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Vendredi matin à Houston et l'équipe de Q est à bord d'un airbus loué à Air Canada, à un tarif horaire exorbitant. Les sièges sont de la taille de petits sofas. Le café et les pâtisseries sont servis par le personnel de bord, trois dames pas si mal. Un repas de bœuf rôti suivra après le décollage. L'enregistrement des bagages ou les contrôles de sécurité ont été insignifiants - un véhicule utilitaire nous a simplement emmenés rapidement de l'hôtel aux marches de l'avion.
"Vous vous y habituez" dit Steve Van Zandt, balayant l'avion d'un geste large. Van Zandt, consigliere de Springsteen depuis les tous premiers jours où ils jouaient de la musique dans les bars du New Jersey, est le plus sociable du E Street Band. Clarence Clemons, vêtu de noir de la tête aux pieds, passe pour dire "Bonjour, gentlemen de la presse", de sa voix de baryton, et chaque membre est aussi poli que le suivant, mais généralement ils gardent leur distance. Van Zandt, au contraire, a rapidement baptisé les trois hommes de chez Q, Larry, Curly et Mo, et maintient une présence par ses jacasseries. Il ressemble à Silvio Dante, le personnage qu'il a joué dans Les Sopranos, bien qu'il n'y ait pas le côté menaçant et qu'un bandana lui couvre la tête, plutôt que la perruque Pompadour qu'il porte pour ce rôle. Barbara Carr, qui est dans l'entourage de Springsteen depuis les années 70, dira plus tard qu'elle ne l'a jamais vu sans son bandana.
Springsteen et Scialfa sont les derniers à embarquer. Il porte la même tenue, veste-jeans-botte, que deux jours plus tôt. Nous sommes dans les airs depuis 10 minutes, lorsqu'il surgit à notre table. "Comment était Houston, les gars ?" demande-t-il. Étrange, franchement. "C'est une ville étrange", dit-il en riant. Il rit souvent, et en riant il émet des sifflements et des grognements qui font penser à l'enregistrement d'un aboiement de chiens dont la bande passerait à l'envers.
Le E Street Band, dit Springsteen, est venu à Houston pour la première fois en 1973. Ils ont voyagé en train depuis le New Jersey, ayant juré de ne pas prendre l'avion. Lors du voyage, Clemons a mis par terre, d'un seul coup de poing, un ivrogne qui hurlait constamment.
"Nous avons joué deux concerts dans un endroit qui s'appelait Liberty Hall" se souvient Springsteen. "Le truc que nous avions à l'époque, était de facturer le premier concert 1 $, et puis 5 $ pour le second. Le truc semblait fonctionner".
"Vous vous y habituez" dit Steve Van Zandt, balayant l'avion d'un geste large. Van Zandt, consigliere de Springsteen depuis les tous premiers jours où ils jouaient de la musique dans les bars du New Jersey, est le plus sociable du E Street Band. Clarence Clemons, vêtu de noir de la tête aux pieds, passe pour dire "Bonjour, gentlemen de la presse", de sa voix de baryton, et chaque membre est aussi poli que le suivant, mais généralement ils gardent leur distance. Van Zandt, au contraire, a rapidement baptisé les trois hommes de chez Q, Larry, Curly et Mo, et maintient une présence par ses jacasseries. Il ressemble à Silvio Dante, le personnage qu'il a joué dans Les Sopranos, bien qu'il n'y ait pas le côté menaçant et qu'un bandana lui couvre la tête, plutôt que la perruque Pompadour qu'il porte pour ce rôle. Barbara Carr, qui est dans l'entourage de Springsteen depuis les années 70, dira plus tard qu'elle ne l'a jamais vu sans son bandana.
Springsteen et Scialfa sont les derniers à embarquer. Il porte la même tenue, veste-jeans-botte, que deux jours plus tôt. Nous sommes dans les airs depuis 10 minutes, lorsqu'il surgit à notre table. "Comment était Houston, les gars ?" demande-t-il. Étrange, franchement. "C'est une ville étrange", dit-il en riant. Il rit souvent, et en riant il émet des sifflements et des grognements qui font penser à l'enregistrement d'un aboiement de chiens dont la bande passerait à l'envers.
Le E Street Band, dit Springsteen, est venu à Houston pour la première fois en 1973. Ils ont voyagé en train depuis le New Jersey, ayant juré de ne pas prendre l'avion. Lors du voyage, Clemons a mis par terre, d'un seul coup de poing, un ivrogne qui hurlait constamment.
"Nous avons joué deux concerts dans un endroit qui s'appelait Liberty Hall" se souvient Springsteen. "Le truc que nous avions à l'époque, était de facturer le premier concert 1 $, et puis 5 $ pour le second. Le truc semblait fonctionner".
Voici d'autres choses glanées pendant la journée passée avec Bruce Springsteen: ses trois enfants lui ont récemment appris à télécharger sur iTunes, il aime bien aller dans un bar seul pour prendre une bière, quelque chose qu'il a hérité de son père, pour son 36ème anniversaire, il s'est rendu dans un club de strip-tease avec des potes, et a fait un tour appelé 'le drapeau' sur la barre des strip-teaseuses, et qui consistait à rester à l'horizontale pendant plusieurs secondes. "La femme aux cheveux roux s'assure que je ne fais plus ce genre de choses" dit-il en sifflant et grognant.
Pendant un moment, il collectionnait les clefs de chambres d'hôtel. "A l'époque où nous allions dans les petits Holyday Inn et qu'ils avaient des clefs de chambre en plastique. Je les avais accrochées sur un bout de cuir et de temps en temps, je les regardais pour voir où j'étais allé. Maintenant, il n'y a plus de clefs. C'est une honte - parce qu'elles permettaient de rendre toutes les choses tangibles".
Nous survolons les feux qui ont calciné plus de 40 hectares de terres arides du Texas et tué trois personnes, et les grandes plaines de l'Oklahoma et du Colorado, jusqu'à ce que les montagnes Rocheuses apparaissent à l'horizon. Au pied des Rocheuses se tient Denver. Cette ville est encadrée à l'ouest par les montagnes aux pics enneigés et à l'est par une vue aussi plate et monotone qu'une crêpe. Son ciel a la couleur du porridge.
Pendant les 40 minutes de trajet qui nous mènent en ville, Barbara Carr nous informe d'un nouveau changement dans nos plans - Springsteen a demandé à ce que nous fassions le vol retour avec lui jusque dans le New Jersey, où il va passer les fêtes de Pâques, et pour mener à bien une partie de l'interview, de peur que nous n'ayons pas suffisamment de temps avant le concert.
Pendant un moment, il collectionnait les clefs de chambres d'hôtel. "A l'époque où nous allions dans les petits Holyday Inn et qu'ils avaient des clefs de chambre en plastique. Je les avais accrochées sur un bout de cuir et de temps en temps, je les regardais pour voir où j'étais allé. Maintenant, il n'y a plus de clefs. C'est une honte - parce qu'elles permettaient de rendre toutes les choses tangibles".
Nous survolons les feux qui ont calciné plus de 40 hectares de terres arides du Texas et tué trois personnes, et les grandes plaines de l'Oklahoma et du Colorado, jusqu'à ce que les montagnes Rocheuses apparaissent à l'horizon. Au pied des Rocheuses se tient Denver. Cette ville est encadrée à l'ouest par les montagnes aux pics enneigés et à l'est par une vue aussi plate et monotone qu'une crêpe. Son ciel a la couleur du porridge.
Pendant les 40 minutes de trajet qui nous mènent en ville, Barbara Carr nous informe d'un nouveau changement dans nos plans - Springsteen a demandé à ce que nous fassions le vol retour avec lui jusque dans le New Jersey, où il va passer les fêtes de Pâques, et pour mener à bien une partie de l'interview, de peur que nous n'ayons pas suffisamment de temps avant le concert.
Le Pepsi Centre est une autre grande salle de sport en forme de cuvette. Ses rangées de sièges en pente raide lui donnent une importance impressionnante et les acclamations qui éclatent à l'extérieur, durant le soundcheck, suggèrent que le public y sera plus bruyant qu'à Houston. En coulisses, les choses sont exactement pareilles, sauf pour Nils Lofgren, un autre E Streeter qui s'est fait remplacer les hanches, et qui se promène à vélo.
Une heure avant le concert, Springsteen fait entrer Q dans son modeste vestiaire attitré. Deux cadres photos de Springsteen avec Terry Magovern sont posés sur une table basse. Il n'a pas fait grand chose d'autre pour personnaliser l'espace: un coup d'œil rapide se porte sur un réveil de voyage, un sac noir à bandoulière ouvert, qui révèle un tee-shirt froissé, un livre et un iPod. "Asseyez-vous, faites comme chez vous" dit-il.
Il part directement en mode interview, pas de banalités. Il réfléchit à chaque question avant de répondre, soupèse et choisit ses mots avec attention. Ses réponses, quand elles arrivent, sont longues et réfléchies. Il ne fait pas de mots d'esprit, ni ne raconte d'anecdotes, ni ne vous lâche des yeux.
Une heure avant le concert, Springsteen fait entrer Q dans son modeste vestiaire attitré. Deux cadres photos de Springsteen avec Terry Magovern sont posés sur une table basse. Il n'a pas fait grand chose d'autre pour personnaliser l'espace: un coup d'œil rapide se porte sur un réveil de voyage, un sac noir à bandoulière ouvert, qui révèle un tee-shirt froissé, un livre et un iPod. "Asseyez-vous, faites comme chez vous" dit-il.
Il part directement en mode interview, pas de banalités. Il réfléchit à chaque question avant de répondre, soupèse et choisit ses mots avec attention. Ses réponses, quand elles arrivent, sont longues et réfléchies. Il ne fait pas de mots d'esprit, ni ne raconte d'anecdotes, ni ne vous lâche des yeux.