Dans sa loge. Collez votre oreille à la porte. Il est là maintenant avec le biographe et hôte de Sirius, Dave Marsh.
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Nous parlons à Bruce Springsteen. Nous sommes à Asbury Park, NJ. Je vous vois jouer depuis 1972 et depuis cette date, vous avez fait des apparitions ou donné un concert chaque année d'élection, et voilà que tout recommence. Vous vous êtes tellement impliqués lors de la dernière élection (2004), pourriez-vous imaginer rester en dehors de celle-là, cette fois-ci ?
"Oh ! oui. Je le peux, vous savez. Car je ne crois pas que les musiciens ou artistes aient une profonde influence sur le monde politique. Je crois que quelque soit l'aide que nous avons apportée la dernière fois, si aide il y a eu, elle a été en partie causée par la surprise que nous avons provoquée. Et donc, c'était, "Qu'est-ce qu'il fait ce mec ? Il doit se passer un truc". Si nous avons été d'une quelconque utilité, je pense qu'elle provient du fait que nous n'étions pas partout, tout le temps, et je pense que c'est important. Et je crois que vous pouvez être à la fois légèrement utile et être en même temps légèrement nuisible. Je ne veux surtout pas faire ça.
Je ne pense pas que les gens élaborent leurs opinions politiques en fonction de leur artiste préféré. Je pense qu'ils choisissent probablement les artistes avec lesquels ils possèdent quelque chose en commun, et ensuite, ils vous autorisent à les influencer, jusqu'à un certain degré. Et le système fonctionne dans l'autre sens également. J'autorise mon public à m'influencer de certaines façons. Je crois qu'il y a certaines choses où ils peuvent m'être utiles. Mais encore une fois, je pense aussi que ça peut devenir légèrement nuisible...
Nuisibles aux candidats ou à la cause ?
Aux candidats et à la cause, aux deux. Donc je reste prudent et tout dépend du contexte. Je ne sais pas ce que nous allons faire cette fois-ci, si nous allons faire quelque chose ou non. C'est quelque chose qui doit arriver si on en ressent la nécessité. Je doute que nous soyons dans le même contexte que la dernière fois.
Il y a en ce moment, un grand débat, semble-t-il, autour de Barack Obama. Vous sentez-vous concerné ?
Oui, c'est un personnage passionnant. Et j'aime bien Hillary Clinton également. Je pense que ce sont deux bons candidats. Je crois que ce qui a rendu Barack Obama unique - encore une fois c'est un cliché, mais c'est la vérité - c'est qu'il nous apparait comme un homme politique très "XXIème siècle". Et je pense que, comme quelqu'un l'a mentionné, c'est moins ce qu'il fait que qui il est, et ce qu'il a été. Cela me rappelle ces moments charnières de l'histoire culturelle, semblable à l'arrivée des Beatles. Et c'est le signe d'un changement culturel. Vous le sentez arriver en ce moment. Je crois que c'est la raison pour laquelle les gens sont aussi enthousiastes, quelque chose de vraiment différent pourrait arriver. Qui n'arrivera pas forcement. Mais il y a une possibilité pour que le président soit une femme ou le premier président noir. Vous savez que ce sont des choses qui peuvent profondément changer le pays d'une certaine façon.
"Oh ! oui. Je le peux, vous savez. Car je ne crois pas que les musiciens ou artistes aient une profonde influence sur le monde politique. Je crois que quelque soit l'aide que nous avons apportée la dernière fois, si aide il y a eu, elle a été en partie causée par la surprise que nous avons provoquée. Et donc, c'était, "Qu'est-ce qu'il fait ce mec ? Il doit se passer un truc". Si nous avons été d'une quelconque utilité, je pense qu'elle provient du fait que nous n'étions pas partout, tout le temps, et je pense que c'est important. Et je crois que vous pouvez être à la fois légèrement utile et être en même temps légèrement nuisible. Je ne veux surtout pas faire ça.
Je ne pense pas que les gens élaborent leurs opinions politiques en fonction de leur artiste préféré. Je pense qu'ils choisissent probablement les artistes avec lesquels ils possèdent quelque chose en commun, et ensuite, ils vous autorisent à les influencer, jusqu'à un certain degré. Et le système fonctionne dans l'autre sens également. J'autorise mon public à m'influencer de certaines façons. Je crois qu'il y a certaines choses où ils peuvent m'être utiles. Mais encore une fois, je pense aussi que ça peut devenir légèrement nuisible...
Nuisibles aux candidats ou à la cause ?
Aux candidats et à la cause, aux deux. Donc je reste prudent et tout dépend du contexte. Je ne sais pas ce que nous allons faire cette fois-ci, si nous allons faire quelque chose ou non. C'est quelque chose qui doit arriver si on en ressent la nécessité. Je doute que nous soyons dans le même contexte que la dernière fois.
Il y a en ce moment, un grand débat, semble-t-il, autour de Barack Obama. Vous sentez-vous concerné ?
Oui, c'est un personnage passionnant. Et j'aime bien Hillary Clinton également. Je pense que ce sont deux bons candidats. Je crois que ce qui a rendu Barack Obama unique - encore une fois c'est un cliché, mais c'est la vérité - c'est qu'il nous apparait comme un homme politique très "XXIème siècle". Et je pense que, comme quelqu'un l'a mentionné, c'est moins ce qu'il fait que qui il est, et ce qu'il a été. Cela me rappelle ces moments charnières de l'histoire culturelle, semblable à l'arrivée des Beatles. Et c'est le signe d'un changement culturel. Vous le sentez arriver en ce moment. Je crois que c'est la raison pour laquelle les gens sont aussi enthousiastes, quelque chose de vraiment différent pourrait arriver. Qui n'arrivera pas forcement. Mais il y a une possibilité pour que le président soit une femme ou le premier président noir. Vous savez que ce sont des choses qui peuvent profondément changer le pays d'une certaine façon.
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AMERICAN LAND
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American Land, chantée pendant tous les rappels de la tournée Magic. Bruce Springsteen est backstage sur E Street Radio, parlant de la tournée avec le biographe et animateur de Sirius, Dave Marsh.
Parlons de ce qui fait de Magic une tournée un peu différente des autres. Ce qui me paraît être la chose principale, c'est combien le set est compact, juste la durée parfaite pour un concert. Je n'ai pas l'impression que des choses soient laissées de côté...
Oui, le développement a véritablement été naturel. Le truc, c'est comment intégrer les chansons que vous venez d'écrire à votre répertoire. Pour que le concert apporte ces deux sentiments: vous voulez ressentir la nouveauté et également honorer l'histoire que vous avez avec votre public, et avec la musique que vous avez écrite par le passé. Donc, nous sommes toujours à la recherche du concert, vous répétez pour trouver le concert. Tout le monde sait jouer et rapidement, vous savez jouer les nouveaux morceaux. Alors vous répétez pour situer votre récit: vers quelle direction vous dirigez-vous cette fois-ci ? Quel récit suivez-vous ? Quand se mettra-t-il en place ? Puis vous êtes prêts. Pour nous la mise en place s'est faite, pas le premier soir à Asbury, mais le deuxième. Le premier soir, je suis sorti de scène et j'ai dit, "Nous sommes prêts à jouer". Le deuxième soir, je suis sorti de scène et j'ai dit, "Nous tenons le concert, nous tenons le récit, ce que nous voulons dire".
Est-ce qu'il existe un lien entre ce long groupe de chansons qui commence par Devil's Arcade et se termine typiquement par Badlands, qui clôt le set, avant les rappels ?
Oui. Si vous cherchez le moment charnière du concert, je dirais qu'il se trouve probablement là. Si vous voulez savoir pourquoi le E Street Band a repris la route en 2008, la raison sera celle-là. Cette série de chansons, je suppose, sera au cœur de la réponse.
Parlons de ce qui fait de Magic une tournée un peu différente des autres. Ce qui me paraît être la chose principale, c'est combien le set est compact, juste la durée parfaite pour un concert. Je n'ai pas l'impression que des choses soient laissées de côté...
Oui, le développement a véritablement été naturel. Le truc, c'est comment intégrer les chansons que vous venez d'écrire à votre répertoire. Pour que le concert apporte ces deux sentiments: vous voulez ressentir la nouveauté et également honorer l'histoire que vous avez avec votre public, et avec la musique que vous avez écrite par le passé. Donc, nous sommes toujours à la recherche du concert, vous répétez pour trouver le concert. Tout le monde sait jouer et rapidement, vous savez jouer les nouveaux morceaux. Alors vous répétez pour situer votre récit: vers quelle direction vous dirigez-vous cette fois-ci ? Quel récit suivez-vous ? Quand se mettra-t-il en place ? Puis vous êtes prêts. Pour nous la mise en place s'est faite, pas le premier soir à Asbury, mais le deuxième. Le premier soir, je suis sorti de scène et j'ai dit, "Nous sommes prêts à jouer". Le deuxième soir, je suis sorti de scène et j'ai dit, "Nous tenons le concert, nous tenons le récit, ce que nous voulons dire".
Est-ce qu'il existe un lien entre ce long groupe de chansons qui commence par Devil's Arcade et se termine typiquement par Badlands, qui clôt le set, avant les rappels ?
Oui. Si vous cherchez le moment charnière du concert, je dirais qu'il se trouve probablement là. Si vous voulez savoir pourquoi le E Street Band a repris la route en 2008, la raison sera celle-là. Cette série de chansons, je suppose, sera au cœur de la réponse.
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DEVIL'S ARCADE - THE RISING - LAST TO DIE - LONG WALK HOME - BADLANDS
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Il y a quelque chose sur la façon dont ces chansons se déplacent les unes après les autres. De Devil's Arcade jusqu'à The Rising, jusqu'à Last To Die, jusqu'à Long Walk Home, jusqu'à Badlands. Si vous voulez évaluer la distance entre la musique de 2001, celle de The Rising en 2002 et celle d'aujourd'hui, voici le genre de route que nous parcourons.
Et puis, vous nous ramenez en arrière, un retour en arrière de presque 30 ans avec Badlands.
Oui. Le matériel de Darkness reste ce que j'ai écrit, comme musique, de plus puissant et de plus pertinent. Et tournée après tournée, nous continuons de le jouer.
Mais Badlands n'avait jamais terminé un set auparavant...
Non, mais la raison est que les chansons changent et évoluent selon les circonstances: l'histoire, le répertoire que vous présentez à un moment donné. Ce qu'elles contiennent se développe, je pense, ou peut se développer, si on leur trouve la place juste. Et cette chanson était celle qui s'accordait le mieux pour clore la partie principale du concert.
Mais c'est déroutant de revenir de Long Walk Home où vous vous trouvez dans cet endroit désert et soudain dans ces Badlands qui crient au triomphe.
Oui, mais que demande Badlands ? La chanson demande de la ténacité, demande de la foi, et de la solidité, demande de la force, demande simplement de l'endurance, émotionnelle, spirituelle. Donc, je crois que si nous avons besoin de quelque chose après ces sept dernières années, ce que nous venons de vivre jusqu'ici, c'est un besoin de ténacité. Et vous n'avez pas besoin que l'on vous vide de votre vitalité.
Le concert atteint son pic en deux endroits: le premier, à la moitié du concert, avec The Promised Land, une chanson joyeuse de Darkness. Parce que nous sortons de Livin' In The Future et que la seule réponse, c'est The Promised Land. Et ensuite, Badlands, qui est une sorte de réponse à la deuxième partie du concert. Il est surprenant que ces deux chansons que j'ai écrites probablement à l'âge de 27 ans, même si le contexte politique était similaire, finissent par devenir les deux choses qui peuvent encore résumer, en grande partie, la façon dont je vois les choses actuelles.
Et puis, vous nous ramenez en arrière, un retour en arrière de presque 30 ans avec Badlands.
Oui. Le matériel de Darkness reste ce que j'ai écrit, comme musique, de plus puissant et de plus pertinent. Et tournée après tournée, nous continuons de le jouer.
Mais Badlands n'avait jamais terminé un set auparavant...
Non, mais la raison est que les chansons changent et évoluent selon les circonstances: l'histoire, le répertoire que vous présentez à un moment donné. Ce qu'elles contiennent se développe, je pense, ou peut se développer, si on leur trouve la place juste. Et cette chanson était celle qui s'accordait le mieux pour clore la partie principale du concert.
Mais c'est déroutant de revenir de Long Walk Home où vous vous trouvez dans cet endroit désert et soudain dans ces Badlands qui crient au triomphe.
Oui, mais que demande Badlands ? La chanson demande de la ténacité, demande de la foi, et de la solidité, demande de la force, demande simplement de l'endurance, émotionnelle, spirituelle. Donc, je crois que si nous avons besoin de quelque chose après ces sept dernières années, ce que nous venons de vivre jusqu'ici, c'est un besoin de ténacité. Et vous n'avez pas besoin que l'on vous vide de votre vitalité.
Le concert atteint son pic en deux endroits: le premier, à la moitié du concert, avec The Promised Land, une chanson joyeuse de Darkness. Parce que nous sortons de Livin' In The Future et que la seule réponse, c'est The Promised Land. Et ensuite, Badlands, qui est une sorte de réponse à la deuxième partie du concert. Il est surprenant que ces deux chansons que j'ai écrites probablement à l'âge de 27 ans, même si le contexte politique était similaire, finissent par devenir les deux choses qui peuvent encore résumer, en grande partie, la façon dont je vois les choses actuelles.