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Diriez-vous que l'écriture vous a permis de découvrir des choses que vous ignoriez sur vous-même, des sentiments que vous aviez refoulés ?
Un peu, oui, mais j'ai passé des années en psychanalyse, il y a donc beaucoup de choses dont j'étais déjà conscient. Disons que l'écriture permet de formuler différemment, dès lors que vous vous asseyez à une table pour coucher tout ça sur le papier.
Votre livre contient une révélation de taille sur la dépression qui vous poursuit et sur la fragilité d'un homme que tout le monde croit solide comme un roc(k). Avez--vous hésité à partager cette partie si intime de vous-même ?
La dépression a occupé une place grandissante dans ma vie et elle a beaucoup influencé la musique que je faisais. Les choix musicaux et créatifs que j'ai pu faire s'y enracinent. Sans la dépression, Nebraska et The Ghost Of Tom Joad n'auraient probablement jamais vu le jour. Les premiers symptômes se sont manifestés à la trentaine : si ça s'était arrêté là, elle aurait sans doute joué un rôle plus mineur dans ma vie. Mais j'ai rechuté assez durement à la soixantaine, et c'est une force puissante avec laquelle je dois composer. Elle m'affecte au quotidien et je dois la gérer d'une manière ou d'une autre. La moindre des honnêtetés m'obligeait à en parler dans mon livre.
Vous évoquez aussi la marée noire de la dépression à la manière d'un écrivain, un peu comme l'a fait William Styron.
Je n'ai pas lu Face aux ténèbres, mais je sais que c'est un très grand livre. Est-ce que j'ai traité ma dépression de manière littéraire ? Oui, sans doute. J'ai écrit une histoire tirée de ma propre histoire. Ce n'est pas l'alpha et l'oméga de mon existence, il m'est arrivé d'autres choses, et j'aurais pu écrire une autobiographie totalement différente. Mais j'ai choisi délibérément de révéler ma dépression, je suis très conscient des choix que j'ai faits, et je me suis servi de tous les outils à ma disposition pour la décrire. Tant pour travailler dur à me délivrer des forces noires et des fantômes que pour avancer avec elle.
Votre livre vous a-t-il permis d'être en paix avec vous-même ?
Je ne pense pas qu'il me permettra d'en arriver là complètement. Être en paix avec soi-même, c'est un job à temps plein qui se fait au jour le jour et, je ne m'en suis pas trop mal sorti jusqu'ici. J'ai tiré de dures leçons des démons dont souffrait mon père, mais je lutte toujours avec certaines choses, et je m'interroge sur ma vie.
Vous expliquez que l’automédication la plus efficace pour vous, c'est le réel des concerts. Ne nourririez-vous pas le fantasme de mourir sur scène plutôt que sur un lit d’hôpital ?
Ah, ah le blues du naufragé ! Même si j'ai parfois plus ma place sur un lit d’hôpital, j'arrive quand même encore à monter sur scène ! Et je jouerai tant que je pourrai.
Un peu, oui, mais j'ai passé des années en psychanalyse, il y a donc beaucoup de choses dont j'étais déjà conscient. Disons que l'écriture permet de formuler différemment, dès lors que vous vous asseyez à une table pour coucher tout ça sur le papier.
Votre livre contient une révélation de taille sur la dépression qui vous poursuit et sur la fragilité d'un homme que tout le monde croit solide comme un roc(k). Avez--vous hésité à partager cette partie si intime de vous-même ?
La dépression a occupé une place grandissante dans ma vie et elle a beaucoup influencé la musique que je faisais. Les choix musicaux et créatifs que j'ai pu faire s'y enracinent. Sans la dépression, Nebraska et The Ghost Of Tom Joad n'auraient probablement jamais vu le jour. Les premiers symptômes se sont manifestés à la trentaine : si ça s'était arrêté là, elle aurait sans doute joué un rôle plus mineur dans ma vie. Mais j'ai rechuté assez durement à la soixantaine, et c'est une force puissante avec laquelle je dois composer. Elle m'affecte au quotidien et je dois la gérer d'une manière ou d'une autre. La moindre des honnêtetés m'obligeait à en parler dans mon livre.
Vous évoquez aussi la marée noire de la dépression à la manière d'un écrivain, un peu comme l'a fait William Styron.
Je n'ai pas lu Face aux ténèbres, mais je sais que c'est un très grand livre. Est-ce que j'ai traité ma dépression de manière littéraire ? Oui, sans doute. J'ai écrit une histoire tirée de ma propre histoire. Ce n'est pas l'alpha et l'oméga de mon existence, il m'est arrivé d'autres choses, et j'aurais pu écrire une autobiographie totalement différente. Mais j'ai choisi délibérément de révéler ma dépression, je suis très conscient des choix que j'ai faits, et je me suis servi de tous les outils à ma disposition pour la décrire. Tant pour travailler dur à me délivrer des forces noires et des fantômes que pour avancer avec elle.
Votre livre vous a-t-il permis d'être en paix avec vous-même ?
Je ne pense pas qu'il me permettra d'en arriver là complètement. Être en paix avec soi-même, c'est un job à temps plein qui se fait au jour le jour et, je ne m'en suis pas trop mal sorti jusqu'ici. J'ai tiré de dures leçons des démons dont souffrait mon père, mais je lutte toujours avec certaines choses, et je m'interroge sur ma vie.
Vous expliquez que l’automédication la plus efficace pour vous, c'est le réel des concerts. Ne nourririez-vous pas le fantasme de mourir sur scène plutôt que sur un lit d’hôpital ?
Ah, ah le blues du naufragé ! Même si j'ai parfois plus ma place sur un lit d’hôpital, j'arrive quand même encore à monter sur scène ! Et je jouerai tant que je pourrai.
Dans deux heures, vous entrez sur scène à Pittsburgh. Aujourd’hui nous sommes le 11 septembre 2016, quinze ans après les attentats d’Al-Qaïda. Comptez-vous évoquer cet anniversaire ce soir ?
Nous jouerons davantage de chansons de The Rising que d'habitude. Mais je n'ai pas prévu de dire quoi que ce soit à ce sujet, je n'ai rien préparé. Je pense que ce sera mieux si nous communions à travers ma musique.
Il y a une forme de communication mystique dans vos concerts. Au lendemain du 11 septembre 2001, vous aviez écrit The Rising avec les images obsédantes "des services d'urgence qui montaient les marches des tours, alors que tous les autres les descendaient pour se mettre à l'abri".
Je pense toujours à cette symbolique de l’ascension, d'un chemin de croix profane, à l'ampleur du sacrifice, mais quand j'ai écrit ces chansons, je voulais aussi qu'elles puissent exister de manière autonome par rapport à l'actualité du 11-septembre. Je ne souhaitais pas qu'elles soient simplement des manchettes de journaux, elles avaient besoin d'avoir leur propre vie. Je voulais que quelqu'un qui ne sache pas ce qui s'est passé ce jour-là puisse les comprendre malgré tout. Elles fonctionnement à beaucoup de niveaux, pour essayer de traduire l'impensable, et chaque soir, elles prennent une signification légèrement différente à mes yeux.
Nous jouerons davantage de chansons de The Rising que d'habitude. Mais je n'ai pas prévu de dire quoi que ce soit à ce sujet, je n'ai rien préparé. Je pense que ce sera mieux si nous communions à travers ma musique.
Il y a une forme de communication mystique dans vos concerts. Au lendemain du 11 septembre 2001, vous aviez écrit The Rising avec les images obsédantes "des services d'urgence qui montaient les marches des tours, alors que tous les autres les descendaient pour se mettre à l'abri".
Je pense toujours à cette symbolique de l’ascension, d'un chemin de croix profane, à l'ampleur du sacrifice, mais quand j'ai écrit ces chansons, je voulais aussi qu'elles puissent exister de manière autonome par rapport à l'actualité du 11-septembre. Je ne souhaitais pas qu'elles soient simplement des manchettes de journaux, elles avaient besoin d'avoir leur propre vie. Je voulais que quelqu'un qui ne sache pas ce qui s'est passé ce jour-là puisse les comprendre malgré tout. Elles fonctionnement à beaucoup de niveaux, pour essayer de traduire l'impensable, et chaque soir, elles prennent une signification légèrement différente à mes yeux.