****
Sur chacun de vos disques depuis Darkness - The River, Nebraska et Born In The U.S.A. - vous avez réussi à décrire les dures réalités de la classe ouvrière d’une manière étrangement proche pour une vedette riche et célèbre. Y a-t-il eu quelque chose dans votre accession vers la gloire et la richesse qui vous a amené à vous identifier encore plus au monde que vous laissiez derrière vous ?
Je pense que c’est une réaction normale, probablement. Les circonstances de votre vie changent, et ce changement vous est inconnu, et vous n’avez jamais connu intimement quelqu’un qui a partagé cette même expérience. D’un côté, vous ne pouvez pas vous cacher dans le passé. Vous ne pouvez pas dire, "Je suis toujours la même personne qu'avant". Vous devez aller de l’avant et aller à la rencontre de la personne que vous êtes en train de devenir et accepter ce que ce changement implique. J’ai toujours voulu vivre les pieds solidement ancrés dans le présent, toujours me rappeler du passé et toujours me projeter dans le futur. Ainsi de Darkness à The River, j’ai essayé de me propulser dans ce que je pensais être le monde des adultes, afin d'être assez fort pour rester debout, lorsque les choses deviendraient déroutantes. Il s'agissait de disques où j’essayais de construire cette fondation et de maintenir mes connections et d'essayer de dire "Qu’est-ce que tout ceci va signifier ? Peut-être que c'est à moi qu'incombe de savoir ce que tout ceci va signifier".
Avec vos derniers disques, cette résolution semble avoir de plus en plus de résonance politique. En 1979, vous avez participé au concert de bienfaisance No Nukes (05), et en novembre 1980, vous avez fait quelques remarques cinglantes sur scène en Arizona, le lendemain soir de l’élection de Ronald Reagan. Comment les évènements de ces dernières années ont-ils inspiré votre prise de conscience et votre implication politique nouvelle ?
Je pense que ma réponse a été le résultat d’une accumulation de choses. Je ne me suis jamais considéré comme une personne particulièrement politique. Je ne l’étais pas quand j’étais plus jeune, et je ne pense pas l’être véritablement aujourd'hui. Mais si vous vous trouvez dans la situation où vous avez vu que la vie des gens est gâchée… Je pense que la chose qui me faisait le plus peur, c’était de voir tout ce gâchis. Ce n’était pas une chose en particulier qui m’a fait aller dans cette direction précise, mais il me semblait que quand vous êtes un citoyen, et que vous vivez ici, alors arrive votre tour de sortir la poubelle. Votre tour de corvées devrait arriver.
Je pense que c’est une réaction normale, probablement. Les circonstances de votre vie changent, et ce changement vous est inconnu, et vous n’avez jamais connu intimement quelqu’un qui a partagé cette même expérience. D’un côté, vous ne pouvez pas vous cacher dans le passé. Vous ne pouvez pas dire, "Je suis toujours la même personne qu'avant". Vous devez aller de l’avant et aller à la rencontre de la personne que vous êtes en train de devenir et accepter ce que ce changement implique. J’ai toujours voulu vivre les pieds solidement ancrés dans le présent, toujours me rappeler du passé et toujours me projeter dans le futur. Ainsi de Darkness à The River, j’ai essayé de me propulser dans ce que je pensais être le monde des adultes, afin d'être assez fort pour rester debout, lorsque les choses deviendraient déroutantes. Il s'agissait de disques où j’essayais de construire cette fondation et de maintenir mes connections et d'essayer de dire "Qu’est-ce que tout ceci va signifier ? Peut-être que c'est à moi qu'incombe de savoir ce que tout ceci va signifier".
Avec vos derniers disques, cette résolution semble avoir de plus en plus de résonance politique. En 1979, vous avez participé au concert de bienfaisance No Nukes (05), et en novembre 1980, vous avez fait quelques remarques cinglantes sur scène en Arizona, le lendemain soir de l’élection de Ronald Reagan. Comment les évènements de ces dernières années ont-ils inspiré votre prise de conscience et votre implication politique nouvelle ?
Je pense que ma réponse a été le résultat d’une accumulation de choses. Je ne me suis jamais considéré comme une personne particulièrement politique. Je ne l’étais pas quand j’étais plus jeune, et je ne pense pas l’être véritablement aujourd'hui. Mais si vous vous trouvez dans la situation où vous avez vu que la vie des gens est gâchée… Je pense que la chose qui me faisait le plus peur, c’était de voir tout ce gâchis. Ce n’était pas une chose en particulier qui m’a fait aller dans cette direction précise, mais il me semblait que quand vous êtes un citoyen, et que vous vivez ici, alors arrive votre tour de sortir la poubelle. Votre tour de corvées devrait arriver.
Il me semblait simplement que les vies des gens sont façonnées par des forces que nous ne comprenons pas, et si vous devez commencer à prendre position et vous battre contre ces choses-là, vous devez connaître l’ennemi - et ça devient plus difficile. Les gens sont si facilement influencés par des mots à la mode; on les fait marcher avec Dieu, mère, pays, tarte aux pommes - même dans ces publicités pour des sodas. Et donc, la question est, "Où est la vérité ? Où est la véritable Amérique ?".
Ce qui est également perturbant, c’est la banalité avec laquelle les gens se sont habitués à ce qu’on leur mente. Pour moi, le Watergate devait marquer la fin de toute cette grosse agitation. Et au final, il a semblé plus ou moins légitimer le trafiquant de drogue du coin de la rue. "Et le Président le fait, pourquoi pas moi, p… ?". Je pense que de nos jours, on nous laisse plus ou moins trouver notre voie tout seuls. Ce sens de la communauté qui existait dans les années soixante vous donnait l'impression qu’il y avait beaucoup de gens qui vous accompagnaient le long du chemin. On avait le sentiment que le pays entier cherchait sa voie. Aujourd'hui, vous n’avez pas l’impression que le pays cherche sa voie. Et c’est dommage. En conséquence, il me semble que dans le monde d’aujourd’hui, on se sent plus seul. En tout cas, je m’y sens plus isolé.
Peut-être que tout le monde devrait se prendre par la main. L’idée de l’Amérique en tant que famille est naïve, peut-être sentimentale ou simpliste, mais c’est une bonne idée. Et si les gens sont malades, souffrent ou sont perdus, je pense que c'est la responsabilité de tous de gérer ces problèmes-là, d’une certaine manière. Parce que l’injustice, et le prix de cette injustice, retombe sur la tête de tous. L’injustice économique retombe sur la tête de tout le monde et vole la liberté de tout le monde. Votre femme ne peut pas se promener le soir, dans la rue. Les gens gardent des armes chez eux. Ils vivent avec un plus grand sentiment d’appréhension, d’anxiété et de peur que s’ils vivaient dans une société plus juste et plus ouverte. Ce n’est pas un accident, et il ne s'agit pas tout simplement de l'existence de gens "mauvais". C’est un aspect inhérent à la manière dont nous vivons tous. C’est le produit de ce que nous avons accepté, de ce que nous avons atteint. Et que ce soit volontaire ou pas, notre silence a parlé pour nous, en quelque sorte. Mais le défi est toujours présent: huit années de Reagan n'y changeront rien.
Ce qui est également perturbant, c’est la banalité avec laquelle les gens se sont habitués à ce qu’on leur mente. Pour moi, le Watergate devait marquer la fin de toute cette grosse agitation. Et au final, il a semblé plus ou moins légitimer le trafiquant de drogue du coin de la rue. "Et le Président le fait, pourquoi pas moi, p… ?". Je pense que de nos jours, on nous laisse plus ou moins trouver notre voie tout seuls. Ce sens de la communauté qui existait dans les années soixante vous donnait l'impression qu’il y avait beaucoup de gens qui vous accompagnaient le long du chemin. On avait le sentiment que le pays entier cherchait sa voie. Aujourd'hui, vous n’avez pas l’impression que le pays cherche sa voie. Et c’est dommage. En conséquence, il me semble que dans le monde d’aujourd’hui, on se sent plus seul. En tout cas, je m’y sens plus isolé.
Peut-être que tout le monde devrait se prendre par la main. L’idée de l’Amérique en tant que famille est naïve, peut-être sentimentale ou simpliste, mais c’est une bonne idée. Et si les gens sont malades, souffrent ou sont perdus, je pense que c'est la responsabilité de tous de gérer ces problèmes-là, d’une certaine manière. Parce que l’injustice, et le prix de cette injustice, retombe sur la tête de tous. L’injustice économique retombe sur la tête de tout le monde et vole la liberté de tout le monde. Votre femme ne peut pas se promener le soir, dans la rue. Les gens gardent des armes chez eux. Ils vivent avec un plus grand sentiment d’appréhension, d’anxiété et de peur que s’ils vivaient dans une société plus juste et plus ouverte. Ce n’est pas un accident, et il ne s'agit pas tout simplement de l'existence de gens "mauvais". C’est un aspect inhérent à la manière dont nous vivons tous. C’est le produit de ce que nous avons accepté, de ce que nous avons atteint. Et que ce soit volontaire ou pas, notre silence a parlé pour nous, en quelque sorte. Mais le défi est toujours présent: huit années de Reagan n'y changeront rien.
Ce sujet semble être en partie le sujet de Nebraska : une réaction aux années Reagan. Était-ce ainsi que vous souhaitiez que les gens voient ce disque ?
Bizarrement, je l’ai toujours considéré comme mon disque le plus personnel, parce que j'avais l'impression, dans sa tonalité, que c'était celui qui ressemblait le plus à ce qu'était mon enfance. Plus tard, plusieurs personnes ont écrit que c’était une réponse à l’ère Reagan, et la connexion existait évidemment.
Je pense que l’expérience des gens se construit de l’intérieur vers l’extérieur. Votre première connexion se fait avec vos amis et avec votre femme et avec votre famille. A partir de là, votre connexion peut se faire avec votre communauté immédiate. Et puis, si vous en avez l’énergie et la force, vous vous dites alors, "Et bien, comment puis-je me connecter avec le mec de l’État d’à côté, ou, au final, avec les gens du monde entier ?". Je pense que quelque soient les implications politiques de mon travail, elles viennent directement de ce qui est le plus personnel. Je n’ai pas réellement de théorie politique ou d’idéologie particulière. C’est le résultat d’observations, du genre, ok, ce mec est foutu. Pourquoi ce mec est-il foutu ? Cette personne s’est égarée. Pourquoi ? Et j’essaie simplement de partir de ce point de départ-là. Comment ma vie se connecte-t-elle et se retrouve-t-elle mêlée à celle de mes amis et à des autres personnes ? Cependant, je n'en connais pas les réponses. Je suis un guitariste - c’est mon travail.
Bizarrement, je l’ai toujours considéré comme mon disque le plus personnel, parce que j'avais l'impression, dans sa tonalité, que c'était celui qui ressemblait le plus à ce qu'était mon enfance. Plus tard, plusieurs personnes ont écrit que c’était une réponse à l’ère Reagan, et la connexion existait évidemment.
Je pense que l’expérience des gens se construit de l’intérieur vers l’extérieur. Votre première connexion se fait avec vos amis et avec votre femme et avec votre famille. A partir de là, votre connexion peut se faire avec votre communauté immédiate. Et puis, si vous en avez l’énergie et la force, vous vous dites alors, "Et bien, comment puis-je me connecter avec le mec de l’État d’à côté, ou, au final, avec les gens du monde entier ?". Je pense que quelque soient les implications politiques de mon travail, elles viennent directement de ce qui est le plus personnel. Je n’ai pas réellement de théorie politique ou d’idéologie particulière. C’est le résultat d’observations, du genre, ok, ce mec est foutu. Pourquoi ce mec est-il foutu ? Cette personne s’est égarée. Pourquoi ? Et j’essaie simplement de partir de ce point de départ-là. Comment ma vie se connecte-t-elle et se retrouve-t-elle mêlée à celle de mes amis et à des autres personnes ? Cependant, je n'en connais pas les réponses. Je suis un guitariste - c’est mon travail.
Mais des millions de gens voient en vous plus qu’un guitariste. En fait, beaucoup vous voient tel un leader moral dont on s’inspire, rien de moins. Mais il y a une certaine ironie à être un héros moderne pour les masses. Dans les années 60, personne ne disait que les Beatles ou les Rolling Stones ou Bob Dylan étaient trop exposés. Pourtant, à notre époque, tout artiste pop qui a un impact majeur important sur un large public court le risque de bénéficier d’une promotion trop importante de la part des médias ou d’être trop proche de son public. Ces dernières années, des artistes comme vous, Michael Jackson, Prince et Madonna ont tous été confrontés à ce dilemme. Pensez-vous parfois que vous risquez d’être surexposé ?
Et bien, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que signifie le mot "surexposé" ? Ce mot n’a pas de sens, vous savez ? C’est un truc de journaux. Pour être honnête avec vous, c'est un aspect que j’ignore. Je fais les meilleurs disques possibles. J’essaie d’y travailler et de les sortir quand ils me semblent satisfaisants et qu’ils semblent prêts. C’est ce qui compte - pas que je sois surexposé ou sous-exposé ou pas exposé du tout. Le truc c’est, "Hé, mets ce disque. Est-ce qu’il est bon ? Est-ce qu’il te plait ? Est-ce qu'il te fait danser ? Est-ce qu’il te parle ? Est-ce que je te parle ?". Et le reste appartient à la société et a ce qu'elle fait pour vendre des journaux ou des magazines. Il faut les remplir tous les mois. Il y a toute une vie secondaire attachée à votre propre vie par le plus ténu des liens. Au cours de l’année écoulée, si vous avez cru ce qu’on disait sur moi dans les journaux, j’ai habité dans deux maisons que je n’ai jamais vues, j’ai conduit des voitures que je n’ai jamais eues [rires]. C’est ce qui arrive. C’est, disons, incontrôlable : il faut nourrir le monstre médiatique.
Alors toutes ces choses-là, si vous pensez qu'elles ont quelque chose à voir avec vous, vous savez, vous allez devenir fou. En fin de compte, les gens aimeront mes disques et sentiront s’ils étaient sincères ou pas. Ils considèreront l’œuvre que j’ai accomplie et en retireront pour eux le sens qu'il leur convient. Et c’est ce qui perdure. Le reste est éphémère. C’est ici aujourd’hui et demain disparu. C'est insignifiant. Que Michael Jackson dorme dans un caisson ou pas, qu’elle en est la signification pour vous ? Il s'agit de faire rire certaines personnes; c’est tout ce que c’est réellement. Et mon sentiment, c’est que, "Hé, si vous pouvez vous moquer, alors moquez-vous de moi". Parce que quand vous recherchez la célébrité et que vous y parvenez, un des produits dérivés de cette célébrité est la banalisation, et vous serez gêné. C’est sûr, je vous le garantis. Je regarde ça comme un aspect de mon travail. Et ce n’est rien comparé à la vie d’Elvis ou à celle de Michael. C’est assez facile pour moi, mais je sais un peu ce que c’est. Ces choses finissent par arriver, et si vous n’avez pas un sens assez fort de votre identité et de ce que vous faites, vous allez alors vous faire malmener et jeter à terre, et ils vont y prendre du plaisir. C’est la nature de notre société, et c’est un des rôles que des gens comme moi jouent en société. Ok, c’est bon, mais mon sentiment est simple : mon travail, c’est ma défense. Aussi simple que ça. J’ai fait des choses que je pensais ne pas être capable de faire, je suis allé dans des endroits où je ne pensais pas aller. J’ai écrit de la musique qui est meilleure que ce je pensais pouvoir écrire. J’ai fait des trucs que je ne pensais pas avoir en moi.
Et bien, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que signifie le mot "surexposé" ? Ce mot n’a pas de sens, vous savez ? C’est un truc de journaux. Pour être honnête avec vous, c'est un aspect que j’ignore. Je fais les meilleurs disques possibles. J’essaie d’y travailler et de les sortir quand ils me semblent satisfaisants et qu’ils semblent prêts. C’est ce qui compte - pas que je sois surexposé ou sous-exposé ou pas exposé du tout. Le truc c’est, "Hé, mets ce disque. Est-ce qu’il est bon ? Est-ce qu’il te plait ? Est-ce qu'il te fait danser ? Est-ce qu’il te parle ? Est-ce que je te parle ?". Et le reste appartient à la société et a ce qu'elle fait pour vendre des journaux ou des magazines. Il faut les remplir tous les mois. Il y a toute une vie secondaire attachée à votre propre vie par le plus ténu des liens. Au cours de l’année écoulée, si vous avez cru ce qu’on disait sur moi dans les journaux, j’ai habité dans deux maisons que je n’ai jamais vues, j’ai conduit des voitures que je n’ai jamais eues [rires]. C’est ce qui arrive. C’est, disons, incontrôlable : il faut nourrir le monstre médiatique.
Alors toutes ces choses-là, si vous pensez qu'elles ont quelque chose à voir avec vous, vous savez, vous allez devenir fou. En fin de compte, les gens aimeront mes disques et sentiront s’ils étaient sincères ou pas. Ils considèreront l’œuvre que j’ai accomplie et en retireront pour eux le sens qu'il leur convient. Et c’est ce qui perdure. Le reste est éphémère. C’est ici aujourd’hui et demain disparu. C'est insignifiant. Que Michael Jackson dorme dans un caisson ou pas, qu’elle en est la signification pour vous ? Il s'agit de faire rire certaines personnes; c’est tout ce que c’est réellement. Et mon sentiment, c’est que, "Hé, si vous pouvez vous moquer, alors moquez-vous de moi". Parce que quand vous recherchez la célébrité et que vous y parvenez, un des produits dérivés de cette célébrité est la banalisation, et vous serez gêné. C’est sûr, je vous le garantis. Je regarde ça comme un aspect de mon travail. Et ce n’est rien comparé à la vie d’Elvis ou à celle de Michael. C’est assez facile pour moi, mais je sais un peu ce que c’est. Ces choses finissent par arriver, et si vous n’avez pas un sens assez fort de votre identité et de ce que vous faites, vous allez alors vous faire malmener et jeter à terre, et ils vont y prendre du plaisir. C’est la nature de notre société, et c’est un des rôles que des gens comme moi jouent en société. Ok, c’est bon, mais mon sentiment est simple : mon travail, c’est ma défense. Aussi simple que ça. J’ai fait des choses que je pensais ne pas être capable de faire, je suis allé dans des endroits où je ne pensais pas aller. J’ai écrit de la musique qui est meilleure que ce je pensais pouvoir écrire. J’ai fait des trucs que je ne pensais pas avoir en moi.
Maintenant, vous comptez aussi beaucoup pour énormément de gens.
C’est une bonne chose, mais il ne faut pas que cet engouement aille trop loin. Je ne pense pas que l’essence de l’idée du rock’n’roll était d’exalter le culte de la personnalité. C’est une voie secondaire, une voie sans issue. Ce n’est pas ce qu'il faut faire. Et dans ma vie personnelle, j’en ai ressenti la culpabilité autant que n’importe qui d'autre. Quand j’ai sauté par-dessus le mur [à Graceland] pour voir Elvis, je ne savais pas qui j’allais rencontrer ce soir-là. Et le garde qui m’a arrêté à la porte m’a rendu le plus grand service de toute ma vie. Je n’avais pas compris. C’était innocent, et je voulais m’amuser, mais ce n’était pas bien. Finalement, on ne peut pas vivre à l’intérieur de ce rêve. On ne peut pas vivre à l’intérieur du rêve d’Elvis Presley ou à l’intérieur du rêve des Beatles. Comme John Lennon a dit: "Le rêve est fini". Vous pouvez vivre ce rêve au fond de votre cœur, mais vous ne pouvez pas vivre à l’intérieur de ce rêve, parce que c’est une perversion, vous comprenez ? Ce que l’art dit le mieux, c’est "Prends ça" - ce film, ce tableau, cette photographie ou ce disque - "Prends ce que tu y vois, et puis va trouver ta place dans le monde. C’est un outil : va trouver ta place dans le monde".
Je pense que j’ai fait cette erreur à mes débuts, essayer de vivre à l’intérieur de ce rêve, à l’intérieur du rêve du rock’n’roll. C’est un choix séduisant, c’est une opportunité séduisante. Le monde réel, après tout, est terrifiant. Finalement, j’ai pris conscience que le but du rock’n’roll ne servait pas simplement à trouver la célébrité et la fortune. Au contraire, pour moi, il servait à trouver sa place dans le monde, en y comprenant son appartenance. C’est un équilibre délicat pour y parvenir correctement. Il faut que vous puissiez gérer beaucoup d’idées contradictoires dans votre esprit et au même moment, sans que vous les laissiez vous rendre fou. J’ai envie de bien faire mon travail, quand je monte sur scène, il faut que je sente que c’est la chose la plus importante au monde. Il faut que je sente aussi que, ma foi, ce n’est que du rock’n’roll. D’une certaine façon, vous devrez croire à ces deux choses-là.
C’est une bonne chose, mais il ne faut pas que cet engouement aille trop loin. Je ne pense pas que l’essence de l’idée du rock’n’roll était d’exalter le culte de la personnalité. C’est une voie secondaire, une voie sans issue. Ce n’est pas ce qu'il faut faire. Et dans ma vie personnelle, j’en ai ressenti la culpabilité autant que n’importe qui d'autre. Quand j’ai sauté par-dessus le mur [à Graceland] pour voir Elvis, je ne savais pas qui j’allais rencontrer ce soir-là. Et le garde qui m’a arrêté à la porte m’a rendu le plus grand service de toute ma vie. Je n’avais pas compris. C’était innocent, et je voulais m’amuser, mais ce n’était pas bien. Finalement, on ne peut pas vivre à l’intérieur de ce rêve. On ne peut pas vivre à l’intérieur du rêve d’Elvis Presley ou à l’intérieur du rêve des Beatles. Comme John Lennon a dit: "Le rêve est fini". Vous pouvez vivre ce rêve au fond de votre cœur, mais vous ne pouvez pas vivre à l’intérieur de ce rêve, parce que c’est une perversion, vous comprenez ? Ce que l’art dit le mieux, c’est "Prends ça" - ce film, ce tableau, cette photographie ou ce disque - "Prends ce que tu y vois, et puis va trouver ta place dans le monde. C’est un outil : va trouver ta place dans le monde".
Je pense que j’ai fait cette erreur à mes débuts, essayer de vivre à l’intérieur de ce rêve, à l’intérieur du rêve du rock’n’roll. C’est un choix séduisant, c’est une opportunité séduisante. Le monde réel, après tout, est terrifiant. Finalement, j’ai pris conscience que le but du rock’n’roll ne servait pas simplement à trouver la célébrité et la fortune. Au contraire, pour moi, il servait à trouver sa place dans le monde, en y comprenant son appartenance. C’est un équilibre délicat pour y parvenir correctement. Il faut que vous puissiez gérer beaucoup d’idées contradictoires dans votre esprit et au même moment, sans que vous les laissiez vous rendre fou. J’ai envie de bien faire mon travail, quand je monte sur scène, il faut que je sente que c’est la chose la plus importante au monde. Il faut que je sente aussi que, ma foi, ce n’est que du rock’n’roll. D’une certaine façon, vous devrez croire à ces deux choses-là.
****
NOTES
(1) Richard Nixon (1913-1994), président Républicain des États-Unis, élu en 1968 et en 1972, dont la présidence a été marquée par la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate, qui mènera à sa démission en 1974.
(2) Le scandale du Watergate est une affaire d'espionnage politique. Deux journalistes du Washington Post ont révélé l'implication de l'administration Nixon dans le cambriolage en juin 1972 des locaux du Parti démocrate, situés dans l'immeuble du Watergate, à Washington.
(3) Ronald Reagan (1911-2004), acteur, puis président Républicain des États-Unis, élu en 1980 et en 1984.
(4) Oliver North était un militaire américain, aujourd'hui animateur de télévision sur la chaîne Fox News. Dans les années 1980, il est accusé de trafic de drogue et impliqué dans l’affaire Iran-Contra, déclarant être en partie responsable d’un trafic d’armes avec l’Iran et du versement des bénéfices aux Contras, un mouvement contre-révolutionnaire nicaraguayen de lutte armée. Il sera finalement innocenté en 1991.
(5) En 1979, Jackson Browne, Graham Nash, Bonnie Raitt et John Hall ont fondé un groupe militant baptisé Musicians United for Safe Energy (MUSE) pour protester contre l'utilisation de l'énergie nucléaire, après l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island en mars 1979. Ce groupe a ensuite organisé une série de 5 concerts au Madison Square Garden de New York en septembre 1979.
(2) Le scandale du Watergate est une affaire d'espionnage politique. Deux journalistes du Washington Post ont révélé l'implication de l'administration Nixon dans le cambriolage en juin 1972 des locaux du Parti démocrate, situés dans l'immeuble du Watergate, à Washington.
(3) Ronald Reagan (1911-2004), acteur, puis président Républicain des États-Unis, élu en 1980 et en 1984.
(4) Oliver North était un militaire américain, aujourd'hui animateur de télévision sur la chaîne Fox News. Dans les années 1980, il est accusé de trafic de drogue et impliqué dans l’affaire Iran-Contra, déclarant être en partie responsable d’un trafic d’armes avec l’Iran et du versement des bénéfices aux Contras, un mouvement contre-révolutionnaire nicaraguayen de lutte armée. Il sera finalement innocenté en 1991.
(5) En 1979, Jackson Browne, Graham Nash, Bonnie Raitt et John Hall ont fondé un groupe militant baptisé Musicians United for Safe Energy (MUSE) pour protester contre l'utilisation de l'énergie nucléaire, après l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island en mars 1979. Ce groupe a ensuite organisé une série de 5 concerts au Madison Square Garden de New York en septembre 1979.