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Ce qui manque à The Rising, c'est la politique. Springsteen dit qu'il ne s'est jamais considéré lui-même comme quelqu'un de politique, mais après la tentative de Ronald Reagan de détourner Born In The U.S.A. au profit de la campagne pour sa ré-élection de 1984, le chanteur a développé une voix politique de rechange mais efficace, qu'il utilise, en général, pour défendre les causes libérales et occasionnellement le candidat libéral. En 1991, il a participé à un concert qui cherchait à lever des fonds pour le Christic Institute, un groupe de pensée radical qui a, à plusieurs reprises, accusé le gouvernement américain d'actions secrètes illégales en Amérique Latine. En ce qui concerne la politique étrangère actuelle de l'Amérique, il se range aux côtés de la majorité de l'opinion publique. "Je crois que l'invasion de l'Afghanistan a été gérée avec beaucoup, beaucoup de tact" dt-il.
L'absence de politique ne signifie pas que The Rising n'est pas sans polémique. Pour certains fans de Springsteen, l'album arrive trop rapidement après la tragédie pour laisser ses motivations sans explication. Charles Cross, qui a pendant 16 ans, publié et édité Backstreets, un fanzine faisant autorité sur Springsteen, a entendu The Rising durant une séance d'écoute réservée aux fans purs et durs. "Ils l'ont véritablement lancé comme un album du 11-septembre" dit-il. "Je pense que nous voulons que l'art puisse traiter de ce sujet, mais c'est une chose encore si pénible, et c'est toujours assez récent. Franchement, l'élément commercial m'effraye vraiment".
Springtseen a soupçonné que l'accusation d'exploitation allait peut-être être soulevée, et il prend son temps pour y répondre. "Quand vous vous mettez à la place de quelqu'un que vous n'avez pas été" dit-il, "il faut que vous soyez très... vraiment très prudent, c'est ainsi que je le dirais. Simplement prudent. Vous faites appel à votre talent et vous allez à sa recherche, et avec un peu de chance ce qui fait que les gens écoutent, c'est qu'au fil des années vous avez été sérieux et honnête. C'est de là que provient votre autorité créatrice. C'est de cette façon que les gens s'aperçoivent que vous n'êtes pas là simplement pour vous promener".
Écoutez Farrelly à ce sujet: "Laissez-moi vous dire, j'ai énormément de CD que les gens m'ont envoyés, des gens au hasard qui ont écrit des chansons ou d'autres choses. Je ne les écouterais pas. Mais je crois que Bruce est sincère, il croit vraiment en ce qu'il écrit. Je sais que les pompiers passeront un moment pénible à entendre certaines chansons, mais ensuite vous les chantez, et vous vous sentez un peu mieux. Je lui fais confiance de tout mon cœur. La seule chose qui m'ait dérangé, c'est quand il a épousé Julianne".
Springsteen se revendique comme un grand adepte du vieil adage "Faites confiance à l'art, pas à l'artiste". Mais les inconditionnels de Springsteen aiment aussi bien les chansons que le chanteur lui-même, et en renvoyant aux fans, de la scène, leurs expériences via les haut-parleurs des stades, Springsteen a été un partenaire actif d'un syllogisme pop: dans ses chansons, il parle de gens comme moi, il nous ressemble et s'habille comme nous, par conséquent il doit être comme moi ! C'est peut-être ce que Springsteen veut dire, comme certains de ses amis le suggèrent, il mérite moins d'attention que les gens sur lesquels il chante. C'est peut-être pour cette raison que faire des tournées, communier avec ceux qui l'adorent (et qu'il adore) est une facette si primordiale de la vie de Springsteen.
L'absence de politique ne signifie pas que The Rising n'est pas sans polémique. Pour certains fans de Springsteen, l'album arrive trop rapidement après la tragédie pour laisser ses motivations sans explication. Charles Cross, qui a pendant 16 ans, publié et édité Backstreets, un fanzine faisant autorité sur Springsteen, a entendu The Rising durant une séance d'écoute réservée aux fans purs et durs. "Ils l'ont véritablement lancé comme un album du 11-septembre" dit-il. "Je pense que nous voulons que l'art puisse traiter de ce sujet, mais c'est une chose encore si pénible, et c'est toujours assez récent. Franchement, l'élément commercial m'effraye vraiment".
Springtseen a soupçonné que l'accusation d'exploitation allait peut-être être soulevée, et il prend son temps pour y répondre. "Quand vous vous mettez à la place de quelqu'un que vous n'avez pas été" dit-il, "il faut que vous soyez très... vraiment très prudent, c'est ainsi que je le dirais. Simplement prudent. Vous faites appel à votre talent et vous allez à sa recherche, et avec un peu de chance ce qui fait que les gens écoutent, c'est qu'au fil des années vous avez été sérieux et honnête. C'est de là que provient votre autorité créatrice. C'est de cette façon que les gens s'aperçoivent que vous n'êtes pas là simplement pour vous promener".
Écoutez Farrelly à ce sujet: "Laissez-moi vous dire, j'ai énormément de CD que les gens m'ont envoyés, des gens au hasard qui ont écrit des chansons ou d'autres choses. Je ne les écouterais pas. Mais je crois que Bruce est sincère, il croit vraiment en ce qu'il écrit. Je sais que les pompiers passeront un moment pénible à entendre certaines chansons, mais ensuite vous les chantez, et vous vous sentez un peu mieux. Je lui fais confiance de tout mon cœur. La seule chose qui m'ait dérangé, c'est quand il a épousé Julianne".
Springsteen se revendique comme un grand adepte du vieil adage "Faites confiance à l'art, pas à l'artiste". Mais les inconditionnels de Springsteen aiment aussi bien les chansons que le chanteur lui-même, et en renvoyant aux fans, de la scène, leurs expériences via les haut-parleurs des stades, Springsteen a été un partenaire actif d'un syllogisme pop: dans ses chansons, il parle de gens comme moi, il nous ressemble et s'habille comme nous, par conséquent il doit être comme moi ! C'est peut-être ce que Springsteen veut dire, comme certains de ses amis le suggèrent, il mérite moins d'attention que les gens sur lesquels il chante. C'est peut-être pour cette raison que faire des tournées, communier avec ceux qui l'adorent (et qu'il adore) est une facette si primordiale de la vie de Springsteen.
A la mi-juillet, Springsteen et le E Street Band étaient terrés dans une petite salle de la base militaire de Fort Monmouth, révisant comme des dingues pour une tournée de 46 villes qui débute le 07 août. Durant une pause backstage, les membres du groupe jouaient leur rôle de parfaits cols bleus. Le guitariste "Little" Steven Van Zandt dit qu'il doit déménager de son appartement de Manhattan, sur la 8ème Avenue, après y avoir passé 20 ans. "L'endroit tombe en ruines". Le batteur Max Weinberg lui suggère de chercher un endroit dans le légendaire Immeuble Dakota dans l'Upper West Side; Van Zandt jette un regard comme si on venait de lui demander de manger sa pizza avec un couteau et une fourchette. "Ouais, pour 7 millions $ ? Très marrant" répond-il.
Pendant ce temps-là, à 52 ans, Springsteen donne toujours l'impression de sortir tout droit de la pochette de Born In The U.S.A. En tant que membre du E Street Band n° 9 dans un débardeur noir et pantalon de travail brun, il traverse la scène comme le moniteur d'une colonie, plein d'énergie et d'encouragements alors que le groupe galère pour arriver à jouer les nouvelles chansons. "Je sais que ce truc est difficile. Ne vous inquiétez pas, nous y arriverons, et ce sera fabuleux ! Alors qu'est-ce que nous allons faire maintenant...". Pendant une pause, Springsteen bondit sur les sièges. Il pense que le rythme de progression du groupe est bon. Il est heureux de jouer au milieu de ses vieux amis. Mais il n'est également pas satisfait. "Si j'ai un trait de caractère positif, c'est probablement que je ne m'arrête jamais" dit-il. "Je suis un chien de chasse qui rôde, on ne peut pas se débarrasser de moi !".
Quand il n'est pas à proximité d'une guitare, Springsteen a tendance à être calme, sérieux et très tranquille. Avec une Fender dans les mains, c'est un cheval qui ne peut attendre de galoper. Il aime jouer de la musique pour n'importe qui, n'importe où, n'importe quand. "En fin de compte" dit-il, "c'est loin d'être une expérience désintéressée. C'est très épanouissant et revitalisant. Je suis sur la scène essayant de m'enflammer. Quand le métal atteint la pédale - bang ! - j'ai une destination vers laquelle j'avance, et je ne serais pas satisfait jusqu'à ce que je l'atteigne. Pour moi". Évidemment, le plaisir de Springsteen est notoirement communicatif. Springsteen se nourrit de la foule, qui se nourrit de lui dans le cycle sans fin de l'ivresse des stades.
Quand il est sur scène, Springsteen raconte qu'il se sent parfois comme un prédicateur, et lors de la dernière tournée du E Street Band, il s'est lancé, d'une voix apocalyptique, dans une imitation d'un monologue sur le pouvoir de la musique. "C'était une de ces choses qui était à la fois une plaisanterie et en même temps sérieux" dit-il. Springsteen est un catholique non pratiquant, mais qu'il dise à Scialfa qu'il souhaite que ses chœurs soient "plus gospel" ou qu'il demande à ses auditeurs de "se préparer pour l'Ascension", il comprend que le renouveau spirituel est une nécessité et que ce doit être une expérience communautaire. "Je pense que ce renouveau va avec le concept de notre groupe, en tant qu'ensemble de témoins" dit-il. "C'est là une de nos fonctions. Nous sommes ici pour témoigner de ce que nous avons vu". Et pour écouter le témoignage des autres.
Pendant ce temps-là, à 52 ans, Springsteen donne toujours l'impression de sortir tout droit de la pochette de Born In The U.S.A. En tant que membre du E Street Band n° 9 dans un débardeur noir et pantalon de travail brun, il traverse la scène comme le moniteur d'une colonie, plein d'énergie et d'encouragements alors que le groupe galère pour arriver à jouer les nouvelles chansons. "Je sais que ce truc est difficile. Ne vous inquiétez pas, nous y arriverons, et ce sera fabuleux ! Alors qu'est-ce que nous allons faire maintenant...". Pendant une pause, Springsteen bondit sur les sièges. Il pense que le rythme de progression du groupe est bon. Il est heureux de jouer au milieu de ses vieux amis. Mais il n'est également pas satisfait. "Si j'ai un trait de caractère positif, c'est probablement que je ne m'arrête jamais" dit-il. "Je suis un chien de chasse qui rôde, on ne peut pas se débarrasser de moi !".
Quand il n'est pas à proximité d'une guitare, Springsteen a tendance à être calme, sérieux et très tranquille. Avec une Fender dans les mains, c'est un cheval qui ne peut attendre de galoper. Il aime jouer de la musique pour n'importe qui, n'importe où, n'importe quand. "En fin de compte" dit-il, "c'est loin d'être une expérience désintéressée. C'est très épanouissant et revitalisant. Je suis sur la scène essayant de m'enflammer. Quand le métal atteint la pédale - bang ! - j'ai une destination vers laquelle j'avance, et je ne serais pas satisfait jusqu'à ce que je l'atteigne. Pour moi". Évidemment, le plaisir de Springsteen est notoirement communicatif. Springsteen se nourrit de la foule, qui se nourrit de lui dans le cycle sans fin de l'ivresse des stades.
Quand il est sur scène, Springsteen raconte qu'il se sent parfois comme un prédicateur, et lors de la dernière tournée du E Street Band, il s'est lancé, d'une voix apocalyptique, dans une imitation d'un monologue sur le pouvoir de la musique. "C'était une de ces choses qui était à la fois une plaisanterie et en même temps sérieux" dit-il. Springsteen est un catholique non pratiquant, mais qu'il dise à Scialfa qu'il souhaite que ses chœurs soient "plus gospel" ou qu'il demande à ses auditeurs de "se préparer pour l'Ascension", il comprend que le renouveau spirituel est une nécessité et que ce doit être une expérience communautaire. "Je pense que ce renouveau va avec le concept de notre groupe, en tant qu'ensemble de témoins" dit-il. "C'est là une de nos fonctions. Nous sommes ici pour témoigner de ce que nous avons vu". Et pour écouter le témoignage des autres.
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The E Street Shuffle
Le E Street Band a enregistré avec Springsteen pour la dernière fois en 1987. Les huit membres sont tous très demandés pour des sessions d'enregistrement, et la plupart ont réalisé leurs propres albums solo. Voici comment les E Streeters ont passé leur temps entre les coups de téléphone du Boss.
Le E Street Band a enregistré avec Springsteen pour la dernière fois en 1987. Les huit membres sont tous très demandés pour des sessions d'enregistrement, et la plupart ont réalisé leurs propres albums solo. Voici comment les E Streeters ont passé leur temps entre les coups de téléphone du Boss.
Max Weinberg (batterie)
Est depuis 1993 le leader du groupe de l'émission Late Night with Conen O'Brien sur NBC.
Clarence Clemons (saxophone)
A sorti cinq albums solo depuis 1983. Le Big Man a subi une opération des deux hanches en 1998.
Nils Lofgren (guitare)
Est parti en tournée avec Ringo Starr pendant les années 90 et a joué sur les albums de Branford Marsalis et de Rod Stewart.
Roy Bittan (claviers)
A travaillé avec Lucinda Williams et a composé la musique de deux documentaires traitant du 11-septembre.
Danny Federici (claviers)
A construit son propre studio à Colt's Neck, NJ, et a sorti un album solo, Flemington, en 1997.
Patti Scialfa (chant)
S'est marié à Springsteen en 1991; a sorti un album solo, Rumble Doll, en 1993.
Garry Tallent (basse)
A travaillé lors de sessions avec Steve Earle et Emmylou Harris; a produit Southside Johnny.
Steven Van Zandt (guitare)
Joue Silvio Dante dans les Soprano; est l'animateur radio du show Little Steven's Underground Garage.
Est depuis 1993 le leader du groupe de l'émission Late Night with Conen O'Brien sur NBC.
Clarence Clemons (saxophone)
A sorti cinq albums solo depuis 1983. Le Big Man a subi une opération des deux hanches en 1998.
Nils Lofgren (guitare)
Est parti en tournée avec Ringo Starr pendant les années 90 et a joué sur les albums de Branford Marsalis et de Rod Stewart.
Roy Bittan (claviers)
A travaillé avec Lucinda Williams et a composé la musique de deux documentaires traitant du 11-septembre.
Danny Federici (claviers)
A construit son propre studio à Colt's Neck, NJ, et a sorti un album solo, Flemington, en 1997.
Patti Scialfa (chant)
S'est marié à Springsteen en 1991; a sorti un album solo, Rumble Doll, en 1993.
Garry Tallent (basse)
A travaillé lors de sessions avec Steve Earle et Emmylou Harris; a produit Southside Johnny.
Steven Van Zandt (guitare)
Joue Silvio Dante dans les Soprano; est l'animateur radio du show Little Steven's Underground Garage.