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Bonsoir...
Au commencement, il y avait Mad Dog Vincent Lopez, debout face à moi, tout juste sorti de prison, le crane rasé, dans la Salle Mermaid du Upstage Club à Asbury Park. Il m'a dit qu'il avait un groupe rentable dénommé Speed Limit 25, ils cherchaient un guitariste, et voulaient savoir si j'étais intéressé. J'étais fauché, donc oui je l'étais. En fait, l'origine du E Street Band était donc un groupe que Vini Lopez m'a demandé de rejoindre pour gagner quelques dollars de plus le week-end.
Peu de temps après, j'ai rencontré Dan Federici. Il était vêtu d'une veste trois-quart en cuir, il avait ses cheveux roux plaqués en arrière. Flo, sa femme, elle était accoutrée d'une perruque bouffante blonde, et ils débarquaient de Flemington, New Jersey [applaudissements] Whao ! Flemington !
Quelques temps plus tard, Vini, Danny et moi, accompagnés du bassiste Vinnie Roslin, répétions nos gammes dans une petite maison de la rue principale d'une ville de pêcheurs de homards, Highlands, New Jersey. J'ai d'abord remarqué Garry Tallent, avec Southside Johnny, quand ils ont traîné deux chaises sur une piste de danse vide, alors que je branchais ma guitare sur le mur du son du Upstage. J'étais le petit nouveau dans une nouvelle ville, et ces types étaient chez eux, et ils se sont assis et m'ont regardé d'un air qui disait, "Vas-y, vas-y mec, donne tout – voyons voir ce que tu as". Et en retour j'ai répondu, et j'ai mis le feu à leur maison.
Le jeu de basse fantastique de Garry Tallent et sa présence de gentleman du Sud a soutenu mon groupe pendant 40 ans. Merci, Garry ! Merci beaucoup.
Puis, un soir, alors que je déambulais dans le Upstage, j'ai été frappé par David Sancious, 16 ans et un visage de bébé. Davey était très, très inhabituel : c'était un jeune homme noir, qui en 1968, à Asbury Park – qui n'était pas un endroit paisible – a mélangé les genres, à la recherche d'aventure musicale, et il nous a béni de son talent et de son amour. On était colocataires, genre deux-mecs-dans-une-chambre-d'hôtel-à-1-dollar-60, au cours des premières années du E Street Band. Il était correct, ses chaussettes étaient propres [rires]. Vini venait traîner parfois avec un serpent autour du cou à cette époque-là, j'ai donc eu la chance d'avoir Davey comme colocataire [rires]. Et, Davey est le seul membre du groupe qui a véritablement habité sur E Street ! Donc, je suis entré, et il jouait sur l'orgue du club. Et Davey - il est timide aujourd'hui - mais à cette époque-là, il dansait comme Sly Stone et il jouait comme Booker T, et il déversait de la soul et du blues et du jazz et du gospel et du rock'n'roll et son clavier avait un son que nous n'avions jamais entendu auparavant. C'était plein d'âme et si beau, tout simplement. Davey : je t'aime, et tu nous manques encore.
Mais avant tout ça, il y avait Steve Van Zandt. Chanteur ! Leader ! Leader ! Il était le leader – je suis entré dans le Middletown Hullabaloo Club - il était le leader d'un groupe dénommé The Shadows. Il portait une cravate qui partait de là jusqu'à ses pieds. Tout ce dont je me souviens, c'est qu'il chantait Happy Together des Turtles. Durant une pause – au Hullabaloo Club dans le New Jersey, vous jouiez 55 minutes et faisiez une pause de 5 minutes, et s'il y avait une bagarre, vous deviez vous précipiter à nouveau sur la scène et recommencer à jouer. C'est donc là que j'ai rencontré Steve, et il est vite devenu mon grand... bassiste, au départ, puis plus tard mon grand guitariste. Mon consigliere (1), il est mon avocat du diable sur lequel je peux compter à chaque fois que j'en ai besoin. Il est l'oreille inestimable pour tout ce que je crée – je fais toujours appel à lui - et mon fan numéro un. Sur scène, il est mon faire-valoir comique, mon ami producteur/arrangeur, et mon frère de sang, de sang, de sang, de sang, de sang, depuis si longtemps. Alors, Stevie, continuons de jouer pendant toutes les vies qu'on nous donnera, d'accord ?
Les années et les groupes ont défilé : Child, Steel Mill, le Bruce Springsteen Band... ils étaient tous des déclinaisons de la bande dont je viens de parler. Puis, j'ai décroché un contrat discographique comme artiste solo, chez Columbia Records, et j'ai plaidé pour pouvoir obtenir mes "musiciens" pour enregistrer – ce qui était un terme inapproprié dans ce cas, si jamais il y en avait eu un. Alors, j’ai choisi mes formidables amis et nous avons finalement atterri sur E Street. Un mélange rare et rock’n’roll de talent individuel, avec un véritable groupe de rock.
Mais il manquait quelque chose de gros. [applaudissements]
Donc ! Par une sombre nuit d’orage ! [rires] Alors qu'un mec du Nord secouait les lampadaires de Kingsley Blvd ! Clarence Clemons est entré... J'avais été enchanté par les sons du saxophone de King Curtis et de Junior Walker et je cherchais depuis des années un grand saxophoniste de rock'n'roll, et la nuit où Clarence est entré, où il s'est avancé vers la scène, et il s'est levé, culminant à ma droite sur la minuscule scène du Prince, de la taille de cette estrade, il a alors déclenché cette force de la nature qui était le son et l'âme du Big Man. En ce moment précis, j'ai su que ma vie avait changé. Tu me manques, je t'aime, Big Man – nous aurions aimé que tu sois avec nous ce soir. Ce moment aurait eu une grande, grande signification pour Clarence.
Une mention honorable et un merci à Ernie "Boom" Carter, le batteur qui a joué sur une seule chanson : Born To Run. Il a choisi la bonne, il a choisi la bonne. A ta santé alors, Ernie. Merci, merci.
Et un merci évidemment à Max Weinberg et à Roy Bittan, qui ont répondu à une annonce dans la Village Voice, et ils ont éliminé 60 autres batteurs et pianistes pour le job. Il s'agissait de l'increvable, presque dangereusement dévoué Mighty Max Weinberg et des fabuleux doigts volants du Professor Roy Bittan. Ils ont affiné et défini le son du E Street Band qui reste notre carte de visite à travers le monde jusqu'à ce jour. Merci, Roy. Merci, Max. Ce sont mes tueurs à gages professionnels ! Je vous aime tous les deux.
Au commencement, il y avait Mad Dog Vincent Lopez, debout face à moi, tout juste sorti de prison, le crane rasé, dans la Salle Mermaid du Upstage Club à Asbury Park. Il m'a dit qu'il avait un groupe rentable dénommé Speed Limit 25, ils cherchaient un guitariste, et voulaient savoir si j'étais intéressé. J'étais fauché, donc oui je l'étais. En fait, l'origine du E Street Band était donc un groupe que Vini Lopez m'a demandé de rejoindre pour gagner quelques dollars de plus le week-end.
Peu de temps après, j'ai rencontré Dan Federici. Il était vêtu d'une veste trois-quart en cuir, il avait ses cheveux roux plaqués en arrière. Flo, sa femme, elle était accoutrée d'une perruque bouffante blonde, et ils débarquaient de Flemington, New Jersey [applaudissements] Whao ! Flemington !
Quelques temps plus tard, Vini, Danny et moi, accompagnés du bassiste Vinnie Roslin, répétions nos gammes dans une petite maison de la rue principale d'une ville de pêcheurs de homards, Highlands, New Jersey. J'ai d'abord remarqué Garry Tallent, avec Southside Johnny, quand ils ont traîné deux chaises sur une piste de danse vide, alors que je branchais ma guitare sur le mur du son du Upstage. J'étais le petit nouveau dans une nouvelle ville, et ces types étaient chez eux, et ils se sont assis et m'ont regardé d'un air qui disait, "Vas-y, vas-y mec, donne tout – voyons voir ce que tu as". Et en retour j'ai répondu, et j'ai mis le feu à leur maison.
Le jeu de basse fantastique de Garry Tallent et sa présence de gentleman du Sud a soutenu mon groupe pendant 40 ans. Merci, Garry ! Merci beaucoup.
Puis, un soir, alors que je déambulais dans le Upstage, j'ai été frappé par David Sancious, 16 ans et un visage de bébé. Davey était très, très inhabituel : c'était un jeune homme noir, qui en 1968, à Asbury Park – qui n'était pas un endroit paisible – a mélangé les genres, à la recherche d'aventure musicale, et il nous a béni de son talent et de son amour. On était colocataires, genre deux-mecs-dans-une-chambre-d'hôtel-à-1-dollar-60, au cours des premières années du E Street Band. Il était correct, ses chaussettes étaient propres [rires]. Vini venait traîner parfois avec un serpent autour du cou à cette époque-là, j'ai donc eu la chance d'avoir Davey comme colocataire [rires]. Et, Davey est le seul membre du groupe qui a véritablement habité sur E Street ! Donc, je suis entré, et il jouait sur l'orgue du club. Et Davey - il est timide aujourd'hui - mais à cette époque-là, il dansait comme Sly Stone et il jouait comme Booker T, et il déversait de la soul et du blues et du jazz et du gospel et du rock'n'roll et son clavier avait un son que nous n'avions jamais entendu auparavant. C'était plein d'âme et si beau, tout simplement. Davey : je t'aime, et tu nous manques encore.
Mais avant tout ça, il y avait Steve Van Zandt. Chanteur ! Leader ! Leader ! Il était le leader – je suis entré dans le Middletown Hullabaloo Club - il était le leader d'un groupe dénommé The Shadows. Il portait une cravate qui partait de là jusqu'à ses pieds. Tout ce dont je me souviens, c'est qu'il chantait Happy Together des Turtles. Durant une pause – au Hullabaloo Club dans le New Jersey, vous jouiez 55 minutes et faisiez une pause de 5 minutes, et s'il y avait une bagarre, vous deviez vous précipiter à nouveau sur la scène et recommencer à jouer. C'est donc là que j'ai rencontré Steve, et il est vite devenu mon grand... bassiste, au départ, puis plus tard mon grand guitariste. Mon consigliere (1), il est mon avocat du diable sur lequel je peux compter à chaque fois que j'en ai besoin. Il est l'oreille inestimable pour tout ce que je crée – je fais toujours appel à lui - et mon fan numéro un. Sur scène, il est mon faire-valoir comique, mon ami producteur/arrangeur, et mon frère de sang, de sang, de sang, de sang, de sang, depuis si longtemps. Alors, Stevie, continuons de jouer pendant toutes les vies qu'on nous donnera, d'accord ?
Les années et les groupes ont défilé : Child, Steel Mill, le Bruce Springsteen Band... ils étaient tous des déclinaisons de la bande dont je viens de parler. Puis, j'ai décroché un contrat discographique comme artiste solo, chez Columbia Records, et j'ai plaidé pour pouvoir obtenir mes "musiciens" pour enregistrer – ce qui était un terme inapproprié dans ce cas, si jamais il y en avait eu un. Alors, j’ai choisi mes formidables amis et nous avons finalement atterri sur E Street. Un mélange rare et rock’n’roll de talent individuel, avec un véritable groupe de rock.
Mais il manquait quelque chose de gros. [applaudissements]
Donc ! Par une sombre nuit d’orage ! [rires] Alors qu'un mec du Nord secouait les lampadaires de Kingsley Blvd ! Clarence Clemons est entré... J'avais été enchanté par les sons du saxophone de King Curtis et de Junior Walker et je cherchais depuis des années un grand saxophoniste de rock'n'roll, et la nuit où Clarence est entré, où il s'est avancé vers la scène, et il s'est levé, culminant à ma droite sur la minuscule scène du Prince, de la taille de cette estrade, il a alors déclenché cette force de la nature qui était le son et l'âme du Big Man. En ce moment précis, j'ai su que ma vie avait changé. Tu me manques, je t'aime, Big Man – nous aurions aimé que tu sois avec nous ce soir. Ce moment aurait eu une grande, grande signification pour Clarence.
Une mention honorable et un merci à Ernie "Boom" Carter, le batteur qui a joué sur une seule chanson : Born To Run. Il a choisi la bonne, il a choisi la bonne. A ta santé alors, Ernie. Merci, merci.
Et un merci évidemment à Max Weinberg et à Roy Bittan, qui ont répondu à une annonce dans la Village Voice, et ils ont éliminé 60 autres batteurs et pianistes pour le job. Il s'agissait de l'increvable, presque dangereusement dévoué Mighty Max Weinberg et des fabuleux doigts volants du Professor Roy Bittan. Ils ont affiné et défini le son du E Street Band qui reste notre carte de visite à travers le monde jusqu'à ce jour. Merci, Roy. Merci, Max. Ce sont mes tueurs à gages professionnels ! Je vous aime tous les deux.