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Bruce Springsteen est un fan de John Wayne.
Il en va ainsi après avoir écouté Western Stars, son dernier album, et après avoir regardé le nouveau film éponyme de Springsteen. Il y a plusieurs références visuelles et verbales au Duke (1), à la fois dans le film et dans la chanson Western Stars.
Springsteen et moi-même avons récemment commencé une interview en parlant de John Wayne, puis nous avons exploré les autres sujets reliés et abordés par Western Stars. Springsteen, portant une chemise de couleur sombre, un jeans, avec des chaussures et une veste de sport, a été courtois, attentionné, l'esprit vif et le rire facile.
Il ne s'agissait pas de notre première interview tous les deux. Au cours des années, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises autour d'Asbury Park, parlant en on ou off des évènements du jour, ou d'un concert auquel il avait participé.
Cette fois-ci, assis dans le salon en sous-sol d'un hôtel de New York, il y a deux semaines, pour une interview de 45 minutes, Springsteen a eu une requête avant de commencer : Pourrions-nous éteindre la climatisation ? J'étais content qu'il le demande. J'étais inquiet que le bruit puisse le noyer sur les bandes de mon magnétophone.
Western Stars sort en salles le vendredi 25 octobre.
Chris Jordan I Asbury Park Press I USA Today
Il en va ainsi après avoir écouté Western Stars, son dernier album, et après avoir regardé le nouveau film éponyme de Springsteen. Il y a plusieurs références visuelles et verbales au Duke (1), à la fois dans le film et dans la chanson Western Stars.
Springsteen et moi-même avons récemment commencé une interview en parlant de John Wayne, puis nous avons exploré les autres sujets reliés et abordés par Western Stars. Springsteen, portant une chemise de couleur sombre, un jeans, avec des chaussures et une veste de sport, a été courtois, attentionné, l'esprit vif et le rire facile.
Il ne s'agissait pas de notre première interview tous les deux. Au cours des années, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises autour d'Asbury Park, parlant en on ou off des évènements du jour, ou d'un concert auquel il avait participé.
Cette fois-ci, assis dans le salon en sous-sol d'un hôtel de New York, il y a deux semaines, pour une interview de 45 minutes, Springsteen a eu une requête avant de commencer : Pourrions-nous éteindre la climatisation ? J'étais content qu'il le demande. J'étais inquiet que le bruit puisse le noyer sur les bandes de mon magnétophone.
Western Stars sort en salles le vendredi 25 octobre.
Chris Jordan I Asbury Park Press I USA Today
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Parlez-moi un peu de John Wayne ? Vous mentionnez John Wayne dans la chanson Western Stars, vous parlez de ce merveilleux plan dans l'encadrement de la porte (tiré du film The Searchers, dans Western Stars) (2), et puis, vous parlez d'un "pèlerin" à la fin. Le problème avec John Wayne, c'est que le rock'n'roll ne l'a jamais adopté depuis Buddy Holly.
Exactement, That’ll Be the Day. (3)
Racontez-moi ce que John Wayne signifie pour vous, et peut-être est-ce le moment pour John Wayne de se faire adopter un peu plus.
Je ne sais pas, il est comme imbriqué dans ma vie. En tant qu'enfant, si vous aviez grandi dans les années 50, John Wayne était une énorme star de Westerns, c'était la star des Westerns, le cow-boy civilisé pendant toutes ces années 50 et 60. Il est tombé en disgrâce à cause de ses opinions politiques ancrées à droite, mais les films qu'il a fait sont éternels. Magnifiques, tout simplement, et pour toujours, et son travail d'acteur dans ces films est, à mes yeux, une merveille. J'ai toujours été un grand fan, vous savez. J'ai toujours trouvé de la douceur et de la tendresse dans ses films, tout particulièrement dans She Wore a Yellow Ribbon (La Charge Héroïque, de John Ford, 1949).
Ce casting, que John Ford utilisait, rassemblait un ensemble de personnages fantastiques, une merveilleuse troupe d'acteurs, comme Ward Bond par exemple (5), une troupe qui travaillait si bien ensemble. C'était une part importante de mon bagage esthétique. Clint Eastwood, également, se trouvait à l'autre bout du spectre. Mais John Wayne, Henry Fonda, Gary Cooper - il s'agissait de figures imposantes pour moi, en tant qu'enfant.
Le thème du Western : que faites-vous lorsque vous partez vers l'Ouest ? Vous y allez pour devenir un homme, pour apprendre à tirer, pour apprendre à faire face à vos peurs. Mais vous y allez aussi pour trouver une terre, pour bâtir un avenir, pour vous et votre famille. Pour moi, ce sont ces éléments-là auxquels se réfère Western Stars, à moins que j'interprète trop ?
Non, cette dichotomie est bien présente. Elle fait partie de la vie, mais elle faisait certainement partie de la vie dans l'Ouest, aussi. Vous aviez deux types d'individus qui partaient là-bas. Il y avait ceux qui voulaient toujours voir au-delà de l'horizon - d'étranges solitaires - et puis vous aviez ces wagons remplis de ceux qui partaient fonder une société et construire des églises et des écoles et des communautés et des familles. L'Ouest représentait un foyer pour des américains de tous types, et ils ont amené cette dichotomie avec eux.
Exactement, That’ll Be the Day. (3)
Racontez-moi ce que John Wayne signifie pour vous, et peut-être est-ce le moment pour John Wayne de se faire adopter un peu plus.
Je ne sais pas, il est comme imbriqué dans ma vie. En tant qu'enfant, si vous aviez grandi dans les années 50, John Wayne était une énorme star de Westerns, c'était la star des Westerns, le cow-boy civilisé pendant toutes ces années 50 et 60. Il est tombé en disgrâce à cause de ses opinions politiques ancrées à droite, mais les films qu'il a fait sont éternels. Magnifiques, tout simplement, et pour toujours, et son travail d'acteur dans ces films est, à mes yeux, une merveille. J'ai toujours été un grand fan, vous savez. J'ai toujours trouvé de la douceur et de la tendresse dans ses films, tout particulièrement dans She Wore a Yellow Ribbon (La Charge Héroïque, de John Ford, 1949).
Ce casting, que John Ford utilisait, rassemblait un ensemble de personnages fantastiques, une merveilleuse troupe d'acteurs, comme Ward Bond par exemple (5), une troupe qui travaillait si bien ensemble. C'était une part importante de mon bagage esthétique. Clint Eastwood, également, se trouvait à l'autre bout du spectre. Mais John Wayne, Henry Fonda, Gary Cooper - il s'agissait de figures imposantes pour moi, en tant qu'enfant.
Le thème du Western : que faites-vous lorsque vous partez vers l'Ouest ? Vous y allez pour devenir un homme, pour apprendre à tirer, pour apprendre à faire face à vos peurs. Mais vous y allez aussi pour trouver une terre, pour bâtir un avenir, pour vous et votre famille. Pour moi, ce sont ces éléments-là auxquels se réfère Western Stars, à moins que j'interprète trop ?
Non, cette dichotomie est bien présente. Elle fait partie de la vie, mais elle faisait certainement partie de la vie dans l'Ouest, aussi. Vous aviez deux types d'individus qui partaient là-bas. Il y avait ceux qui voulaient toujours voir au-delà de l'horizon - d'étranges solitaires - et puis vous aviez ces wagons remplis de ceux qui partaient fonder une société et construire des églises et des écoles et des communautés et des familles. L'Ouest représentait un foyer pour des américains de tous types, et ils ont amené cette dichotomie avec eux.
J'aime la façon dont vous ajoutez des éléments à ces personnages en marge du show-business. Vous avez le cascadeur de Drive Fast (The Stuntman), vous avez le personnage de Western Stars, vous avez l'auteur-compositeur de Nashville (Somewhere North of Nashville). Pour moi, l'empathie vient à manquer ces derniers temps. Vous êtes au sommet de votre profession, mais vous continuez à suivre ces traces.
Une nouvelle fois, il s'agissait là de personnages qui m'ont intéressés, et j'ai senti, à un moment donné, que je pouvais écrire sur eux. J'écris ces histoires sur l'Ouest depuis un petit moment. Si vous remontez jusqu'à Tom Joad (The Ghost of Tom Joad, en 1995), vous y trouvez toutes ces chansons sur la frontière que j'ai écrites à cette époque-là, si vous remontez jusqu'à Devils & Dust (l'album de 2005), Silver Palomino, Black Cowboys et Matamoros Banks. Donc, j'écris sur cette géographie depuis un bon moment, et ce disque spécifique m'a permis de puiser dans ce qui est, à mes yeux, les influences musicales de l'Ouest, en même temps que dans ces histoires de Westerns. Donc, je me suis dit, "A quoi ressemble l'Ouest moderne ?". C'est Hollywood, c'est Los Angeles. J'y ai puisé là quelques personnages intéressants sur lesquels écrire.
Jusqu'à aujourd'hui, je pense que c'est au-delà de la mythologie, les gens voient l'Ouest, du style, "Je vais dans l'Ouest et je vais me faire un nom". Même vous, même vos parents, comme vous le dépeignez dans Springsteen On Broadway. C'est toujours la terre dorée.
C'était le cas pour mes parents. C'était mon père (Douglas Springsteen) qui était la motivation, mais il allait quitter Freehold et il ne pensait pas à Pittsburgh ou à la Floride, il voulait aller en Californie. Que savait-il de la Californie ? Rien ! A vrai dire, j'avais une petite amie qui avait déjà été à San Fransisco, et ils lui ont demandé des conseils sur l'endroit où aller.
Il ne connaissait donc absolument rien sur la Californie ou l'Ouest, mis à part que c’était l'endroit où il voulait commencer sa nouvelle vie. Et il a pris avec lui ma mère (Adèle Springsteen) et ma sœur (Pam Springsteen), et c'est là où ils sont allés, c'est ce qu'ils ont fait. Vous savez, ils étaient comme ces Okies (6). Ils ont dépensé 3.000 $, tout l'argent qu'ils avaient économisé. Ils ont passé deux nuits dans leur voiture et une nuit dans un motel, sur le trajet. Ils ont, tout simplement, tout reconstruit de A à Z en arrivant là-bas. La première fois où je leur ai rendu visite, ils habitaient dans un tout petit appartement à San Mateo et j'avais 20 ou 21 ans. L'idée, qui reste encore valable pour une large partie du pays, lorsque les gens pensent à créer quelque chose de nouveau, ou a devenir quelque chose de nouveau, et qui a l'attrait d'un lieu où recommencer sa vie, ou revenir sur ses pas, ou effacer ses péchés, cette idée continue de se trouver à l'Ouest.
Vous les avez suivi, en quelque sorte. Dans votre film, vous mentionnez une fille sur la Côte Est qui vous brise le cœur, et que faites-vous ? "Je suis parti dans l'Ouest".
Oui (rires) ! Même chose ! Je me suis dit, "Ok, faut que je me tire d'ici. je dois partir aussi loin que possible sur ce continent américain !"
Et voilà (rires), c'était le deal pour moi ! Même chose. Et ce n'était pas forcément facile d'y aller à l'époque, parce que personne n'avait d'argent pour un avion ou un train, donc à chaque fois que nous voulions aller en Californie, c'était souvent avec un vieil ami à moi, Tinker (Carl West), nous montions dans son vieux break cabossé et nous prenions la route. J'étais chanceux d'y avoir un avant-poste avec mes parents. Et j'y allais pour faire la même chose qu'eux, je n'avais pas prévu de revenir. Je pensais que j'allais arriver et commencer une nouvelle carrière quelque part autour de San Fransisco et je pensais que j'y arriverais avec quelques difficultés, peut-être, mais je pensais que j'en étais capable. Mais au final, je n'ai pas réussi.
Wow. A mes yeux, le film a des éléments de The Searchers, un petit Sunset Boulevard, avec la face plus sombre de Hollywood.
Il y a dedans de toutes petites citations de tout ce que j'aime. Des citations visuelles.
Une nouvelle fois, il s'agissait là de personnages qui m'ont intéressés, et j'ai senti, à un moment donné, que je pouvais écrire sur eux. J'écris ces histoires sur l'Ouest depuis un petit moment. Si vous remontez jusqu'à Tom Joad (The Ghost of Tom Joad, en 1995), vous y trouvez toutes ces chansons sur la frontière que j'ai écrites à cette époque-là, si vous remontez jusqu'à Devils & Dust (l'album de 2005), Silver Palomino, Black Cowboys et Matamoros Banks. Donc, j'écris sur cette géographie depuis un bon moment, et ce disque spécifique m'a permis de puiser dans ce qui est, à mes yeux, les influences musicales de l'Ouest, en même temps que dans ces histoires de Westerns. Donc, je me suis dit, "A quoi ressemble l'Ouest moderne ?". C'est Hollywood, c'est Los Angeles. J'y ai puisé là quelques personnages intéressants sur lesquels écrire.
Jusqu'à aujourd'hui, je pense que c'est au-delà de la mythologie, les gens voient l'Ouest, du style, "Je vais dans l'Ouest et je vais me faire un nom". Même vous, même vos parents, comme vous le dépeignez dans Springsteen On Broadway. C'est toujours la terre dorée.
C'était le cas pour mes parents. C'était mon père (Douglas Springsteen) qui était la motivation, mais il allait quitter Freehold et il ne pensait pas à Pittsburgh ou à la Floride, il voulait aller en Californie. Que savait-il de la Californie ? Rien ! A vrai dire, j'avais une petite amie qui avait déjà été à San Fransisco, et ils lui ont demandé des conseils sur l'endroit où aller.
Il ne connaissait donc absolument rien sur la Californie ou l'Ouest, mis à part que c’était l'endroit où il voulait commencer sa nouvelle vie. Et il a pris avec lui ma mère (Adèle Springsteen) et ma sœur (Pam Springsteen), et c'est là où ils sont allés, c'est ce qu'ils ont fait. Vous savez, ils étaient comme ces Okies (6). Ils ont dépensé 3.000 $, tout l'argent qu'ils avaient économisé. Ils ont passé deux nuits dans leur voiture et une nuit dans un motel, sur le trajet. Ils ont, tout simplement, tout reconstruit de A à Z en arrivant là-bas. La première fois où je leur ai rendu visite, ils habitaient dans un tout petit appartement à San Mateo et j'avais 20 ou 21 ans. L'idée, qui reste encore valable pour une large partie du pays, lorsque les gens pensent à créer quelque chose de nouveau, ou a devenir quelque chose de nouveau, et qui a l'attrait d'un lieu où recommencer sa vie, ou revenir sur ses pas, ou effacer ses péchés, cette idée continue de se trouver à l'Ouest.
Vous les avez suivi, en quelque sorte. Dans votre film, vous mentionnez une fille sur la Côte Est qui vous brise le cœur, et que faites-vous ? "Je suis parti dans l'Ouest".
Oui (rires) ! Même chose ! Je me suis dit, "Ok, faut que je me tire d'ici. je dois partir aussi loin que possible sur ce continent américain !"
Et voilà (rires), c'était le deal pour moi ! Même chose. Et ce n'était pas forcément facile d'y aller à l'époque, parce que personne n'avait d'argent pour un avion ou un train, donc à chaque fois que nous voulions aller en Californie, c'était souvent avec un vieil ami à moi, Tinker (Carl West), nous montions dans son vieux break cabossé et nous prenions la route. J'étais chanceux d'y avoir un avant-poste avec mes parents. Et j'y allais pour faire la même chose qu'eux, je n'avais pas prévu de revenir. Je pensais que j'allais arriver et commencer une nouvelle carrière quelque part autour de San Fransisco et je pensais que j'y arriverais avec quelques difficultés, peut-être, mais je pensais que j'en étais capable. Mais au final, je n'ai pas réussi.
Wow. A mes yeux, le film a des éléments de The Searchers, un petit Sunset Boulevard, avec la face plus sombre de Hollywood.
Il y a dedans de toutes petites citations de tout ce que j'aime. Des citations visuelles.