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C'est ce qui alimente la musique populaire, c'est ça: il y a un garçon qui rencontre une fille qui rencontre un garçon, dans la chaîne ininterrompue de l’effet romantique de Rosie, et tous les garçons et toutes les filles vivent heureux jusqu’à la fin de leurs jours. Du moins, c’est l’implication traditionnelle. Mais quiconque ayant l’âge de Springsteen doit inévitablement réaliser que les choses ne se passent pas toujours, ni souvent ainsi. L’amour disparaît, les rêves meurent, la vie devient incroyablement complexe. Springsteen s’est attaché à exprimer cette complexité dans ces dernières chansons, une entreprise risquée pour un artiste rock de sa stature. Le rock’n’roll traditionnel a toujours été le royaume des passions de la jeunesse, la province de la bonne humeur éternelle. Mais Springsteen qui aura 39 ans en septembre prochain a dépassé cette vision limitée de la vie. Comme tout le monde finalement, il est rentré dans le monde des inquiétudes de l’âge adulte et, maintenant, il essaie d’y entraîner le rock’n’roll avec lui.
Je suppose que la chanson d’amour pop a tendance à être romantique d’une manière unidimensionnelle. Tout le monde n’est pas Elvis Costello, qui a écrit de formidables chansons d’amour. Dylan l’a fait. Mais en général, je pense que l’impression que les gens en ont reste davantage leur côté unidimensionnel. Alors, principalement quand je me suis mis à l’écriture de ce type de musique, je voulais qu'elle soit à trois dimensions ou multidimensionnelle et y intégrer tous les aspects des émotions concernées. Je n’essayais pas d’écrire un disque qui soit particulièrement sombre ou optimiste ou ceci ou cela. Pour moi, ce disque est un constat.
Je suppose que la chanson d’amour pop a tendance à être romantique d’une manière unidimensionnelle. Tout le monde n’est pas Elvis Costello, qui a écrit de formidables chansons d’amour. Dylan l’a fait. Mais en général, je pense que l’impression que les gens en ont reste davantage leur côté unidimensionnel. Alors, principalement quand je me suis mis à l’écriture de ce type de musique, je voulais qu'elle soit à trois dimensions ou multidimensionnelle et y intégrer tous les aspects des émotions concernées. Je n’essayais pas d’écrire un disque qui soit particulièrement sombre ou optimiste ou ceci ou cela. Pour moi, ce disque est un constat.
BRILLIANT DISGUISE
La foi est essentielle et le doute aussi. Vous n'irez nulle part si vous n'avez que l’un ou l’autre. Vous avez besoin de ces deux choses-là. Et je pense que la foi, que ce soit dans une relation amoureuse ou dans votre propre expérience de la vie, vous fait aller de l'avant. Et le doute, d’une certaine façon, tempère la foi et la rend réaliste et pragmatique, et cela vous pousse à vous remettre en question. Et à explorer ce que vous faites, afin de mieux le faire en avançant dans votre vie, si on a de la chance... Alors, pour moi, il y avait certainement du doute sur cet album, mais je ne connais personne qui soit engagé dans une relation amoureuse et qui ne ressente pas ce sentiment ou les autres sentiments qui sont sur l’album.
ONE STEP UP
Si vous écrivez un bon disque ou une bonne œuvre d’art ou un bon morceau de musique, c’est comme un puits où les gens viennent pour s’amuser, pour se nourrir, ou pour y trouver de la foi, ou une forme de compagnie. Et il peut parler à ce qu’ils sont dans leur vie à ce moment précis, et c’était là mon souci principal. C’était le but principal que je recherchais pour ce disque. J'ai pensé, qu'avec un peu de chance, il trouverait son public et j’ai compris qu’il était possible qu’une partie de mon public vraiment jeune n'adhère pas à ce disque. Mais ce n'est pas grave, parce que je ferai d’autres disques, j’ai fait d’autres disques, et peut-être que cette partie du public va y adhérer, car la complexité de ces sentiments existe même quand vous êtes très jeune.
Un des grands problèmes pour les artistes rock a toujours été de savoir vieillir sans devenir ridicule. Mick Jagger a un jour dit qu’il ne voulait pas chanter Satisfaction à 40 ans, mais il a largement dépassé cet âge-là et il la chante toujours. Springsteen n’a pas désavoué les œuvres de ses débuts mais il sait qu'essayer d’écrire maintenant une chanson du point de vue d’un adolescent serait un mensonge. Ses chansons sont des histoires et elles reposent sur des personnages et ces personnages, comme l’auteur lui-même, ont survécu aux années 1970 et ont persévéré pendant les années 1980, et en chemin, sans doute, ils ont appris certaines choses. Ce sont ces nouvelles que Springsteen nous apporte dans ses meilleures chansons d’amour, des nouvelles du monde réel du cœur humain.
Je voulais écrire des chansons que je pouvais aller chanter à l'âge que j'ai maintenant, sans être gêné. Au cours du temps, j’ai essayé, en majorité, d’écrire en étant en accord avec mon âge. En fait, quand j’ai écrit le disque Born To Run, quand j'ai remis le disque en question tant au niveau de sa valeur que de son mérite après sa sortie, j’éprouvais beaucoup de sentiments différents à son sujet. Moi-même et d’une certaine façon, je n’avais pas eu beaucoup de succès et je doutais beaucoup et parfois je me disais, "Je suis formidable… ou c’est nul…" et vous ressentez ces deux choses-là, vous essayez simplement de trouver une réponse.
Un des grands problèmes pour les artistes rock a toujours été de savoir vieillir sans devenir ridicule. Mick Jagger a un jour dit qu’il ne voulait pas chanter Satisfaction à 40 ans, mais il a largement dépassé cet âge-là et il la chante toujours. Springsteen n’a pas désavoué les œuvres de ses débuts mais il sait qu'essayer d’écrire maintenant une chanson du point de vue d’un adolescent serait un mensonge. Ses chansons sont des histoires et elles reposent sur des personnages et ces personnages, comme l’auteur lui-même, ont survécu aux années 1970 et ont persévéré pendant les années 1980, et en chemin, sans doute, ils ont appris certaines choses. Ce sont ces nouvelles que Springsteen nous apporte dans ses meilleures chansons d’amour, des nouvelles du monde réel du cœur humain.
Je voulais écrire des chansons que je pouvais aller chanter à l'âge que j'ai maintenant, sans être gêné. Au cours du temps, j’ai essayé, en majorité, d’écrire en étant en accord avec mon âge. En fait, quand j’ai écrit le disque Born To Run, quand j'ai remis le disque en question tant au niveau de sa valeur que de son mérite après sa sortie, j’éprouvais beaucoup de sentiments différents à son sujet. Moi-même et d’une certaine façon, je n’avais pas eu beaucoup de succès et je doutais beaucoup et parfois je me disais, "Je suis formidable… ou c’est nul…" et vous ressentez ces deux choses-là, vous essayez simplement de trouver une réponse.
BORN TO RUN
A la fin de cet album, j’ai regardé en arrière et j’ai eu tendance à dire, "Eh bien, peut-être que ce disque était bien pour l'instant présent". Mais ces gens doivent aller quelque part. Ça ne suffit pas qu'ils partent, il faut qu’ils partent. Alors, où vont-ils ? Vous ne pouvez pas simplement partir. Vous ne pouvez pas partir tout le temps. Pour que cela ait un sens, il faut qu’il y ait un endroit où aller, et fondamentalement, après Born To Run, j’ai essayé d’exposer, j’ai essayé de découvrir où ces deux personnes allaient. Je ne le savais pas moi-même.
ATLANTIC CITY
Après ça, tous mes disques, comme je l’ai déjà dit, étaient une réaction à Born To Run, aux questions que je posais dans cette chanson-là. J’ai posé des questions dont je cherche encore les réponses pour aujourd’hui. Mais vous ne pouvez pas les trouver sans vous débarrasser de l’illusion. Il faut se débarrasser de l’illusion et trouver ce qui est vraiment là. C’est le seul moyen de s’en approcher vraiment. Que vous soyez le mec dans Born In The USA, et que vous ayez à gérer des forces sociales, ou que vous soyez le mec de Cautious Man, vous devez vous débarrasser du conte de fées. J'avais le sentiment que le gars de Born in the USA voulait se débarrasser de cette Amérique mythique qui était l'image de l'Amérique de Reagan. Il doit trouver quelque chose de réel, qui lui permette d'établir des contacts. Il rentre au pays et il cherche quelque chose de nouveau chez lui. Il cherche un foyer dans son pays.
BORN IN THE U.S.A.
Je n’étais pas satisfait du disque Born In The USA, je ne pensais toujours pas avoir créé tous les liens que je voulais établir et autres... J’avais le sentiment d'avoir écrit seulement la moitié des chansons que je voulais écrire. J’aimais Born In The USA, j’aimais Glory Days, j’aimais My Hometown. Le choix a été difficile, et à la fin, les idées principales que j’avais semblaient représenter une avancée. Et je pense que les personnages rebondissaient en quelque sorte, par rapport à ce qu’ils étaient sur l’album Nebraska. Ils avaient appris à vivre avec une certaine vérité extrêmement difficile, que ce soit le gars de Born In The USA, ou le gars de My Hometown, ou le gars de Glory Days. J’avais le sentiment que ça les rendait différents. Mais cet album est un disque pour lequel je n’ai écrit que deux ou trois chansons en plus de ce qui est sur l’album. Et en ce qui concerne l’album, j’avais le sentiment que c’était ma meilleure collection de chansons à m'être venues en même temps et qui se rapportent à une certaine idée. C’étaient des sujets sur lesquels je n’avais pas l’impression d’avoir déjà écrit avant, à quelques très rares exceptions près. C’était donc nouveau, c’était une nouvelle expérience, c’étaient de nouvelles idées, alors j’en étais satisfait. Avant, normalement quand je sortais un disque, j’étais très partagé. Avec ce disque-là, c’était "Ok ! Je suis heureux de le voir, heureux de voir ce qu’il donne".