Bruce Springsteen
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Episode 6 - Lutter contre les fantômes : Les Hommes Américains

Renegades : Born In The U.S.A.



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BRUCE SPRINGSTEEN: Là où j'ai eu de la chance, c'est qu'à 32 ans, j'entame une intense thérapie. Je n'aurais pas mes enfants avant l'âge de 40 ans, j'ai donc huit ans pour réfléchir à ces questions-là, parce que j'ai découvert que cet archétype était putain de destructeur dans ma vie.

POTUS BARACK OBAMA: [rires]

BRUCE SPRINGSTEEN: J'ai chassé de ma vie les personnes auxquelles je tenais. Je me suis empêché de me connaître moi-même. Et j'ai réalisé, « Et bien, si tu veux suivre cette route, vas-y. Mais tu finiras, tu finiras tout seul, l'ami. Tu comprends ? Et si tu veux inviter des personnes dans ta vie, tu ferais mieux d'apprendre comment faire ».

Et il n'existe qu'une seule et unique façon de procéder : tu dois ouvrir les portes. Or, cet archétype-là ne laisse pas beaucoup de place à cette ouverture, car c'est l'archétype d'un homme fermé. Ton moi intime reste à jamais secret et inconnu, stoïque, silencieux, ne révélant rien de ses sentiments. Et tu dois te débarrasser de toutes ces choses-là si tu veux nouer des liens solides. Si tu veux fonder une vraie famille et être capable de leur fournir une subsistance et de la nourriture et de la place pour grandir, être eux-mêmes, et trouver une vie de plénitude. Alors, tu as intérêt à te débarrasser de cet archétype-là, mon ami.

Laisse-moi ajouter cette chanson à cette douleur [rires]

[Springsteen gratte sa guitare et joue de l'harmonica]

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] La nuit dernière j'ai rêvé que j'étais enfant... Là où les grands pins poussent librement... J'essayais de rentrer chez moi à travers la forêt... Avant que l'obscurité ne tombe...

BRUCE SPRINGSTEEN: Il y a eu un moment où...

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] J'ai entendu le vent bruisser...

BRUCE SPRINGSTEEN: ...j'ai commencé à réaliser... Tu sais...

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] A travers les arbres...

BRUCE SPRINGSTEEN: ...que tu portes une croix à soulever, mon père...

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] Et des voix de fantômes...

BRUCE SPRINGSTEEN: Tu sais, il ne m'a jamais vraiment parlé jusqu'à sa mort. Il ne savait vraiment pas comment faire.

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] J'ai couru le cœur battant...

BRUCE SPRINGSTEEN: Sincèrement, il n'avait pas... Il n'avait pas le mode d'emploi, semble-t-il.

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] Qui m'appelle dans la nuit...

BRUCE SPRINGSTEEN: Et une fois que j'ai compris à quel point il était malade, beaucoup de choses ont été pardonnées. Mais lorsque tu es un enfant de 6 ans ou de 8 ans ou de 9 ans...

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] Brillant au-dessus de cette route sombre...

BRUCE SPRINGSTEEN: Tu ne comprends pas que ton père est en souffrance.

BRUCE SPRINGSTEEN: [Il chante] Où nos pêchés restent inexpiés...

[Springsteen gratte sa guitare et joue de l'harmonica]

POTUS BARACK OBAMA: Tu finis par lutter contre des fantômes.

BRUCE SPRINGSTEEN: Je suppose que c'est ce que nous faisons tous.

POTUS BARACK OBAMA: Et les fantômes sont sournois, car tu te mesures à quelqu'un qui n'est pas là... Et dans certains cas, je pense que ceux dont le père n'est pas là, et dont les mères peuvent éprouver une amertume liée à l'absence du père... Ce qu'ils absorbent, c'est juste à quel point cet homme pouvait être odieux, et tu ne souhaites pas ressembler à ce type-là.

BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.

POTUS BARACK OBAMA: Pour ce qui concerne ma mère, elle a eu une approche différente, dans le sens où elle ne m'a présenté mon père qu'uniquement sous un jour favorable.

BRUCE SPRINGSTEEN: C'est intéressant.

POTUS BARACK OBAMA: En gommant ses pires défauts. Et d'une certaine façon, c'était bénéfique car je n'ai jamais senti le poids d'une hérédité imparfaite.

BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.

POTUS BARACK OBAMA: Quelque chose qui m'aurait transformé en un homme alcoolique ou un mari violent ou...

BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.

POTUS BARACK OBAMA: ...ou quoi que ce soit dans le genre. Mais au lieu de ça, j'ai continué à me dire, « Mec, je dois être à la hauteur ». Tu vois ?

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: Chaque homme essaye d'être à la hauteur des attentes de son père ou à la hauteur de ses erreurs. Tu sais, Michelle me demande souvent, « Pourquoi te sens-tu obligé d'accomplir toutes ces choses compliquées ? Pourquoi... Quel est ce vide en toi qui fait que tu ne tiens pas en place ? »

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Oui.

POTUS BARACK OBAMA: Et je pense que, assez tôt, j'ai eu cette sensation de me dire, « Mec, je dois être à la hauteur de ceci. Je dois prouver cela. Il faut que je fasse mes preuves. Peut-être que s'il est parti, c'est qu'il n'estimait pas que rester pour moi en valait la chandelle et je lui montrerai qu'il avait fait une erreur de ne pas rester là. Parce que je valais la peine qu'il investisse sur moi ».

BRUCE SPRINGSTEEN: Tu essayes toujours de prouver que tu es à la hauteur.

POTUS BARACK OBAMA: Oui.

BRUCE SPRINGSTEEN: C'est le voyage d'une vie à essayer de prouver que tu es à la hauteur de...

POTUS BARACK OBAMA: ...quelqu'un qui n'est pas là.

BRUCE SPRINGSTEEN: ...quelqu'un qui n'est plus là.

POTUS BARACK OBAMA: Et qui n'a peut-être pas pensé à toi, non pas parce que c'était de ta faute, mais parce qu'il était lui-même confus et perdu et abîmé de différentes façons.

BRUCE SPRINGSTEEN: Mais comme tu dis, « Nous finissons par lutter contre des fantômes ». Le truc, c'est que tu dois transformer tes fantômes en ancêtres.

POTUS BARACK OBAMA: [rires]

BRUCE SPRINGSTEEN: Les fantômes te hantent. Les ancêtres marchent à tes côtés et t'apportent du réconfort et une vision de la vie qui deviendra la tienne. Aujourd'hui, mon père marche à mes côtés comme un ancêtre. Et il a fallu du temps pour y arriver.

[La guitare électrique joue et s'estompe]


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