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Je veux revenir un instant sur Radio Nowhere. Il y a une référence à Elvis, quand le narrateur "cherche un train mystérieux". Que recherche-t-il ?
Ce que tout le monde recherche. Cette partie de la vie qu'on n'arrive jamais à atteindre mais qui est bel et bien là, tout près de vos doigts, à peine visible, quelque part dans l'obscurité. Mais c'est là que se trouvent toute la vitalité physique à l'état pur et le sang et les os et la sueur de la vie. C'est la chose qui nous permet de croire, en fin de compte, qu'elle vaut la peine d'y goûter, même du bout de la langue. C'est notre histoire. C'est ce train qui continue de rouler depuis qu'ils ont débarqué ici, en provenance d'un bateau, et qui rugit en chacun de nous en ce moment. C'est ce que j'aime rechercher.
Votre sens de l'identité américaine et de la possibilité américaine - ça vient d'où ?
Les gens que j'ai aimés ont fait ça. C'étaient des chercheurs - Hank Williams, Frank Sinatra, Elvis, James Brown. Les gens que j'ai adorés - Woody Guthrie, Dylan - ils étaient à la frontière de l'imagination américaine, et ils changeaient le cours de l'histoire et nos propres idées sur la personne que nous étions. Et vous pouvez y inclure Martin Luther King et Malcom X.
C'était une partie de ce que j'imaginais dès le début, simplement parce que j'ai eu une inspiration incroyable et un sens des lieux que des artistes avaient imaginé avant moi. C'est quelque chose que je voulais tenter, ce qui m'a passionné et excité. Pour moi, j'ai commencé avec ce que j'avais. Je suis allé marcher sur la jetée en bois, à une centaine de mètres d'ici, et je suis entré dans un magasin de babioles. Il y avait un présentoir de cartes postales, et j'en ai pris une qui disait GREETINGS FROM ASBURY PARK. Je me suis dit, "C'est la couverture de mon album. C'est mon endroit".
Mes chansons, elle parlent toutes de l'identité américaine et de votre propre identité et les masques derrières les masques derrière les masques, à la fois pour le pays et pour vous-mêmes. Et essayer de s'accrocher à ce qui en vaut la peine, ce qui en fait un endroit spécial, parce que je crois toujours que c'est ce que c'est.
L'idée américaine a toujours un pouvoir énorme dans sa meilleure manifestation. Et dix George Bush ne peuvent pas détruire cette idée - cent ne peuvent pas détruire cette idée. Ce que nous traversons maintenant, nous allons en sortir à un moment. Mais cette idée reste, et c'est quelque chose qui m'a conditionné toute ma vie. En partie, c'est pour comprendre qui j'étais - d'où je venais et ce que j'avais vu et ce que j'ai vu arriver à des gens autour de moi.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Ma famille avait pas mal de problèmes. Je venais de... c'était une famille intéressante. Ma mère est italienne seulement de deuxième génération. Ma grand-mère a vécu jusqu'à 102 ans et n'a jamais parlé anglais. Quand j'allais dans sa chambre, j'allais en Italie. Tout: les vierges, les châles. Elle est arrivée dans ce pays quand elle avait une vingtaine d'années et n'a jamais appris l'anglais. Donc, il y avait une culture italienne, et puis la famille irlandaise qui était de la vieille école.
J'ai dû mettre de l'ordre dans tout ça. Alors, l'identité est devenue une partie importante de la musique que j'écrivais. Et puis à cause de l'époque où j'ai grandi, les années 60, notre identité nationale était en plein changement. Je me suis intéressé à "quel est le côté social de cette équation ?". En fin de compte, c'est vraiment ce dont parle toutes mes chansons: "Y-a-t-il quelqu'un de vivant par ici ?", une question que l'on pose constamment. Long Walk Home aurait pu être sur l'album Darkness On The Edge Of Town.
Vous avez joué Long Walk Home pendant la tournée "Seeger Sessions". Quelle est la différence entre la jouer avec le "Sessions" Band et le E Street Band ?
C'était notre premier concert à Londres. Vous êtes très conscient de votre identité américaine quand vous êtes en Europe, particulièrement en ces temps horribles. J'avais la chanson, et nous avons travaillé sur un arrangement assez souple. Il était très facile d'improviser avec ce groupe. On travaille un truc au soundcheck et on le joue le soir même - nous l'avons beaucoup fait. C'était un groupe fantastique, fantastique. J'ai eu le sentiment d'avoir les deux meilleurs groupes au monde.
J'ai écrit la plupart de l'album en tournée avec le Sessions Band. J'ai écrit à la minute où j'ai eu fini avec The Rising. Mon idée était de partir des conséquences politiques et sociales qui ont découlé de la tragédie du 11-septembre. Living In The Future, je l'avais depuis ce temps-là, et j'avais peut-être Radio Nowhere. J'avais quelques trucs mais je n'en avais pas assez. Je les ai alors mis de côté.
Quand j'ai fait la tournée avec le Sessions Band - vous jouez et vous rentrez chez vous, vous êtes dans votre chambre d'hôtel, et je prends ma guitare. C'est là où j'écris beaucoup de choses maintenant. Et puis j'écris quand je suis chez moi, quand j'ai du temps de libre. Ça ne me prend pas beaucoup de temps maintenant. C'est un processus assez fluide comparé à ce que c'était quand j'étais jeune, quand j'insistais à me tabasser aussi longtemps et aussi durement que je le pouvais, parce que je n'avais rien de mieux à faire. Aujourd'hui, j'ai trois ados et je suis plus occupé, donc j'écris pas mal pendant mon temps libre.
Ce que tout le monde recherche. Cette partie de la vie qu'on n'arrive jamais à atteindre mais qui est bel et bien là, tout près de vos doigts, à peine visible, quelque part dans l'obscurité. Mais c'est là que se trouvent toute la vitalité physique à l'état pur et le sang et les os et la sueur de la vie. C'est la chose qui nous permet de croire, en fin de compte, qu'elle vaut la peine d'y goûter, même du bout de la langue. C'est notre histoire. C'est ce train qui continue de rouler depuis qu'ils ont débarqué ici, en provenance d'un bateau, et qui rugit en chacun de nous en ce moment. C'est ce que j'aime rechercher.
Votre sens de l'identité américaine et de la possibilité américaine - ça vient d'où ?
Les gens que j'ai aimés ont fait ça. C'étaient des chercheurs - Hank Williams, Frank Sinatra, Elvis, James Brown. Les gens que j'ai adorés - Woody Guthrie, Dylan - ils étaient à la frontière de l'imagination américaine, et ils changeaient le cours de l'histoire et nos propres idées sur la personne que nous étions. Et vous pouvez y inclure Martin Luther King et Malcom X.
C'était une partie de ce que j'imaginais dès le début, simplement parce que j'ai eu une inspiration incroyable et un sens des lieux que des artistes avaient imaginé avant moi. C'est quelque chose que je voulais tenter, ce qui m'a passionné et excité. Pour moi, j'ai commencé avec ce que j'avais. Je suis allé marcher sur la jetée en bois, à une centaine de mètres d'ici, et je suis entré dans un magasin de babioles. Il y avait un présentoir de cartes postales, et j'en ai pris une qui disait GREETINGS FROM ASBURY PARK. Je me suis dit, "C'est la couverture de mon album. C'est mon endroit".
Mes chansons, elle parlent toutes de l'identité américaine et de votre propre identité et les masques derrières les masques derrière les masques, à la fois pour le pays et pour vous-mêmes. Et essayer de s'accrocher à ce qui en vaut la peine, ce qui en fait un endroit spécial, parce que je crois toujours que c'est ce que c'est.
L'idée américaine a toujours un pouvoir énorme dans sa meilleure manifestation. Et dix George Bush ne peuvent pas détruire cette idée - cent ne peuvent pas détruire cette idée. Ce que nous traversons maintenant, nous allons en sortir à un moment. Mais cette idée reste, et c'est quelque chose qui m'a conditionné toute ma vie. En partie, c'est pour comprendre qui j'étais - d'où je venais et ce que j'avais vu et ce que j'ai vu arriver à des gens autour de moi.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Ma famille avait pas mal de problèmes. Je venais de... c'était une famille intéressante. Ma mère est italienne seulement de deuxième génération. Ma grand-mère a vécu jusqu'à 102 ans et n'a jamais parlé anglais. Quand j'allais dans sa chambre, j'allais en Italie. Tout: les vierges, les châles. Elle est arrivée dans ce pays quand elle avait une vingtaine d'années et n'a jamais appris l'anglais. Donc, il y avait une culture italienne, et puis la famille irlandaise qui était de la vieille école.
J'ai dû mettre de l'ordre dans tout ça. Alors, l'identité est devenue une partie importante de la musique que j'écrivais. Et puis à cause de l'époque où j'ai grandi, les années 60, notre identité nationale était en plein changement. Je me suis intéressé à "quel est le côté social de cette équation ?". En fin de compte, c'est vraiment ce dont parle toutes mes chansons: "Y-a-t-il quelqu'un de vivant par ici ?", une question que l'on pose constamment. Long Walk Home aurait pu être sur l'album Darkness On The Edge Of Town.
Vous avez joué Long Walk Home pendant la tournée "Seeger Sessions". Quelle est la différence entre la jouer avec le "Sessions" Band et le E Street Band ?
C'était notre premier concert à Londres. Vous êtes très conscient de votre identité américaine quand vous êtes en Europe, particulièrement en ces temps horribles. J'avais la chanson, et nous avons travaillé sur un arrangement assez souple. Il était très facile d'improviser avec ce groupe. On travaille un truc au soundcheck et on le joue le soir même - nous l'avons beaucoup fait. C'était un groupe fantastique, fantastique. J'ai eu le sentiment d'avoir les deux meilleurs groupes au monde.
J'ai écrit la plupart de l'album en tournée avec le Sessions Band. J'ai écrit à la minute où j'ai eu fini avec The Rising. Mon idée était de partir des conséquences politiques et sociales qui ont découlé de la tragédie du 11-septembre. Living In The Future, je l'avais depuis ce temps-là, et j'avais peut-être Radio Nowhere. J'avais quelques trucs mais je n'en avais pas assez. Je les ai alors mis de côté.
Quand j'ai fait la tournée avec le Sessions Band - vous jouez et vous rentrez chez vous, vous êtes dans votre chambre d'hôtel, et je prends ma guitare. C'est là où j'écris beaucoup de choses maintenant. Et puis j'écris quand je suis chez moi, quand j'ai du temps de libre. Ça ne me prend pas beaucoup de temps maintenant. C'est un processus assez fluide comparé à ce que c'était quand j'étais jeune, quand j'insistais à me tabasser aussi longtemps et aussi durement que je le pouvais, parce que je n'avais rien de mieux à faire. Aujourd'hui, j'ai trois ados et je suis plus occupé, donc j'écris pas mal pendant mon temps libre.