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Des abords vagues et lisses
"Bonsoir tout le monde" dit le chanteur, vêtu d'un jean, d'un tee-shirt foncé et d'un gilet noir, alors qu'il sort en marchant et salue de la main la foule de 1990 personnes de cette ville. Le public lui renvoie son amour en hurlant, mais Springsteen les avertit. "Ok, ce soir est le soir où vous allez être les cobayes...".
L'expérience a été dans l'ensemble très réussie. Il y a eu des moments où le groupe a vacillé ou a eu des ratés et Springsteen s'en est excusé, mais la plupart des fans étaient trop occupés à crier les paroles de Darlington County.
Le groupe a attaqué avec l'épopée poussiéreuse Oulaw Pete (une des sept chansons du nouvel album présente dans le set), qui semble être inspirée par Jungleland, Jeremiah Jonhson, Ennio Morricone et peut-être par le mythe parlant et accrocheur du vieux générique de la série Davy Crockett. La chanson commence par un clin d'œil:
"Il est né petit bébé sur le Sentier des Appalaches
A l'âge de six mois, il avait passé trois mois en prison
Il a cambriolé une banque, encore en couches-culottes et ses petits pieds nus
Tout ce qu'il a dit, c'était "Les gars, je m'appelle Pete le Hors-la-Loi"
Pete semble être la chanson qui se détache de Working On A Dream, un album qui n'a pas été traité tendrement par la critique. Ann Powers, qui écrit pour The Times, l'a décrit comme "bruyamment écervelé, mauvais à l'enivrement", tandis que Greg Kot du Chicago Tribune l'a trouvé "surfait et remarquablement faible". Une exception notable à ces remarques aigres était la critique aux 5 étoiles de Brian Hiatt dans le Rolling Stone, qui a salué le "champ romantique et l'ambition musicale claironnante" et l'a nommé "le plus riche des trois grands albums rock" du groupe de cette décennie.
L'album est superposé et orné d'éclats qui évoquent Roy Orbison, Phil Spector et les Byrds, il n'est donc aucunement surprenant que personne ne le compare à Darkness On The Edge Of Town, l'album classique de 1978 qui avait une humeur sombre de scierie. Personne, excepté Springsteen lui-même.
"Quand Darkness est sorti - et les gens ne s'en souviennent pas maintenant - il n'a pas été formidablement bien reçu par de nombreux fans au début" a dit Springsteen, assis dans sa loge avant le premier concert d'Asbury Park. "C'était un disque que les gens avaient vraiment besoin d'entendre en live. Nous sommes partis en tournée et l'avons joué, joué et joué. Et cette musique au fil des ans - c'est devenue un de nos albums les plus durables. Il semble avoir des tentacules qui touchent nos choses les plus sombres et les choses qui nous inspirent le plus. Il semble se situer au centre; c'est presque comme une petite boussole qui vous guide au centre du groupe. Il contient en lui un élément d'implication politique et en même temps c'était, par son intention, une musique gospel. Les strophes, c'était du blues, les refrains, c'était du gospel. Il peut être placé près de (l'album acoustique de 1982) Nebraska, et il peut être placé près de Magic (de 2007). Il étend ses bras entre ces endroits".
Il fait une pause et médite sur son célèbre répertoire. "Ils atteignent tous leur fin de vie sur scène. C'est ce que je dirais. Ils naissent en studio, mais apprennent à marcher en concert... Certains ne marchent jamais de la façon dont vous le pensez. I'm Goin' Down (sur Born In The U.S.A.), par exemple, avait un tempo sur l'album que nous ne pouvions jamais capturer en live".
La loge est encombrée de choses. Sur la table devant le chanteur, il y a la setlist de ce soir, ses lunettes pour lire et un marqueur Sharpie. Il a également la page avec la chanson du XIXème siècle de Foster. Il a initialement changé une partie des paroles, s'inquiétant que la langue et les messages devraient être plus contemporains, mais a ensuite rayé les modifications et a décidé de compter sur les pouvoirs innés de la chanson. Il a une approche semblable quand il écrit ses propres chansons.
"Au fur et à mesure que je vieillis, je trouve que l'écriture devient de plus en plus fluide et je m'impose moins de règles. Peu importe ce que vous sortez à ce stade, chacun a sa propre idée sur l'album de Bruce Springsteen qu'il attend ou qu'il imagine. Il devrait traiter de ceci, il devrait traiter de cela, il devrait ressembler à ceci... C'est tout simplement le fait d'être là depuis longtemps. L'aspect positif de tout ça est que vos oreilles sont toujours ouvertes aux voix de votre public. Mais en même temps, je n'ai pas l'habitude de m'asseoir avec une idée extérieure... Une grande partie du travail est d'écouter ce qui vient. Une semaine les pommes de terre ont poussé dans le jardin, une autre semaine, ce sont les tomates".
Il se penche en arrière et rigole, satisfait de l'idée de creuser dans la terre. Des sceptiques qui pensent que la star se prend trop au sérieux auraient été étonnés de l'entendre brailler en riant, "Si les pommes de terre ont poussé, je les ramasse !".
"Bonsoir tout le monde" dit le chanteur, vêtu d'un jean, d'un tee-shirt foncé et d'un gilet noir, alors qu'il sort en marchant et salue de la main la foule de 1990 personnes de cette ville. Le public lui renvoie son amour en hurlant, mais Springsteen les avertit. "Ok, ce soir est le soir où vous allez être les cobayes...".
L'expérience a été dans l'ensemble très réussie. Il y a eu des moments où le groupe a vacillé ou a eu des ratés et Springsteen s'en est excusé, mais la plupart des fans étaient trop occupés à crier les paroles de Darlington County.
Le groupe a attaqué avec l'épopée poussiéreuse Oulaw Pete (une des sept chansons du nouvel album présente dans le set), qui semble être inspirée par Jungleland, Jeremiah Jonhson, Ennio Morricone et peut-être par le mythe parlant et accrocheur du vieux générique de la série Davy Crockett. La chanson commence par un clin d'œil:
"Il est né petit bébé sur le Sentier des Appalaches
A l'âge de six mois, il avait passé trois mois en prison
Il a cambriolé une banque, encore en couches-culottes et ses petits pieds nus
Tout ce qu'il a dit, c'était "Les gars, je m'appelle Pete le Hors-la-Loi"
Pete semble être la chanson qui se détache de Working On A Dream, un album qui n'a pas été traité tendrement par la critique. Ann Powers, qui écrit pour The Times, l'a décrit comme "bruyamment écervelé, mauvais à l'enivrement", tandis que Greg Kot du Chicago Tribune l'a trouvé "surfait et remarquablement faible". Une exception notable à ces remarques aigres était la critique aux 5 étoiles de Brian Hiatt dans le Rolling Stone, qui a salué le "champ romantique et l'ambition musicale claironnante" et l'a nommé "le plus riche des trois grands albums rock" du groupe de cette décennie.
L'album est superposé et orné d'éclats qui évoquent Roy Orbison, Phil Spector et les Byrds, il n'est donc aucunement surprenant que personne ne le compare à Darkness On The Edge Of Town, l'album classique de 1978 qui avait une humeur sombre de scierie. Personne, excepté Springsteen lui-même.
"Quand Darkness est sorti - et les gens ne s'en souviennent pas maintenant - il n'a pas été formidablement bien reçu par de nombreux fans au début" a dit Springsteen, assis dans sa loge avant le premier concert d'Asbury Park. "C'était un disque que les gens avaient vraiment besoin d'entendre en live. Nous sommes partis en tournée et l'avons joué, joué et joué. Et cette musique au fil des ans - c'est devenue un de nos albums les plus durables. Il semble avoir des tentacules qui touchent nos choses les plus sombres et les choses qui nous inspirent le plus. Il semble se situer au centre; c'est presque comme une petite boussole qui vous guide au centre du groupe. Il contient en lui un élément d'implication politique et en même temps c'était, par son intention, une musique gospel. Les strophes, c'était du blues, les refrains, c'était du gospel. Il peut être placé près de (l'album acoustique de 1982) Nebraska, et il peut être placé près de Magic (de 2007). Il étend ses bras entre ces endroits".
Il fait une pause et médite sur son célèbre répertoire. "Ils atteignent tous leur fin de vie sur scène. C'est ce que je dirais. Ils naissent en studio, mais apprennent à marcher en concert... Certains ne marchent jamais de la façon dont vous le pensez. I'm Goin' Down (sur Born In The U.S.A.), par exemple, avait un tempo sur l'album que nous ne pouvions jamais capturer en live".
La loge est encombrée de choses. Sur la table devant le chanteur, il y a la setlist de ce soir, ses lunettes pour lire et un marqueur Sharpie. Il a également la page avec la chanson du XIXème siècle de Foster. Il a initialement changé une partie des paroles, s'inquiétant que la langue et les messages devraient être plus contemporains, mais a ensuite rayé les modifications et a décidé de compter sur les pouvoirs innés de la chanson. Il a une approche semblable quand il écrit ses propres chansons.
"Au fur et à mesure que je vieillis, je trouve que l'écriture devient de plus en plus fluide et je m'impose moins de règles. Peu importe ce que vous sortez à ce stade, chacun a sa propre idée sur l'album de Bruce Springsteen qu'il attend ou qu'il imagine. Il devrait traiter de ceci, il devrait traiter de cela, il devrait ressembler à ceci... C'est tout simplement le fait d'être là depuis longtemps. L'aspect positif de tout ça est que vos oreilles sont toujours ouvertes aux voix de votre public. Mais en même temps, je n'ai pas l'habitude de m'asseoir avec une idée extérieure... Une grande partie du travail est d'écouter ce qui vient. Une semaine les pommes de terre ont poussé dans le jardin, une autre semaine, ce sont les tomates".
Il se penche en arrière et rigole, satisfait de l'idée de creuser dans la terre. Des sceptiques qui pensent que la star se prend trop au sérieux auraient été étonnés de l'entendre brailler en riant, "Si les pommes de terre ont poussé, je les ramasse !".