Bruce Springsteen
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Variety, octobre 2017

Sur la Côte avec Bruce



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Avez-vous toujours dans l'idée de sortir l'album solo dont vous parlez depuis la tournée anniversaire The River ?

Oh oui, j'ai juste été accaparé par d'autres projets. C'est comme s'il attendait son moment. La bonne musique ne s'en va pas !

Quelqu'un l'ayant entendu a dit qu'il sonnait comme Aaron Copland.

Je ne sais pas si quelqu'un a fait ce lien particulier. Ce disque est influencé par la pop music de la Californie du Sud des années 70.

Comme les Eagles et Fleetwood Mac ?

Non - Glen Campbell, Jimmy Webb, Burt Bacharach, ce genre de disques. Je ne sais pas si les gens entendront ces influences, mais il s'agissait de ce que j'avais en tête. C'est ce qui m'a donné une accroche sur laquelle articuler l'album; c'est ce qui m'a donné l'inspiration pour écrire. Mais, c'est aussi un disque de chanteur-compositeur. Il est relié à mes autres albums solo d'un point de vue de l'écriture, comme Tunnel of Love et Devils & Dust, mais il n'est pas comme eux. Simplement des personnages différents vivant leur propre vie.

Quelle genre de chansons avez-vous composé ces derniers temps ?


Je n'ai pas composé ces derniers temps. Je pense que vous devez piocher dans vos projets. En d'autres termes, si j'ai quelques chansons que je n'ai pas encore sorties, une fois sorties, alors la machine commence à tourner, 'Ok, maintenant je vais écrire pour le groupe' ou quoi que je décide pour la suite. Mais à moins que quelque chose n'émerge - 'Oh, je vais écrire ça' ce qui ne s'est pas produit ces derniers temps – je dois voir ce que j'ai déjà réalisé avant [de commencer quelque chose de nouveau].

Est-ce que cet album solo est votre pic d'écriture le plus récent ?

Oui, je dirais oui, ce qui est inhabituel car j'en ai écrit la plupart des chansons avant Wrecking Ball [de 2012]. Et j'ai arrêté de faire ce disque pour faire Wrecking Ball, et puis j'y suis revenu. Donc, ça fait longtemps que je n'ai pas écrit, mais ce n'est pas inhabituel. C'est arrivé plein de fois à d'autres périodes de ma carrière.

Pour beaucoup de monde, vivre à 10 minutes de l'endroit où ils ont grandi serait une punition. Qu'est-ce que vous aimez tant ici ?

J'aime vivre à 10 minutes de Freehold, 20 d'Asbury Park. La principale chose qui nous a ancré ici, c'est que nous avons une immense famille, une famille Italo-Irlandaise de plus de 80 membres. Et quand nous avons eu nos enfants, nous les avons ramenés ici, car nous voulions qu'ils grandissent entourés par cette famille. Nous étions assez chanceux de les avoir tous au même endroit à un moment donné – ce qui est inhabituel aujourd'hui – et ils ont tous grandi ici, autour des tantes et des cousins et des grands-mères : tel que j'ai grandi. Et j'aime toujours ça ici. Je pense que la côte du New Jersey est un bel endroit où vivre, nous avons cette jolie ferme, et nous ne sommes qu'à 25 minutes de l'océan... et je suis toujours un adepte de la plage, je vais nager jusqu'en novembre. C'est un endroit qu'on aime toujours, tout simplement.

J'ai entendu que la communauté est très soucieuse de protéger votre vie privée.

Oui. J'ai une existence très libre ici. Je vais là où j'ai envie d'aller, je fais ce que j'ai envie de faire, je vis une vie relativement normale. A de rares occasions il y a un peu de tapage, mais c'est une des raisons pour lesquelles nous sommes revenus là avec les enfants – c'est ici qu'ils auraient pu avoir l'enfance la plus normale possible, et ils l'ont eu. J'ai toujours voulu rester à l'écart des lumières brillantes de la ville; je n'étais pas à l'aise avec ça. Je voulais me trouver un endroit où vous pouviez être un peu caché, ou votre vie privée était respectée et conservée, et c'est ce que j'ai trouvé ici pendant toutes ces années, donc j'apprécie. Les habitants d'ici ont toujours été corrects avec moi.

Est-ce que la petite ville typique du New Jersey où vous avez grandi existe toujours ?

Oui ! Elle existe toujours dans ma ville [Freehold]. Elle est très différente de celle dans laquelle je vivais dans les années 50, mais si vous arpentez le New Jersey, tout est encore là. Je prends ma moto sur les routes secondaires, et il y a des millions de petites villes où j'ai le sentiment que les gosses, en dépit de la technologie moderne et d'internet, ont une expérience émotionnelle similaire à la mienne. Vous êtes une créature de votre environnement et il y a quelque chose qui est... unique, je suppose, correspondant à un endroit donné et à une époque donnée. En d'autres mots, quand je ne serais plus là et que le E Street Band ne sera plus là, cette chose ne sera plus là. Il y aura d'autres choses et d'autres personnes feront des choses fabuleuses, mais cette chose particulière ne sera plus là. Mais, en même temps, quelqu'un d'autre écrira ensuite sur ce nouvel environnement.

Vous avez beaucoup fait pour impulser un renouveau dans la région. Aujourd'hui, Asbury Park a même un hôtel de designer !

Oui ! C'est bien !

Est-ce arrivé à un point où c'est devenu trop embourgeoisé ou intrusif ?


Je pense qu'ils ont fait un assez bon travail pour le développement d'Asbury Park. Je n'avais jamais pensé que de mon vivant je pourrais voir la ville revenir à la vie d'une façon si vibrante et si forte. La ville maintient son socle artistique, également. Elle aurait pu facilement devenir un petit centre commercial ou juste une ville d'immeubles, mais ce n'est pas le cas, et il reste encore de la place ici; elle est unique à sa façon. Elle n'a pas été effacée, et c'est vraiment ce qui compte. Elle ne deviendra pas la ville dans laquelle j'ai grandi - une petite station balnéaire d'ouvriers, où l'endroit qui a été à l'origine de notre groupe - mais c'est une communauté belle, vibrante en ce moment, et j'aime venir ici l'été et voir cette plage. Je ne pensais pas la voir de nouveau.

En parlant de votre sœur dans le livre, vous faites référence à 'l’âme du New Jersey'. C'est quoi ?

C'est une sorte de combinaison entre le travail acharné, le jusqu'au-boutisme, des gens biens qui n'abandonnent jamais, et que je retrouve dans le caractère des habitants du New Jersey et dans ma famille. Ma mère et ses deux sœurs, peu importe ce qui pouvait arriver, étaient toujours capables de trouver de la joie dans leur vie. Elles ont traversé beaucoup de tragédies, mais elles se sont toujours relevées, elles ont toujours trouvé quelque chose leur permettant d'être heureuse. Et c'est une des choses que notre groupe a fait au cours des années. Il y a beaucoup de groupes qui sont bons en jouant de manière forte ou de manière calme, mais il n'y a pas beaucoup de groupes qui produisent de la joie. Et une des choses que le E Street Band aspirait à faire, c'était transmettre un certain sentiment de joie, que j'ai hérité principalement du côté italien de ma famille, et que j'ai toujours été capable de communiquer à une foule.


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