Il est de retour, en tournée en Europe. Le Boss. Mais ne l'appelez pas comme ça. Et que personne ne danse dans les allées. En fait, fermez-la et écoutez, tout simplement. Portant le bouc, débitant du Steinbeck, un BRUCE SPRINGSTEEN aux paroles moribondes a quelque chose à dire. Et ce n'est pas nécessairement distingué. GAVIN MARTIN parle des icônes gays, de sobriété, de réalité et de chaussettes avec celui qui (ne) serait (pas) le Roi Du Rock.
****
On se souviendra de lui comme le performer le plus insensé de l'histoire du rock'n'roll. Ses disques vous ont fait pénétrer un monde d’honnêteté nue et de conviction passionnée et ses concerts marathon avaient pour socle la profonde empathie pour son public. Mais il devait certainement y avoir autre chose - un instinct coriace - pour le porter jusqu'à l'endroit où il voulait aller, pour faire de lui Le Boss ?
Bruce Springsteen rigole - en partie d'un air amusé, en partie en signe de protestation. "Le Boss était un surnom ridicule. C'est le fléau de ma carrière. J'ai appris à vivre avec mais je l'ai détesté, vous savez. En gros, le nom est resté par accident. Quelqu'un en a fait mention un jour de distribution de chèques, à la fin du mois, et ce surnom stupide est resté dans les têtes. Mais, hey, c'est ainsi.
"Lorsque j'étais jeune, j'étais un jeune homme sérieux, je considérais le rock comme une chose sérieuse. Je croyais également que le rock devait être amusant - danser, baiser, prendre du bon temps, mais... je le croyais aussi capable d'exprimer des idées très sérieuses et je pensais que les gens qui l'écoutaient étaient en quête de quelque chose.
"Et sans doute parce qu'à l'âge de 15 ans, je n'avais que lui pour seule culture, il a réussi à devenir une énorme source d'inspiration pour moi, au cours de toute mon adolescence. Il m'a vraiment ouvert au monde.
"Je me rappelle avoir été très ému en entendant la voix du chanteur des Drifters chantant Saturday Night At The Movies, (2) et avoir compris la notion du monde tel qu'il était réellement, non pas la façon dont il m'était expliqué, mais la façon dont il était "réellement" et la façon dont le monde tournait réellement.
"Donc, lorsque mon tour de chanter est arrivé, je me suis dit, 'Je veux essayer d'être à la hauteur de ce que je percevais, si j'en suis capable, et puis j'aurais cette sensation de faire bien plus qu'occuper mon espace', vous comprenez ?"
Bruce Springsteen rigole - en partie d'un air amusé, en partie en signe de protestation. "Le Boss était un surnom ridicule. C'est le fléau de ma carrière. J'ai appris à vivre avec mais je l'ai détesté, vous savez. En gros, le nom est resté par accident. Quelqu'un en a fait mention un jour de distribution de chèques, à la fin du mois, et ce surnom stupide est resté dans les têtes. Mais, hey, c'est ainsi.
"Lorsque j'étais jeune, j'étais un jeune homme sérieux, je considérais le rock comme une chose sérieuse. Je croyais également que le rock devait être amusant - danser, baiser, prendre du bon temps, mais... je le croyais aussi capable d'exprimer des idées très sérieuses et je pensais que les gens qui l'écoutaient étaient en quête de quelque chose.
"Et sans doute parce qu'à l'âge de 15 ans, je n'avais que lui pour seule culture, il a réussi à devenir une énorme source d'inspiration pour moi, au cours de toute mon adolescence. Il m'a vraiment ouvert au monde.
"Je me rappelle avoir été très ému en entendant la voix du chanteur des Drifters chantant Saturday Night At The Movies, (2) et avoir compris la notion du monde tel qu'il était réellement, non pas la façon dont il m'était expliqué, mais la façon dont il était "réellement" et la façon dont le monde tournait réellement.
"Donc, lorsque mon tour de chanter est arrivé, je me suis dit, 'Je veux essayer d'être à la hauteur de ce que je percevais, si j'en suis capable, et puis j'aurais cette sensation de faire bien plus qu'occuper mon espace', vous comprenez ?"
****
Ces derniers temps, il ne prend pas autant d'espace, pas ici dans cette modeste loge au Rudi-Seimayer Halle de Munich. Pas sur scène, au cours de sa première tournée en solitaire, entouré de trois ou quatre guitares acoustiques et d'une rangée d'harmonicas. Le dévouement de Springsteen pour les questions importantes n'a jamais été testé avec autant de force avant, ni n'a jamais semblé être si résolu que sur cette tournée, la tournée Né pour S'asseoir, aka la tournée Fermez-là et Écoutez. Une progression naturelle à la suite de The Ghost Of Tom Joad - l'album le plus terrifiant, le plus âpre de sa carrière, sorti en septembre de l'année dernière - la tournée solo de Springsteen parcourt actuellement l'Europe après trois mois aux États-Unis.
Il joue dans de petites salles, de 2 000 à 4 000 places, la plupart sur le circuit traditionnel, ré-établissant des liens avec les réseaux locaux des banques alimentaires et des organisations pour sans-abris, forgés au cours de ses années de mégastar. Mais à présent, la clameur est moins frénétique et les cibles plus concentrées. C'est de cette façon qu'il souhaite travailler; une réflexion sur la lassitude du monde et sur la notion de fatalisme que dénonce Tom Joad.
A Détroit, Bruce a parlé sur scène d'un conflit dans un quotidien local qui dure depuis un an et, bien qu'il ait fait une donation aux grévistes, il a fait attention de ne pas porter de jugements de moralité, sur ceux qui ont été forcés par les circonstances de franchir les piquets de grève. Puis, le jour où il a joué à Austin, Texas, une ordonnance municipale qui rendait illégal, et de manière stupéfiante, le fait d'être sans abri, a été mise en pratique. A Atlanta, les organisations humanitaires de la ville ont raconté la pression que mettaient le milieu économique local sur la police et les politiciens afin de nettoyer les rues de la ville des vagabonds, en préparation des Jeux Olympiques de cet été.
Et quand il a joué à Youngstown, Ohio, la ville de l'acier à la population décimée, en pleine dépression, dont la chanson éponyme permettait de donner la voix à tous ces estimables sacrifiés par le capitalisme américain de la fin de XXème siècle, il parait qu'on entendait le battement du cœur de la ville dans la salle, quand il a chanté cette chanson.
Springsteen dit que rien n'est plus gratifiant que d'aller à la rencontre des gens en jouant chez eux, dans leur ville. Il dit qu'il n'y a rien qui surpasse le fait d'être là, en fait. Après tout, c'est un musicien qui reste en contact avec ses fans - et leurs mères. Comme cette femme qu'il a rencontré en 1981, après être allé dans un cinéma à Saint Louis.
Il joue dans de petites salles, de 2 000 à 4 000 places, la plupart sur le circuit traditionnel, ré-établissant des liens avec les réseaux locaux des banques alimentaires et des organisations pour sans-abris, forgés au cours de ses années de mégastar. Mais à présent, la clameur est moins frénétique et les cibles plus concentrées. C'est de cette façon qu'il souhaite travailler; une réflexion sur la lassitude du monde et sur la notion de fatalisme que dénonce Tom Joad.
A Détroit, Bruce a parlé sur scène d'un conflit dans un quotidien local qui dure depuis un an et, bien qu'il ait fait une donation aux grévistes, il a fait attention de ne pas porter de jugements de moralité, sur ceux qui ont été forcés par les circonstances de franchir les piquets de grève. Puis, le jour où il a joué à Austin, Texas, une ordonnance municipale qui rendait illégal, et de manière stupéfiante, le fait d'être sans abri, a été mise en pratique. A Atlanta, les organisations humanitaires de la ville ont raconté la pression que mettaient le milieu économique local sur la police et les politiciens afin de nettoyer les rues de la ville des vagabonds, en préparation des Jeux Olympiques de cet été.
Et quand il a joué à Youngstown, Ohio, la ville de l'acier à la population décimée, en pleine dépression, dont la chanson éponyme permettait de donner la voix à tous ces estimables sacrifiés par le capitalisme américain de la fin de XXème siècle, il parait qu'on entendait le battement du cœur de la ville dans la salle, quand il a chanté cette chanson.
Springsteen dit que rien n'est plus gratifiant que d'aller à la rencontre des gens en jouant chez eux, dans leur ville. Il dit qu'il n'y a rien qui surpasse le fait d'être là, en fait. Après tout, c'est un musicien qui reste en contact avec ses fans - et leurs mères. Comme cette femme qu'il a rencontré en 1981, après être allé dans un cinéma à Saint Louis.
"Cette soirée en particulier était amusante parce que j'assistais à une projection de Stardust Memories (3), le film de Woody Allen, où on le voit taper sur ses fans. Il y avait un gamin assis à côté de moi et il s'est tourné vers moi et m'a dit 'Hey, c'est ce que vous pensez ?' et je lui ai dit, 'Non'. J'étais tout seul, j'étais à Saint Louis et il était 22 heures. Il m'a dit, 'Venez à la maison rencontrer ma mère et elle vous préparera quelque chose à manger'.
"A mes yeux, cet épisode est le genre de plaisir simple que je tire de ma vie sur la route - les gens te demandent d'entrer dans leur vie. C'est toujours amusant, intéressant et fascinant. J'ai vu la mère du gamin il y a à peine deux semaines à Saint Louis. Je la vois toujours, elle assiste à tous mes concerts depuis 15 ans. Elle vient dans ma loge, me donne à manger et m'embrasse. Son fils est avocat aujourd'hui.
"J'ai toujours aimé cette possibilité d'entrer dans la vie des gens. J'ai toujours pensé qu'une partie de mon travail consistait à quitter son hôtel, pour aller traîner en ville et certains soirs vous pouviez vous perdre et rencontrer des gens et ils vous faisaient entrer dans leur vie et c'était... Je ne sais pas, une façon de se connecter aux choses."
"A mes yeux, cet épisode est le genre de plaisir simple que je tire de ma vie sur la route - les gens te demandent d'entrer dans leur vie. C'est toujours amusant, intéressant et fascinant. J'ai vu la mère du gamin il y a à peine deux semaines à Saint Louis. Je la vois toujours, elle assiste à tous mes concerts depuis 15 ans. Elle vient dans ma loge, me donne à manger et m'embrasse. Son fils est avocat aujourd'hui.
"J'ai toujours aimé cette possibilité d'entrer dans la vie des gens. J'ai toujours pensé qu'une partie de mon travail consistait à quitter son hôtel, pour aller traîner en ville et certains soirs vous pouviez vous perdre et rencontrer des gens et ils vous faisaient entrer dans leur vie et c'était... Je ne sais pas, une façon de se connecter aux choses."