Émission enregistrée le 28 mars 1988, à Detroit, MI, par Kurt Loder
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Nous sommes à Asbury Park dans le New Jersey. L’endroit est représentatif de ces petites villes balnéaires qui bordent la côte du New Jersey, remplies chaque été de citadins en vacances venus de New York et de Philadelphie, froides et désertes pendant tout l’hiver. Quiconque ayant grandi dans une de ces villes connaît la désolation particulière qu’offrent ces plages de l’été précédent recouvertes de neige: une dure réalité derrière la grande illusion américaine du divertissement.
Il y a 20 ans, Bruce Springsteen était juste un de ces gamins qui jouait de la guitare dans le coin. Aujourd’hui, il est l’une des rock stars les plus célèbres au monde. Mais il porte toujours autour de lui et en lui ces réalités contradictoires si particulières à la vie sur la côte du New Jersey. Et c’est peut-être la raison pour laquelle, au cours de sa carrière, il ne s’est jamais contenté du simple statut de célébrité. Une célébrité qui s'est offerte à lui sur un plateau avec la sortie de l’album Born In The U.S.A. il y a quatre ans et la tournée qui en a fait la promotion. Ces concerts de quatre heures étaient remplis d’hymnes rock inoubliables. Et il a été considéré comme l’un des plus grands artistes rock sur scène de sa génération. Mais Springsteen s'est méfié de toute cette adulation dont il faisait l’objet et quand il a finalement sorti un album live en 1986, c’était pour marquer la fin d’une époque et le début de quelque chose d’entièrement nouveau.
Il y a quinze ans, avec son premier disque, Springsteen se présentait comme une sorte de poète des rues chantant sur des jeunes, s’enfuyant de ces petites villes où ils avaient grandi. Aujourd’hui, il approche de la quarantaine et ses personnages sont parvenus à différentes destinations dans leurs vies. Mais comme Springsteen lui-même, ses personnages ne sont pas totalement heureux de la situation dans laquelle ils se retrouvent. Ils sont encore à la recherche d’un abri, et comme Springsteen, l’artiste, ils ont la bougeotte.
Il y a 20 ans, Bruce Springsteen était juste un de ces gamins qui jouait de la guitare dans le coin. Aujourd’hui, il est l’une des rock stars les plus célèbres au monde. Mais il porte toujours autour de lui et en lui ces réalités contradictoires si particulières à la vie sur la côte du New Jersey. Et c’est peut-être la raison pour laquelle, au cours de sa carrière, il ne s’est jamais contenté du simple statut de célébrité. Une célébrité qui s'est offerte à lui sur un plateau avec la sortie de l’album Born In The U.S.A. il y a quatre ans et la tournée qui en a fait la promotion. Ces concerts de quatre heures étaient remplis d’hymnes rock inoubliables. Et il a été considéré comme l’un des plus grands artistes rock sur scène de sa génération. Mais Springsteen s'est méfié de toute cette adulation dont il faisait l’objet et quand il a finalement sorti un album live en 1986, c’était pour marquer la fin d’une époque et le début de quelque chose d’entièrement nouveau.
Il y a quinze ans, avec son premier disque, Springsteen se présentait comme une sorte de poète des rues chantant sur des jeunes, s’enfuyant de ces petites villes où ils avaient grandi. Aujourd’hui, il approche de la quarantaine et ses personnages sont parvenus à différentes destinations dans leurs vies. Mais comme Springsteen lui-même, ses personnages ne sont pas totalement heureux de la situation dans laquelle ils se retrouvent. Ils sont encore à la recherche d’un abri, et comme Springsteen, l’artiste, ils ont la bougeotte.
COVER ME
Je suppose qu’à la fin de la tournée Born In The U.S.A., nous avions vraiment le sentiment d’avoir fait beaucoup des choses que nous voulions faire. Nous avions joué dans de grandes salles, nous avions atteint un public plus large, que je ne pensais jamais pouvoir atteindre avec ma musique. Et le temps que nous avons passé à travailler sur le disque était en fait un moyen d'approfondir les liens entre nous. C’est ce que nous avons fait pendant ce temps-là et je ne savais pas ce que j’allais faire ensuite, je n’en étais pas sûr. Mais je savais que ce serait différent. Jusqu’à ce moment-là, tout avait découlé de notre expérience dans les clubs, depuis l’époque où nous nous sommes rencontrés à Asbury, où nous avons créé le groupe et où nous sommes montés sur une petite scène.
ROSALITA (COME OUT TONIGHT)
Et les concerts se sont tout simplement développés directement à partir de cette expérience des clubs, jusqu’au moment de la tournée Born In The U.S.A., où les musiciens avaient la même place sur scène depuis 14 ans. Et c’était amusant parce que la première chose que nous avons faite en commençant les répétitions... J’ai dit aux responsables du matériel de mettre les affaires de chacun de l’autre côté de la scène, de ne pas mettre telle personne au centre... et de tout inverser, et laissez-moi vous dire, c’était amusant. Car nous avions essayé de le faire au début de la tournée Born In The U.S.A. et nous n’avions pas réussi. Les gens disaient, "Hey, c'est MA place ! Je n’arrive pas à voir untel…" C’était amusant. Mais pour cette tournée, nous l’avons fait. Je voulais que les gens arrivent et s’assoient et que, dès l’arrivée du groupe sur scène, ce soit quelque chose de légèrement différent. Je voulais faire sortir les gens de leur rôle autant que possible, me faire sortir du rôle dans lequel mes fans avaient l’habitude de me voir, et faire sortir un petit peu les gars de leur rôle, pour que les gens soient prêts à voir et entendre quelque chose d'un peu plus frais.
BE TRUE
Nous avons pris des chansons plus anciennes et les avons remises dans le concert parce que, pour une raison ou une autre, elles s'intégraient bien. Il ne s’agissait donc pas de rompre avec le passé, il s’agissait de rompre avec les choses que nous sentions devenir purement rituelles. Avec cette tournée, l’idée était de redéfinir un peu le groupe, de me redéfinir, d’essayer de me re-présenter à nouveau en tant qu’auteur de chansons, un gars dans un groupe de rock, et essayer de mettre de côté les choses qui étaient devenues tout simplement un fardeau. On peut le faire si on arrive avec de nouvelles idées. Il faut avoir de nouvelles chansons à chanter et une nouvelle manière de se voir, et de vivre aussi, je suppose.
LIGHT OF DAY
J’essaie de mettre des éléments différents dans des choses différentes pour que les membres du groupe réagissent différemment entre eux, même après une très longue période. C'est ce que nous avons fait cette fois-ci. Les membres du groupe devaient communiquer entre eux différemment, même si nous sommes tous amis. Et c’était important. Sur cette tournée, j’ai senti qu’il serait surtout question d'hommes et de femmes, une tournée d'hommes et de femmes, avec tout ce que ça implique.