THE HITTER

LE COGNEUR



10 The Hitter.mp3  (13.46 Mo)


Come to the door, Ma, and unlock the chain
I was just passin' through and got caught in the rain
There's nothin' I want, nothin' that you need say
Just let me lie down for a while and I'll be on my way

I was no more than a kid when you put me on the Southern Queen
With the police on my back I fled to New Orleans
I fought in the dockyards and with the money I made
I knew the fight was my home and blood was my trade

Baton Rouge, Ponchatoula, and Lafayette town
Well, they paid me their money, Ma, I knocked the men down
I did what I did, it come easily
Restraint and mercy, Ma, were always strangers to me

I fought champion Jack Thompson in a field full of mud
Rain poured through the tent to the canvas and mixed with our blood
In the twelfth, I slipped my tongue over my broken jaw
I stood over him and pounded his bloody body into the floor
Well, the bell rang and rang and still I kept on
'Till I felt my glove leather slip 'tween his skin and bone

Then, the women and the money came fast and the days I lost track
The women red, the money green, but the numbers were black
I fought for the men in their silk suits to lay down their bets
I took my good share, Ma, I have no regrets

I took the fix at the state armory with big John McDowell
From high in the rafters I watched myself fall
As they raised his arm my stomach twisted and the sky it went black
I stuffed my bag with their good money and I never looked back
Understand, in the end, Ma, every man plays the game
If you know me one different then speak out his name

Ma, if my voice now you don't recognize
Then just open the door and look into your dark eyes
I ask of you nothin', not a kiss, not a smile
Just open the door and let me lie down for a while

Now, the gray rain's fallin' and my ring fightin's done
So in the work fields and alleys I take all who'll come
If you're a better man than me then just step to the line
Show me your money and speak out your crime
There's nothin' I want, Ma, nothin' that you need say
Just let me lie down for a while and I'll be on my way

Tonight in the shipyard, a man draws a circle in the dirt
I move to the center and I take off my shirt
I study him for the cuts, the scars, the pain, man, no time can erase
I move hard to the left and I strike to the face

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Viens à la porte, maman, et enlève la chaine
Je ne faisais que passer par là et j'ai été surpris par la pluie
Il n'y a rien que je désire, rien que tu n'aies besoin de dire
Laisse-moi juste m’allonger un moment et je repartirai

Je n’étais qu’un gosse quand tu m’as mis sur le Southern Queen (1)
Avec la police à mes trousses, je me suis enfui à la Nouvelle-Orléans
J'ai combattu sur les docks et avec l’argent que je me suis fais
J'ai su que le combat, c'était mon foyer, et le sang mon métier

Bâton Rouge, Ponchatoula, et Lafayette
Ces villes m'ont payé, maman, j'ai démoli des hommes
J’ai fait ce que j'ai fait, c'est venu facilement
La retenue et la pitié, maman, m'ont toujours été inconnues

J’ai combattu le champion Jack Thompson (2) dans un champ plein de boue
La pluie tombait sur la toile, traversant le chapiteau, et s'est mêlée à notre sang
Dans la douzième, j'ai passé la langue sur ma mâchoire brisée
Je me suis mis au-dessus de lui et, à coups de poings, j'ai plaqué au sol son corps ensanglanté
La cloche a sonné encore et encore et j'ai continué à frapper
Jusqu’à ce que je sente mon gant de cuir glisser entre sa peau et son os

Puis, les filles et l’argent sont vite arrivés et j’ai perdu la notion du temps
Les filles rousses, l’argent vert, mais les chiffres étaient noirs
Je combattais pour les hommes en costume de soie pour qu’ils fassent leurs paris
J’ai pris ma part, maman, je n'ai aucun regret

J'ai accepté un combat truqué avec Big John McDowell à l'armurerie centrale
Du haut des poutres, je me suis regardé tomber
Alors qu'on levait son bras, mon estomac s’est noué et le ciel est devenu noir
J’ai rempli mon sac de leur bon argent, maman, et je n’ai jamais eu aucun remord
Comprends-moi, maman, à la fin chaque homme joue ce jeu
Si tu en connais un de différent, alors dis-moi son nom

Maman, si ce soir tu ne reconnais pas ma voix
Alors, ouvre juste la porte et regarde dans tes yeux sombres
Je ne te demande rien, pas un baiser, pas un sourire
Ouvre juste la porte et laisse-moi m’allonger un moment

Aujourd'hui, la pluie grise tombe et mon temps sur les rings est terminé
Alors dans les champs et les ruelles, je prends tous ceux qui se présenteront
Si tu es un meilleur homme que moi, alors avance jusqu'à cette ligne
Montre-moi ton argent et avoue ton crime
Il n'y a rien que je désire, maman, rien que tu n'aies besoin de dire
Laisse-moi juste m’allonger un moment et je repartirai

Ce soir sur le chantier naval, un homme dessine un cercle dans la poussière
Je m’avance au centre et j'enlève ma chemise
J’étudie ses coupures, ses cicatrices, sa douleur que le temps ne peut effacer
Je bouge rapidement sur la gauche et je le frappe au visage

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NOTES

(1) Le nom du navire Southern Queen est inspiré par le bateau du même nom, apparaissant dans le film The Lady Eve (Un cœur pris au piège), un film américain de 1941 de Preston Sturges, avec Henry Fonda et Barbara Stanwyck.

(2) Le champion "Young" Jack Thompson (1904-1946) a été Champion du Monde des Poids Welters en 1930 et 1931, avant de perdre son titre définitivement la même année. Il met un terme à sa carrière en 1932, sur un bilan de 74 victoires, 31 défaites et 12 matchs nuls.

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"Cette chanson est comme la face opposée de l'équation posée par la chanson Leah, je suppose. Il s'agit des graines de notre destruction. C'est l'histoire d'un jeune homme qui se met dans de sales draps et qui quitte son foyer pour la Nouvelle-Orléans. Il devient presque un champion, revient dans sa ville à la fin de sa vie, et il a cette conversation avec sa mère, à travers une porte fermée par une chaine... Je suis certain que Freud sourit dans sa tombe, quelque part... J'ai grandi dans une maison qui était touchée à la fois par la chance et à la fois par la main vraiment dure du destin. Et j'ai découvert que ces choses-là ne se neutralisent pas l'une l'autre. Tu finis par vivre avec les deux. Et c'est ce qui a définit les paramètres de mon écriture à travers les années" (Bruxelles, 30.05.2005)

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