Bruce Springsteen
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DoubleTake, avril 1998

Rock & Lecture



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Pensez-vous que votre dernier album, qui n'était pas un disque de pop ou de rock'n'roll, a eu le même impact que vos autres disques sur le grand public ?

J'ai fait des disques dont je savais qu'ils rencontreraient un public plus limité que certains de mes autres disques. Je suppose que la véritable question qui se pose est, Comment faire en sorte que ce type de travail soit écouté - en dépit du bruit de la société moderne, et du bruit des médias, deux cents chaînes de télévision... ? Aujourd'hui, les gens sont inondés d'un tas de débilités, les débouchés et les voies pour tout type de travail introspectif central tendent ainsi à se marginaliser. Le dernier disque a peut-être été diffusé occasionnellement à la radio, mais très peu. C'est un paradoxe pour un artiste - si vous vous lancez dans votre travail avec l'idée d'avoir un impact sur la société, quand, par le biais d'un média particulier, ce travail est marginalisé depuis le début. Je n'ai aucune réponse, sauf l'espoir d'être entendu d'une manière ou d'une autre - et il existe des maisons de disques, et des chaînes de télévision, et des chaînes de musique qui sont intéressées par la diffusion de ce genre de travail.

Je pense que vous devez sentir qu'il existe beaucoup de différentes manières d'atteindre les gens, pour les aider à réfléchir à ce qui est vraiment important dans cette unique vie que nous vivons. Il y a la culture pop - c'est l'approche "coup-de-poing", où vous balancez le produit et il devient interprété de différentes façons, et certains accrochent. Et puis il existe une approche plus intime, plus centrée comme j'ai essayé avec Tom Joad. J'ai beaucoup échangé sur le dernier album avec énormément de gens différents - des écrivains, des enseignants, ceux qui ont un impact en façonnant les vies d'autres personnes.

Pensez-vous que la culture pop puisse encore avoir un effet positif ?

Et bien, c'est drôle. Quand la musique punk a débarqué à la fin des années 70, ce n'était pas une musique qui passait à la radio, et personne ne pensait que, Oh oui, ce sera populaire en 1992 pour deux générations d'enfants. Mais cette musique s'est frayée un chemin, et aujourd'hui elle a un impact énorme sur la musique et la culture des années 90. C'était une musique puissante, profonde, et elle allait trouver un moyen pour finalement se faire entendre. Je pense donc qu'il y a beaucoup de moyens différents d'atteindre ce genre d'impact que la plupart des écrivains, et des cinéastes, des photographes, des musiciens veulent pour leur travail. Ce n'est pas toujours quelque chose qui se produit immédiatement - le "Big Bang" !

A l'exception de certains moments dans l'histoire de la culture populaire, il est difficile de dire ce qui n'a plus d'impact, et particulièrement aujourd'hui où il existe tant d'alternatives. Aujourd'hui, nous avons le cinquième Batman qui passe au cinéma ! Je pense à un extrait de l'essai The Man On The Train où votre oncle parle d'aliénation. Il dit que l'homme véritablement aliéné n'est pas celui qui se désespère et qui essaye de trouver sa place dans le monde. C'est celui qui vient juste de finir le vingtième roman de Perry Mason d'Erle Stanley Gardner (17). C'est lui l'homme seul ! C'est lui l'aliéné ! Vous pourriez tout aussi dire de celui qui vient de voir le cinquième Batman, que c'est lui l'aliéné. Mais comme n'importe qui, j'aime encore sortir le samedi soir et acheter du pop-corn et regarder des choses exploser, mais quand ça devient la majeure partie des choix que vous avez, quand vous avez seize cinémas et que quatorze d'entre eux projettent exactement le même film, vous sentez que quelque chose ne tourne pas rond par ici. Et si vous vivez en dehors d'une grande agglomération, peut-être êtes-vous chanceux de trouver un cinéma en ville qui joue des films qui soient légèrement différents de ces choix.

Il y a une illusion de choix qui existe, mais c'est une illusion, ce n'est pas un véritable choix. Je pense que c'est une vérité dans le domaine politique et dans la culture pop et je crois qu'il y a un certain dédain et du cynisme qui vont de paire – la supposition que les gens ne sont pas prêts pour quelque chose de nouveau et de différent.

Pensez-vous que la culture de la célébrité est une des causes de certains de ces problèmes ? Vous semblez avoir échappé à certains des problèmes qui vont de pair avec le fait d'être célèbre.

Je ne sais pas, c'est la même vieille histoire – beaucoup dépend de la façon dont vous jouez votre rôle. En un sens, ma musique a été inclusive et assez personnelle, peut-être même sympathique. J'ai apprécié ces pièges de temps en temps, mais je pense aimer une certaine forme de liberté. Évidemment, j'apprécie de voir que mon travail peut être reconnu, et quand vous montez sur scène et que vous remuez le cul devant vingt mille personnes, quelque part vous cherchez les ennuis. J'espère avoir gardé mon équilibre. J'apprécie ma vie privée.

Je ne pense pas que la fascination pour les célébrités disparaîtra vraiment. Un intellectuel dirait que les gens qui vivaient pendant l'Ère Industrielle ont quitté leurs fermes et leurs villes, et ne pouvaient plus donc bavarder avec leurs voisins, par-dessus la clôture - et tout à coup, il y a eu un essor d'une culture de la célébrité, pour que nous puissions avoir des gens en commun sur lesquels parler.

Le souci moral essentiel pourrait être que nous vivons dans un pays où la seule intrigue pourrait devenir qui réussit et qui est numéro un, et ce que vous en faites. Le problème se pose vraiment si une certaine partie de votre vie en tant qu'écrivain - votre "célébrité", ou quel que soit le nom que vous lui donnez – arrive à brouiller et à obscurcir l'histoire que vous désirez raconter. Je l'ai ressenti et je l'ai vu à certains moments. Une des questions les plus courantes qui m'ait été posée lors de la dernière tournée, même par des critiques intelligents, était "Pourquoi écrivez-vous ces chansons ? De quoi vous plaigniez-vous ? Vous avez réussi" C'est à ce moment-là que l'essai de votre oncle Notes On A Novel About The End Of The World (18) m'a été utile, ainsi qu'à mon écriture. Votre oncle présente l'histoire derrière ces mêmes commentaires: "Le répertoire est si déprimant. Les chansons sont si tristes". Il explique le but moral et humain de l'écriture en utilisant cette analogie du canari qui descend dans la mine avec les mineurs: quand le canari commence à crier et crier encore et que finalement il s'écroule, les mineurs se rendent compte qu'il est temps de remonter à la surface et de réfléchir quelque peu. C'est l'écrivain - l'écrivain du vingtième-siècle qui est ce canari pour la majeure partie de la société.

Peut-être que beaucoup d'entre nous utilisons l'idée de "célébrité" pour maintenir l'idée que tout va bien, qu'il y a toujours quelqu'un demain qui gagnera son million. En tant que célébrité, vous ne vous inquiétez pas de vos factures, vous avez une énorme liberté pour écrire et faire ce que vous voulez. Vous pouvez vivre avec confortablement. Mais si votre travail consiste à essayer de montrer à quel endroit souffre votre pays et à quel endroit souffrent les gens, votre propre succès sert à renverser ou à casser les questions que vous posez à votre public. C'est délicat, parce que la société américaine a une idée très stricte de ce qu'est le succès et de ce qu'est l'échec. Nous sommes tous "nés aux USA" et vous en portez une partie avec vous. Mais c'est ironique si la "célébrité" est utilisée pour rassurer beaucoup de gens, ayant du mal à y arriver, ce "Regarde, quelqu'un y arrive vraiment, réussit grandement, donc tout va bien, laisse-toi simplement aller et oublie tous tes problèmes dans cet énorme succès !"
DoubleTake, avril 1998

Pensez-vous en avoir fini avec les vidéos-clips ?

Je ne sais pas. Probablement que oui. Il n'y a personne par ici attendant immédiatement, le souffle coupé, mon prochain clip. Je n'ai jamais été vraiment un artiste vidéo. J'ai été "pré-vidéo" et je pense le rester, bien qu'aujourd'hui, je sois peut-être "post-vidéo".

Les vidéos-clips ont eu un énorme impact sur la façon de recevoir des images visuelles à la télévision et au cinéma - et ce qui a accéléré la façon dont le monde musical travaillait, pour le meilleur ou pour le pire. Quand j'ai débuté, vous aviez un groupe, vous faisiez une tournée pendant deux ou trois, quatre ans, vous faisiez un millier de concerts ou cinq cent concerts, c'est de cette façon-là que vous vous construisiez un public, et alors peut-être que vous faisiez un hit. Je suis désolé pour certains de ces jeunes groupes talentueux qui arrivent : ils ont un disque qui a du succès, un ou deux vidéo-clips, et puis c'est fini. Je pense que cela a rendu le monde de la musique peut-être plus instable. D'une certaine manière, c'est peut-être plus rapide pour certains jeunes groupes, mais je pense que c'est également plus difficile, parce que vous n'avez pas le temps de construire une relation durable avec votre public.

Il y avait quelque chose à développer lentement un public – vous attiriez un public qui restait avec vous durant une longue période de temps, et il commençait à s'impliquer sur les questions que vous posiez et les problèmes que vous souleviez. C'est un public avec lequel vous partagiez une histoire. Je voyais le travail que j'accomplissais comme le travail de ma vie. Je pensais que je jouerais de la musique toute ma vie et que j'écrirais ma vie entière, et je voulais continuellement faire partie de la vie de mon public. La manière dont vous le faites est la même que la manière dont votre public vit sa vie - vous l'accomplissez en essayant de répondre aux questions que vous et eux se sont posés en même temps, quelquefois en posant de nouvelles questions. Vous trouvez où ces questions vous mènent - vos actions dans le monde. Vous en enlevez l'aspect esthétique et, avec un peu de chance, vous l'amenez dans votre vie quotidienne et concrète, le moral ou l'éthique.

Man On The Train m'a aidé à penser à ces choses d'une certaine manière, quand votre oncle dissèque les héros des vieux westerns. Nous avons notre héros mythologique, Gary Cooper, qui est capable de pure action, que ce soit tout ou rien, et il ressemble à une personne marchant au-dessus de cet abîme d'anxiété, et il n'échouera pas. Alors que le cinéphile, la personne regardant le film, n'en est pas capable. Il n'y a pas de véritable abîme sous Gary Cooper, mais il y en a un sous la personne qui regarde le film ! Amener les gens hors de cet abîme, les aider et m'aider à réaliser dans quel endroit nous nous "trouvons" tous, aider mon public à répondre aux questions posées - c'est ce qui m'intéresse dans mon propre travail.

C'est ce que j'essaie d'accomplir le soir, en concert. Présenter des idées, poser des questions, essayer d'amener les gens au plus près des personnages dans mes chansons, plus près d'eux-mêmes – pour qu'ils puissent aussi prendre ces idées, ces questions - des questions morales fondamentales sur la façon dont nous vivons et sur la façon dont nous nous comportons vis-à-vis de l'autre - et puis déplacer ces questions de l'esthétique au pratique, dans une certaine forme d'action, que ce soit une action au sein de la communauté, ou une action dans la manière de traiter votre femme, ou votre enfant, ou de parler à votre collègue de travail. C'est ce qui peut être fait, et ce qui est fait, à travers les films et la musique et la photographie et la peinture. Ce sont de véritables changements que, je pense, vous pouvez apporter dans la vie des gens, et c'est ce que j'ai réalisé dans ma vie à travers des romans et des films et des disques et des gens qui comptaient pour moi. N'est-ce pas ce que votre oncle voulait dire par "réflexion existentialiste" ?

Et il existe beaucoup de moyens différents d'y arriver. Vous n'avez pas besoin que votre travail ait directement une conscience sociale. Vous pouvez argumenter qu'un des artistes les plus socialement conscients de la deuxième moitié du XXème siècle était Elvis Presley, même s'il n'a probablement pas débuté sa carrière avec une série d'idées politiques en tête qu'il voulait mettre en place. Il disait, "Je suis tout secoué et je veux vous secouer" et c'est ce qui est arrivé. Il a eu un énorme impact sur la façon dont vivaient les gens, la façon dont ils réagissaient face à eux-mêmes, à leur propre physicalité, à l'intégration de leur propre nature. Je pense qu'il était une de ces personnes qui, à sa manière, a mené aux années 60 et au mouvement des Droits Civiques. Il a commencé par "tous nous secouer", ce pauvre gosse blanc du Mississippi qui a établit des liens avec les noirs à travers leur musique, qui se l'est appropriée et puis qui l'a offerte aux autres. La culture populaire est donc une chose amusante - vous pouvez toucher les gens de bien des façons.

Avez-vous toujours essayer d'émouvoir le public de cette façon-là ? Quand avez-vous commencé, quand vous étiez jeune ?

Nous avons essayé d'exciter les gens, nous avons essayé de les rendre vivants. Le cœur de la musique rock était cathartique. Il existait une catharsis fondamentale qui s'opérait dans Louie, Louie (19). Une quête, qui se perpétue. Sa propre nature était d'amener les gens à entrer "en contact" avec eux-mêmes et avec les autres, d'une certaine manière. Au départ donc, vous essayez juste d'exciter les gens, de les rendre heureux, de les mettre en garde sur eux-mêmes, et de faire la même chose pour vous-même. C'est une manière de combattre votre propre indifférence, votre propre tendance à glisser vers l'aliénation et l'isolement. C'est également l'idée dans Man On The Train : Nous ne pouvons pas être aliénés ensemble. Si nous sommes tous aliénés ensemble, nous ne sommes pas vraiment aliénés.

C'est un peu ce que la musique m'a apportée - elle m'a apporté une communauté, peuplée de gens, et peuplée de frères et de sœurs que je ne connaissais pas, mais je savais qu'ils se trouvaient là. Nous avions cette énorme chose en commun, cette "chose" qui à l'origine ressemblait à un secret. La musique m'a toujours fournit ce foyer, un foyer où mon esprit pouvait vagabonder. Elle a accompli la fonction que tout art et que tout film et que toutes bonnes relations humaines remplissent - elle m'a fournie une sorte de "foyer" constamment dépeint par ces philosophes que votre oncle aimait.

Il y a tout un tas de véritables communautés qui ont été bâties autour de cette notion – la communauté très réelle de votre bar du samedi soir, dans votre quartier. L'importance des groupes de bar à travers toute l'Amérique, c'est qu'ils nourrissent et inspirent cette communauté. Et ainsi, il y a de véritables communautés de gens et de personnages, que ce soit à Asbury Park ou dans un million de villes différentes dans le pays. Et puis il y a la communauté qui vous rend capable d'imaginer, mais que vous n'avez pas encore vue. Vous ne savez même pas qu'elle existe, mais vous sentez que, grâce à ce que vous avez entendu ou vécu, elle pourrait exister.

C'était une idée très puissante car elle vous attirait vers l'extérieur à la recherche de cette communauté - une communauté d'idées et de valeurs. Je pense qu'en grandissant et en développant un point de vue politique, elle s'étend vers ces mondes, le monde des autres, dans toute l'Amérique, et vous réalisez que c'est n'est qu'une extension de cette chose que vous ressentiez dans un bar le samedi soir à Asbury Park quand il y avait 150 personnes dans la salle.

Qu'essayez-vous d'apporter aux gens ? Qu'est-ce que les parents essayent d'apporter à leurs enfants ? Vous êtes censés apporter une présence optimiste, une présence décente, dans la vie de vos enfants et dans la vie de vos voisins. C'est ce avec quoi je voudrais que mes enfants grandissent et puis qu'ils puissent le transmettre en devenant adultes. C'est un élément important de ce que vous pouvez faire avec une chanson, et avec des images et avec des mots. C'est réel et ses résultats sont physiques et tangibles. Et si vous suivez ses implications, cela vous mènera à la fois à l'intérieur ou à l'extérieur de vous-mêmes. Certains jours, nous descendons en nous, et d'autres fois nous en sortons en courant. Un bon jour est un équilibre entre ces choses. Quand la musique rock avait un fort impact, elle accomplissait tout ces choses - regarder en soi et atteindre les autres.

Pour en revenir là où nous avons commencé, il peut être difficile de construire ces genres de connexions, de construire et de garder ces genres de communautés, quand vous êtes choisi puis rejeté si rapidement - ce culte de la célébrité. Quand vous êtes au mieux, le plus honnête possible, le moins fastueux possible, vous partagez une histoire commune, et vous essayez à la fois de poser des questions et d'y répondre en concert avec votre public. En concert. Le mot "concert" - des gens travaillant ensemble - c'est l'idée. C'est ce que j'ai essayé de faire alors que j'avance dans mon travail. Je suis reconnaissant d'avoir un public dévoué, fidèle, qui m'a suivi tout au long d'une bonne partie du chemin. C'est l'une des grandes bénédictions de ma vie - avoir cette compagnie et être capable de compter dessus. Vous savez, "compagnon" signifie partager le pain avec vos frères et sœurs, vos congénères – la chose la plus importante au monde ! Cela a alimenté ma famille, et moi, et mon groupe pendant toute ma vie.

Pensez-vous avoir élargi votre public en incluant certains genres de personnes sur lesquelles vous écrivez aujourd'hui : des immigrés mexicains, des sans-abris ? Avez-vous l'impression de faire quelque chose pour ces gens grâce à votre musique ?

Il existe une différence entre un lien émotionnel avec eux, comme celui que je pense avoir, et un impact plus physique, plus palpable. Il y a eu une époque au milieu des années 80 où je voulais transformer ma musique en une sorte d'activité et d'action, afin d'avoir un impact concret sur les communautés que je traversais lors de voyages à travers le pays. Lors de cette dernière tournée, j'ai rencontré beaucoup de personnes qui sont là en première ligne - des activistes, des avocats, des travailleurs sociaux - et les gens pour lesquels ils s'impliquent. Les organisations varient d'une ville à l'autre, mais généralement, nous avons travaillé avec une organisation qui fournit une aide immédiate aux gens en détresse, et puis nous avons aussi trouvé une organisation qui essaie d'avoir un impact sur la politique locale. Ce travail m'a aidé à avoir une notion sur ce qui se passait dans ces villes, et les circonstances qui entourent les gens que j'imagine dans mes chansons, dans la communauté imaginée que je crée avec ma musique.

Je suis certain que j'ai plus reçu par ma musique que ce que j'y ai mis, mais ces rencontres et ces conversations me permettent de rester connecté pour que je me souvienne des personnes réelles sur lesquelles j'écris. Mais je ne me revendiquerais pas comme un activiste. Je suis plus un citoyen concerné. Je dirais que je m'investis jusqu'aux genoux, mais pas jusqu'au cul !

Je crois que je suis – à la base - un observateur concerné, même éveillé, une sorte de personnage comme le personnage principal de Invisible Man de Ralph Ellison (20). Pas que je sois invisible ! Mais le personnage d'Ellison ne s'attaque pas directement au monde. Il veut voir le monde changer, mais c'est principalement un témoin, un témoin de l'aveuglement. J'ai récemment entendu deux enseignants, un blanc et un noir, parlant de ce roman, et il les avait certainement touché; c'est ce que désirait Ellison, c'est une grande histoire américaine - et d'une certaine façon nous en faisons tous partie.


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