****
Pour changer de sujet, pourriez-vous dire quelques mots sur la transition entre Clarence et Jake ? Il y a un passage magnifique dans votre éloge funèbre où vous dites, "Clarence ne quitte pas le E Street Band en mourant. Il le quittera à notre mort".
J’ai rencontré Clarence à l'âge de 22 ans. C’est l’âge de mon fils. Je regarde mon fils, et c’est encore un enfant, vous comprenez ? Vingt-deux ans… vous n’êtes qu’un enfant. Et je pense que Clarence devait avoir 30 ans à cette époque-là, alors la rencontre remonte au début de ma vie d’adulte. Et nous avons eu une relation qui était, je dirais, essentielle, dès le tout début. Il ne s'agissait pas des choses que nous nous disions, c’était plutôt ce qui ce passait quand nous étions près l’un de l’autre. Quelque chose se passait. Qui embrasait l’imagination des gens; qui embrasait ma propre imagination et mes propres rêves. Qui m’a donné envie d’écrire des chansons pour ce saxophone et le son qui lui est attaché.
Perdre Clarence, c’est comme perdre quelque chose d’essentiel. C’est comme perdre la pluie, ou l’air. Et c’est une partie de la vie. Les courants de la vie affectent même le monde onirique de la musique populaire; il n’y a pas d’issue. Et c'est donc quelque chose qui va manquer.
Nous avons la chance d’avoir du monde autour de nous: nous avons Eddie Manion, qui avait déjà joué auparavant avec le Sessions Band, Southside Johnny et avec notre groupe; et le frère de Clarence a un fils qui, en 1988, est venu voir son oncle jouer du saxophone. Il y a plusieurs années, Clarence m’avait parlé de Jake, et il a été sur la route avec nous sur une partie de la dernière tournée, et il joue très bien. Il a pas mal côtoyé le groupe et en comprend l’esprit. Nous étions avec Clarence, la semaine de sa mort, et il y a une bonne connexion musicale et spirituelle avec Jake. Alors, j'en suis excité. Je pense que sa présence va s’ajouter à la nouvelle conversation que nous allons avoir avec le public, quand nous monterons sur scène.
J’ai entendu dire que vous alliez avoir toute une section de cuivres pour la tournée - il faut toute une section de cuivres pour remplacer Clarence.
En effet - il faut un village pour remplacer Big Man ! Il faut beaucoup d’hommes [rires] ! Alors, nous ferons de notre mieux.
Pensez-vous que cette absence va changer quelque chose dans votre personnalité scénique ?
Je ne sais pas. Elle va tout changer, un peu - ou beaucoup. La portée de la musique sera toujours la même, mais c’est une grande perte. A chaque fois que vous perdez… Vous savez, nous avons perdu Danny [Federici], et ce sont des personnes que vous avez fréquentées pendant 35 ou 40 ans, et nous avons aimé leur présence, vous comprenez ? Mais vous avancez. La vie n’attend pas.
Il a donc fallu remplacer Clarence, vous avez remplacé Max par son fils sur quelques concerts…
Exact. Je travaille sur mon remplacement maintenant, et je vais rester à la maison. Je serai chez moi, et quelqu'un d’autre le fera [rires].
J’ai rencontré Clarence à l'âge de 22 ans. C’est l’âge de mon fils. Je regarde mon fils, et c’est encore un enfant, vous comprenez ? Vingt-deux ans… vous n’êtes qu’un enfant. Et je pense que Clarence devait avoir 30 ans à cette époque-là, alors la rencontre remonte au début de ma vie d’adulte. Et nous avons eu une relation qui était, je dirais, essentielle, dès le tout début. Il ne s'agissait pas des choses que nous nous disions, c’était plutôt ce qui ce passait quand nous étions près l’un de l’autre. Quelque chose se passait. Qui embrasait l’imagination des gens; qui embrasait ma propre imagination et mes propres rêves. Qui m’a donné envie d’écrire des chansons pour ce saxophone et le son qui lui est attaché.
Perdre Clarence, c’est comme perdre quelque chose d’essentiel. C’est comme perdre la pluie, ou l’air. Et c’est une partie de la vie. Les courants de la vie affectent même le monde onirique de la musique populaire; il n’y a pas d’issue. Et c'est donc quelque chose qui va manquer.
Nous avons la chance d’avoir du monde autour de nous: nous avons Eddie Manion, qui avait déjà joué auparavant avec le Sessions Band, Southside Johnny et avec notre groupe; et le frère de Clarence a un fils qui, en 1988, est venu voir son oncle jouer du saxophone. Il y a plusieurs années, Clarence m’avait parlé de Jake, et il a été sur la route avec nous sur une partie de la dernière tournée, et il joue très bien. Il a pas mal côtoyé le groupe et en comprend l’esprit. Nous étions avec Clarence, la semaine de sa mort, et il y a une bonne connexion musicale et spirituelle avec Jake. Alors, j'en suis excité. Je pense que sa présence va s’ajouter à la nouvelle conversation que nous allons avoir avec le public, quand nous monterons sur scène.
J’ai entendu dire que vous alliez avoir toute une section de cuivres pour la tournée - il faut toute une section de cuivres pour remplacer Clarence.
En effet - il faut un village pour remplacer Big Man ! Il faut beaucoup d’hommes [rires] ! Alors, nous ferons de notre mieux.
Pensez-vous que cette absence va changer quelque chose dans votre personnalité scénique ?
Je ne sais pas. Elle va tout changer, un peu - ou beaucoup. La portée de la musique sera toujours la même, mais c’est une grande perte. A chaque fois que vous perdez… Vous savez, nous avons perdu Danny [Federici], et ce sont des personnes que vous avez fréquentées pendant 35 ou 40 ans, et nous avons aimé leur présence, vous comprenez ? Mais vous avancez. La vie n’attend pas.
Il a donc fallu remplacer Clarence, vous avez remplacé Max par son fils sur quelques concerts…
Exact. Je travaille sur mon remplacement maintenant, et je vais rester à la maison. Je serai chez moi, et quelqu'un d’autre le fera [rires].
Lors de la dernière tournée, vous avez rendu hommage à Joe Strummer, et vous avez montré votre soutien à Gaslight Anthem, et il semble que vous soyez encore un immense, un immense fan de musique. Je me demandais, quand vous repensez à la musique que vous adorez, quels sont les quatre ou cinq groupes avec lesquels vous aimeriez commencer et finir ?
La musique que j'adore ? Oh, la vache… J’ai horreur de parler d’eux à voix haute. Parce qu’en vérité, il y en a tellement. Je dirais qu’une des choses les plus fantastiques en matière de musique, c’est de connaitre une autre personne aussi dingue que vous. Pour moi, ce serait Steve [Van Zandt]. Steve et moi, depuis notre adolescence, nous avons partagé une histoire d’amour folle et intense avec la musique rock. Si un gars changeait la manière de se coiffer, s’il changeait sa tenue… la musique pop n’est qu’obsession du détail. C’est un monde de symboles, et vous vivez et mourrez sous son épée, pour le meilleur ou pour le pire. Mais c’est aussi très amusant, c’est amusant de se disputer sur ce thème et c’est amusant d’en débattre.
Alors, une des grandes chances a été ma complicité avec Steve dans ce domaine, et avec Jon aussi. Jon était un autre fou - pour qui la musique représentait tout. C’est la chose la plus importante. Il faut avoir un ami ou un copain qui, en quelque sorte, vous accompagne dans votre folie et qui sache la raison pour laquelle vous pouvez passer trois heures à discuter de ces choses-là. Je me souviens de Steve et de moi, dans un bus pour New York, cherchant à savoir qui était meilleur à cette époque-là, Led Zeppelin ou le Jeff Beck Group. L’ancien Elvis, le nouvel Elvis. Cette histoire ne s’arrête jamais. Elle continue encore jusqu'à aujourd'hui. C’est une grande bénédiction. Je vous souhaite à tous d’avoir un bon partenaire de rock’n’roll.
Quand vous étiez plus jeune, vous pouviez passer une année entière en studio, à vous torturer sur un son de batterie. Maintenant, vous sortez un disque tous les deux ans.
Maintenant, je me torture, tout simplement. Ce n'est pas quelque chose de spécifique [rires]. C’est la vie d’adulte. Quand vous êtes adulte, vous n’avez pas à vous inquiéter autant...
Est-ce que ça signifie que vous n’essayez pas d’écrire le "grand roman américain", dont chaque disque serait un chapitre ?
Vous essayez avant tout de faire un bon disque. Vous essayez de faire un disque qui ne gaspillera pas le temps des gens. Vous essayez d’être un courtier honnête vis-à-vis de vos fans - si je leur demande de l’écouter, il faut que je sois certain que c’est tout ce que j’ai, au moins à ce moment précis. C’est la raison pour laquelle je pense que ma relation avec mon public demeure aussi vivante et aussi présente.
Vous êtes toujours là, à essayer d’atteindre la lune, mais de manières différentes. L'idée n’a pas réellement changé. Nos intentions sur cet album étaient ni plus ni moins les mêmes que celles que nous avions sur Born To Run ou Nebraska. Mon intention est de faire, disons, ce que Bob Dylan a fait pour moi, ouvrir la porte de votre esprit et votre corps à coups de pieds, et de vous donner envie d’avancer et de penser, d’expérimenter et de vous mettre en colère et de tomber amoureux et d’atteindre quelque chose plus grand que vous et de ramper dans quelque chose de plus petit, aussi [rires]. C’est la description du travail. C’est la raison pour laquelle les gens vous donnent leur argent: ils vous donnent de l’argent pour quelque chose qui ne s’achète pas. C’est l’astuce. Et c’est ce que vous êtes sensé livrer. On vous paye pour quelque chose qu’on ne peut pas acheter; quelque chose qu’on ne peut que manifester et partager. C’est à ce moment-là que vous faites un bon boulot.
La musique que j'adore ? Oh, la vache… J’ai horreur de parler d’eux à voix haute. Parce qu’en vérité, il y en a tellement. Je dirais qu’une des choses les plus fantastiques en matière de musique, c’est de connaitre une autre personne aussi dingue que vous. Pour moi, ce serait Steve [Van Zandt]. Steve et moi, depuis notre adolescence, nous avons partagé une histoire d’amour folle et intense avec la musique rock. Si un gars changeait la manière de se coiffer, s’il changeait sa tenue… la musique pop n’est qu’obsession du détail. C’est un monde de symboles, et vous vivez et mourrez sous son épée, pour le meilleur ou pour le pire. Mais c’est aussi très amusant, c’est amusant de se disputer sur ce thème et c’est amusant d’en débattre.
Alors, une des grandes chances a été ma complicité avec Steve dans ce domaine, et avec Jon aussi. Jon était un autre fou - pour qui la musique représentait tout. C’est la chose la plus importante. Il faut avoir un ami ou un copain qui, en quelque sorte, vous accompagne dans votre folie et qui sache la raison pour laquelle vous pouvez passer trois heures à discuter de ces choses-là. Je me souviens de Steve et de moi, dans un bus pour New York, cherchant à savoir qui était meilleur à cette époque-là, Led Zeppelin ou le Jeff Beck Group. L’ancien Elvis, le nouvel Elvis. Cette histoire ne s’arrête jamais. Elle continue encore jusqu'à aujourd'hui. C’est une grande bénédiction. Je vous souhaite à tous d’avoir un bon partenaire de rock’n’roll.
Quand vous étiez plus jeune, vous pouviez passer une année entière en studio, à vous torturer sur un son de batterie. Maintenant, vous sortez un disque tous les deux ans.
Maintenant, je me torture, tout simplement. Ce n'est pas quelque chose de spécifique [rires]. C’est la vie d’adulte. Quand vous êtes adulte, vous n’avez pas à vous inquiéter autant...
Est-ce que ça signifie que vous n’essayez pas d’écrire le "grand roman américain", dont chaque disque serait un chapitre ?
Vous essayez avant tout de faire un bon disque. Vous essayez de faire un disque qui ne gaspillera pas le temps des gens. Vous essayez d’être un courtier honnête vis-à-vis de vos fans - si je leur demande de l’écouter, il faut que je sois certain que c’est tout ce que j’ai, au moins à ce moment précis. C’est la raison pour laquelle je pense que ma relation avec mon public demeure aussi vivante et aussi présente.
Vous êtes toujours là, à essayer d’atteindre la lune, mais de manières différentes. L'idée n’a pas réellement changé. Nos intentions sur cet album étaient ni plus ni moins les mêmes que celles que nous avions sur Born To Run ou Nebraska. Mon intention est de faire, disons, ce que Bob Dylan a fait pour moi, ouvrir la porte de votre esprit et votre corps à coups de pieds, et de vous donner envie d’avancer et de penser, d’expérimenter et de vous mettre en colère et de tomber amoureux et d’atteindre quelque chose plus grand que vous et de ramper dans quelque chose de plus petit, aussi [rires]. C’est la description du travail. C’est la raison pour laquelle les gens vous donnent leur argent: ils vous donnent de l’argent pour quelque chose qui ne s’achète pas. C’est l’astuce. Et c’est ce que vous êtes sensé livrer. On vous paye pour quelque chose qu’on ne peut pas acheter; quelque chose qu’on ne peut que manifester et partager. C’est à ce moment-là que vous faites un bon boulot.
Puis-je vous poser une question sur la colère ? Sur la colère que vous ressentez peut-être, la colère qui semble tellement présente en Amérique au cours des quatre ou cinq dernières années, cette colère qui s’est manifestée dans le Tea Party… Cette colère vous atteint-elle ? Et où en voyez-vous l’origine ?
Je pense que notre opinion politique découle de notre psychologie, que ça nous plaise ou non. Et notre psychologie, évidemment, provient de nos premières années d'apprentissage. Alors, mon expérience en grandissant - entre ma naissance et l’âge de 18 ans, j’ai grandi dans une maison où ma mère était le soutien de famille principal et elle travaillait très dur chaque jour. Mon père se démenait pour trouver du travail, et j’ai vu que c’était profondément douloureux et que cette recherche créait une crise de masculinité chez lui, et que cette chose était irréparable à la fin de la journée.
Ces conditions existent aux États-Unis à l’heure actuelle, où vous avez une économie de services prenant le pas sur une économie industrielle. Vous avez beaucoup de personnes qui travaillaient dans l’industrie et dont les emplois ont disparu, et qui n’arrivent pas nécessairement de ces emplois industriels avec les compétences pour évoluer vers une économie de service. C’est un monde très, très différent. Et vous avez donc pas mal de foyers où l’homme n’est plus le soutien de famille principal.
Je pense que le manque de travail créé une perte d’identité. Le travail créé un sens d’identité considérable, comme je l’ai vu chez ma mère. Ma mère était une figure imposante et enthousiasmante, de la manière la plus positive qui soit, et j'ai beaucoup puisé en elle dans ma façon de travailler. Elle était mon exemple de travail: simplement loyale, simplement acharnée. Mais j’ai aussi beaucoup puisé dans les conséquences. Quand votre père n’a pas ces choses-là, votre maison finit par ressembler à un champ de mines. Et c'est grossier de bien des manières - un immense désarroi émotionnel.
Donc, je l’ai plus ou moins perdu, et je pense que la plupart de la colère qui est apparue dans ma musique, dès le premier jour, vient de cette scène particulière. En vieillissant, je ne considère pas uniquement les raisons psychologiques de notre maison, mais les forces sociales qui ont joué sur notre foyer et qui nous ont rendu la vie plus difficile. Et ça m’a guidé dans une grande part de mon écriture.
Je suis indirectement motivé par les évènements de la journée: c’est injuste; c’est du vol; c’est contre ce en quoi nous croyons; ce n’est pas ce qui définit l’Amérique. Mais la motivation la plus profonde - et les raisons de poser ces questions finalement - provient de la maison dans laquelle j’ai grandi et des circonstances qui s’y trouvaient, qui se reflètent à l’ensemble des États-Unis, avec le niveau de chômage que nous avons à l’heure actuelle. C’est ravageur. Il faut que les gens travaillent. Le pays devrait s’efforcer d’atteindre le plein emploi. C’est la seule chose qui apporte le sens d’identité et d’estime de soi, et le sens du lieu, un sens d’appartenance.
Je pense que notre opinion politique découle de notre psychologie, que ça nous plaise ou non. Et notre psychologie, évidemment, provient de nos premières années d'apprentissage. Alors, mon expérience en grandissant - entre ma naissance et l’âge de 18 ans, j’ai grandi dans une maison où ma mère était le soutien de famille principal et elle travaillait très dur chaque jour. Mon père se démenait pour trouver du travail, et j’ai vu que c’était profondément douloureux et que cette recherche créait une crise de masculinité chez lui, et que cette chose était irréparable à la fin de la journée.
Ces conditions existent aux États-Unis à l’heure actuelle, où vous avez une économie de services prenant le pas sur une économie industrielle. Vous avez beaucoup de personnes qui travaillaient dans l’industrie et dont les emplois ont disparu, et qui n’arrivent pas nécessairement de ces emplois industriels avec les compétences pour évoluer vers une économie de service. C’est un monde très, très différent. Et vous avez donc pas mal de foyers où l’homme n’est plus le soutien de famille principal.
Je pense que le manque de travail créé une perte d’identité. Le travail créé un sens d’identité considérable, comme je l’ai vu chez ma mère. Ma mère était une figure imposante et enthousiasmante, de la manière la plus positive qui soit, et j'ai beaucoup puisé en elle dans ma façon de travailler. Elle était mon exemple de travail: simplement loyale, simplement acharnée. Mais j’ai aussi beaucoup puisé dans les conséquences. Quand votre père n’a pas ces choses-là, votre maison finit par ressembler à un champ de mines. Et c'est grossier de bien des manières - un immense désarroi émotionnel.
Donc, je l’ai plus ou moins perdu, et je pense que la plupart de la colère qui est apparue dans ma musique, dès le premier jour, vient de cette scène particulière. En vieillissant, je ne considère pas uniquement les raisons psychologiques de notre maison, mais les forces sociales qui ont joué sur notre foyer et qui nous ont rendu la vie plus difficile. Et ça m’a guidé dans une grande part de mon écriture.
Je suis indirectement motivé par les évènements de la journée: c’est injuste; c’est du vol; c’est contre ce en quoi nous croyons; ce n’est pas ce qui définit l’Amérique. Mais la motivation la plus profonde - et les raisons de poser ces questions finalement - provient de la maison dans laquelle j’ai grandi et des circonstances qui s’y trouvaient, qui se reflètent à l’ensemble des États-Unis, avec le niveau de chômage que nous avons à l’heure actuelle. C’est ravageur. Il faut que les gens travaillent. Le pays devrait s’efforcer d’atteindre le plein emploi. C’est la seule chose qui apporte le sens d’identité et d’estime de soi, et le sens du lieu, un sens d’appartenance.
Il y a des moments dans les nouvelles chansons où vous appelez presque à l’insurrection. Entrevoyez-vous réellement cette sorte de réponse en Amérique ?
Et bien, il s'est passé une chose positive aux États-Unis: il ne fait aucun doute que le mouvement Occupy Wall Street, aux États-Unis, a été décisif dans la modification du dialogue national, un dialogue qui est bloqué depuis des décennies, principalement à cause de la Droite. Le Tea Party a donné le ton pendant un bon moment, et si vous avez vu les premières années de la présidence d’Obama, il travaillait en quelque sorte sous la tonalité nationale définie par le Tea Party.
Dès l’instant où le mouvement Occupy Wall Street a démarré, les gens se sont tout d’un coup mis à parler d'inégalité économique. Au cours des deux dernières décennies, personne n’a réussi, aux États-Unis, à faire parler quiconque sur l’inégalité économique. Vous avez des hommes politiques qui ont essayé - John Edwards a essayé avec ses "deux Amériques" - mais ils n’ont pas été suivi. Le mouvement travailliste n’a pas réussi à mettre ce thème précis à l’ordre du jour. Mais les gens dans la rue le font, et ça marche. Ça marche. Et si vous observez aujourd'hui la situation, vous avez Newt Gingrich qui traite Mitt Romney de vautour capitaliste [rires]. C’est impossible ! En dix millions d’années, ce ne serait jamais arrivé, sans Occupy Wall Street. Où ce mouvement les mène-t-il à présent ? Je ne sais pas, et ils doivent être prudents; c’est une danse très délicate et vous ne voulez pas aliéner les gens à qui vous vous adressez. Vous pouvez déraper. Mais c’était, sans aucun doute, très important dans le changement de teneur du dialogue national. Si vous allez aux États-Unis aujourd'hui, on parle des 1% et des 99 %; vous avez des gens qui parlent d’inégalité économique, et ce qu’on peut faire, pour la première fois depuis un très, très, très long moment.
Et bien, il s'est passé une chose positive aux États-Unis: il ne fait aucun doute que le mouvement Occupy Wall Street, aux États-Unis, a été décisif dans la modification du dialogue national, un dialogue qui est bloqué depuis des décennies, principalement à cause de la Droite. Le Tea Party a donné le ton pendant un bon moment, et si vous avez vu les premières années de la présidence d’Obama, il travaillait en quelque sorte sous la tonalité nationale définie par le Tea Party.
Dès l’instant où le mouvement Occupy Wall Street a démarré, les gens se sont tout d’un coup mis à parler d'inégalité économique. Au cours des deux dernières décennies, personne n’a réussi, aux États-Unis, à faire parler quiconque sur l’inégalité économique. Vous avez des hommes politiques qui ont essayé - John Edwards a essayé avec ses "deux Amériques" - mais ils n’ont pas été suivi. Le mouvement travailliste n’a pas réussi à mettre ce thème précis à l’ordre du jour. Mais les gens dans la rue le font, et ça marche. Ça marche. Et si vous observez aujourd'hui la situation, vous avez Newt Gingrich qui traite Mitt Romney de vautour capitaliste [rires]. C’est impossible ! En dix millions d’années, ce ne serait jamais arrivé, sans Occupy Wall Street. Où ce mouvement les mène-t-il à présent ? Je ne sais pas, et ils doivent être prudents; c’est une danse très délicate et vous ne voulez pas aliéner les gens à qui vous vous adressez. Vous pouvez déraper. Mais c’était, sans aucun doute, très important dans le changement de teneur du dialogue national. Si vous allez aux États-Unis aujourd'hui, on parle des 1% et des 99 %; vous avez des gens qui parlent d’inégalité économique, et ce qu’on peut faire, pour la première fois depuis un très, très, très long moment.