TERRY'S SONG

CHANSON POUR TERRY




Well, they built the Titanic to be one of a kind
But many ships have ruled the seas
They built the Eiffel Tower to stand alone
But they could build another if they please
Taj Mahal, the pyramids of Egypt are unique, I suppose

When they built you, brother, they broke the mold

Now the world is filled with many wonders
Under the passing sun
And sometimes something comes along
And you know it's for sure the only one
The Mona Lisa, the David, the Sistine Chapel, Jesus, Mary and Joe

And when they built you, brother, they broke the mold

When they built you, brother, they turned dust into gold
When they built you, brother, they broke the mold

They say you can't take it with you
But I think that they're wrong
'Cause all I know is I woke up this morning
And something big was gone
Gone into that dark ether where you're still young and hard and cold

Just like when they built you, brother, they broke the mold

Now your death is upon us
And we'll return your ashes to the earth
I know you'll take comfort in knowing you've been roundly blessed and cursed
But love is a power greater than death
Just like the songs and stories told

And when she built you, brother, she broke the mold

That attitude's a power stronger than death
Alive and burning or stone cold

When they built you, brother...

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Ils ont construit le Titanic pour être sans égal
Mais beaucoup de nombreux navires ont dominé les mers
Ils ont construit la Tour Eiffel pour qu'elle se dresse seule
Mais ils pourraient en construire une autre s'ils le voulaient
Le Taj Mahal, les pyramides d'Égypte sont uniques, je suppose

Quand ils t'ont construit, mon frère, ils ont cassé le moule

Aujourd'hui le monde est plein de nombreuses merveilles
Sous la course du soleil
Et parfois quelque chose apparait
Et tu sais pertinemment que c'est unique
La Joconde, le David, la Chapelle Sixtine, Jésus, Marie et Joseph

Et quand ils t'ont construit, mon frère, ils ont cassé le moule

Quand ils t'ont construit, mon frère, ils ont transformé la poussière en or
Quand ils t'ont construit, mon frère, ils ont cassé le moule

Ils disent qu'on ne peut pas l'emporter avec soi
Mais je pense qu'ils ont tort
Car tout ce que je sais c'est que je me suis réveillé ce matin
Et quelque chose de grand avait disparu
Disparu dans le sombre éther où tu restes toujours jeune et fort et calme

Tout comme quand ils t'ont construit, mon frère, ils ont cassé le moule

À présent, ta mort pèse sur nous
Et nous allons rendre tes cendres à la terre
Je sais que tu seras réconforté de savoir que tu as été franchement béni et maudit
Mais l'amour a un pouvoir plus grand que la mort
Comme les chansons et les histoires le disaient

Et quand l'amour t'a construit, mon frère, il a cassé le moule

Cet état d'esprit est un pouvoir plus puissant que la mort
Vivant et brûlant et froid comme la pierre

Quand il t'a construit, mon frère...

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NOTES

Remembering Terry

J'ai rencontré Terry pour la première fois en 1972. Je venais de rentrer de Californie après avoir tenté vainement de vivre de ma musique dans la Bay Area. Le groupe de Steve, le Sundance Blues Band, avait un engagement au Captain's Garder à Neptune, New Jersey. Je suis monté sur la scène avec Steve et nous avons joué devant une foule compacte et enthousiaste. C'était le job dont nous avions besoin, à tout prix. J'étais fauché. Après le concert, transpirant et triomphant, Steve et moi sommes allés rencontrer le manager du club, pensant que nous étions pour ce type le rêve devenu réalité. Là, derrière son bureau, avec son anorak, se tenait un homme aux cheveux clairs, gros et pas vraiment sympathique. Il nous a expliqué doucement et prudemment, que oui, même si la foule était nombreuse et bruyante, personne ne buvait. Trop occupée à écouter la musique, et si nous n'avions pas remarqué que cet établissement était un bar, alors nos services à l'avenir ne seraient pas nécessaires. C'était le début d'une longue et belle relation.

Terry était une étrange version, façon New Jersey, de l'"Attrape-Cœurs" (1), sur le bord d'une falaise balayée par le vent, empêchant les enfants de tomber dans le précipice. Il passait son temps à sauver quelque chose ou quelqu'un. C'était sa religion et sa tragédie. Ce n'est pas un hasard si un commandant futé s'en aperçut et le choisit pour le Programme Mercury, un homme-grenouille charger de remonter à la surface les astronautes après leur voyage en solitaire dans l'espace. Ce n'est pas un hasard si l'occupation première de Terry, ici sur la côte du New Jersey, était sauveteur. La bande-originale de sa vie aurait dû être You Gotta Serve Somebody (1). Pour "T", cette idée semblait inclure la plupart de la race humaine à l'exception d'une seule personne... Terry Magovern. C'était la seule mission de sauvetage à laquelle il n'était jamais préparé.

Terry et mes 23 années ensemble ont été marquées par des rituels méthodiques, lents, calmes, de deux hommes à l'aise seuls ensemble, faisant un travail. Au fil du temps, ce rituel se transforma en quelque chose de profondément personnel. Les petits détails: la porte grande ouverte de Terry à côté de la mienne dans chaque hôtel, durant les deux dernières décennies, Terry dans sa meilleure imitation d'Ed McMahon: "Tu as conquis une autre ville...", et moi de répondre: "Oui, c'est vrai", puis le silence pendant le reste du trajet jusqu'à la maison, vider toutes mes poches dans les mains de Terry juste avant de monter sur scène, ce sont des choses qui vont me manquer.

Parmi toutes les qualités de Terry, celle qui se remarquait le moins mais qui comptait le plus était sa permanence. Tout sur Terry évoquait la permanence. C'est pourquoi sa mort est si difficile à imaginer. Sa stature, son visage, sa démarche, le tempo avec lequel il rencontrait le monde, tout évoquait la maîtrise du temps. Un contrôle de l'espace, et une permanence. Je n'ai jamais vu Terry faire des choses dans l'urgence, même si je lui en ai certainement donné l'occasion. Je n'ai jamais vu Terry paniquer, même lorsqu'une nuit, nous étions à bord d'un tout petit avion pris dans de forts vents et pendant 30 ou 40 secondes, il a semblé que les pilotes n'allaient pas nous garder dans les airs. Mon agent Barry Bell était là et je l'ai regardé renouveler sa foi dans le Judaïsme. Un reporter du New York Times était avec nous, les yeux au ciel, comme s'il imaginait les gros titres du lendemain: "Bruce Springsteen et d'autres..." Peu importe ce que je faisais à ce moment-là, je suis certain que je n'étais pas beau à voir. Je me suis tourné vers Terry et il était assis sans bouger, le masque de la fatalité irlandaise fermement rivé à son visage. Nous avons survécu.

Rencontrer Terry était comme tomber par hasard sur une énorme masse rocheuse dans le désert: vous pouviez la contourner, l'ignorer, l'escalader, même si cela aurait été peu judicieux de le faire, mais vous étiez obligé de prendre en compte sa présence, sa permanence. Un soir, j'étais inquiet sur un aspect de la sécurité. Terry m'assura qu'il était "l'homme le plus mauvais de la planète... pendant 60 secondes". Les dernières années, à regarder Terry lutter contre un cancer, les problèmes cardiaques, la mort de sa fiancée Joan Dancy, vous ne pouviez vous empêcher d'observer que ces secondes s'étaient réduites probablement à un si cruel "10". Puis elles ont disparu.

Certaines personnes lorsqu'elles meurent, emportent des parties du monde entier avec elles. Ce qu'à fait Terry Magovern. Terry était le dernier grand symbole passionné de la scène honky tonk de la côte du New Jersey des années 60 et 70. Patron de bar, videur, sauveteur, père, grand-père, ami loyal, compagnon de travail fidèle, Terry a tout fait. D'Asbury Park à Tombouctou, il y a des gens qui pleurent et se demandent... "Comment vais-je faire pour entrer ?!!!".

Ainsi sur E Street, nous adressons un au-revoir à notre bon ami, notre "attrape-cœurs" du New Jersey, et pour les autres, nous vous disons de ne pas vous précipiter trop vite vers le bord de la falaise. Il n'y aura pas deux bras puissants qui seront là pour vous attraper. Terry, quand ils t'ont conçu, mon frère, ils ont brisé le moule.

Bruce Springsteen
20 août 2007

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(1) The Catcher In The Rye (L'attrape-cœur) est une nouvelle de J. D. Salinger, publiée en 1951. Elle décrit la perte de l'innocence d'un adolescent, à la recherche de soi-même et des autres. Décidé à protéger l'innocence du monde, il cherche à empêcher les enfants, qui jouent dans un champ de seigle, de tomber d'une falaise se trouvant à proximité, et symbolisant le passage à l'age adulte.

(2) Gotta Serve Somebody est une chanson de Bob Dylan, parue sur l'album Slow Train Coming (1979).


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