par Nick Hornby
Interview réalisée le 28 mai 2005 au Royal Albert Hall (Londres).
Interview réalisée le 28 mai 2005 au Royal Albert Hall (Londres).
Nick Hornby a toujours été un fan de Springsteen, et a écouté sa musique à chaque jour d'écriture de son dernier best-seller. Mais il n'avait jamais eu la chance de rencontrer son héros - jusqu'à ce que le Boss vienne à Londres lors de ses récents concerts donnés au Royal Albert Hall. Dans cette interview exclusive pour l'OMM, la star révèle la façon dont il se tient au courant de la musique actuelle via son fils, et pourquoi des albums tels que 'Born To Run' continuent d'inspirer.
Quelque temps avant la semaine où j'ai rencontré Bruce Springsteen, et avant de savoir que j'allais le rencontrer, j'avais décidé de lui envoyer un exemplaire de mon nouveau livre. J'ai eu son adresse personnelle grâce à un ami commun, je le lui avais dédicacé, et le livre traînait dans mon bureau dans une enveloppe à bulles Jiffy non-affranchie, quand l'éditeur de ce magazine m'a demandé si j'aimerais réaliser cette interview. J'ai donc pris le livre avec moi.
Je ne m'attendais pas à ce qu'il lise cette foutue chose, ni même à ce qu'il la garde, et cependant, même ainsi, il me semblait que c'est quelque chose que j'avais besoin de faire. L'écriture de A Long Way Down (Vous descendez ?, 2005) a été alimenté par le café, les Silk Cuts et par Bruce (précisément, un enregistrement pirate live de Prove It Al Night, que j'écoutais en marchant jusqu'à mon bureau, alors que je finissais l'écriture de mon livre). Et Springsteen est une des personnes qui m'a, en premier, donné l'envie d'écrire, et une des personnes qui, à travers ses paroles et ses actes, m'a aidé à réfléchir à la carrière que j'avais eue depuis cet élan initial. Il me semble que son habilité à maintenir une vie artistique pleine de fraîcheur et de fascination tout en travaillant à l'intérieur du système est une grande leçon pour tous ceux dont le travail implique, de près ou de loin, d'avoir un public populaire.
Je l'ai rencontré pour la première fois après son concert de vendredi soir au Royal Albert Hall, lors d'une fête donnée dans un hôtel prestigieux de la West End (beaux quartiers du centre de Londres, ndt). Il parlait avec une férocité et une aisance impressionnantes à notre petit groupe en nous expliquant pourquoi il exigeait de ses fans une certaine retenue lors de ses concerts en solo. Le lendemain après-midi, je suis allé assister à la balance pour le concert du samedi soir et je me suis assis tout seul dans cet auditorium pendant qu'il jouait My Father's House, de l'album Nebraska. Ce n'est pas le genre d'expérience qui s'oublie facilement. Je l'ai interviewé dans sa loge, et j'étais tendu. En faisant la retranscription, j'ai rendu les questions plus convaincantes qu'elles ne l'étaient en réalité.
Il avait l'air plus jeune que la dernière fois où je l'ai vu et il est clairement et incroyablement en forme; il a changé sa chemise pour le photographe, et j'ai pu me rendre compte qu'il fait plus de concerts de deux heures et demi que moi. Il était agréable et amical, mais même s'il m'a demandé des nouvelles de musiciens plus jeunes, que lui et moi connaissons, nous n'avons pas beaucoup échangé de banalités; ses réponses sont délivrées dans des flots ininterrompus et cependant pesées avec grand soin. C'est l'un des rares artistes que j'ai rencontrés capable de parler de manière convaincante de ce qu'il fait, sans arrogance ni auto-dérision, ni sans être sur la défensive.
Je lui ai donné le livre et il m'a remercié. Je ne sais pas du tout si c'est la femme de ménage qui l'a pris pour chez elle, dans tous les cas, cela n'avait pas grande importance.
Quelque temps avant la semaine où j'ai rencontré Bruce Springsteen, et avant de savoir que j'allais le rencontrer, j'avais décidé de lui envoyer un exemplaire de mon nouveau livre. J'ai eu son adresse personnelle grâce à un ami commun, je le lui avais dédicacé, et le livre traînait dans mon bureau dans une enveloppe à bulles Jiffy non-affranchie, quand l'éditeur de ce magazine m'a demandé si j'aimerais réaliser cette interview. J'ai donc pris le livre avec moi.
Je ne m'attendais pas à ce qu'il lise cette foutue chose, ni même à ce qu'il la garde, et cependant, même ainsi, il me semblait que c'est quelque chose que j'avais besoin de faire. L'écriture de A Long Way Down (Vous descendez ?, 2005) a été alimenté par le café, les Silk Cuts et par Bruce (précisément, un enregistrement pirate live de Prove It Al Night, que j'écoutais en marchant jusqu'à mon bureau, alors que je finissais l'écriture de mon livre). Et Springsteen est une des personnes qui m'a, en premier, donné l'envie d'écrire, et une des personnes qui, à travers ses paroles et ses actes, m'a aidé à réfléchir à la carrière que j'avais eue depuis cet élan initial. Il me semble que son habilité à maintenir une vie artistique pleine de fraîcheur et de fascination tout en travaillant à l'intérieur du système est une grande leçon pour tous ceux dont le travail implique, de près ou de loin, d'avoir un public populaire.
Je l'ai rencontré pour la première fois après son concert de vendredi soir au Royal Albert Hall, lors d'une fête donnée dans un hôtel prestigieux de la West End (beaux quartiers du centre de Londres, ndt). Il parlait avec une férocité et une aisance impressionnantes à notre petit groupe en nous expliquant pourquoi il exigeait de ses fans une certaine retenue lors de ses concerts en solo. Le lendemain après-midi, je suis allé assister à la balance pour le concert du samedi soir et je me suis assis tout seul dans cet auditorium pendant qu'il jouait My Father's House, de l'album Nebraska. Ce n'est pas le genre d'expérience qui s'oublie facilement. Je l'ai interviewé dans sa loge, et j'étais tendu. En faisant la retranscription, j'ai rendu les questions plus convaincantes qu'elles ne l'étaient en réalité.
Il avait l'air plus jeune que la dernière fois où je l'ai vu et il est clairement et incroyablement en forme; il a changé sa chemise pour le photographe, et j'ai pu me rendre compte qu'il fait plus de concerts de deux heures et demi que moi. Il était agréable et amical, mais même s'il m'a demandé des nouvelles de musiciens plus jeunes, que lui et moi connaissons, nous n'avons pas beaucoup échangé de banalités; ses réponses sont délivrées dans des flots ininterrompus et cependant pesées avec grand soin. C'est l'un des rares artistes que j'ai rencontrés capable de parler de manière convaincante de ce qu'il fait, sans arrogance ni auto-dérision, ni sans être sur la défensive.
Je lui ai donné le livre et il m'a remercié. Je ne sais pas du tout si c'est la femme de ménage qui l'a pris pour chez elle, dans tous les cas, cela n'avait pas grande importance.
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En regardant votre concert hier soir, je pensais que peut-être, quand vous jouez avec le groupe, vous pouvez au moins vous dire, 'Je sais pourquoi les gens viennent nous voir. Nous sommes bons dans ce que nous faisons et il y a cette dynamique entre nous'. Mais, quand vous êtes tout seul, vous ne pouvez plus vous le dire. Comment le ressentez-vous ? Êtes-vous arrivé à un stade de votre vie où il ne vous semble pas étrange qu'autant de gens viennent pour ne voir que vous ?
J'ai joué de cette façon à diverses périodes de ma vie sur scène avant de faire des albums (1). Pour la tournée Nebraska, je ne l'ai simplement pas fait, peut-être manquais-je de confiance... Je n'avais pas joué seul depuis un certain temps. C'est très naturel, il me semble, et je suppose que les gens viennent pour les mêmes raisons que quand je joue avec le groupe : pour être émus, pour que quelque chose leur arrive. Je pense donc que ce sont les mêmes choses qui font que les gens dépensent leur argent, si durement gagné, pour ces places de concert, et qui marche dans les deux sens. Vous recherchez une expérience et quelque chose qui serve à contextualiser, de la meilleure façon possible, un morceau du monde. En ce moment, le soir, je prends simplement un chemin différent pour y arriver. C'est la même chose, vous savez ?
J'ai toujours été frappé de voir que vous travaillez très dur sur votre performance sur scène, que vous avez une théorie sur l'art d'être sur scène. Est-ce vrai ?
Et bien, je ne sais pas si j'y ai travaillé dur. C'est toujours venu naturellement, parce qu'en général, je me sens très à l'aise avec les gens. C'est probablement génétique d'une certaine manière (rires). Il y a une présentation et je crois être conscient du fait qu'un concert en train de se dérouler est une bonne idée (rires) (2). D'une certaine manière, je crois que le spectacle a été discrédité quand l'idée a été associée à la fausseté, ce qui est une façon très superficielle de voir les choses. C'est en fait un pont, s'il est utilisé convenablement. C'est un pont qui permet à vos idées d'atteindre le public. Qui aide votre musique à établir des connections et c'est la raison pour laquelle vous êtes là. Je pense que si vous le faites mal, vous pouvez réduire la portée de votre travail, mais si vous le faites bien, vous pouvez légèrement aider ce que vous faites. Ce peut être un énorme atout pour atteindre les gens avec un matériel qui pourrait être, autrement, considéré comme difficile. J'ai un large public qui vient voir ce genre de musique, un public qui dans d'autres circonstances ne serait pas là. Ces publics présents sont le résultat de mon histoire avec le groupe, mais aussi le résultat de mon habileté à les atteindre avec une chanson. J'ai mes idées, j'ai ma musique et j'aime aussi beaucoup frimer (rires), donc ça joue un grand rôle. J'aime aussi monter sur scène, faire le fou et m'exprimer physiquement, et le groupe peut parfois être très stupide. Mais même au cours d'un concert de ce genre, il y a une façon de l'atténuer. La façon dont vous parlez joue un rôle - pas un très grand rôle, mais c'est quelque chose. Qui met les gens à l'aise, et encore une fois, permet d'atteindre et de créer un pont pour ce qui serait, autrement, une musique difficile.
Je pense que c'est vrai. Ces concerts où vous avez emprunté des choses à James Brown... Je pense que les gens trouvent déconcertant le fait que cette musique est censée être vraie et authentique, et cependant, il y a cet art de la scène, cette idée de faire l'imbécile (3), en même temps. Je crois que les gens qui viennent au concert voient toujours qu'il n'y a pas de contradiction.
En plus, vous savez, quand j'étais jeune, il y avait un grand respect pour les musiciens rock qui faisaient les clowns - regardez Little Richard. Ils faisaient partie d'un tout, et j'ai toujours pensé aussi qu'ils permettaient de libérer le public. Et c'est également une façon de se faire plus petit pour rester à une échelle humaine (rires), mais j'y ai aussi pris beaucoup de plaisir, je me suis bien amusé à le faire et je n'ai jamais pensé qu'être sérieux et faire le clown était contradictoire. J'ai donc abordé mon travail et la scène avec l'idée qu'ils n'étaient pas exclusifs. Vous pouvez passer d'un moment où vous faites l'idiot à quelque chose de très sérieux en un éclair, et si vous avez ces liens avec votre public, ils vont vous suivre sans problèmes.
J'ai joué de cette façon à diverses périodes de ma vie sur scène avant de faire des albums (1). Pour la tournée Nebraska, je ne l'ai simplement pas fait, peut-être manquais-je de confiance... Je n'avais pas joué seul depuis un certain temps. C'est très naturel, il me semble, et je suppose que les gens viennent pour les mêmes raisons que quand je joue avec le groupe : pour être émus, pour que quelque chose leur arrive. Je pense donc que ce sont les mêmes choses qui font que les gens dépensent leur argent, si durement gagné, pour ces places de concert, et qui marche dans les deux sens. Vous recherchez une expérience et quelque chose qui serve à contextualiser, de la meilleure façon possible, un morceau du monde. En ce moment, le soir, je prends simplement un chemin différent pour y arriver. C'est la même chose, vous savez ?
J'ai toujours été frappé de voir que vous travaillez très dur sur votre performance sur scène, que vous avez une théorie sur l'art d'être sur scène. Est-ce vrai ?
Et bien, je ne sais pas si j'y ai travaillé dur. C'est toujours venu naturellement, parce qu'en général, je me sens très à l'aise avec les gens. C'est probablement génétique d'une certaine manière (rires). Il y a une présentation et je crois être conscient du fait qu'un concert en train de se dérouler est une bonne idée (rires) (2). D'une certaine manière, je crois que le spectacle a été discrédité quand l'idée a été associée à la fausseté, ce qui est une façon très superficielle de voir les choses. C'est en fait un pont, s'il est utilisé convenablement. C'est un pont qui permet à vos idées d'atteindre le public. Qui aide votre musique à établir des connections et c'est la raison pour laquelle vous êtes là. Je pense que si vous le faites mal, vous pouvez réduire la portée de votre travail, mais si vous le faites bien, vous pouvez légèrement aider ce que vous faites. Ce peut être un énorme atout pour atteindre les gens avec un matériel qui pourrait être, autrement, considéré comme difficile. J'ai un large public qui vient voir ce genre de musique, un public qui dans d'autres circonstances ne serait pas là. Ces publics présents sont le résultat de mon histoire avec le groupe, mais aussi le résultat de mon habileté à les atteindre avec une chanson. J'ai mes idées, j'ai ma musique et j'aime aussi beaucoup frimer (rires), donc ça joue un grand rôle. J'aime aussi monter sur scène, faire le fou et m'exprimer physiquement, et le groupe peut parfois être très stupide. Mais même au cours d'un concert de ce genre, il y a une façon de l'atténuer. La façon dont vous parlez joue un rôle - pas un très grand rôle, mais c'est quelque chose. Qui met les gens à l'aise, et encore une fois, permet d'atteindre et de créer un pont pour ce qui serait, autrement, une musique difficile.
Je pense que c'est vrai. Ces concerts où vous avez emprunté des choses à James Brown... Je pense que les gens trouvent déconcertant le fait que cette musique est censée être vraie et authentique, et cependant, il y a cet art de la scène, cette idée de faire l'imbécile (3), en même temps. Je crois que les gens qui viennent au concert voient toujours qu'il n'y a pas de contradiction.
En plus, vous savez, quand j'étais jeune, il y avait un grand respect pour les musiciens rock qui faisaient les clowns - regardez Little Richard. Ils faisaient partie d'un tout, et j'ai toujours pensé aussi qu'ils permettaient de libérer le public. Et c'est également une façon de se faire plus petit pour rester à une échelle humaine (rires), mais j'y ai aussi pris beaucoup de plaisir, je me suis bien amusé à le faire et je n'ai jamais pensé qu'être sérieux et faire le clown était contradictoire. J'ai donc abordé mon travail et la scène avec l'idée qu'ils n'étaient pas exclusifs. Vous pouvez passer d'un moment où vous faites l'idiot à quelque chose de très sérieux en un éclair, et si vous avez ces liens avec votre public, ils vont vous suivre sans problèmes.
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Continental Airlines Arena, East Rutherford (NJ) - 19 mai 2005
Quelle musique avez-vous écouté ces dernières années ?
J'écoute toutes sortes de musique, vous savez ? Faites votre choix (il attrape un sac et en sort une pile de CD faits maison). J'ai fait tous ces disques pour mon entrée sur scène. La plupart sont légèrement orientés acoustique, mais j'écoute tout. J'écoute toute la pop britannique, les Stone Roses et Oasis, et je passe à Suede et Pulp. Je suis généralement intéressé par presque tout.
Pour les besoins de l'enregistrement, je regarde ses CD - Dylan et Sleater Kinney et les Beach Boys et Jimmy Cliff et Sam Cooke et Bobby Bland et Joe Strummer; pratiquement toute l'histoire de la musique.
J'ai laissé beaucoup de mes choses plus rock à la maison, parce que cette musique est celle avec laquelle j'entre sur scène. Mais j'écoute aussi de vieux trucs, du Louis Armstrong récemment. Et puis, je vais écouter, je ne sais pas, Four Tet ou autre. J'achète beaucoup de disques par curiosité. J'achète si j'aime la pochette de l'album, j'achète si j'aime le nom du groupe, n'importe quoi stimulant mon imagination. J'aime toujours aller dans les magasins de disques, j'aime simplement y faire un tour et j'achète tout ce qui attire mon attention... Peut-être que j'aurais lu une bonne critique de quelque chose ou même une critique intéressante. Mais ensuite, je traverse de longues périodes où je n'écoute rien, en principe quand je travaille. Entre les disques et entre le travail d'écriture, je dévore des livres et de la musique et des films et tout ce que je peux trouver.
Et qui fait partie de votre travail d'écriture ?
Je ne pense pas que ce soit nécessaire d'en faire partie. J'ai tendance à souscrire à l'idée que vous avez besoin de tout ce dont vous avez besoin dès l'âge de 12 ans, pour écrire des choses intéressantes pour pratiquement le restant de vos jours - certainement 18 ans. Mais je trouve que cela peut m'aider pour la forme, dans le sens où quelque chose peut simplement m'inspirer, me donner une idée pour trouver la forme sous laquelle je vais créer quelque chose, ou peut-être le décor. Il y a 10 ou 12 ans, l'écriture sur la nature a frappé mon imagination et elle se retrouve depuis à petites doses dans mon travail, ici et là... Ce sont toutes sortes de choses. J'ai entendu cette version live de Too Much Monkey Business par Chuck Berry et elle ressemblait tellement à de la musique punk. Donc, quand vous allez pour enregistrer avec votre groupe, vous avez tous ces sons, vous en avez créé une réserve. J'aime rester aussi éveillé et attentif que possible. Et j'y prends aussi du plaisir, j'y suis grandement intéressé, j'aime le fait de ne pas être coupé de ce qui se passe culturellement.
En êtes-vous arrivé au stade où vos enfants vous font découvrir des trucs ?
Oui, mon fils aime les groupes avec beaucoup de guitares. Il m'a donné quelque chose l'autre jour qui était très bien. Il me grave les CD de tout ce qu'il a et c'est une bonne référence, si je veux vérifier certaines choses... Les deux autres ne sont pas encore là-dedans. Ma fille a 12, 13 ans et elle aime les choses du Top 40. Donc, je finis au concert de Noël de Z100 (station de radio new-yorkaise, ndt), parmi le public, avec ma fille et ses copines, qui regardent toutes les groupes du Top 40... Je suis de partout.
J'écoute toutes sortes de musique, vous savez ? Faites votre choix (il attrape un sac et en sort une pile de CD faits maison). J'ai fait tous ces disques pour mon entrée sur scène. La plupart sont légèrement orientés acoustique, mais j'écoute tout. J'écoute toute la pop britannique, les Stone Roses et Oasis, et je passe à Suede et Pulp. Je suis généralement intéressé par presque tout.
Pour les besoins de l'enregistrement, je regarde ses CD - Dylan et Sleater Kinney et les Beach Boys et Jimmy Cliff et Sam Cooke et Bobby Bland et Joe Strummer; pratiquement toute l'histoire de la musique.
J'ai laissé beaucoup de mes choses plus rock à la maison, parce que cette musique est celle avec laquelle j'entre sur scène. Mais j'écoute aussi de vieux trucs, du Louis Armstrong récemment. Et puis, je vais écouter, je ne sais pas, Four Tet ou autre. J'achète beaucoup de disques par curiosité. J'achète si j'aime la pochette de l'album, j'achète si j'aime le nom du groupe, n'importe quoi stimulant mon imagination. J'aime toujours aller dans les magasins de disques, j'aime simplement y faire un tour et j'achète tout ce qui attire mon attention... Peut-être que j'aurais lu une bonne critique de quelque chose ou même une critique intéressante. Mais ensuite, je traverse de longues périodes où je n'écoute rien, en principe quand je travaille. Entre les disques et entre le travail d'écriture, je dévore des livres et de la musique et des films et tout ce que je peux trouver.
Et qui fait partie de votre travail d'écriture ?
Je ne pense pas que ce soit nécessaire d'en faire partie. J'ai tendance à souscrire à l'idée que vous avez besoin de tout ce dont vous avez besoin dès l'âge de 12 ans, pour écrire des choses intéressantes pour pratiquement le restant de vos jours - certainement 18 ans. Mais je trouve que cela peut m'aider pour la forme, dans le sens où quelque chose peut simplement m'inspirer, me donner une idée pour trouver la forme sous laquelle je vais créer quelque chose, ou peut-être le décor. Il y a 10 ou 12 ans, l'écriture sur la nature a frappé mon imagination et elle se retrouve depuis à petites doses dans mon travail, ici et là... Ce sont toutes sortes de choses. J'ai entendu cette version live de Too Much Monkey Business par Chuck Berry et elle ressemblait tellement à de la musique punk. Donc, quand vous allez pour enregistrer avec votre groupe, vous avez tous ces sons, vous en avez créé une réserve. J'aime rester aussi éveillé et attentif que possible. Et j'y prends aussi du plaisir, j'y suis grandement intéressé, j'aime le fait de ne pas être coupé de ce qui se passe culturellement.
En êtes-vous arrivé au stade où vos enfants vous font découvrir des trucs ?
Oui, mon fils aime les groupes avec beaucoup de guitares. Il m'a donné quelque chose l'autre jour qui était très bien. Il me grave les CD de tout ce qu'il a et c'est une bonne référence, si je veux vérifier certaines choses... Les deux autres ne sont pas encore là-dedans. Ma fille a 12, 13 ans et elle aime les choses du Top 40. Donc, je finis au concert de Noël de Z100 (station de radio new-yorkaise, ndt), parmi le public, avec ma fille et ses copines, qui regardent toutes les groupes du Top 40... Je suis de partout.
Comment est venu ce truc de Suicide (4) ?
J'ai rencontré Alan (Vega) à la fin des années 70. J'étais fan, tout simplement. Je les aimais bien, ils étaient uniques. Ils étaient très rêveurs, et ils étaient aussi incroyablement plein de poésie et allaient là où d'autres n'allaient pas. Je les aimais beaucoup. J'ai entendu cette chanson récemment. Je suis tombé sur une compilation où elle y figurait et elle est très différente, placée en fin de concert. C'est juste quelques phrases répétées, comme un mantra.
C'est particulièrement frappant dans un concert qui est construit exclusivement sur le récit.
Vrai, mais c'est l'idée fondamentale derrière toutes ces chansons de toute façon (5). C'est simplement un moment différent à la fin de la soirée, où vous allez dans certains de ces mêmes endroits avec virtuellement très peu de mots. J'aime le fait que conter des histoires fasse partie d'une tradition, d'une tradition folk. Mais celle-là vient envelopper la soirée. Il est intéressant de regarder les visages des gens. Ils ont l'air très différents quand elle arrive. Ils ont l'air un peu surpris, et elle fait partie de la manière dont j'ai construit le concert - des morceaux inattendus pour conclure et surprendre le public et pour leur faire prendre conscience que ce ne sera pas une soirée classique. Ce sera une soirée faite de toutes sortes de choses et l'aspect rituel du concert disparaît. Tant que ce n'est pas quelque chose que j'ai déjà fait...
Comment pensez-vous à votre relation avec vos propres compositions ? Parce que quand vous étiez là avec votre groupe il y a deux ans, vous jouiez des trucs de vos trois premiers albums et vous en faisiez certains également en solo. Et cependant, hier soir, je crois qu'il n'y avait qu'une chanson des quatre premiers albums...
C'est vrai ? Certains soirs j'en joue plus. Je crois que j'ai joué For You pendant un moment... Tout dépend. La seule règle générale était d'éviter les choses que j'ai jouées avec le groupe durant les deux dernières tournées. J'étais intéressé par l'idée de reprendre sous une autre forme le matériel de The Rising pour des concerts, pour que les gens entendent ces chansons sous leur forme de base. Et les nouvelles chansons, et (The Ghost of) Tom Joad et Nebraska font leur apparition et je crois que Tunnel Of Love est présent. Je joue Racing In The Street... Je n'ai pas beaucoup joué de chansons de Born To Run. Le concert est fondé sur tout ce qui n'intègre pas une réponse toute faite.
Est-ce que vous avez le sentiment maintenant que les trois, quatre premiers disques sont de la musique pour jeunes ?
Je dirais que oui, vous savez, parce que beaucoup de jeunes, en fait, me parlent de ces disques. Je me rappelle avoir joué dans ce pays il y a un certain temps et j'ai baissé les yeux et il y avait ce gosse, il ne pouvait pas avoir plus de 14 ou 15 ans, il nous chantait toutes les paroles, Greetings From Asbury Park, littéralement mot à mot (rires). D'une certaine façon, je pense que oui, mais une bonne chanson prend aussi des années à trouver sa place. Quand je rejoue Thunder Road ou une autre, je peux, de ma perspective, la chanter en étant très à l'aise parce que cette musique parlait d'une perte de l'innocence, il y a de l'innocence en vous, mais il y a aussi de l'innocence en train de se perdre (rires). Et ça, c'était l'Amérique au moment où je l'ai écrite. J'ai écrit cet album juste avant la fin de la guerre du Vietnam, quand ce sentiment s'est emparé du pays. Une partie de moi s'intéressait à la musique qui avait cette innocence, les trucs de Spector, le rock'nroll des années soixante, soixante-dix, mais moi-même, je ne faisais pas partie de ces gens-là. Je me suis rendu compte que je n'étais pas un de mes héros, j'étais quelque chose d'autre et j'ai dû le prendre en considération. Donc, quand j'ai écrit ces chansons et intégré beaucoup de choses que j'aimais de ces années-là, j'étais aussi conscient que je devais trouver une place qui admettait ce qui m'était arrivé, ainsi qu'à tous les autres, là où j'habitais.
Je suppose que c'est là où le lien émotionnel avec votre musique est passé, pour tant de gens à l'époque. Parce que tous ces gens-là avaient grandi en adorant ce genre de musique, mais elle ne faisait plus l'affaire.
Je crois que nous étions un amalgame bizarre de choses à cette époque-là. Il y avait beaucoup d'éléments familiers dans notre musique, si bien que pour beaucoup de gens, c'était comme si elle faisait partie de leur vie; elle touchait soit vos véritables souvenirs, soit votre univers imaginaire, cet endroit auquel vous pensez quand vous pensez à votre ville natale, ou à la personne que vous étiez, ou à la personne que vous auriez pu être. Et la musique a rassemblé ces choses-là, il y avait donc un élément qui vous mettait à l'aise. Et cependant, en même temps, nous étions en train de changer d'endroit, et c'est ce qui a été reconnu dans ma musique également, et c'est pourquoi les gens ont toujours eu ces sentiments profonds par rapport à elle.
Je pense qu'elle a rendu des gens à l'aise, et il y avait ces formes de style qui ont accroché les oreilles des gens, des choses qu'ils avaient l'habitude d'entendre... mais seule, cette musique n'aurait pas permis aux gens d'avoir des sentiments profonds, c'était l'autre truc. C'est pourquoi Born To Run et Thunder Road résonnent; les gens ont pris ces chansons et se les sont appropriées. Je crois que j'ai travaillé dur pour que cela se produise. J'offre un service et j'aime à penser que c'est un service dont nous avons besoin. C'est au cœur de ma tentative pour faire des choses de bien, année après année. C'est la raison qui vous pousse sur scène. Vous voulez voir cette réaction: "Hé, je connais ce gamin. C'est moi !". Parce que je rappelle encore que mes besoins étaient grands et que les choses pouvant y répondre étaient considérées comme de la merde, la musique pop, les films de série B... Mais j'y ai trouvé un vrai moi, qui m'a aidé à comprendre le moi avec lequel j'ai grandi - la personne que j'étais réellement.
J'ai rencontré Alan (Vega) à la fin des années 70. J'étais fan, tout simplement. Je les aimais bien, ils étaient uniques. Ils étaient très rêveurs, et ils étaient aussi incroyablement plein de poésie et allaient là où d'autres n'allaient pas. Je les aimais beaucoup. J'ai entendu cette chanson récemment. Je suis tombé sur une compilation où elle y figurait et elle est très différente, placée en fin de concert. C'est juste quelques phrases répétées, comme un mantra.
C'est particulièrement frappant dans un concert qui est construit exclusivement sur le récit.
Vrai, mais c'est l'idée fondamentale derrière toutes ces chansons de toute façon (5). C'est simplement un moment différent à la fin de la soirée, où vous allez dans certains de ces mêmes endroits avec virtuellement très peu de mots. J'aime le fait que conter des histoires fasse partie d'une tradition, d'une tradition folk. Mais celle-là vient envelopper la soirée. Il est intéressant de regarder les visages des gens. Ils ont l'air très différents quand elle arrive. Ils ont l'air un peu surpris, et elle fait partie de la manière dont j'ai construit le concert - des morceaux inattendus pour conclure et surprendre le public et pour leur faire prendre conscience que ce ne sera pas une soirée classique. Ce sera une soirée faite de toutes sortes de choses et l'aspect rituel du concert disparaît. Tant que ce n'est pas quelque chose que j'ai déjà fait...
Comment pensez-vous à votre relation avec vos propres compositions ? Parce que quand vous étiez là avec votre groupe il y a deux ans, vous jouiez des trucs de vos trois premiers albums et vous en faisiez certains également en solo. Et cependant, hier soir, je crois qu'il n'y avait qu'une chanson des quatre premiers albums...
C'est vrai ? Certains soirs j'en joue plus. Je crois que j'ai joué For You pendant un moment... Tout dépend. La seule règle générale était d'éviter les choses que j'ai jouées avec le groupe durant les deux dernières tournées. J'étais intéressé par l'idée de reprendre sous une autre forme le matériel de The Rising pour des concerts, pour que les gens entendent ces chansons sous leur forme de base. Et les nouvelles chansons, et (The Ghost of) Tom Joad et Nebraska font leur apparition et je crois que Tunnel Of Love est présent. Je joue Racing In The Street... Je n'ai pas beaucoup joué de chansons de Born To Run. Le concert est fondé sur tout ce qui n'intègre pas une réponse toute faite.
Est-ce que vous avez le sentiment maintenant que les trois, quatre premiers disques sont de la musique pour jeunes ?
Je dirais que oui, vous savez, parce que beaucoup de jeunes, en fait, me parlent de ces disques. Je me rappelle avoir joué dans ce pays il y a un certain temps et j'ai baissé les yeux et il y avait ce gosse, il ne pouvait pas avoir plus de 14 ou 15 ans, il nous chantait toutes les paroles, Greetings From Asbury Park, littéralement mot à mot (rires). D'une certaine façon, je pense que oui, mais une bonne chanson prend aussi des années à trouver sa place. Quand je rejoue Thunder Road ou une autre, je peux, de ma perspective, la chanter en étant très à l'aise parce que cette musique parlait d'une perte de l'innocence, il y a de l'innocence en vous, mais il y a aussi de l'innocence en train de se perdre (rires). Et ça, c'était l'Amérique au moment où je l'ai écrite. J'ai écrit cet album juste avant la fin de la guerre du Vietnam, quand ce sentiment s'est emparé du pays. Une partie de moi s'intéressait à la musique qui avait cette innocence, les trucs de Spector, le rock'nroll des années soixante, soixante-dix, mais moi-même, je ne faisais pas partie de ces gens-là. Je me suis rendu compte que je n'étais pas un de mes héros, j'étais quelque chose d'autre et j'ai dû le prendre en considération. Donc, quand j'ai écrit ces chansons et intégré beaucoup de choses que j'aimais de ces années-là, j'étais aussi conscient que je devais trouver une place qui admettait ce qui m'était arrivé, ainsi qu'à tous les autres, là où j'habitais.
Je suppose que c'est là où le lien émotionnel avec votre musique est passé, pour tant de gens à l'époque. Parce que tous ces gens-là avaient grandi en adorant ce genre de musique, mais elle ne faisait plus l'affaire.
Je crois que nous étions un amalgame bizarre de choses à cette époque-là. Il y avait beaucoup d'éléments familiers dans notre musique, si bien que pour beaucoup de gens, c'était comme si elle faisait partie de leur vie; elle touchait soit vos véritables souvenirs, soit votre univers imaginaire, cet endroit auquel vous pensez quand vous pensez à votre ville natale, ou à la personne que vous étiez, ou à la personne que vous auriez pu être. Et la musique a rassemblé ces choses-là, il y avait donc un élément qui vous mettait à l'aise. Et cependant, en même temps, nous étions en train de changer d'endroit, et c'est ce qui a été reconnu dans ma musique également, et c'est pourquoi les gens ont toujours eu ces sentiments profonds par rapport à elle.
Je pense qu'elle a rendu des gens à l'aise, et il y avait ces formes de style qui ont accroché les oreilles des gens, des choses qu'ils avaient l'habitude d'entendre... mais seule, cette musique n'aurait pas permis aux gens d'avoir des sentiments profonds, c'était l'autre truc. C'est pourquoi Born To Run et Thunder Road résonnent; les gens ont pris ces chansons et se les sont appropriées. Je crois que j'ai travaillé dur pour que cela se produise. J'offre un service et j'aime à penser que c'est un service dont nous avons besoin. C'est au cœur de ma tentative pour faire des choses de bien, année après année. C'est la raison qui vous pousse sur scène. Vous voulez voir cette réaction: "Hé, je connais ce gamin. C'est moi !". Parce que je rappelle encore que mes besoins étaient grands et que les choses pouvant y répondre étaient considérées comme de la merde, la musique pop, les films de série B... Mais j'y ai trouvé un vrai moi, qui m'a aidé à comprendre le moi avec lequel j'ai grandi - la personne que j'étais réellement.
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NOTES EXPLICATIVE DE HORNBY
(1) Il y a quelques années, un ami m'a donné un DVD d'une des performances de Springsteen à ses débuts, un disque pirate pris sur Internet, et sur lequel il y a un vieux film en noir & blanc de Bruce, jouant en solo dans un club folk, probablement en 1970/71. Et bien sûr, il y a une différence entre jouer en solo quand on est inconnu et jouer en solo quand on est l'un des plus grands artistes au monde. À cette époque, il aurait été très dur pour Bruce de se leurrer à croire que tous ces gens étaient venus le voir. Ils étaient venus pour voir l'artiste en deuxième partie ou pour boire un verre. Et si dans ces circonstances, vous pouvez retarder le moment où une personne se réfugie au bar, alors vous vous en sortez bien. Au Royal Albert Hall, les gens ont payé entre 50 et 60£ (63 et 75 €) pour voir chaque mouvement de Springsteen. Ce qui doit certainement focaliser l'esprit.
(2) Cette remarque semble futile, mais combien de concerts avez-vous vus où un groupe fait comme s'il n'était pas en concert ? Tout ce truc d'accorder leurs instruments et de se parler entre eux, alors que le public attend que quelque chose se passe. Le simple fait que Springsteen reconnaisse que les gens paient chaque seconde où il se trouve sur scène le sépare de pratiquement tous les autres artistes que j'ai vus.
(3) De temps en temps, No Nukes, le film du grand concert anti-nucléaire de 1979 au Madison Square Garden, est diffusé en pleine nuit sur Sky Movies. Springsteen est l'un des artistes y figurant: il chante The River, Thunder Road, puis Quarter To Three, ce vieux hit de Gary US Bonds, qu'il avait l'habitude de jouer lors des rappels. Sur Quarter To Three, il fait tout ce truc à la James Brown; il s'effondre, le groupe essaye de le faire sortir de scène, soudain il s'échappe et vient chanter deux ou trois vers, torse nu. C'est électrisant, et drôle, mais ce qui est remarquable, à le voir maintenant, c'est que les gestes simples sur scène de Springsteen semblent bien plus 'authentiques' que la sincérité au sourire étincelant que James Taylor, Carly Simon et les autres artistes essayent de projeter. Après tout, qu'est-ce qui pourrait être plus sincère qu'un artiste faisant le spectacle - et étant conscient qu'il fait le spectacle ?
(4) Springsteen a terminé ses concerts au Royal Albert Hall par une reprise extraordinaire de Dream Baby Dream, une vieille chanson du duo de l'époque punk, Suicide. Il a mis un effet d'écho sur l'harmonium et s'est promené sur la scène en chantant les phrases déconnectées de cette chanson. Il n'y avait aucun rythme bien sûr, mais c'était aussi hypnotisant que le Born Slippy de Underworld.
(5) 'Toute forme d'art désire constamment s'approcher de la condition de la musique' a dit le critique Walter Pater. En fait, même les musiciens désirent s'approcher de la condition de la musique - quelque chose de moins verbeux, de moins structuré et de plus viscéral.
Le dernier album de Bruce Springsteen, "Devils & Dust", est sorti chez Columbia.
La nouvelle de Nick Hornby, "A Long Way Down", est publiée par Vicking.
(2) Cette remarque semble futile, mais combien de concerts avez-vous vus où un groupe fait comme s'il n'était pas en concert ? Tout ce truc d'accorder leurs instruments et de se parler entre eux, alors que le public attend que quelque chose se passe. Le simple fait que Springsteen reconnaisse que les gens paient chaque seconde où il se trouve sur scène le sépare de pratiquement tous les autres artistes que j'ai vus.
(3) De temps en temps, No Nukes, le film du grand concert anti-nucléaire de 1979 au Madison Square Garden, est diffusé en pleine nuit sur Sky Movies. Springsteen est l'un des artistes y figurant: il chante The River, Thunder Road, puis Quarter To Three, ce vieux hit de Gary US Bonds, qu'il avait l'habitude de jouer lors des rappels. Sur Quarter To Three, il fait tout ce truc à la James Brown; il s'effondre, le groupe essaye de le faire sortir de scène, soudain il s'échappe et vient chanter deux ou trois vers, torse nu. C'est électrisant, et drôle, mais ce qui est remarquable, à le voir maintenant, c'est que les gestes simples sur scène de Springsteen semblent bien plus 'authentiques' que la sincérité au sourire étincelant que James Taylor, Carly Simon et les autres artistes essayent de projeter. Après tout, qu'est-ce qui pourrait être plus sincère qu'un artiste faisant le spectacle - et étant conscient qu'il fait le spectacle ?
(4) Springsteen a terminé ses concerts au Royal Albert Hall par une reprise extraordinaire de Dream Baby Dream, une vieille chanson du duo de l'époque punk, Suicide. Il a mis un effet d'écho sur l'harmonium et s'est promené sur la scène en chantant les phrases déconnectées de cette chanson. Il n'y avait aucun rythme bien sûr, mais c'était aussi hypnotisant que le Born Slippy de Underworld.
(5) 'Toute forme d'art désire constamment s'approcher de la condition de la musique' a dit le critique Walter Pater. En fait, même les musiciens désirent s'approcher de la condition de la musique - quelque chose de moins verbeux, de moins structuré et de plus viscéral.
Le dernier album de Bruce Springsteen, "Devils & Dust", est sorti chez Columbia.
La nouvelle de Nick Hornby, "A Long Way Down", est publiée par Vicking.
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Lien The Observer