Bruce Springsteen
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The Observer, 17 juillet 2005

Vu par les yeux d'un fan



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NOTES EXPLICATIVE DE HORNBY

(1) Il y a quelques années, un ami m'a donné un DVD d'une des performances de Springsteen à ses débuts, un disque pirate pris sur Internet, et sur lequel il y a un vieux film en noir & blanc de Bruce, jouant en solo dans un club folk, probablement en 1970/71. Et bien sûr, il y a une différence entre jouer en solo quand on est inconnu et jouer en solo quand on est l'un des plus grands artistes au monde. À cette époque, il aurait été très dur pour Bruce de se leurrer à croire que tous ces gens étaient venus le voir. Ils étaient venus pour voir l'artiste en deuxième partie ou pour boire un verre. Et si dans ces circonstances, vous pouvez retarder le moment où une personne se réfugie au bar, alors vous vous en sortez bien. Au Royal Albert Hall, les gens ont payé entre 50 et 60£ (63 et 75 €) pour voir chaque mouvement de Springsteen. Ce qui doit certainement focaliser l'esprit.

(2) Cette remarque semble futile, mais combien de concerts avez-vous vus où un groupe fait comme s'il n'était pas en concert ? Tout ce truc d'accorder leurs instruments et de se parler entre eux, alors que le public attend que quelque chose se passe. Le simple fait que Springsteen reconnaisse que les gens paient chaque seconde où il se trouve sur scène le sépare de pratiquement tous les autres artistes que j'ai vus.

(3) De temps en temps, No Nukes, le film du grand concert anti-nucléaire de 1979 au Madison Square Garden, est diffusé en pleine nuit sur Sky Movies. Springsteen est l'un des artistes y figurant: il chante The River, Thunder Road, puis Quarter To Three, ce vieux hit de Gary US Bonds, qu'il avait l'habitude de jouer lors des rappels. Sur Quarter To Three, il fait tout ce truc à la James Brown; il s'effondre, le groupe essaye de le faire sortir de scène, soudain il s'échappe et vient chanter deux ou trois vers, torse nu. C'est électrisant, et drôle, mais ce qui est remarquable, à le voir maintenant, c'est que les gestes simples sur scène de Springsteen semblent bien plus 'authentiques' que la sincérité au sourire étincelant que James Taylor, Carly Simon et les autres artistes essayent de projeter. Après tout, qu'est-ce qui pourrait être plus sincère qu'un artiste faisant le spectacle - et étant conscient qu'il fait le spectacle ?

(4) Springsteen a terminé ses concerts au Royal Albert Hall par une reprise extraordinaire de Dream Baby Dream, une vieille chanson du duo de l'époque punk, Suicide. Il a mis un effet d'écho sur l'harmonium et s'est promené sur la scène en chantant les phrases déconnectées de cette chanson. Il n'y avait aucun rythme bien sûr, mais c'était aussi hypnotisant que le Born Slippy de Underworld.

(5) 'Toute forme d'art désire constamment s'approcher de la condition de la musique' a dit le critique Walter Pater. En fait, même les musiciens désirent s'approcher de la condition de la musique - quelque chose de moins verbeux, de moins structuré et de plus viscéral.

Le dernier album de Bruce Springsteen, "Devils & Dust", est sorti chez Columbia.

La nouvelle de Nick Hornby, "A Long Way Down", est publiée par Vicking.

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