attaques de la part de médias. Qu'en ressentez-vous ?
J’essaie de ne pas m’impliquer. C’est une chose qui semble être dans l’air pour tout le monde et n’importe qui, mais je ne le prends pas vraiment personnellement. Je veux dire, peu importe le temps que vous passez à Los Angeles, vous entendez souvent: "Fantastique ! Vous êtes en haut de l'affiche - maintenant plantez-vous !".
Il y a un jeu des médias qui se joue ici et là, et je pense que ce jeu fait vendre journaux et magazines. Mais ce n’est pas un élément fondamental de la personne que je suis ou de ce que je fais. Vous faites votre musique, puis vous essayez de lui trouver un public, quel qu’il soit.
Pensez-vous qu’un adolescent qui adore le rap ou le heavy metal serait intéressé par vos nouveaux albums ?
Je ne sais pas. Et je ne sais pas si on peut généraliser les choses comme ça. Je pense que pour certains oui et pour d’autres non. Tout ce que je peux faire c’est sortir ma musique. Je ne peux pas créer quelque chose qui ne soit pas honnête. Mon écriture n’est pas démographique. Je n’écris pas pour atteindre ces gens-ci ou ces gens-là.
Bien sûr, avoir un jeune public m'intéresse. Quiconque s’intéressant à ce que je fais m'intéresse. Et ce que je dois dire c'est : "Voici la façon dont j’ai grandi. Cela aura peut-être une certaine utilité. Voici les endroits où j’ai été, et voici les choses que j’ai apprises".
Mais je veux chanter sur la personne que je suis maintenant. Je veux monter sur scène et chanter avec chacune des 42 années que je porte en moi. Quand j’étais jeune, j’ai toujours dit que je ne voulais pas arriver à l’âge de 45 ou 50 ans et faire semblant d’en avoir 15 ou 16 ou 20. Cela ne m’intéressait pas du tout. Je suis un musicien à vie. Je jouerai toujours de la musique. Je n’envisage pas un moment de ma vie où je ne monterais pas sur scène quelque part, jouant de la guitare et en jouant fort, avec puissance et passion. J’attends avec impatience d’avoir 60 ou 65 ans et de le faire.
Je ne sais pas. Et je ne sais pas si on peut généraliser les choses comme ça. Je pense que pour certains oui et pour d’autres non. Tout ce que je peux faire c’est sortir ma musique. Je ne peux pas créer quelque chose qui ne soit pas honnête. Mon écriture n’est pas démographique. Je n’écris pas pour atteindre ces gens-ci ou ces gens-là.
Bien sûr, avoir un jeune public m'intéresse. Quiconque s’intéressant à ce que je fais m'intéresse. Et ce que je dois dire c'est : "Voici la façon dont j’ai grandi. Cela aura peut-être une certaine utilité. Voici les endroits où j’ai été, et voici les choses que j’ai apprises".
Mais je veux chanter sur la personne que je suis maintenant. Je veux monter sur scène et chanter avec chacune des 42 années que je porte en moi. Quand j’étais jeune, j’ai toujours dit que je ne voulais pas arriver à l’âge de 45 ou 50 ans et faire semblant d’en avoir 15 ou 16 ou 20. Cela ne m’intéressait pas du tout. Je suis un musicien à vie. Je jouerai toujours de la musique. Je n’envisage pas un moment de ma vie où je ne monterais pas sur scène quelque part, jouant de la guitare et en jouant fort, avec puissance et passion. J’attends avec impatience d’avoir 60 ou 65 ans et de le faire.
Pour la première fois depuis environ vingt ans, vous allez partir en tournée sans le E Street Band. Qu’est-ce qui a motivé votre décision de vous débarrasser d’eux ?
A la fin de la tournée Born In The U.S.A. et après avoir fait l’album live, j’ai eu le sentiment que c’était la fin de la première partie de mon voyage. Et puis pour la tournée Tunnel Of Love, j’ai pas mal chamboulé le groupe. J’ai changé la place des membres, une place qu’ils occupaient depuis 15 ans, simplement pour essayer de donner à tout cela une tournure différente.
Mais vous pouvez arriver à cet endroit où vous commencez à reproduire le rituel, et la nostalgie s’installe furtivement. Et j’ai décidé qu’il était temps de mélanger les choses. J’ai simplement dû aérer un peu les choses pour être en mesure d’avoir quelque chose de nouveau à mettre sur la table. Je voulais me débarrasser de certaines de ces vieilles attentes. Les gens venaient à mes concerts et s’attendaient à entendre Born To Run ou des trucs que j’avais écrit il y a 15 ou 20 ans. Et je voulais arriver à un endroit où, si les gens venaient au concert, il y aurait un sentiment que, et bien, le spectacle ne se déroulera pas ainsi, ce sera autre chose.
A la fin de la tournée Born In The U.S.A. et après avoir fait l’album live, j’ai eu le sentiment que c’était la fin de la première partie de mon voyage. Et puis pour la tournée Tunnel Of Love, j’ai pas mal chamboulé le groupe. J’ai changé la place des membres, une place qu’ils occupaient depuis 15 ans, simplement pour essayer de donner à tout cela une tournure différente.
Mais vous pouvez arriver à cet endroit où vous commencez à reproduire le rituel, et la nostalgie s’installe furtivement. Et j’ai décidé qu’il était temps de mélanger les choses. J’ai simplement dû aérer un peu les choses pour être en mesure d’avoir quelque chose de nouveau à mettre sur la table. Je voulais me débarrasser de certaines de ces vieilles attentes. Les gens venaient à mes concerts et s’attendaient à entendre Born To Run ou des trucs que j’avais écrit il y a 15 ou 20 ans. Et je voulais arriver à un endroit où, si les gens venaient au concert, il y aurait un sentiment que, et bien, le spectacle ne se déroulera pas ainsi, ce sera autre chose.
Est-ce que vous avez appelé chacun des membres pour leur annoncer la nouvelle ?
Oui, bien sûr. Au début, certains ont été surpris, d’autres n’ont pas été si surpris que ça. Je suis sûr que certains étaient en colère, et que d’autres ne l’étaient pas. Mais quand le temps a passé, tout s’est mis en place et vraiment bien mis en place. Je veux dire que je n’étais plus le mec qui faisait les chèques à chaque fin de mois. Tout à coup, j’étais juste Bruce, et certaines amitiés ont commencé lentement à se développer. Et c’était intéressant parce que nous n’avions pas eu ce genre de relation. Nous avions travaillé ensemble pendant si longtemps que nous n’avions vraiment pas de relation en dehors du contexte professionnel.
Vous avez mentionné que la tournée Born In The U.S.A. a marqué la fin d’une phase de votre carrière. Comment est-ce que le succès énorme de l’album et de la tournée vous ont-ils affecté ?
Le succès de Born In The U.S.A. m’a vraiment procuré un grand plaisir, mais à la fin de tout ce truc, j’ai eu cette sorte de sentiment que "Bruce était usé". Un truc du genre: "Waouh, j’en ai ma claque". Vous finissez par créer une sorte d'icône, et en fin de compte, elle vous opprime.
Oui, bien sûr. Au début, certains ont été surpris, d’autres n’ont pas été si surpris que ça. Je suis sûr que certains étaient en colère, et que d’autres ne l’étaient pas. Mais quand le temps a passé, tout s’est mis en place et vraiment bien mis en place. Je veux dire que je n’étais plus le mec qui faisait les chèques à chaque fin de mois. Tout à coup, j’étais juste Bruce, et certaines amitiés ont commencé lentement à se développer. Et c’était intéressant parce que nous n’avions pas eu ce genre de relation. Nous avions travaillé ensemble pendant si longtemps que nous n’avions vraiment pas de relation en dehors du contexte professionnel.
Vous avez mentionné que la tournée Born In The U.S.A. a marqué la fin d’une phase de votre carrière. Comment est-ce que le succès énorme de l’album et de la tournée vous ont-ils affecté ?
Le succès de Born In The U.S.A. m’a vraiment procuré un grand plaisir, mais à la fin de tout ce truc, j’ai eu cette sorte de sentiment que "Bruce était usé". Un truc du genre: "Waouh, j’en ai ma claque". Vous finissez par créer une sorte d'icône, et en fin de compte, elle vous opprime.
Vous faites allusion à quoi exactement ?
Et bien, par exemple, toute cette image qui avait été créée, - et que, c'est certain, j'ai encouragé - je l’ai vraiment toujours ressentie comme "Hé, ce n’est pas moi"; Je veux dire, l’aspect macho, ce truc n’a simplement jamais été moi. C’est peut-être un peu plus en moi que je ne le pense, mais quand j’étais petit, j’étais vraiment un enfant doux, et j’étais plus en contact avec ce genre de choses.
C’est drôle, vous savez, ce que vous créez, mais en fin de compte, je crois que la seule chose que vous puissiez faire c’est de le détruire. Donc quand j’ai écrit Tunnel Of Love, j’ai pensé qu’il fallait que je me présente de nouveau en tant qu’auteur/compositeur, et plus du tout comme une icône. Et quel soulagement. Et puis je suis arrivé à un stade où il fallait que j’enterre encore plus de ces choses, et cela a consisté en partie à venir ici à Los Angeles et à faire de la musique avec des musiciens différents et à voir ce que le résultat donnait et à vivre dans un endroit différent pendant un moment.
Comment c'est ici, comparé au New Jersey ?
Los Angeles offre beaucoup d’anonymat. Vous n’êtes pas comme un gros poisson dans une petite mare. Les gens vous saluent de la main et disent bonjour, mais dans l’ensemble on vous laisse faire votre propre chemin. Moi dans le New Jersey, d’un autre côté, j’étais comme le Père Noël au Pôle Nord (rires).
Et bien, par exemple, toute cette image qui avait été créée, - et que, c'est certain, j'ai encouragé - je l’ai vraiment toujours ressentie comme "Hé, ce n’est pas moi"; Je veux dire, l’aspect macho, ce truc n’a simplement jamais été moi. C’est peut-être un peu plus en moi que je ne le pense, mais quand j’étais petit, j’étais vraiment un enfant doux, et j’étais plus en contact avec ce genre de choses.
C’est drôle, vous savez, ce que vous créez, mais en fin de compte, je crois que la seule chose que vous puissiez faire c’est de le détruire. Donc quand j’ai écrit Tunnel Of Love, j’ai pensé qu’il fallait que je me présente de nouveau en tant qu’auteur/compositeur, et plus du tout comme une icône. Et quel soulagement. Et puis je suis arrivé à un stade où il fallait que j’enterre encore plus de ces choses, et cela a consisté en partie à venir ici à Los Angeles et à faire de la musique avec des musiciens différents et à voir ce que le résultat donnait et à vivre dans un endroit différent pendant un moment.
Comment c'est ici, comparé au New Jersey ?
Los Angeles offre beaucoup d’anonymat. Vous n’êtes pas comme un gros poisson dans une petite mare. Les gens vous saluent de la main et disent bonjour, mais dans l’ensemble on vous laisse faire votre propre chemin. Moi dans le New Jersey, d’un autre côté, j’étais comme le Père Noël au Pôle Nord (rires).
Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Euh, comment l'exprimer ? C’est comme si vous êtes une partie du produit de l’imagination de beaucoup d’autres personnes. Et ça, il faut toujours savoir le gérer. Mais c’est encore bien pire quand vous vous voyez vous-même comme un produit de votre propre imagination. Et ces trois ou quatre dernières années, c’est quelque chose dont je me suis vraiment libéré.
Je pense que ce qui s’est passé était que, quand j’étais jeune, j’ai eu cette idée de jouer ma vie comme si c'était un film, d’en écrire le scénario et de faire coller tous les morceaux. Et je l'ai vraiment fait pendant très longtemps. Mais vous pouvez devenir esclave de votre propre mythe ou de votre propre image, faute de mieux. Et c’est déjà une mauvaise chose que d’autres personnes vous perçoivent ainsi mais vous percevoir vous-même de cette façon c'est vraiment une mauvaise chose. C’est pathétique. Et je suis arrivé à un stade, quand Patti et moi sommes sortis ensemble, où j’ai dit que je devais arrêter d’écrire cette histoire. Elle ne marche pas.
Et c’est là que je me suis rendu compte que j’avais besoin d’un changement, et j’aime la Côte Ouest, j’aime sa géographie. Los Angeles est une drôle de ville. En 30 minutes, vous êtes dans les montagnes, où sur 150 kilomètres, il n’y a qu’un seul magasin. Ou dans le désert où vous trouvez cinq villes sur 750 kilomètres.
Donc, Patti et moi sommes venus ici et avons préparé la maison et avons eu nos bébés et... en fait, j’étais passé à côté d’une grande partie de ma vie. La seule façon dont je pourrais décrire cela, est que avoir du succès dans un domaine est illusoire. Les gens pensent que si vous êtes doué pour cette chose particulière, vous êtes doué pour plein de choses. Et ce n'est quasiment jamais le cas. Vous êtes doué pour cette chose particulière, et le danger est que cette chose vous autorise l’indulgence de vous détacher des autres parties de votre vie. Et au fil du temps, je me suis rendu compte que je faisais, de beaucoup de façons, bon usage de mon métier, mais j’avais aussi tendance à en abuser. Et - cela avait commencé déjà autour de la trentaine - je savais vraiment que quelque chose n’allait pas.
Euh, comment l'exprimer ? C’est comme si vous êtes une partie du produit de l’imagination de beaucoup d’autres personnes. Et ça, il faut toujours savoir le gérer. Mais c’est encore bien pire quand vous vous voyez vous-même comme un produit de votre propre imagination. Et ces trois ou quatre dernières années, c’est quelque chose dont je me suis vraiment libéré.
Je pense que ce qui s’est passé était que, quand j’étais jeune, j’ai eu cette idée de jouer ma vie comme si c'était un film, d’en écrire le scénario et de faire coller tous les morceaux. Et je l'ai vraiment fait pendant très longtemps. Mais vous pouvez devenir esclave de votre propre mythe ou de votre propre image, faute de mieux. Et c’est déjà une mauvaise chose que d’autres personnes vous perçoivent ainsi mais vous percevoir vous-même de cette façon c'est vraiment une mauvaise chose. C’est pathétique. Et je suis arrivé à un stade, quand Patti et moi sommes sortis ensemble, où j’ai dit que je devais arrêter d’écrire cette histoire. Elle ne marche pas.
Et c’est là que je me suis rendu compte que j’avais besoin d’un changement, et j’aime la Côte Ouest, j’aime sa géographie. Los Angeles est une drôle de ville. En 30 minutes, vous êtes dans les montagnes, où sur 150 kilomètres, il n’y a qu’un seul magasin. Ou dans le désert où vous trouvez cinq villes sur 750 kilomètres.
Donc, Patti et moi sommes venus ici et avons préparé la maison et avons eu nos bébés et... en fait, j’étais passé à côté d’une grande partie de ma vie. La seule façon dont je pourrais décrire cela, est que avoir du succès dans un domaine est illusoire. Les gens pensent que si vous êtes doué pour cette chose particulière, vous êtes doué pour plein de choses. Et ce n'est quasiment jamais le cas. Vous êtes doué pour cette chose particulière, et le danger est que cette chose vous autorise l’indulgence de vous détacher des autres parties de votre vie. Et au fil du temps, je me suis rendu compte que je faisais, de beaucoup de façons, bon usage de mon métier, mais j’avais aussi tendance à en abuser. Et - cela avait commencé déjà autour de la trentaine - je savais vraiment que quelque chose n’allait pas.
C’était il y a dix ans environ ?
Oui, ça a commencé à la fin de la tournée The River. J’avais eu plus de succès que je n’aurais pu l’imaginer. Nous avions joué un peu partout dans le monde. Et j’ai pensé un truc du genre "C'est arrivé !". Et j’ai décidé, "Très bien, je veux une maison". Et j’ai commencé à chercher une maison.
J’ai cherché pendant 2 ans. Je n’arrivais pas en trouver une. J’ai probablement visité chaque maison du New Jersey - deux fois. Je n’ai jamais acheté de maison. J’ai pensé que je ne pouvais simplement pas en trouver une que j’aimais. Et puis je me suis rendu compte que ce n’était pas que je ne pouvais pas en trouver une, je ne pouvais pas en acheter une. Je peux en trouver une, mais je ne peux pas en acheter une. Merde ! Pourquoi ?
Et j’ai commencé à me demander pourquoi. Pourquoi est-ce que je me sentais bien seulement quand j’étais en tournée ? Pourquoi tous les personnages de mes chansons étaient-ils dans des voitures ? Je veux dire que, quand j’avais une vingtaine d’années, j’étais toujours du style "Hé, ce que je peux mettre dans cette valise, cet étui à guitare, ce bus, c’est tout ce dont j’ai besoin, maintenant et pour toujours". Et je l’ai vraiment cru. Et je l’ai vraiment vécu. Vécu pendant longtemps.
Oui, ça a commencé à la fin de la tournée The River. J’avais eu plus de succès que je n’aurais pu l’imaginer. Nous avions joué un peu partout dans le monde. Et j’ai pensé un truc du genre "C'est arrivé !". Et j’ai décidé, "Très bien, je veux une maison". Et j’ai commencé à chercher une maison.
J’ai cherché pendant 2 ans. Je n’arrivais pas en trouver une. J’ai probablement visité chaque maison du New Jersey - deux fois. Je n’ai jamais acheté de maison. J’ai pensé que je ne pouvais simplement pas en trouver une que j’aimais. Et puis je me suis rendu compte que ce n’était pas que je ne pouvais pas en trouver une, je ne pouvais pas en acheter une. Je peux en trouver une, mais je ne peux pas en acheter une. Merde ! Pourquoi ?
Et j’ai commencé à me demander pourquoi. Pourquoi est-ce que je me sentais bien seulement quand j’étais en tournée ? Pourquoi tous les personnages de mes chansons étaient-ils dans des voitures ? Je veux dire que, quand j’avais une vingtaine d’années, j’étais toujours du style "Hé, ce que je peux mettre dans cette valise, cet étui à guitare, ce bus, c’est tout ce dont j’ai besoin, maintenant et pour toujours". Et je l’ai vraiment cru. Et je l’ai vraiment vécu. Vécu pendant longtemps.