par Trevor Dann (diffusé sur BBC - Radio 1, le 25 février 1996)
"Nous avons appelé cette émission "Renaissance aux USA" pour célébrer l’arrivée, cette semaine en Grande-Bretagne, du nouveau Bruce Springsteen, seul et en acoustique. Il est ici pour faire la promotion de son nouvel album solo, The Ghost Of Tom Joad. Et pour prouver combien il a changé, voici à quoi ressemblait Darkness On The Edge Of Town il y a 15 ans".
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--- Darkness On The Edge Of Town (Live 1975 - ’85) ---
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"Maintenant, avançons rapidement jusqu’en 1996 et voici la même chanson. Imaginez un mélange de Bob Dylan sous speed, Billy Bragg et Billy Connelly, et vous ne serez pas loin du nouveau Bruce Springsteen. Juste après cette chanson, le Boss parle en exclusivité sur Radio 1".
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--- Darkness On The Edge Of Town (Live '95) ---
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Et bien, pour paraphraser une des grandes citations de l’histoire du rock & roll, je pense que j’ai vu l'avenir de la musique folk et son nom est Bruce Springsteen ! (rires). Ce qui m’a vraiment surpris en voyant le spectacle, en ayant entendu The Ghost Of Tom Joad, c’est que je pensais voir quelque chose de plutôt lugubre et mélancolique, et je ne vous ai jamais vu aussi drôle, ni vous amuser autant !
Oh, oui ! Il y a de l’humour dans le spectacle, vous savez… surtout entre les chansons, j’imagine (rires).
Est-ce que d’être là, seul, et, d'une certaine façon, sans être encombré par la logistique d'un gros concert rock & roll vous plaît ?
Oui, c’est très différent. C’est un tel projet de faire une tournée rock par ici, ça implique tant de personnes… Quand vous êtes là tout seul - en fait il y a moi, et il y a peut-être cinq autres personnes et nous avons quelqu’un qui s’occupe du son et des lumières. Et on peut aller n’importe où, là où il y a une salle de 1000 places, jouer dans n’importe quelle ville. On peut aller dans des endroits qui sortent des sentiers battus, nous ne sommes pas tenus d'emprunter le circuit habituel. C’est donc vraiment libérateur, c’est léger, et d’une certaine manière, ce que nous faisons nous permet de revenir à l’essentiel. C’est plutôt satisfaisant.
Oh, oui ! Il y a de l’humour dans le spectacle, vous savez… surtout entre les chansons, j’imagine (rires).
Est-ce que d’être là, seul, et, d'une certaine façon, sans être encombré par la logistique d'un gros concert rock & roll vous plaît ?
Oui, c’est très différent. C’est un tel projet de faire une tournée rock par ici, ça implique tant de personnes… Quand vous êtes là tout seul - en fait il y a moi, et il y a peut-être cinq autres personnes et nous avons quelqu’un qui s’occupe du son et des lumières. Et on peut aller n’importe où, là où il y a une salle de 1000 places, jouer dans n’importe quelle ville. On peut aller dans des endroits qui sortent des sentiers battus, nous ne sommes pas tenus d'emprunter le circuit habituel. C’est donc vraiment libérateur, c’est léger, et d’une certaine manière, ce que nous faisons nous permet de revenir à l’essentiel. C’est plutôt satisfaisant.
Est-ce que ce n'est pas, dans un certain sens, une réaction à votre célébrité, et au fait d'avoir ce tel degré de notoriété et de célébrité et d'argent, que d'une certaine façon, on vous a imposé ? Est-ce que c'est une réaction vis-à-vis de la façon dont cela vous affecte en tant qu’être humain ?
Oh, je ne sais pas. J’y ai déjà probablement réagi, c’est donc une réaction contre la réaction, je ne suis pas sûr (rires). A ce stade de ma carrière, c'était simplement la musique que je voulais faire. J’ai passé environ dix ans à écrire de la musique intimiste - même si ce n’est pas la façon de la décrire - de la musique sur d’autres thèmes. Cette partie de ma vie s’est véritablement consolidée et j’ai retrouvé mon chemin vers les thèmes sur lesquels j’ai écrit durant la plus grande partie de ma vie artistique. D’une certaine façon, il s’agit d’une sorte de recadrage, en élargissant le travail que j’ai accompli par le passé. Si vous prenez, que ce soit l’album Nebraska ou des morceaux de l’album The River, je suppose que c’est véritablement une extension de ces thèmes-là et de ce travail, qui s'inscrit dans la tradition du travail de beaucoup d’autres personnes, que ce soit l’art-folk de Woody Guthrie ou l’écriture de Steinbeck. Ce travail reprend certains de ces thèmes et les transporte dans les années 90. Mon unique intention était de faire la musique que je voulais faire, et je voulais faire un disque dans lequel je n’avais aucune règle à respecter.
Je ne me souciais pas de savoir s’il allait être un succès, s’il allait bien se vendre, ou si j’avais cette chanson-ci ou cette chanson-là. Je suis arrivé à un point où j'estimais que ce n’était pas si important pour moi, à ce stade-là de ma carrière, faire un disque que les gens considéraient comme important, à succès ou un disque qui se vende à de nombreux exemplaires… J’ai réalisé que ce n’était pas ça qui vous fait avancer, fondamentalement. Je pense que si vous tombez dans ce piège, alors vous êtes un cheval de course, vous comprenez ? Et ici aux États-Unis, beaucoup de journaux spécialisés dans le show-bizz parlent de cette course. Alors, ce qui est important pour moi, c’est de sentir que mon travail reflète l’actualité, qu’il soit vital et en phase avec le monde d’aujourd’hui. Et que lorsque je monte sur scène, je n’ai pas besoin de jouer à être moi-même, je peux être moi-même.
Oh, je ne sais pas. J’y ai déjà probablement réagi, c’est donc une réaction contre la réaction, je ne suis pas sûr (rires). A ce stade de ma carrière, c'était simplement la musique que je voulais faire. J’ai passé environ dix ans à écrire de la musique intimiste - même si ce n’est pas la façon de la décrire - de la musique sur d’autres thèmes. Cette partie de ma vie s’est véritablement consolidée et j’ai retrouvé mon chemin vers les thèmes sur lesquels j’ai écrit durant la plus grande partie de ma vie artistique. D’une certaine façon, il s’agit d’une sorte de recadrage, en élargissant le travail que j’ai accompli par le passé. Si vous prenez, que ce soit l’album Nebraska ou des morceaux de l’album The River, je suppose que c’est véritablement une extension de ces thèmes-là et de ce travail, qui s'inscrit dans la tradition du travail de beaucoup d’autres personnes, que ce soit l’art-folk de Woody Guthrie ou l’écriture de Steinbeck. Ce travail reprend certains de ces thèmes et les transporte dans les années 90. Mon unique intention était de faire la musique que je voulais faire, et je voulais faire un disque dans lequel je n’avais aucune règle à respecter.
Je ne me souciais pas de savoir s’il allait être un succès, s’il allait bien se vendre, ou si j’avais cette chanson-ci ou cette chanson-là. Je suis arrivé à un point où j'estimais que ce n’était pas si important pour moi, à ce stade-là de ma carrière, faire un disque que les gens considéraient comme important, à succès ou un disque qui se vende à de nombreux exemplaires… J’ai réalisé que ce n’était pas ça qui vous fait avancer, fondamentalement. Je pense que si vous tombez dans ce piège, alors vous êtes un cheval de course, vous comprenez ? Et ici aux États-Unis, beaucoup de journaux spécialisés dans le show-bizz parlent de cette course. Alors, ce qui est important pour moi, c’est de sentir que mon travail reflète l’actualité, qu’il soit vital et en phase avec le monde d’aujourd’hui. Et que lorsque je monte sur scène, je n’ai pas besoin de jouer à être moi-même, je peux être moi-même.
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--- The Ghost Of Tom Joad ---
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Le spectacle est un spectacle très tranquille, et il exige beaucoup de collaboration avec le public. Le public doit être très calme, pas simplement pour la tranquillité, mais ils doivent être calmes car les personnages sont calmes.
Vous leur dites au début, "Vous devez vous taire…".
Oui, en fait, les gens, les hommes et les femmes dans ces chansons... le calme fait partie de ce qu’ils sont. Il fait partie de la manière dont ils communiquent. Le silence représente une grande partie de la façon dont ils parlent. Alors le silence, ce n’est pas juste "Taisez-vous, je joue", c’est parce que dans ce silence, il y a le personnage. Et s’il y a bien une chose que je fais à ce stade de ma carrière, c’est suivre un personnage: les mystères du personnage, et ce qu’il crée ou ce qui fait qu'un être humain vit et respire. Et j’essaie de donner vie à ces gens, le soir, sur scène. Et pour y parvenir, ils ont besoin de ce calme pour y vivre, parce que ça fait partie de ce qu’ils sont. C’est donc une grande partie de l’esthétisme du spectacle. J'ai eu, jusqu'à présent, des publics formidables aux États-Unis, des publics qui m’ont vraiment donné cette forme de calme, et qui me permet de leur donner le meilleur de moi-même. C’est vraiment essentiel dans la manière dont le spectacle progresse, ça marche vraiment bien.
Alors pour moi, cette tournée repose sur la présence. Elle repose sur le nouvel album. Je joue le nouveau disque quasiment dans son intégralité. Et puis je joue des choses que j’ai réarrangées et réactualisées qui vont bien avec ce ton particulier. Ce n’est pas un concert acoustique, je ne suis pas sur scène pour jouer en acoustique ce que les gens perçoivent comme mes plus grands succès. Il ne s’agit pas de ça, vous comprenez ? C’est en quelque sorte thématique et plutôt cinématographique et le concert est organisé autour de mes thèmes et des choses du moment.
Vous leur dites au début, "Vous devez vous taire…".
Oui, en fait, les gens, les hommes et les femmes dans ces chansons... le calme fait partie de ce qu’ils sont. Il fait partie de la manière dont ils communiquent. Le silence représente une grande partie de la façon dont ils parlent. Alors le silence, ce n’est pas juste "Taisez-vous, je joue", c’est parce que dans ce silence, il y a le personnage. Et s’il y a bien une chose que je fais à ce stade de ma carrière, c’est suivre un personnage: les mystères du personnage, et ce qu’il crée ou ce qui fait qu'un être humain vit et respire. Et j’essaie de donner vie à ces gens, le soir, sur scène. Et pour y parvenir, ils ont besoin de ce calme pour y vivre, parce que ça fait partie de ce qu’ils sont. C’est donc une grande partie de l’esthétisme du spectacle. J'ai eu, jusqu'à présent, des publics formidables aux États-Unis, des publics qui m’ont vraiment donné cette forme de calme, et qui me permet de leur donner le meilleur de moi-même. C’est vraiment essentiel dans la manière dont le spectacle progresse, ça marche vraiment bien.
Alors pour moi, cette tournée repose sur la présence. Elle repose sur le nouvel album. Je joue le nouveau disque quasiment dans son intégralité. Et puis je joue des choses que j’ai réarrangées et réactualisées qui vont bien avec ce ton particulier. Ce n’est pas un concert acoustique, je ne suis pas sur scène pour jouer en acoustique ce que les gens perçoivent comme mes plus grands succès. Il ne s’agit pas de ça, vous comprenez ? C’est en quelque sorte thématique et plutôt cinématographique et le concert est organisé autour de mes thèmes et des choses du moment.