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Pour l'écriture de Tom Joad, vous êtes vous documenté, avez-vous mené des recherches ?
"Les histoires prennent leur origine dans plein d'endroits. En Arizona, j'ai rencontré un type qui m'a raconté l'histoire de son frère qui traînait avec un gang de motards, les Verges, dans la San Freehand Valley. Un type que je rencontre sur le bord de la route, dans ce petit motel. Je ne sais pas pourquoi, son histoire est longtemps restée en moi, et quand j'ai commencé à écrire sur cette histoire-là, je continuais à entendre sa voix.
"Quand vous vous trouvez à Los Angeles, vous avez à disposition une immense quantité d'informations sur la frontière. L'immigration et la vie de la frontière font presque partie intégrante de cette ville. C'est en partie la raison pour laquelle, au cours de ces cinq dernières années, je viens en Californie chaque année, la moitié de l'année. C'est un endroit très, très puissant; un endroit où les enjeux qui sont en cours en Amérique se passent ici et maintenant. Un endroit qui représente ce vers quoi le pays se transforme; un endroit où vous pouvez voir les machinations politiques sur la façon dont sont utilisés les thèmes de l'immigration, et toutes ces conneries qui, souvent, l'accompagnent. C'est le lieu que l'Amérique, qu'elle soit prête ou pas, va devenir."
Votre réputation a toujours été celle d'un artiste incroyablement prolifique, qui sort autant de bonnes chansons que celles qu'il garde pour lui-même. Avez-vous connu une période au cours de laquelle vous n'avez pas été capable d'écrire ?
"Si j'étais "si" prolifique, j'aurais sorti plus d'albums. Je crois qu'il y a prolifique dans l'écriture de beaucoup de chansons et il y a prolifique dans l'écriture de beaucoup de "bonnes" chansons ! J'ai écris quantité de chansons, mais à mes yeux, beaucoup n'ont pas été à la hauteur, car j'ai écris avec une idée en tête. L'idée n'était pas d'avoir les dix prochaines chansons, sortir un album et monter sur scène. J'ai écrit avec un but en tête, j'ai donc fait beaucoup de coupes dans la musique que j'écrivais. Et quand je sentais que j'avais un nombre de chansons qui collaient à mon point de vue, je les sortais sur disque. La plupart du temps, je n'ai pas sorti d'album jusqu'à ce que j'arrive à cette idée-là, car mon but premier n'était pas de sortir une collection de "hits". J'avais une idée en tête, et je suivais le fil de cette idée, quand je pensais que j'avais quelque chose de valeur à proposer à mes fans, quelque chose d'agréable, quelque chose de divertissant, quelque chose qui ne leur ferait pas perdre leur temps. J'aurais pu sortir beaucoup plus de disque informel mais, à ce moment-là, vous rognez une sorte d'identité."
Une image ?
"Une image ? En quelque sorte, je suppose. C'est une partie à un certain degré, mais c'est comme la partie visible - le côté vaporeux."
Avez-vous beaucoup de fans dans la communauté homosexuelle ?
"Pas à ma connaissance."
Il y a toujours eu quelque chose de très tranché pendant la période Born In The USA, avec l'image du type baraqué, en jeans, avec sa casquette de base-ball rangée dans une poche arrière....
"J'ai sans doute commis quelques erreurs à cette époque-là. Je ne sais pas, j'essayais peut-être de mettre un terme à mes propres inquiétudes. Cette image en particulier est la seule fois où quand je regarde mes vieilles photos avec le groupe, j'ai l'impression que c'est une caricature de moi.
"Tout ce qui est avant ou après cette période, ce ne sont que des gens ordinaires, mais à cette période précise je me suis toujours dit, 'Mon Dieu', vous comprenez ? Je ne pouvais pas vous dire ce que cette image représentait.
"Les histoires prennent leur origine dans plein d'endroits. En Arizona, j'ai rencontré un type qui m'a raconté l'histoire de son frère qui traînait avec un gang de motards, les Verges, dans la San Freehand Valley. Un type que je rencontre sur le bord de la route, dans ce petit motel. Je ne sais pas pourquoi, son histoire est longtemps restée en moi, et quand j'ai commencé à écrire sur cette histoire-là, je continuais à entendre sa voix.
"Quand vous vous trouvez à Los Angeles, vous avez à disposition une immense quantité d'informations sur la frontière. L'immigration et la vie de la frontière font presque partie intégrante de cette ville. C'est en partie la raison pour laquelle, au cours de ces cinq dernières années, je viens en Californie chaque année, la moitié de l'année. C'est un endroit très, très puissant; un endroit où les enjeux qui sont en cours en Amérique se passent ici et maintenant. Un endroit qui représente ce vers quoi le pays se transforme; un endroit où vous pouvez voir les machinations politiques sur la façon dont sont utilisés les thèmes de l'immigration, et toutes ces conneries qui, souvent, l'accompagnent. C'est le lieu que l'Amérique, qu'elle soit prête ou pas, va devenir."
Votre réputation a toujours été celle d'un artiste incroyablement prolifique, qui sort autant de bonnes chansons que celles qu'il garde pour lui-même. Avez-vous connu une période au cours de laquelle vous n'avez pas été capable d'écrire ?
"Si j'étais "si" prolifique, j'aurais sorti plus d'albums. Je crois qu'il y a prolifique dans l'écriture de beaucoup de chansons et il y a prolifique dans l'écriture de beaucoup de "bonnes" chansons ! J'ai écris quantité de chansons, mais à mes yeux, beaucoup n'ont pas été à la hauteur, car j'ai écris avec une idée en tête. L'idée n'était pas d'avoir les dix prochaines chansons, sortir un album et monter sur scène. J'ai écrit avec un but en tête, j'ai donc fait beaucoup de coupes dans la musique que j'écrivais. Et quand je sentais que j'avais un nombre de chansons qui collaient à mon point de vue, je les sortais sur disque. La plupart du temps, je n'ai pas sorti d'album jusqu'à ce que j'arrive à cette idée-là, car mon but premier n'était pas de sortir une collection de "hits". J'avais une idée en tête, et je suivais le fil de cette idée, quand je pensais que j'avais quelque chose de valeur à proposer à mes fans, quelque chose d'agréable, quelque chose de divertissant, quelque chose qui ne leur ferait pas perdre leur temps. J'aurais pu sortir beaucoup plus de disque informel mais, à ce moment-là, vous rognez une sorte d'identité."
Une image ?
"Une image ? En quelque sorte, je suppose. C'est une partie à un certain degré, mais c'est comme la partie visible - le côté vaporeux."
Avez-vous beaucoup de fans dans la communauté homosexuelle ?
"Pas à ma connaissance."
Il y a toujours eu quelque chose de très tranché pendant la période Born In The USA, avec l'image du type baraqué, en jeans, avec sa casquette de base-ball rangée dans une poche arrière....
"J'ai sans doute commis quelques erreurs à cette époque-là. Je ne sais pas, j'essayais peut-être de mettre un terme à mes propres inquiétudes. Cette image en particulier est la seule fois où quand je regarde mes vieilles photos avec le groupe, j'ai l'impression que c'est une caricature de moi.
"Tout ce qui est avant ou après cette période, ce ne sont que des gens ordinaires, mais à cette période précise je me suis toujours dit, 'Mon Dieu', vous comprenez ? Je ne pouvais pas vous dire ce que cette image représentait.
"Tout ce que je peux vous dire, c'est que quand j'ai écrit Streets Of Philadelphia, et que j'ai eu quelques contacts avec des homosexuels pour qui la chanson signifiait beaucoup, j'ai senti que cette image, à cette époque-là, pouvait avoir été mal interprétée, vous voyez ? C'est quelque chose que j'ai regretté et continue de regretter, à un certain point.
"Mais je pense, en même temps, que c'est une image facile sur laquelle s'accrocher. Peut-être qu'elle a quelque chose à voir avec la raison pour laquelle elle était puissante, ou ce qu'elle représentait. Mais elle était limite et à la fois proche - si ce n'est déjà - trop simple. C'était certainement beaucoup trop simpliste si vous regardez l'image, et que vous n'allez pas au concerts, et ne touchiez pas du doigt l'endroit à partir duquel l'image découlait, et ce qu'elle représentait. Elle avait des implications que je n'ai pas réglé à cette époque-là, et dont je ne pense pas qu'elle soit une partie fondamentale de mon travail.
Existe-t-il une part de surréalisme à jouer au Rock'n'Roll Hall Of Fame et se trouver aux côtés de héros en chair et en os, que vous vénériez de loin autrefois ?
"Oui, un soir j'étais sur scène entre George Harrison et Mick Jagger et vous savez, j'écoutais leur disque dans ma chambre, j'apprenais à jouer de la guitare avec ces disques. J'ai étudié chaque riff et la façon dont ils les jouaient et mes premières groupes les avaient pris pour modèles. Il y a toujours eu ce, 'Hey, qu'est-ce que je fais ici ?' Vous réalisez qu'il y a des millions et des millions de gosses qui ont eu ce rêve en particulier ou appelez-le comme vous voulez.
"Mais je suis heureux d'avoir une place générationnelle, où je peux me tenir sur scène avec ces personnes. C'est une immense source de plaisir que de pouvoir accompagner Chuck Berry, un des plus grands auteurs américains, un GRAND auteur américain. Il a capturé une part essentielle du pays d'une manière que personne d'autre avant ou après lui avait réussi à faire."
Êtes-vous triste que cette période créative n'ait duré qu'un court laps de temps ?
"C'est ainsi. Je n'ai aucune idée de la façon dont fonctionnent les instincts créatifs. Je suis heureux du travail qu'ils ont fait, c'est tout. Ce travail a beaucoup influencé ma musique, parce qu'il y avait beaucoup de détails dans l'écriture, des images fondamentales que j'ai prises pour l'inclure dans ma propre musique.
"C'est le cours de la musique rock. C'est très atypique de se trouver sur le devant de la scène pendant 20 ou 25 ans et continuer à faire un travail vital. Je pense que la raison est, il faut une énorme dose de foi quand vous accédez au succès, une dose de conscience, et l’habilité pour comprendre ce qui est essentiel et ce qui relève de la connerie, ce qui est très important.
"L'argent rentre dans le caisses - formidable ! On va pouvoir se payer du bon temps, on va pouvoir s'éclater avec. Mais si vous pensez que l'argent va couler à flot pendant les vingt prochaines années que vous passerez sur la route, vous allez au devant de grosses surprises.
"Aujourd'hui, je n'ai pas besoin d'être en tête des hit-parades. Je n'ai pas non plus besoin de vendre mes disques à des millions d'exemplaires. J'ai avant tout besoin d'écrire et d'enregistrer des disques qui correspondent à quelque chose de vrai, de vital, qui m'ancre dans le présent, pour que je n'ai pas à monter sur scène le soir et dépendre de mon histoire ou d'une chanson que j'ai écrite il y a 20 ans. Aujourd'hui, ce qui m'intéresse, c'est trouver ma place dans le monde tel qu'il est en ce moment. C'est ce qui est vital à mes yeux et ce qui vous soutiens et vous donne l'engagement et la motivation pour partir en tournée et présenter votre travail. C'est tout ce que je sais, après 20 ou 25 ans sur le devant de la scène."
"Mais je pense, en même temps, que c'est une image facile sur laquelle s'accrocher. Peut-être qu'elle a quelque chose à voir avec la raison pour laquelle elle était puissante, ou ce qu'elle représentait. Mais elle était limite et à la fois proche - si ce n'est déjà - trop simple. C'était certainement beaucoup trop simpliste si vous regardez l'image, et que vous n'allez pas au concerts, et ne touchiez pas du doigt l'endroit à partir duquel l'image découlait, et ce qu'elle représentait. Elle avait des implications que je n'ai pas réglé à cette époque-là, et dont je ne pense pas qu'elle soit une partie fondamentale de mon travail.
Existe-t-il une part de surréalisme à jouer au Rock'n'Roll Hall Of Fame et se trouver aux côtés de héros en chair et en os, que vous vénériez de loin autrefois ?
"Oui, un soir j'étais sur scène entre George Harrison et Mick Jagger et vous savez, j'écoutais leur disque dans ma chambre, j'apprenais à jouer de la guitare avec ces disques. J'ai étudié chaque riff et la façon dont ils les jouaient et mes premières groupes les avaient pris pour modèles. Il y a toujours eu ce, 'Hey, qu'est-ce que je fais ici ?' Vous réalisez qu'il y a des millions et des millions de gosses qui ont eu ce rêve en particulier ou appelez-le comme vous voulez.
"Mais je suis heureux d'avoir une place générationnelle, où je peux me tenir sur scène avec ces personnes. C'est une immense source de plaisir que de pouvoir accompagner Chuck Berry, un des plus grands auteurs américains, un GRAND auteur américain. Il a capturé une part essentielle du pays d'une manière que personne d'autre avant ou après lui avait réussi à faire."
Êtes-vous triste que cette période créative n'ait duré qu'un court laps de temps ?
"C'est ainsi. Je n'ai aucune idée de la façon dont fonctionnent les instincts créatifs. Je suis heureux du travail qu'ils ont fait, c'est tout. Ce travail a beaucoup influencé ma musique, parce qu'il y avait beaucoup de détails dans l'écriture, des images fondamentales que j'ai prises pour l'inclure dans ma propre musique.
"C'est le cours de la musique rock. C'est très atypique de se trouver sur le devant de la scène pendant 20 ou 25 ans et continuer à faire un travail vital. Je pense que la raison est, il faut une énorme dose de foi quand vous accédez au succès, une dose de conscience, et l’habilité pour comprendre ce qui est essentiel et ce qui relève de la connerie, ce qui est très important.
"L'argent rentre dans le caisses - formidable ! On va pouvoir se payer du bon temps, on va pouvoir s'éclater avec. Mais si vous pensez que l'argent va couler à flot pendant les vingt prochaines années que vous passerez sur la route, vous allez au devant de grosses surprises.
"Aujourd'hui, je n'ai pas besoin d'être en tête des hit-parades. Je n'ai pas non plus besoin de vendre mes disques à des millions d'exemplaires. J'ai avant tout besoin d'écrire et d'enregistrer des disques qui correspondent à quelque chose de vrai, de vital, qui m'ancre dans le présent, pour que je n'ai pas à monter sur scène le soir et dépendre de mon histoire ou d'une chanson que j'ai écrite il y a 20 ans. Aujourd'hui, ce qui m'intéresse, c'est trouver ma place dans le monde tel qu'il est en ce moment. C'est ce qui est vital à mes yeux et ce qui vous soutiens et vous donne l'engagement et la motivation pour partir en tournée et présenter votre travail. C'est tout ce que je sais, après 20 ou 25 ans sur le devant de la scène."
Existe-t-il un sentiment de peur attaché à votre travail ?
"Évidemment, c'est un sentiment attaché à tout. Je crois qu'il existe de la peur, c'est une peur que les choses vous échappent. Je ne parle pas de l'industrie musicale traditionnelle. Ce disque en particulier, je savais, en l'enregistrant, qu'il allait très peu passer à la radio et il n'est pas passé ! Fondamentalement, il n'allait pas faire partie de l’industrie musicale traditionnelle et actuelle, aux États-Unis".
Nous avons tous vu Spinal Tap (4) , avec cette idée d'un public devenant plus sélectif.
"(Rires) J'imagine qu'il y a cette notion de protection de ta vie artistique et de ton élan créatif, de tes instincts créatifs, de ta vitalité créative. C'est quelque chose que j'ai appris depuis que j'ai déchiré les posters en 1975 (lors de sa première visite en Angleterre, Springsteen a saccagé les posters le proclamant comme "l'avenir du rock'n'roll" sur la façade de l'Hammersmith Odeon) et c'est quelque chose que je ressens fortement encore aujourd'hui."
Est-ce qu'il y a des moments ou vous êtes surpris ou déçus de vous-même ?
"Toujours. Vous regardez en arrière et vous vous dites, 'Ceci, je l'ai bien fait, cela, je ne l'ai pas fait, ici j'ai bien communiqué, mais pas là'. C'est sans fin, vous comprenez ? C'est l'idée maitresse, c'est la raison pour laquelle vous avez toujours un peu d'espace pour le lendemain. C'est la raison pour laquelle cette musique n'est pas rock, elle n'est pas acoustique, c'est autre chose. Je ne sais même pas si je dois appelle mon spectacle un spectacle folk. De manière étrange, les chansons ont le rock pour socle, mais je suppose qu'elles sont basées sur le nouveau disque."
Est-ce que votre travail actuel est une réaction ou une extension du travail accompli par le passé ?
"Évidemment, car le travail de l'artiste, à mes yeux, est d'essayer de répondre aux questions que pose l'ensemble de votre œuvre, ou du moins, essayer de poser de nouvelles questions. Avec ce disque, c'est ce que j'essaye de faire.
"Depuis une dizaine d'années, j'ai senti que j'ai mis de côté ces questions car j'écrivais sur d'autres choses. Je réagissais à l'expérience Born In The USA, car je devais trouver ma voie dans cette nouvelle vie, en quelque sorte."
"Évidemment, c'est un sentiment attaché à tout. Je crois qu'il existe de la peur, c'est une peur que les choses vous échappent. Je ne parle pas de l'industrie musicale traditionnelle. Ce disque en particulier, je savais, en l'enregistrant, qu'il allait très peu passer à la radio et il n'est pas passé ! Fondamentalement, il n'allait pas faire partie de l’industrie musicale traditionnelle et actuelle, aux États-Unis".
Nous avons tous vu Spinal Tap (4) , avec cette idée d'un public devenant plus sélectif.
"(Rires) J'imagine qu'il y a cette notion de protection de ta vie artistique et de ton élan créatif, de tes instincts créatifs, de ta vitalité créative. C'est quelque chose que j'ai appris depuis que j'ai déchiré les posters en 1975 (lors de sa première visite en Angleterre, Springsteen a saccagé les posters le proclamant comme "l'avenir du rock'n'roll" sur la façade de l'Hammersmith Odeon) et c'est quelque chose que je ressens fortement encore aujourd'hui."
Est-ce qu'il y a des moments ou vous êtes surpris ou déçus de vous-même ?
"Toujours. Vous regardez en arrière et vous vous dites, 'Ceci, je l'ai bien fait, cela, je ne l'ai pas fait, ici j'ai bien communiqué, mais pas là'. C'est sans fin, vous comprenez ? C'est l'idée maitresse, c'est la raison pour laquelle vous avez toujours un peu d'espace pour le lendemain. C'est la raison pour laquelle cette musique n'est pas rock, elle n'est pas acoustique, c'est autre chose. Je ne sais même pas si je dois appelle mon spectacle un spectacle folk. De manière étrange, les chansons ont le rock pour socle, mais je suppose qu'elles sont basées sur le nouveau disque."
Est-ce que votre travail actuel est une réaction ou une extension du travail accompli par le passé ?
"Évidemment, car le travail de l'artiste, à mes yeux, est d'essayer de répondre aux questions que pose l'ensemble de votre œuvre, ou du moins, essayer de poser de nouvelles questions. Avec ce disque, c'est ce que j'essaye de faire.
"Depuis une dizaine d'années, j'ai senti que j'ai mis de côté ces questions car j'écrivais sur d'autres choses. Je réagissais à l'expérience Born In The USA, car je devais trouver ma voie dans cette nouvelle vie, en quelque sorte."
Sur le livret de votre Greatest Hits, vous décrivez Born To Run comme votre tentative de créer, à 25 ans, "le plus grand disque de rock jamais enregistré" . Qu'en pensez-vous aujourd'hui ?
"Oh, je ne sais pas, je n'arrive pas à l'écouter objectivement, ce disque est trop impliqué dans ma vie. Je n'écoute pas mon travail, je deviendrais fou si je le faisais, je deviendrais malade. Je l'apprécie comme un disque mais, au jour d'aujourd'hui, il est difficile pour moi de l'écouter car il est lié à tant d'autres choses.
"C'est vraiment une bonne chanson, je l'enregistrerais aujourd'hui d'une manière différente, probablement pas aussi bien qu'à l'époque, car j'aurais peur d'en faire trop, et il y a des périodes où vous pouvez en rajouter et aller jusqu'à la limite des choses".
Votre relation à Born In The USA est comme celle de Dylan avec Like A Roling Stone, vous efforçant de vous emparer à nouveau de la véritable signification de la chanson, plutôt que de la laisser devenir un hymne anonyme. Il n'y avait pas que Ronald Reagan (qui a essayé de la réclamer comme un soutien effectif dans son programme chauvin) qui a interprété à tort la chanson.
"A mes yeux, l'enregistrement de cette chanson est toujours aussi bon, et je ne le changerais pas ou ne voudrais pas en faire un autre. Je ne voulais pas que la version que je joue aujourd'hui sorte à cette époque-là. A cette période, j'entendais ce titre de cette façon et elle a été enregistré en deux prises.
"Vous sortez votre musique et elle vous revient de différentes manières à travers votre public. Mais un compositeur a toujours l'opportunité de monter sur scène et de re-clarifier ou de récupérer son travail; ce qui vous pousse à être inventif. Je crois que la version que je joue en ce moment... pour moi, c'est la meilleure version que j'ai faite de cette chanson, j'imagine que c'est la plus juste, vous comprenez. Elle a tout - tout ce qu'elle a besoin pour être comprise à cet instant".
Vous écrivez beaucoup sur les tueurs - des personnages comme le condamné à mort joué par Sean Penn dans Dead Man Walking (la chanson-titre du film de Tim Robbins vient d'être nominée aux Oscars) et le tueur en série de Nebraska. Avez-vous déjà rencontré de vrais tueurs ? Est-ce nécessaire pour votre travail ?
"Non, vous n'essayez pas de recréer cette expérience, vous essayez de recréer les émotions et ces choses qui se sont mises en marche lors de ces actions. Ce sont des choses que chacun comprend, ce sont des choses que chacun a en soi. L'action est le symptôme, c'est ce qui est arrivé, mais les choses qui ont amené à faire ce geste, c'est ce que chacun connait - vous savez, je sais. C'est à l'intérieur de chaque être humain.
"Ce sont des choses que vous devez vous approprier, c'est le puits dans lequel vous devez puiser, et si vous le faites, vous allez capturer le caractère central et fondamental de ces personnages."
C'est donc simplement une coïncidence que vous ressembliez au personnage que joue Sean Penn dans le film ?
"Ah bon ? Je n'avais pas réalisé. Aidez-moi, je rentre à la maison... D'abord, je n'ai pas autant de cheveux que lui".
Gavin Martin
© New Musical Express
"Oh, je ne sais pas, je n'arrive pas à l'écouter objectivement, ce disque est trop impliqué dans ma vie. Je n'écoute pas mon travail, je deviendrais fou si je le faisais, je deviendrais malade. Je l'apprécie comme un disque mais, au jour d'aujourd'hui, il est difficile pour moi de l'écouter car il est lié à tant d'autres choses.
"C'est vraiment une bonne chanson, je l'enregistrerais aujourd'hui d'une manière différente, probablement pas aussi bien qu'à l'époque, car j'aurais peur d'en faire trop, et il y a des périodes où vous pouvez en rajouter et aller jusqu'à la limite des choses".
Votre relation à Born In The USA est comme celle de Dylan avec Like A Roling Stone, vous efforçant de vous emparer à nouveau de la véritable signification de la chanson, plutôt que de la laisser devenir un hymne anonyme. Il n'y avait pas que Ronald Reagan (qui a essayé de la réclamer comme un soutien effectif dans son programme chauvin) qui a interprété à tort la chanson.
"A mes yeux, l'enregistrement de cette chanson est toujours aussi bon, et je ne le changerais pas ou ne voudrais pas en faire un autre. Je ne voulais pas que la version que je joue aujourd'hui sorte à cette époque-là. A cette période, j'entendais ce titre de cette façon et elle a été enregistré en deux prises.
"Vous sortez votre musique et elle vous revient de différentes manières à travers votre public. Mais un compositeur a toujours l'opportunité de monter sur scène et de re-clarifier ou de récupérer son travail; ce qui vous pousse à être inventif. Je crois que la version que je joue en ce moment... pour moi, c'est la meilleure version que j'ai faite de cette chanson, j'imagine que c'est la plus juste, vous comprenez. Elle a tout - tout ce qu'elle a besoin pour être comprise à cet instant".
Vous écrivez beaucoup sur les tueurs - des personnages comme le condamné à mort joué par Sean Penn dans Dead Man Walking (la chanson-titre du film de Tim Robbins vient d'être nominée aux Oscars) et le tueur en série de Nebraska. Avez-vous déjà rencontré de vrais tueurs ? Est-ce nécessaire pour votre travail ?
"Non, vous n'essayez pas de recréer cette expérience, vous essayez de recréer les émotions et ces choses qui se sont mises en marche lors de ces actions. Ce sont des choses que chacun comprend, ce sont des choses que chacun a en soi. L'action est le symptôme, c'est ce qui est arrivé, mais les choses qui ont amené à faire ce geste, c'est ce que chacun connait - vous savez, je sais. C'est à l'intérieur de chaque être humain.
"Ce sont des choses que vous devez vous approprier, c'est le puits dans lequel vous devez puiser, et si vous le faites, vous allez capturer le caractère central et fondamental de ces personnages."
C'est donc simplement une coïncidence que vous ressembliez au personnage que joue Sean Penn dans le film ?
"Ah bon ? Je n'avais pas réalisé. Aidez-moi, je rentre à la maison... D'abord, je n'ai pas autant de cheveux que lui".
Gavin Martin
© New Musical Express
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NOTES
(1) Ce titre est un jeu de mots faisant référence au premier vers de Hey Jude, la chanson des Beatles (Hey Jude, don't make it bad)
(2) Saturday Night At The Movies est une chanson des Drifters de 1964, composée par Barry Mann et Cynthia Weil.
(3) Stardust Memories (1980) est un film américain de Woody Allen, dans lequel un cinéaste reconnu traverse une crise existentielle et ne supporte plus les exigences de la célébrité.
(4) Spinal Tap (1984) est un film américain parodique de Rob Reiner. Il s'agit d'un faux documentaire sur un groupe de hardrock.
(2) Saturday Night At The Movies est une chanson des Drifters de 1964, composée par Barry Mann et Cynthia Weil.
(3) Stardust Memories (1980) est un film américain de Woody Allen, dans lequel un cinéaste reconnu traverse une crise existentielle et ne supporte plus les exigences de la célébrité.
(4) Spinal Tap (1984) est un film américain parodique de Rob Reiner. Il s'agit d'un faux documentaire sur un groupe de hardrock.