Bruce Springsteen
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Rolling Stone, 09 janvier 2014

Une conversation de 54 minutes avec Bruce Springsteen



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Rolling Stone, 09 janvier 2014
Vos fans américains veulent vraiment voir cette tournée. Pensez-vous être de retour ici cet été ?

Je ne sais pas. Ce n’est pas impossible. Nous étudions les possibilités. Nous allons en Afrique et nous allons en Australie. Nous avons quelques autres dates… quelques-unes aux États-Unis, des concerts dans le cadre d’événements. Nous y pensons. Je ne veux pas dire "oui" car je ne veux pas décevoir, mais je ne veux certainement pas l’exclure non plus. Nous regardons ça de près. Et il y a des endroits que nous avons ratés lors de la dernière tournée. Bien qu’ayant beaucoup joué, nous ne sommes pas allés au Texas où j’adore jouer. Nous ne sommes pas allés en Floride. Il y avait d’autres endroits où nous ne sommes pas allés sur toute cette tournée. Ce serait amusant de revenir dans certains de ces endroits.

Vous avez dit que vous étiez en train de travailler sur des chansons écrites avant Wrecking Ball. Pensez-vous que ce soit votre prochain album ?

Je ne sais pas [rires]. La seule chose que je dis dans toute cette conversation, c’est que je ne sais pas exactement ce que je fais. Non. J’avais un ensemble de chansons solo très avancées – pas terminées - mais très avancées, dans un genre très différent, sur lesquelles j’avais travaillé pendant assez longtemps avant Wrecking Ball. Au moment de la sortie de Wrecking Ball, tout d’abord, avec ce qui se passait dans le pays, je voulais que le disque sorte immédiatement. Il est devenu prioritaire et c’est un disque – comme Nebraska ou Tunnel Of Love - qui a été bouclé en dix jours, d'une traite. C’est le cas de la plupart des chansons. Au moins pour les nouvelles, et pour celles que j’ai sorties de mon carnet, elles se sont remodelées, reformatées en très peu de temps. Et puis tous ensemble, on leur a donné leur forme définitive.

Je travaille toujours sur quelque chose. Au cours des 10, 15 dernières années, j’ai eu la chance de beaucoup écrire et d’avoir une période d'écriture très prolifique. C’est ce brouillon qui est à l’origine de tout ce que nous faisons. C’est la clé de l’existence du groupe. Chaque soir, la moitié de notre concert est ce que j’appelle "notre nouveau matériel", qui comprend tout ce qui a été écrit plus ou moins au cours de la dernière décennie. Nous avons la chance d’avoir un ensemble de chansons qui sont importantes pour nos fans, que les fans veulent entendre sur scène. C’est une chose pour laquelle nous avons travaillé dur et pour laquelle nous avons beaucoup réfléchi et continuer m’intéresse.

Il y a tellement d’enregistrements pirates qui circulent parmi vos fans. Pensez-vous en sortir certains, comme les Bruce Springsteen Bootleg Series ?

Les vieux concerts, je ne sais pas. Est-ce que les gens en ont encore besoin ? [rires] Est-ce qu’ils ne vont pas sur internet pour les trouver ?

Les fans les veulent avec un son parfait et sous la forme d’une sortie officielle, et vous n’avez que très peu d’albums en public. Pensez-vous un jour revenir à ces choses ?

Je reviens à des choses qui datent d’avant mes premiers enregistrements. J’ai eu toute une carrière comme guitariste de heavy metal [éclat de rire] qui n’est jamais sortie sur disque. Mais il y a des tonnes de musique. Si vous allez sur YouTube, vous en entendrez pas mal, en fait. Et j’ai eu un groupe de rock progressif [rires] essentiellement. Steel Mill était un groupe de quatre musiciens de la fin des années 60, début des années 70 qui jouait du heavy metal, du rock progressif, et des classique blues. Nous avons fait beaucoup de musique [rires]. Je ne ferme la porte sur rien. Je suppose que ce serait sympa de prendre certains de ces concerts classiques qui ont intéressé les gens pendant les vingt, trente ou même quarante dernières années, et peut-être les formaliser d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas non plus exclu. Tout est là.

Envisagez-vous un Tracks 2 à un moment donné ?

Encore une fois, on se heurte au temps dont nous disposons. En ce moment, nous nous occupons du projet The River, dans le style de ce que nous avons fait avec Darkness. Tout dépend du matériau dont on dispose et de ce qu'il exige. Sur Darkness, nous avons pu sortir beaucoup de chansons de cette époque et qui n’étaient jamais sorties jusque-là. C’était amusant à faire.

Il y a tant de choses. Je reste ouvert à tout. Je suis à la recherche du contexte dans lequel ces différentes choses pourront sortir, et du moment qui semble opportun. Il s’agit de ce qui intéressera nos fans à un moment donné, ou de ce que j’ai besoin de faire à un instant particulier. Ou bien de ce qui m’intéresse. C’est ainsi que je travaille maintenant. Je tiens compte de toutes ces choses et de toutes ces idées, de manière permanente [rires].

C’est intéressant de voir que vous avez pris sept ans entre Tom Joad et The Rising, mais que maintenant, vous travaillez à un rythme nettement plus rapide.

C’est vieux comme le monde, l'histoire de "la lumière du train qui arrive et qui concentre ton esprit" [rires]. Il y a un petit peu de ça et vous vous dites, "J’ai toutes ces chansons, et j’en ai sorti moins que je ne le souhaitais". Cette pensée vous recentre comme il faut sur la musique. Certainement, au cours des années 90, j'y repense et je me dis, "Quelque fois, je ne suis pas complètement satisfait de quelque chose. Quelque fois, ce n’est pas réellement une raison pour ne pas le sortir". Il y a des choses qui sont intéressantes en elles-mêmes et elles sortent comme elles veulent. Mais quand je prends le taureau par les cornes, je me dis, "Si ce n’est pas assez pour moi, ce n’est pas assez pour mon public".

On ressent ces choses à des niveaux différents, à des moments différents. Je pense que dans les années 1990, je me cherchais vraiment. Est-ce que j’étais devenu un chanteur acoustique ? Je ne travaillais pas avec le E Street Band. Comment allais-je continuer ? Avais-je un moyen pour rendre le E Street Band en phase avec l’époque ? J’essayais de répondre à toutes ces questions qui ont, en quelque sorte, mijoté pendant les années 1990.

Et puis, les étapes Streets Of Philadelphia et Ghost Of Tom Joad m’ont en quelque sorte ramené vers une forme d’écriture à thème, ce qui m’a réellement ramené vers le groupe, ce qui a permis à mon écriture de se développer et d’atteindre le plus grand public. Donc, tout est... c’est comme tout le reste. Il y a des périodes plus lentes, des hauts, des bas. Ce n’est pas un travail linéaire.

Mais vous voyez un train qui vous arrive dessus ?

Pas vous ? Quel âge avez-vous ? [éclats de rire]

Trente-deux ans.

[rires] Oh, vous ne le voyez pas encore ! Mais il arrive ! [rires]

Travaillez-vous toujours sur ce livre ?

J’ai un peu écrit. J’ai commencé avec le petit essai que j’avais écrit pour le Super Bowl et que nous avions mis en ligne. Je me suis dit, "C’est une voix intéressante". J’ai écrit d’autres choses avec cette voix. Et je ne l’appellerai pas encore un livre [rires]. Ce sont des écrits, des écrits divers.

Au sujet de ce coffret The River, préparez-vous un documentaire pour aller avec ?

Le projet Darkness était vraiment bien, mais ça dépend de ce que vous avez. Avec Darkness, nous avions à la fois un vieux concert formidable et nous avons aussi enregistré cette performance à Asbury Park avec le groupe et puis il y avait beaucoup de musique, non publiée, plus que je ne l’imaginais. Beaucoup dépend de ce que vous avez quand vous retournez au coffre et que vous commencez à voir ce qu’il y avait à cette époque-là de votre carrière. Ça façonne en quelque sorte le projet et sa présentation. Je prends chaque disque l’un après l’autre. C'est quelque chose sur lequel nous travaillons. S’il n’y a pas assez de matière, alors il n’y en aura pas.

Vos deux premiers albums n’ont pas encore été remastérisés.

Oui. Entre le boulot et la maison. Peut-être faudrait-il que je délègue un peu plus. [rires]

Revenons à la tournée, vous donnez l’impression qu’il y a d’autres dates américaines pour cet été.


Je ne veux rien dire car je ne veux pas décevoir. Mais nous jouons en Afrique. Nous jouons en Australie. Puis, il est possible de continuer à jouer encore. Ce serait bien de revenir aux États-Unis si c’est possible pour tous ceux qui sont impliqués.

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NOTES

Photographies Jo Lopez & Danny Clinch

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