Bruce Springsteen
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

Rolling Stone, 05 août 1992

The Rolling Stone Interview



"Dans la boule de cristal, je vois l’amour, je vois l’aventure, je vois la récompense financière. Je vois ces albums, mec, je les vois remonter dans les charts. Je les vois passer devant ce vieux Def Leppard, devant Kris Kross. Je les vois tout en haut, devant ‘Weird Al’ Yankovic, même... Attendez une minute. On est en train de chuter. On est en train de chuter dans ces charts. On redescend bien bas, tout en bas, hors de vue, dans l’obscurité..."

par James Henke

Rolling Stone, 05 août 1992
C’était le 5 juin, et pendant que Bruce Springsteen chantait Glory Days vers la fin d’une retransmission radio en direct d'une scène de Los Angeles, il a finalement fait son propre commentaire sur l’échec très médiatisé de ces derniers albums - Human Touch et Lucky Town - qui n’ont pas atteint le sommet des charts contrairement à certains de leurs prédécesseurs. Heureusement, Springsteen a prouvé que, même s’il avait peut-être perdu un peu de son pouvoir commercial, il n’avait pas perdu son sens de l’humour.

Ce spectacle, devant environ 250 invités et gagnants d’un concours radio, était "une répétition générale" pour présenter son nouveau groupe - le claviériste Roy Bittan, le guitariste Shane Fontayne, le bassiste Tommy Sims, le batteur Zachary Alford, la chanteuse et guitariste Crystal Taliefero et les choristes Bobby King, Gia Ciambotti, Carol Dennis, Cleo Kennedy et Angel Rogers - et pour créer un enthousiasme pour sa tournée d’été aux États-Unis. Il a réussi sur les deux tableaux. Le concert a prouvé que même sans le E Street Band, Springsteen est toujours aussi magistral sur scène; en fait, sa nouvelle formation joue un rock plus dur, et représente musicalement un plus grand défi que son précédent groupe. Et il a toujours bien plus qu’une poignée de fans loyaux: le jour qui a suivi la retransmission radio, toutes les places de ses onze concerts au Brendan Byrne Arena dans le New Jersey (plus de 200 000 places) se sont vendues en tout juste deux heures et demie.

Pourtant, cette période a été particulièrement difficile pour Springsteen. Même si Human Touch et Lucky Town sont directement entrés, respectivement à la 2ème et 3ème place des charts, ils ont rapidement perdu des places pour finalement sortir du Top 40. Et en plus, certains médias ont apparemment pris un grand plaisir à parler du relatif manque de succès de Springsteen (et en effet, c’est relatif : chaque album s’est vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires). Un magazine, Entertainment Weekly, a même mis Springsteen en couverture avec le titre QU'EST-IL DONC ARRIVÉ A BRUCE ?

Mais les choses pourraient être pires, comme Springsteen le sait si bien. Durant ces dernières années, il a mené un combat bien plus dur - essayant de réparer ce qui était devenu une vie personnelle sérieusement endommagée. "J’étais vraiment bon en musique" dit-il "et vraiment mauvais pour tout le reste".

Sur scène, bien sûr, Springsteen savait tout faire; en dehors de la scène, c’était une autre histoire. Plutôt solitaire de nature, il avait des difficultés à maintenir toute forme de relation sur le long terme. Même quand il prêchait sur le sujet de "la communauté" pendant sa tournée Born In The U.S.A., lui-même se tenait éloigné de pratiquement tout le monde. Et quand il ne travaillait pas, il n’était pas heureux.

Quand il est parti en tournée en 1988 pour promouvoir son album Tunnel Of Love, les failles dans la vie personnelle de Springsteen commençaient à apparaître. Son mariage avec l’actrice Julianne Phillips avait commencé à battre de l’aile, et grâce aux tabloïds, il est devenu rapidement de notoriété publique qu’il fréquentait la choriste du E Street Band, Patti Scialfa. Quand il a terminé sa tournée à la fin 1988, après avoir joué une série de concerts pour Amnesty International, Springsteen a touché le fond.

Progressivement, il a commencé à reprendre sa vie en main. Il a entamé une psychothérapie. Il a divorcé de Phillips et a finalement épousé Scialfa. Il s’est séparé du E Street Band. Il a quitté le New Jersey et s’est installé à Los Angeles. Et avec Scialfa, il est devenu père de deux enfants : Evan James, qui aura bientôt deux ans, et Jessica Rae, qui est née l’année dernière, le soir du réveillon du Nouvel An.

Les épreuves personnelles de Springsteen sont documentées sur l’album Human Touch; sa victoire sur ces épreuves forment le thème de Lucky Town. On continue toujours à débattre pour savoir si sa tournée américaine, qui démarre le 23 juillet dans le New Jersey, apportera une deuxième vie à ces deux albums. Mais il n’y a aucun doute que Springsteen lui-même est bien plus heureux qu’il ne l’a été depuis longtemps. Au cours de trois longues interviews faites à Los Angeles et à New York - les premières grandes interviews qu’il donne depuis 1986 - il décrit de façon très détaillée ce qu’il appelle "le plus grand combat de ma vie" et aborde tout un tas d’autres sujets, de la musique rap à la course présidentielle.


Lu 1672 fois