La légende parle avec sincérité de sa manière de travailler, de ses collaborateurs, de ses futurs projets et plus encore.
par Andy Greene
Bruce Springsteen ne donne pas beaucoup d’interviews, alors quand il a récemment appelé Rolling Stone, nous avons décidé de l’interroger non seulement sur son nouvel album, High Hopes, mais surtout sur l'ensemble de ses projets, de sa future tournée jusqu’à l’avancement du coffret de The River, de ses mémoires tant attendues jusqu'à son avis sur les Springsteen Bootleg Series. Nous avons publié des parties de cette interview ces dernières semaines, mais voici l’intégralité de cette conversation de 54 minutes.
par Andy Greene
Bruce Springsteen ne donne pas beaucoup d’interviews, alors quand il a récemment appelé Rolling Stone, nous avons décidé de l’interroger non seulement sur son nouvel album, High Hopes, mais surtout sur l'ensemble de ses projets, de sa future tournée jusqu’à l’avancement du coffret de The River, de ses mémoires tant attendues jusqu'à son avis sur les Springsteen Bootleg Series. Nous avons publié des parties de cette interview ces dernières semaines, mais voici l’intégralité de cette conversation de 54 minutes.
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Vous avez dit que cet album avait commencé différemment pour finalement prendre la forme de ce projet. Dites-moi comment tout s'est mis en place ?
La meilleure façon de décrire cet album serait de dire qu’il est en quelque sorte une anomalie, mais pas tant que ça. Je ne travaille jamais complètement de manière linéaire, comme beaucoup de gens font. Vous devez imaginer qu’à la fin d'une tournée, ou quand je suis chez moi, je vais en studio et je suis entouré de peintures qui sont, en quelque sorte, à demi-achevées. Il y a quelque chose qui ne va pas avec celle-ci que je n’ai pas pu finir, et elle est là en attente, et je n’avais pas de temps pour celle-là, ou celle-ci ne cadrait pas avec ce plus grand projet sur lequel j’étais en train de travailler.
Alors, je vais en studio où je suis entouré par toute ma musique que je n'ai pas encore publiée, et j’attends de voir ce qui me parle. Imaginez quelque chose comme The Ghost Of Tom Joad. A l'origine, elle a été écrite pour l’album Greatest Hits, que nous avons sorti dans les années 90. C’était une chanson rock, mais je n’arrivais pas à trouver un arrangement. C’est alors devenue une chanson acoustique. Et parce que c’est devenue une chanson acoustique, j’ai écrit l’album The Ghost Of Tom Joad qui allait avec. Et puis, j'ai emmené ces chansons en tournée, une tournée acoustique. Ensuite, ces chansons ont été intégrées au répertoire du E Street Band et sont devenues des chansons rock. J’ai, en quelque sorte, trouvé ces arrangements sur scène, en jouant avec le groupe.
Une chose en amène une autre, et elle est alors devenue partie intégrante de nos concerts, mais elle n'a pas trouvé sa place sur un album studio parce qu’elle ne collait pas nécessairement avec l’image sonore d'alors. Ainsi, The Ghost Of Tom Joad s’est retrouvée sur ce disque, dans une version rock, comme elle était, peut-être, prévue de l'être quinze ans auparavant. Ce qui donne une assez bonne idée de la manière dont je procède.
Et ce n’est pas la première fois que vous travaillez ainsi.
Je fonctionne comme ça depuis longtemps. Si vous remontez à The River, Sherry Darling avait été écrite pour l'album Darkness On The Edge Of Town. Independence Day avait été écrite pour Darkness On The Edge Of Town. Il y a toujours des chansons qui restent en suspens et qui souvent font partie du projet suivant, ou parfois pas. Elles restent dans les limbes, en quelque sorte. Ça arrive souvent.
Avant Wrecking Ball, je travaillais sur un disque complètement différent. Ce disque est là, en attente, et je travaille dessus en ce moment. Voilà ce qui s’est passé : il me manquait une chanson pour ce disque, alors j’ai écrit Easy Money. Easy Money s’est ensuite transformée en une séance d’enregistrement de 10 jours au cours de laquelle j’ai écrit et enregistré toutes les autres chansons, un album complètement différent.
La chanson Wrecking Ball était au programme de notre tournée. Land Of Hope And Dreams a été écrit pour le E Street Band quand nous nous sommes réunis à la fin des années 90. J’essaie d’illustrer la manière dont tout ceci vient de manière fluide et naturelle. Je peux aussi me mettre à écrire 12 nouvelles chansons, mais depuis le temps que je fais ce métier et que j’amasse beaucoup de choses non publiées et inachevées, ça m’arrive de moins en moins. Je travaille simplement sur ce qui me parle à un moment donné. C’est très courant pour moi aujourd'hui.
Dites-m’en plus sur la manière dont cet album a commencé.
Je vais dans mon studio où je suis entouré par, je l’espère, des choses intéressantes que nos fans pourraient aimer entendre, et je me mets alors à travailler dessus et je vois si je peux concrétiser quelque chose. Ce qui, pour moi, revient à dire, "Ok, c’est quelque chose qui est suffisamment finalisé, avec un niveau de qualité où je ne pense pas gâcher le temps de mes fans, et en espérant qu’ils apprécieront". C’est de cette façon que je travaille, donc ça explique un peu cet assemblage de musique, dans le sens où il s'agit de musique sur laquelle je travaille depuis la dernière décennie. Une partie était inachevée, alors on a fait beaucoup de nouveaux enregistrements.
La meilleure façon de décrire cet album serait de dire qu’il est en quelque sorte une anomalie, mais pas tant que ça. Je ne travaille jamais complètement de manière linéaire, comme beaucoup de gens font. Vous devez imaginer qu’à la fin d'une tournée, ou quand je suis chez moi, je vais en studio et je suis entouré de peintures qui sont, en quelque sorte, à demi-achevées. Il y a quelque chose qui ne va pas avec celle-ci que je n’ai pas pu finir, et elle est là en attente, et je n’avais pas de temps pour celle-là, ou celle-ci ne cadrait pas avec ce plus grand projet sur lequel j’étais en train de travailler.
Alors, je vais en studio où je suis entouré par toute ma musique que je n'ai pas encore publiée, et j’attends de voir ce qui me parle. Imaginez quelque chose comme The Ghost Of Tom Joad. A l'origine, elle a été écrite pour l’album Greatest Hits, que nous avons sorti dans les années 90. C’était une chanson rock, mais je n’arrivais pas à trouver un arrangement. C’est alors devenue une chanson acoustique. Et parce que c’est devenue une chanson acoustique, j’ai écrit l’album The Ghost Of Tom Joad qui allait avec. Et puis, j'ai emmené ces chansons en tournée, une tournée acoustique. Ensuite, ces chansons ont été intégrées au répertoire du E Street Band et sont devenues des chansons rock. J’ai, en quelque sorte, trouvé ces arrangements sur scène, en jouant avec le groupe.
Une chose en amène une autre, et elle est alors devenue partie intégrante de nos concerts, mais elle n'a pas trouvé sa place sur un album studio parce qu’elle ne collait pas nécessairement avec l’image sonore d'alors. Ainsi, The Ghost Of Tom Joad s’est retrouvée sur ce disque, dans une version rock, comme elle était, peut-être, prévue de l'être quinze ans auparavant. Ce qui donne une assez bonne idée de la manière dont je procède.
Et ce n’est pas la première fois que vous travaillez ainsi.
Je fonctionne comme ça depuis longtemps. Si vous remontez à The River, Sherry Darling avait été écrite pour l'album Darkness On The Edge Of Town. Independence Day avait été écrite pour Darkness On The Edge Of Town. Il y a toujours des chansons qui restent en suspens et qui souvent font partie du projet suivant, ou parfois pas. Elles restent dans les limbes, en quelque sorte. Ça arrive souvent.
Avant Wrecking Ball, je travaillais sur un disque complètement différent. Ce disque est là, en attente, et je travaille dessus en ce moment. Voilà ce qui s’est passé : il me manquait une chanson pour ce disque, alors j’ai écrit Easy Money. Easy Money s’est ensuite transformée en une séance d’enregistrement de 10 jours au cours de laquelle j’ai écrit et enregistré toutes les autres chansons, un album complètement différent.
La chanson Wrecking Ball était au programme de notre tournée. Land Of Hope And Dreams a été écrit pour le E Street Band quand nous nous sommes réunis à la fin des années 90. J’essaie d’illustrer la manière dont tout ceci vient de manière fluide et naturelle. Je peux aussi me mettre à écrire 12 nouvelles chansons, mais depuis le temps que je fais ce métier et que j’amasse beaucoup de choses non publiées et inachevées, ça m’arrive de moins en moins. Je travaille simplement sur ce qui me parle à un moment donné. C’est très courant pour moi aujourd'hui.
Dites-m’en plus sur la manière dont cet album a commencé.
Je vais dans mon studio où je suis entouré par, je l’espère, des choses intéressantes que nos fans pourraient aimer entendre, et je me mets alors à travailler dessus et je vois si je peux concrétiser quelque chose. Ce qui, pour moi, revient à dire, "Ok, c’est quelque chose qui est suffisamment finalisé, avec un niveau de qualité où je ne pense pas gâcher le temps de mes fans, et en espérant qu’ils apprécieront". C’est de cette façon que je travaille, donc ça explique un peu cet assemblage de musique, dans le sens où il s'agit de musique sur laquelle je travaille depuis la dernière décennie. Une partie était inachevée, alors on a fait beaucoup de nouveaux enregistrements.
La participation de Tom Morello a aussi changé votre perception de ces chansons.
Oui. J’essayais toujours de trouver une place pour ces chansons et Tom a participé à notre tournée et a suggéré une obscure face B d’un groupe que j’aimais à l’époque où j’habitais à Los Angeles dans les années 90, les Havalinas. Il a dit, "High Hopes, ça envoie. Je pense que je pourrais faire quelque chose dessus". J’ai dit, "Ok, si tu as des idées pendant la tournée, fais m’en part". Alors, nous avons travaillé dessus, et avec l’aide de Tom, High Hopes a donné quelque chose de bien. On s’est dit, "Ok, nous n’avons jamais trouvé un tel son auparavant".
Nous sommes allés en studio en Australie et y avons enregistré la chanson High Hopes, ainsi que la reprise d’une chanson des Saints [Just Like Fire Would] que nous jouions en Australie, que j’ai en ligne de mire depuis près de 20 ans et que j’ai toujours aimée. Une fois de plus, elles se sont bien insérées avec le reste des chansons que j’avais mises de côté en attendant de voir si je pouvais en faire quelque chose d’accompli. Je ne sais pas si ça explique la façon dont un disque comme celui-ci est construit et la raison pour laquelle on ne peut pas le qualifier de "chutes". C’est ma façon d’approcher les choses.
Vous avez beaucoup de chansons des années 1990 dans votre coffre, n’est-ce pas ?
Il y a un disque que j’écoute depuis 1994, qui est un disque que j’ai fait alors que j’enregistrais Streets Of Philadelphia. J’ai fait un disque entier similaire à cette chanson, où j’utilisais des boucles de batterie. Je l'écoute depuis presque 20 ans. A l’époque, il manquait quelque chose, mais parfois quelqu’un arrive et place cette pièce manquante, ou bien je la reprends tous les 2 ou 3 ans, et je vois si j’ai de nouvelles idées. Et si ce n’est pas le cas, je le mets de côté, et si c’est le cas, je peux peut-être y travailler dessus.
La meilleure façon de décrire ce processus serait de dire que, lorsque je vais en studio, je suis entouré de tout ce que j'ai écrit, et j’ai beaucoup de choses différentes en cours, dans des styles différents, et quelques projets solo. Certaines choses semblent être meilleures pour le groupe. Certaines choses restent au milieu, quelque part, ou bien c’est quelque chose que je n’ai jamais fait avant. Et tout n'est que de la matière brute dans laquelle je vais et dans laquelle je puise.
J’ai une grande quantité de matériau brut qui sert de point de départ à ma création. Très souvent, il peut s'agir d'une chanson ou deux, et puis j’en écris quelques autres. Même la musique de Wrecking Ball - les chansons Wrecking Ball et Land Of Hope and Dreams - sont des titres qu’on jouait déjà. Mais j’avais Shackled And Drawn, également. J’avais Rocky Ground qui datait d'un projet de film qu’on m’avait demandé il y a plusieurs années, et que j’avais écrite lors d’un court séjour en Floride. Ces chansons étaient donc dans mon carnet.
Je consulte aussi mon carnet, où les choses attendent le moment opportun. C’est ainsi que je travaille aujourd’hui. Ce travail a beaucoup évolué au fil des années, mais j’écris énormément. J’accumule ainsi un plus grand volume de travail non publié au fil du temps, et je me retrouve avec une mine de choses intéressantes.
Je ne suis pas pressé. Je ne suis pas quelqu’un qui écrit une chanson, et qui la sort. Je l’ai fait pour quelques disques. Mais je n’ai pas de problème pour écrire quelque chose… Prenez tout l’album Devils and Dust. Après n'avoir pas réussi à faire de Tom Joad une chanson rock, c’est devenu une chanson acoustique. J’ai enregistré l’album The Ghost Of Tom Joad alors que j’enregistrais en même temps un album un peu plus orienté country. C’est devenu Devils and Dust. Une grande partie de cet album a été enregistrée en même temps que Tom Joad. Toutes ces choses sont très fluides. Elles découlent les unes des autres. Elles se nourrissent les unes des autres. Elles s’inspirent les unes des autres. Des chansons venant d’un projet peuvent inspirer tout un autre projet. C’est ainsi que je fais mes albums aujourd’hui.
Oui. J’essayais toujours de trouver une place pour ces chansons et Tom a participé à notre tournée et a suggéré une obscure face B d’un groupe que j’aimais à l’époque où j’habitais à Los Angeles dans les années 90, les Havalinas. Il a dit, "High Hopes, ça envoie. Je pense que je pourrais faire quelque chose dessus". J’ai dit, "Ok, si tu as des idées pendant la tournée, fais m’en part". Alors, nous avons travaillé dessus, et avec l’aide de Tom, High Hopes a donné quelque chose de bien. On s’est dit, "Ok, nous n’avons jamais trouvé un tel son auparavant".
Nous sommes allés en studio en Australie et y avons enregistré la chanson High Hopes, ainsi que la reprise d’une chanson des Saints [Just Like Fire Would] que nous jouions en Australie, que j’ai en ligne de mire depuis près de 20 ans et que j’ai toujours aimée. Une fois de plus, elles se sont bien insérées avec le reste des chansons que j’avais mises de côté en attendant de voir si je pouvais en faire quelque chose d’accompli. Je ne sais pas si ça explique la façon dont un disque comme celui-ci est construit et la raison pour laquelle on ne peut pas le qualifier de "chutes". C’est ma façon d’approcher les choses.
Vous avez beaucoup de chansons des années 1990 dans votre coffre, n’est-ce pas ?
Il y a un disque que j’écoute depuis 1994, qui est un disque que j’ai fait alors que j’enregistrais Streets Of Philadelphia. J’ai fait un disque entier similaire à cette chanson, où j’utilisais des boucles de batterie. Je l'écoute depuis presque 20 ans. A l’époque, il manquait quelque chose, mais parfois quelqu’un arrive et place cette pièce manquante, ou bien je la reprends tous les 2 ou 3 ans, et je vois si j’ai de nouvelles idées. Et si ce n’est pas le cas, je le mets de côté, et si c’est le cas, je peux peut-être y travailler dessus.
La meilleure façon de décrire ce processus serait de dire que, lorsque je vais en studio, je suis entouré de tout ce que j'ai écrit, et j’ai beaucoup de choses différentes en cours, dans des styles différents, et quelques projets solo. Certaines choses semblent être meilleures pour le groupe. Certaines choses restent au milieu, quelque part, ou bien c’est quelque chose que je n’ai jamais fait avant. Et tout n'est que de la matière brute dans laquelle je vais et dans laquelle je puise.
J’ai une grande quantité de matériau brut qui sert de point de départ à ma création. Très souvent, il peut s'agir d'une chanson ou deux, et puis j’en écris quelques autres. Même la musique de Wrecking Ball - les chansons Wrecking Ball et Land Of Hope and Dreams - sont des titres qu’on jouait déjà. Mais j’avais Shackled And Drawn, également. J’avais Rocky Ground qui datait d'un projet de film qu’on m’avait demandé il y a plusieurs années, et que j’avais écrite lors d’un court séjour en Floride. Ces chansons étaient donc dans mon carnet.
Je consulte aussi mon carnet, où les choses attendent le moment opportun. C’est ainsi que je travaille aujourd’hui. Ce travail a beaucoup évolué au fil des années, mais j’écris énormément. J’accumule ainsi un plus grand volume de travail non publié au fil du temps, et je me retrouve avec une mine de choses intéressantes.
Je ne suis pas pressé. Je ne suis pas quelqu’un qui écrit une chanson, et qui la sort. Je l’ai fait pour quelques disques. Mais je n’ai pas de problème pour écrire quelque chose… Prenez tout l’album Devils and Dust. Après n'avoir pas réussi à faire de Tom Joad une chanson rock, c’est devenu une chanson acoustique. J’ai enregistré l’album The Ghost Of Tom Joad alors que j’enregistrais en même temps un album un peu plus orienté country. C’est devenu Devils and Dust. Une grande partie de cet album a été enregistrée en même temps que Tom Joad. Toutes ces choses sont très fluides. Elles découlent les unes des autres. Elles se nourrissent les unes des autres. Elles s’inspirent les unes des autres. Des chansons venant d’un projet peuvent inspirer tout un autre projet. C’est ainsi que je fais mes albums aujourd’hui.
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Comment la présence de Tom Morello a-t-elle changé la portée de ce disque ?
J’étais en tournée, et juste pour m’amuser, j’avais un ordinateur avec toute cette musique en stock. Très souvent, quand je n’ai rien à faire tard le soir, je le sors et je regarde les différents morceaux sur lesquels il faut travailler. Je pense que s’il y avait un fil conducteur à cette musique, ce serait que, pour la majeure partie, elle a été enregistrée au cours des 10 dernières années et qu’elle n’avait pas été retenue - pour une raison ou une autre - pour The Rising ou Magic ou Working On A Dream.
J’avais de la musique qui était, selon moi, relativement actuelle et qui avait une image musicale homogène. Il s'agissait d'enregistrements modernes du E Street Band, que je dois à Brendan O’Brien, qui est à l’origine du nouveau son du E Street Band sur disque. Quand il est arrivé en studio lorsque nous nous apprêtions à faire The Rising, j'ai enregistré deux ou trois chansons, et j’ai aussitôt entendu le groupe d’une manière fraîche et nouvelle. Il a redonné un coup de fouet à notre carrière sur disque en 2002, quand nous avons fait The Rising. Toutes ces chansons sont postérieures à cet événement, et postérieures à son influence.
Il y avait cette homogénéité certaine au niveau du son de ce disque. Mettre ces chansons en forme m'intéressait, car, à l’oreille, elles semblaient bien s'emboiter ensemble. J’avais donc cette musique, et Tom est arrivé et il a pris cette musique et l’a propulsée dans le présent. Il apporte avec lui toute une imagerie musicale. Il fait partie des très, très rares guitaristes qui créent un univers à eux seuls. C'est comme, "Waou". Edge le fait. Pete Townsend, bien entendu, Jimi Hendrix, tous ces grands guitaristes. Des gars différents pour des groupes différents. Johnny Marr, des Smiths, avait cette capacité.
C’est marrant. Quand Tom Morello est sur scène, le E Street Band est une maison plutôt grande. Mais il construit une autre pièce. Il construit une pièce qui n’avait jamais existé auparavant. Avec cette idée en tête - que j’avais un nouvel architecte - j’ai parcouru à nouveau la musique que j’avais et me suis dit, "Jouons celle-là avec Tom". C’est ce que j’ai commencé à faire. On remarque bien son influence sur, peut-être, la moitié des morceaux.
Tom est une inspiration intellectuelle. Il a beaucoup d’idées. Il les exprime bien, et il est très décontracté quand on travaille ensemble. Il est tellement créatif. Je lui envoyais un morceau et il me renvoyait quatre ou cinq choses qui étaient formidables. Il a contribué, d’une autre manière, à homogénéiser cet ensemble de chansons. Il est devenu un filtre à travers lequel j’ai passé ma musique et il me la renvoyait avec un point de vue très actuel. Je ne suis pas sûr que ce disque existerait sans son influence. Il m’a réellement permis de tout ficeler ensemble, tel que je cherchais à le faire, sans en trouver la manière. Il a simplement donné vie à tous ces morceaux.
Pouvez-vous me donner un exemple de son véritable impact ?
Je n’ai pas la liste des titres sous les yeux, mais High Hopes et Harry’s Place et Heaven’s Wall, et certainement American Skin et Ghost Of Tom Joad. Pour ces deux dernières, j’ai dit, "Ok, ce sont deux des meilleures chansons que j’ai écrites au cours des dix ou vingt dernières années". Et elles n’avaient pas de présentation formelle sur un album studio. Quand c’est le cas, une chanson perd toujours un peu de son autorité. Je pense que présenter une chanson de manière formelle au public fait la différence.
J’ai dit, "Je veux vraiment ces chansons. Il leur faut cette sorte de présentation". Nous sommes allés réenregistrer ces morceaux avec Tom et sa présence a fait une grande, grande différence. De toute évidence, il donne vie à ces choses de belle manière et leur apporte beaucoup de profondeur, ainsi qu’aux personnages. Je me rends compte que je vous arrose de multitudes d’informations, mais c’est ainsi que ce disque a été réalisé. Tom a eu un très grand rôle dans son existence. Nous n’avions jamais vraiment enregistré ensemble en studio. Nous nous amusons tellement sur scène. C’était une manière d’être du genre, "Vous savez quoi ? Il y a des chansons qui existent mais qui ne sont pas complètement achevées". Il m’a aidé à achever les chansons sur lesquelles il a joué. Aujourd'hui, ça ressemble à un disque pour moi. Et aujourd'hui nous voilà.
La première fois que vous avez entendu Rage Against The Machine, auriez-vous imaginé que ce son de guitare aurait pu s’accorder à votre musique et celle du E Street Band ?
Non. Pas immédiatement. Mais le E Street Band possède un registre plutôt large. Nos influences remontent aussi loin que la toute première musique de garage. Mais nous avons de tout dans notre groupe, des joueurs de jazz aux trompettistes de Kansas City, jusqu’à Nils Lofgren, un des meilleurs guitaristes au monde. Notre capacité à dépasser nos limites - c’est-à-dire, à nous métamorphoser pour réunir des choses d'horizons aussi nombreux que variés auxquels vous ne vous attendez pas - est plutôt bonne.
Mon cousin Lenny [Sullivan] était un grand fan de Rage Against The Machine et il m’a dit, "Ils ont joué The Ghost Of Tom Joad". J’ai dit, "Vraiment ?". Mais le résultat est superbe. Alors, Tom est venu voir quelques concerts, et il connaissait ma sœur à Los Angeles, et après un certain nombre d’années on est devenus amis.
C’était bien longtemps avant qu’on se dise, "Pourquoi ne viendrais-tu pas jouer sur scène ? Trouvons un truc sur lequel tu peux jouer". En d’autres termes, "Trouvons un moyen pour faire se rencontrer ce que tu fais et ce que je fais". Je me rappelle que j’étais à Los Angeles, et il est venu jouer The Ghost Of Tom Joad et la foule a répondu probablement de la façon la plus explosive que j’ai jamais entendue depuis qu’on joue. C’est comme si quelque chose d’explosif s’était passé.
J’étais en tournée, et juste pour m’amuser, j’avais un ordinateur avec toute cette musique en stock. Très souvent, quand je n’ai rien à faire tard le soir, je le sors et je regarde les différents morceaux sur lesquels il faut travailler. Je pense que s’il y avait un fil conducteur à cette musique, ce serait que, pour la majeure partie, elle a été enregistrée au cours des 10 dernières années et qu’elle n’avait pas été retenue - pour une raison ou une autre - pour The Rising ou Magic ou Working On A Dream.
J’avais de la musique qui était, selon moi, relativement actuelle et qui avait une image musicale homogène. Il s'agissait d'enregistrements modernes du E Street Band, que je dois à Brendan O’Brien, qui est à l’origine du nouveau son du E Street Band sur disque. Quand il est arrivé en studio lorsque nous nous apprêtions à faire The Rising, j'ai enregistré deux ou trois chansons, et j’ai aussitôt entendu le groupe d’une manière fraîche et nouvelle. Il a redonné un coup de fouet à notre carrière sur disque en 2002, quand nous avons fait The Rising. Toutes ces chansons sont postérieures à cet événement, et postérieures à son influence.
Il y avait cette homogénéité certaine au niveau du son de ce disque. Mettre ces chansons en forme m'intéressait, car, à l’oreille, elles semblaient bien s'emboiter ensemble. J’avais donc cette musique, et Tom est arrivé et il a pris cette musique et l’a propulsée dans le présent. Il apporte avec lui toute une imagerie musicale. Il fait partie des très, très rares guitaristes qui créent un univers à eux seuls. C'est comme, "Waou". Edge le fait. Pete Townsend, bien entendu, Jimi Hendrix, tous ces grands guitaristes. Des gars différents pour des groupes différents. Johnny Marr, des Smiths, avait cette capacité.
C’est marrant. Quand Tom Morello est sur scène, le E Street Band est une maison plutôt grande. Mais il construit une autre pièce. Il construit une pièce qui n’avait jamais existé auparavant. Avec cette idée en tête - que j’avais un nouvel architecte - j’ai parcouru à nouveau la musique que j’avais et me suis dit, "Jouons celle-là avec Tom". C’est ce que j’ai commencé à faire. On remarque bien son influence sur, peut-être, la moitié des morceaux.
Tom est une inspiration intellectuelle. Il a beaucoup d’idées. Il les exprime bien, et il est très décontracté quand on travaille ensemble. Il est tellement créatif. Je lui envoyais un morceau et il me renvoyait quatre ou cinq choses qui étaient formidables. Il a contribué, d’une autre manière, à homogénéiser cet ensemble de chansons. Il est devenu un filtre à travers lequel j’ai passé ma musique et il me la renvoyait avec un point de vue très actuel. Je ne suis pas sûr que ce disque existerait sans son influence. Il m’a réellement permis de tout ficeler ensemble, tel que je cherchais à le faire, sans en trouver la manière. Il a simplement donné vie à tous ces morceaux.
Pouvez-vous me donner un exemple de son véritable impact ?
Je n’ai pas la liste des titres sous les yeux, mais High Hopes et Harry’s Place et Heaven’s Wall, et certainement American Skin et Ghost Of Tom Joad. Pour ces deux dernières, j’ai dit, "Ok, ce sont deux des meilleures chansons que j’ai écrites au cours des dix ou vingt dernières années". Et elles n’avaient pas de présentation formelle sur un album studio. Quand c’est le cas, une chanson perd toujours un peu de son autorité. Je pense que présenter une chanson de manière formelle au public fait la différence.
J’ai dit, "Je veux vraiment ces chansons. Il leur faut cette sorte de présentation". Nous sommes allés réenregistrer ces morceaux avec Tom et sa présence a fait une grande, grande différence. De toute évidence, il donne vie à ces choses de belle manière et leur apporte beaucoup de profondeur, ainsi qu’aux personnages. Je me rends compte que je vous arrose de multitudes d’informations, mais c’est ainsi que ce disque a été réalisé. Tom a eu un très grand rôle dans son existence. Nous n’avions jamais vraiment enregistré ensemble en studio. Nous nous amusons tellement sur scène. C’était une manière d’être du genre, "Vous savez quoi ? Il y a des chansons qui existent mais qui ne sont pas complètement achevées". Il m’a aidé à achever les chansons sur lesquelles il a joué. Aujourd'hui, ça ressemble à un disque pour moi. Et aujourd'hui nous voilà.
La première fois que vous avez entendu Rage Against The Machine, auriez-vous imaginé que ce son de guitare aurait pu s’accorder à votre musique et celle du E Street Band ?
Non. Pas immédiatement. Mais le E Street Band possède un registre plutôt large. Nos influences remontent aussi loin que la toute première musique de garage. Mais nous avons de tout dans notre groupe, des joueurs de jazz aux trompettistes de Kansas City, jusqu’à Nils Lofgren, un des meilleurs guitaristes au monde. Notre capacité à dépasser nos limites - c’est-à-dire, à nous métamorphoser pour réunir des choses d'horizons aussi nombreux que variés auxquels vous ne vous attendez pas - est plutôt bonne.
Mon cousin Lenny [Sullivan] était un grand fan de Rage Against The Machine et il m’a dit, "Ils ont joué The Ghost Of Tom Joad". J’ai dit, "Vraiment ?". Mais le résultat est superbe. Alors, Tom est venu voir quelques concerts, et il connaissait ma sœur à Los Angeles, et après un certain nombre d’années on est devenus amis.
C’était bien longtemps avant qu’on se dise, "Pourquoi ne viendrais-tu pas jouer sur scène ? Trouvons un truc sur lequel tu peux jouer". En d’autres termes, "Trouvons un moyen pour faire se rencontrer ce que tu fais et ce que je fais". Je me rappelle que j’étais à Los Angeles, et il est venu jouer The Ghost Of Tom Joad et la foule a répondu probablement de la façon la plus explosive que j’ai jamais entendue depuis qu’on joue. C’est comme si quelque chose d’explosif s’était passé.
Est-ce que la version de Tom Joad est quelque chose que vous avez travaillé ce jour-là ? La version ressemble assez à ce que vous avez enregistré sur le nouvel album.
Oui. C’est quelque chose que nous avions réglé pendant la balance ce jour-là. Nous avons probablement joué cette chanson deux ou trois fois pendant la balance, et puis on l’a jouée sur scène. Et puis, si Tom venait à nos concerts, c’est quelque chose que nous faisions ensemble. Et puis, c’est devenu, "Où tout cela nous mène-t-il ? C’est fascinant. Ça donne plus de pouvoir au groupe. Où tout cela va-t-il ?" C’est un truc auquel je pense depuis un certain temps. Et alors, cet ensemble de musique disait, "Mouillons-nous un peu et voyons ce qui se passe si nous allons là où nos chemins se croisent". Tout s’est fait tranquillement, et assez vite, mais c’était, encore une fois, l’endroit où l’éclair a frappé. Nous nous rapprochions de cet endroit et bang : l’éclair frappe. Quelque chose d’excitant se passe et quelque chose de plus grand arrive. C’est ce qu'il apporte.
Y a-t-il eu un moment pendant l’enregistrement de ce disque où vous vous êtes rendu compte, "Oui, là j’ai un disque ?"
Oui. Nous avons fait quelques enregistrements pendant la tournée et je me suis dit, "Ces sessions sonnent bien". Je me suis dit, "Ok, prenons les choses comme elles viennent. Nous avons ces nouvelles prises de American Skin, The Ghost Of Tom Joad, High Hopes et Just Like Fire Would et puis j’ai ces chansons pour lesquelles je recherche un contexte. Ces choses se mélangent bien ensemble". Tout d’un coup, ça a commencé à être très frais et très homogène.
J'avais des chansons que j’aimais beaucoup. J’avais cette chanson, The Wall, qui à mon avis était une très, très bonne chanson mais qui n’allait pas sur The Rising, ni sur le disque suivant et que je gardais de côté. C’est marrant parce que Brian Fallon des Gaslight Anthem m’a appelé juste après que nous l’avions enregistrée pour me dire, "Hey, je pense enregistrer cette chanson" et je lui ai dit, "Nous venons juste de l’enregistrer pour la mettre sur notre prochain disque".
Cette chanson était comme mise de côté, mais elle était très importante pour moi. Si je continue à travailler sur des chansons, elles en viennent à développer leur propre identité. Pendant dix ans, vous pouvez ne pas rencontrer la bonne personne pour finaliser quelque chose ou alors vous pouvez la rencontrer demain. Une des conséquences d’une longue carrière, c’est d’avoir beaucoup de choses intéressantes autour de moi que je peux revisiter et, un jour, atteindre le point où elles deviennent mon projet suivant.
Je voudrais parler de certaines de ces chansons. Parlez-moi de High Hopes. Tom m’a dit qu’il avait entendu la version des années 1990 sur E Street Radio et vous avait envoyé un texto.
Oui. Je pense que cette chanson l’intéressait parce qu’elle est différente de ce que nous avions fait d’un point de vue rythmique. Il y a presque des syncopes à l'intérieur. Si vous écoutez l’accompagnement, il y a des cuivres comme chez James Brown qui retentissent de temps en temps. Elle a presque un côté Nouvelle-Orléans. Un peu latino aussi. Elle recouvre beaucoup de choses. Je suis sûr qu’il s’est dit, "Hey, c’est un truc sur lequel je peux jouer".
De toute évidence, quand Tom est venu jouer avec le groupe, je voulais savoir de quelle manière il allait changer le groupe. Parce que c’est ce qui va être drôle. Il a remplacé Steve pendant cette période. Il va changer le groupe, et il va changer le groupe d’une certaine manière. Comment puis-je l’aider à le faire ? Et comment obtenir ce que j’aime ? Alors, il a suggéré High Hopes et nous avons, à nouveau, travaillé deux jours avant notre premier concert en Australie et, bien sûr, il en avait une idée très précise. Et dans la version live, il va même plus loin encore. Quand la guitare arrive, c’est exactement ce que vous n’avez jamais entendu avant sur un disque du E Street Band.
Les Havalinas est un groupe relativement obscur.
C’était un groupe qui a été assez confidentiel, mais ils étaient à Los Angeles et je les ai toujours vraiment aimés. C’était une sorte de groupe rock acoustique, avec un joueur de contrebasse et un guitariste essentiellement acoustique et un batteur, et j’aimais bien leur son et leurs textes.
J’ai été attiré par cette chanson parce que les paroles sont vraiment bonnes, sans être didactiques, ni trop directes. Ce sont véritablement de bonnes paroles sur la lutte. Et le refrain est superbe, également. Le refrain est fantastique, ce qui fait beaucoup.
Les avez-vous vus en concert quand vous viviez à Los Angeles ?
Non, je ne pense pas. Mais j’avais leurs disques.
Oui. C’est quelque chose que nous avions réglé pendant la balance ce jour-là. Nous avons probablement joué cette chanson deux ou trois fois pendant la balance, et puis on l’a jouée sur scène. Et puis, si Tom venait à nos concerts, c’est quelque chose que nous faisions ensemble. Et puis, c’est devenu, "Où tout cela nous mène-t-il ? C’est fascinant. Ça donne plus de pouvoir au groupe. Où tout cela va-t-il ?" C’est un truc auquel je pense depuis un certain temps. Et alors, cet ensemble de musique disait, "Mouillons-nous un peu et voyons ce qui se passe si nous allons là où nos chemins se croisent". Tout s’est fait tranquillement, et assez vite, mais c’était, encore une fois, l’endroit où l’éclair a frappé. Nous nous rapprochions de cet endroit et bang : l’éclair frappe. Quelque chose d’excitant se passe et quelque chose de plus grand arrive. C’est ce qu'il apporte.
Y a-t-il eu un moment pendant l’enregistrement de ce disque où vous vous êtes rendu compte, "Oui, là j’ai un disque ?"
Oui. Nous avons fait quelques enregistrements pendant la tournée et je me suis dit, "Ces sessions sonnent bien". Je me suis dit, "Ok, prenons les choses comme elles viennent. Nous avons ces nouvelles prises de American Skin, The Ghost Of Tom Joad, High Hopes et Just Like Fire Would et puis j’ai ces chansons pour lesquelles je recherche un contexte. Ces choses se mélangent bien ensemble". Tout d’un coup, ça a commencé à être très frais et très homogène.
J'avais des chansons que j’aimais beaucoup. J’avais cette chanson, The Wall, qui à mon avis était une très, très bonne chanson mais qui n’allait pas sur The Rising, ni sur le disque suivant et que je gardais de côté. C’est marrant parce que Brian Fallon des Gaslight Anthem m’a appelé juste après que nous l’avions enregistrée pour me dire, "Hey, je pense enregistrer cette chanson" et je lui ai dit, "Nous venons juste de l’enregistrer pour la mettre sur notre prochain disque".
Cette chanson était comme mise de côté, mais elle était très importante pour moi. Si je continue à travailler sur des chansons, elles en viennent à développer leur propre identité. Pendant dix ans, vous pouvez ne pas rencontrer la bonne personne pour finaliser quelque chose ou alors vous pouvez la rencontrer demain. Une des conséquences d’une longue carrière, c’est d’avoir beaucoup de choses intéressantes autour de moi que je peux revisiter et, un jour, atteindre le point où elles deviennent mon projet suivant.
Je voudrais parler de certaines de ces chansons. Parlez-moi de High Hopes. Tom m’a dit qu’il avait entendu la version des années 1990 sur E Street Radio et vous avait envoyé un texto.
Oui. Je pense que cette chanson l’intéressait parce qu’elle est différente de ce que nous avions fait d’un point de vue rythmique. Il y a presque des syncopes à l'intérieur. Si vous écoutez l’accompagnement, il y a des cuivres comme chez James Brown qui retentissent de temps en temps. Elle a presque un côté Nouvelle-Orléans. Un peu latino aussi. Elle recouvre beaucoup de choses. Je suis sûr qu’il s’est dit, "Hey, c’est un truc sur lequel je peux jouer".
De toute évidence, quand Tom est venu jouer avec le groupe, je voulais savoir de quelle manière il allait changer le groupe. Parce que c’est ce qui va être drôle. Il a remplacé Steve pendant cette période. Il va changer le groupe, et il va changer le groupe d’une certaine manière. Comment puis-je l’aider à le faire ? Et comment obtenir ce que j’aime ? Alors, il a suggéré High Hopes et nous avons, à nouveau, travaillé deux jours avant notre premier concert en Australie et, bien sûr, il en avait une idée très précise. Et dans la version live, il va même plus loin encore. Quand la guitare arrive, c’est exactement ce que vous n’avez jamais entendu avant sur un disque du E Street Band.
Les Havalinas est un groupe relativement obscur.
C’était un groupe qui a été assez confidentiel, mais ils étaient à Los Angeles et je les ai toujours vraiment aimés. C’était une sorte de groupe rock acoustique, avec un joueur de contrebasse et un guitariste essentiellement acoustique et un batteur, et j’aimais bien leur son et leurs textes.
J’ai été attiré par cette chanson parce que les paroles sont vraiment bonnes, sans être didactiques, ni trop directes. Ce sont véritablement de bonnes paroles sur la lutte. Et le refrain est superbe, également. Le refrain est fantastique, ce qui fait beaucoup.
Les avez-vous vus en concert quand vous viviez à Los Angeles ?
Non, je ne pense pas. Mais j’avais leurs disques.
Je trouve que Down In The Hole ressemble à un enregistrement de l’époque de The Rising.
Oui. Parfois vous devez choisir entre deux chansons que vous aimez beaucoup et je pense que c’était le cas entre celle-là et Empty Sky. Il y avait 15 chansons sur The Rising et je trouvais que c'était suffisant. Elle est quasiment comme elle avait été enregistrée et mixée à l’époque par Brendan. C’est un original en quelque sorte.
Parlez-moi de Frankie Fell In Love. Elle est très différente du reste de l’album.
Cette chanson fait partie des chansons amusantes à écrire et qui aurait pu figurer sur l'album Magic. Et puis, j’ai réenregistré quelques parties, notamment la batterie. En fait, je sais ce que c’était : c’était une chanson écrite pour Magic et je n’avais pas utilisé la version qui avait été enregistrée. J’en avais aussi une bonne version démo. J’ai des démos de la plupart de ces albums que j'enregistre tout seul, et de temps en temps, nous n'arrivons pas à faire mieux. C’était le cas pour celle-là. J’aimais les paroles, et j’ai pensé qu’elle était bien pour Steve et moi. C’est juste une bonne chanson rock, à la manière des Faces. Je l’avais déjà dans mes tablettes, comme une de mes chansons rock préférées, faite pour le E Street Band, alors on a fait de nouveaux enregistrements avec Steve, la batterie et la basse
Elle donne le moral, car c’est tellement euphorique.
Quand vous arrivez jusque-là, oui… [rires]
Parlez-moi de Harry’s Place. On dirait qu'elle se passe dans une maison close ou un repaire de truands.
C’était mon interprétation des années Bush. Cette chanson vient peut-être de Magic, car c’est sur ce disque que j’ai écrit sur les derniers jours des années Bush. J’avais cette chanson, et c'était une autre de ces chansons où je devais choisir entre celle-là ou une autre. Et puis, Tom est arrivé et a enregistré par-dessus, et nous avons remixé et réenregistré de nouveaux passages, et j’ai encore travaillé dessus au cours des derniers mois.
Je me rappelle pourtant que vous avez lu ces paroles à un journaliste en 2002.
Je les ai lues à Ted Koppel, je pense. Oh, alors, si je les avais dans mon carnet, peut-être qu’elles étaient pour The Rising. J’avais ces paroles à l’époque. Ce n’est pas inhabituel que des paroles restent dans un carnet pendant parfois très longtemps. Je peux ne pas savoir qu’en faire et puis soudain, c’est là. Cette chanson est une chanson typique de celles qui nécessitent une longue gestation. Je pense, qu’au niveau des paroles, elle était terminée à l’époque. Sur le plan musical, elle vient du milieu des années 2000, et puis nous avons réenregistré beaucoup de choses récemment. Ce n’est pas une progression inhabituelle pour une partie de ma musique.
Oui. Parfois vous devez choisir entre deux chansons que vous aimez beaucoup et je pense que c’était le cas entre celle-là et Empty Sky. Il y avait 15 chansons sur The Rising et je trouvais que c'était suffisant. Elle est quasiment comme elle avait été enregistrée et mixée à l’époque par Brendan. C’est un original en quelque sorte.
Parlez-moi de Frankie Fell In Love. Elle est très différente du reste de l’album.
Cette chanson fait partie des chansons amusantes à écrire et qui aurait pu figurer sur l'album Magic. Et puis, j’ai réenregistré quelques parties, notamment la batterie. En fait, je sais ce que c’était : c’était une chanson écrite pour Magic et je n’avais pas utilisé la version qui avait été enregistrée. J’en avais aussi une bonne version démo. J’ai des démos de la plupart de ces albums que j'enregistre tout seul, et de temps en temps, nous n'arrivons pas à faire mieux. C’était le cas pour celle-là. J’aimais les paroles, et j’ai pensé qu’elle était bien pour Steve et moi. C’est juste une bonne chanson rock, à la manière des Faces. Je l’avais déjà dans mes tablettes, comme une de mes chansons rock préférées, faite pour le E Street Band, alors on a fait de nouveaux enregistrements avec Steve, la batterie et la basse
Elle donne le moral, car c’est tellement euphorique.
Quand vous arrivez jusque-là, oui… [rires]
Parlez-moi de Harry’s Place. On dirait qu'elle se passe dans une maison close ou un repaire de truands.
C’était mon interprétation des années Bush. Cette chanson vient peut-être de Magic, car c’est sur ce disque que j’ai écrit sur les derniers jours des années Bush. J’avais cette chanson, et c'était une autre de ces chansons où je devais choisir entre celle-là ou une autre. Et puis, Tom est arrivé et a enregistré par-dessus, et nous avons remixé et réenregistré de nouveaux passages, et j’ai encore travaillé dessus au cours des derniers mois.
Je me rappelle pourtant que vous avez lu ces paroles à un journaliste en 2002.
Je les ai lues à Ted Koppel, je pense. Oh, alors, si je les avais dans mon carnet, peut-être qu’elles étaient pour The Rising. J’avais ces paroles à l’époque. Ce n’est pas inhabituel que des paroles restent dans un carnet pendant parfois très longtemps. Je peux ne pas savoir qu’en faire et puis soudain, c’est là. Cette chanson est une chanson typique de celles qui nécessitent une longue gestation. Je pense, qu’au niveau des paroles, elle était terminée à l’époque. Sur le plan musical, elle vient du milieu des années 2000, et puis nous avons réenregistré beaucoup de choses récemment. Ce n’est pas une progression inhabituelle pour une partie de ma musique.
****
Je voudrais parler un peu de la production de cet album. Par le passé vous favorisiez une forme de production minimaliste, mais avec vos deux ou trois derniers albums, vous l’avez quelque peu étendue.
C'est vraisemblablement dû aux producteurs : Brendan O’Brien et Ron Aniello. Avec Brendan, il y a une réelle densité au niveau de l’image sonore, et des idées. Je l’ai vraiment beaucoup apprécié, et il a fait des enregistrements très intenses, et je pense que c’est ce que nous avons essayé d’atteindre.
Au cours des années 90, nous avons perdu notre intensité pour enregistrer. Nous sommes passés, pour nos propres chansons, à des bons producteurs des années 80 à des producteurs moyens des années 90. Nous n’osions pas assez. Nous avons eu besoin de communiquer avec d’autres personnes qui produisaient des disques régulièrement, et qui produisaient beaucoup de disques modernes, pour atteindre le son de ces disques modernes. Ce qui, en fait, n'est pas si différent du son des disques des années 70.
C’était un retour à l’analogie, et à l’enregistrement de la basse et de la batterie sur une magnéto 24-pistes. C’était un retour aux sources. Au niveau du son, ces disques ont beaucoup de choses en commun avec les premiers disques des années 70. Ils ont donc amené une image sonore particulière. Le E Street Band était un grand groupe, qui devenait plus grand avec le temps, manifestement. Et puis, quand Ron Aniello est venu pour finir le disque que j’étais en train de faire avant Wrecking Ball, il y a eu beaucoup de travail personnel à faire dessus.
Ron a très bien travaillé avec Patti. Je me suis dit, "Et bien, ce gars peut peut-être venir m’aider à terminer une partie du travail sur ce disque". Alors, il est venu et, tout en conduisant, je cherchais une chanson pour achever ce projet, et j’ai trouvé une chanson qui s’appelait Easy Money. Je suis revenu au studio en vitesse et il y était, et nous avons commencé à l’enregistrer. Quand il a commencé à l’enregistrer, il a apporté un ensemble de compétences qui étaient parfaitement adaptées aux chansons sur lesquelles je travaillais depuis peu.
Il a une immense palette de sons, une immense palette d’images sonores. Il est très créatif. Je pense que Working On A Dream est notre plus grande production, mais véritablement dans Wrecking Ball, nous avons utilisé beaucoup de boucles et de choses que je n’avais jamais utilisées à ce point sur certains de nos autres disques. Comme je l’ai dit, je suis toujours à la recherche de moyens d’étendre et de renforcer le groupe, sur nos disques et sur scène.
Enregistrer pendant une tournée, c’est différent de votre approche habituelle pour faire un disque.
Avant, tout se passait comme lorsque j’étais enfant : il fallait que les pois soient sur une assiette et le maïs dans une autre assiette et je n’aimais pas qu’ils se touchent. Voilà d’où je venais et dans ce stade, tout était extrêmement séparé. Surtout au début de ma carrière, où on enregistrait un disque de A à Z, et puis on le sortait et on faisait ensuite une tournée pendant deux ans. Et quand je regarde en arrière, même à cette époque-là, il y avait beaucoup de chansons qui se chevauchaient. Si vous écoutez les premiers enregistrements de Born To Run qui passent parfois à la radio, il y a des versions qui semblent sortir tout droit de Wild and The Innocent. Sur le plan de l’enregistrement, ces versions sont beaucoup plus proches de ces chansons. J’avais ces chansons, mais je n’avais pas encore eu l’idée du nouveau son. Il y a beaucoup de passerelles et de choses qui vont d’un projet à l’autre et se chevauchent. J’ai oublié de quoi je parlais…
Vous parliez d’enregistrer pendant une tournée pour la première fois.
C’est quelque chose que nous ne faisions pas. On jouait. On était excités. On n’allait pas en studio. On n’en avait pas l’énergie, ou bien le programme ne le permettait pas. Là, on y est allés, c’était excitant et on s’est bien amusés et j’avais ces chansons qui, je pensais, étaient en attente. J’étais en train de penser à réunir une partie de ces titres. Et tout d’un coup, j’ai trouvé une accroche pour leur donner vie et, dès ce moment, j’ai été impatient de travailler dessus. Je pense que ce sont les premières séances d’enregistrement jamais faites en même temps qu’une tournée. C’était marrant.
C'est vraisemblablement dû aux producteurs : Brendan O’Brien et Ron Aniello. Avec Brendan, il y a une réelle densité au niveau de l’image sonore, et des idées. Je l’ai vraiment beaucoup apprécié, et il a fait des enregistrements très intenses, et je pense que c’est ce que nous avons essayé d’atteindre.
Au cours des années 90, nous avons perdu notre intensité pour enregistrer. Nous sommes passés, pour nos propres chansons, à des bons producteurs des années 80 à des producteurs moyens des années 90. Nous n’osions pas assez. Nous avons eu besoin de communiquer avec d’autres personnes qui produisaient des disques régulièrement, et qui produisaient beaucoup de disques modernes, pour atteindre le son de ces disques modernes. Ce qui, en fait, n'est pas si différent du son des disques des années 70.
C’était un retour à l’analogie, et à l’enregistrement de la basse et de la batterie sur une magnéto 24-pistes. C’était un retour aux sources. Au niveau du son, ces disques ont beaucoup de choses en commun avec les premiers disques des années 70. Ils ont donc amené une image sonore particulière. Le E Street Band était un grand groupe, qui devenait plus grand avec le temps, manifestement. Et puis, quand Ron Aniello est venu pour finir le disque que j’étais en train de faire avant Wrecking Ball, il y a eu beaucoup de travail personnel à faire dessus.
Ron a très bien travaillé avec Patti. Je me suis dit, "Et bien, ce gars peut peut-être venir m’aider à terminer une partie du travail sur ce disque". Alors, il est venu et, tout en conduisant, je cherchais une chanson pour achever ce projet, et j’ai trouvé une chanson qui s’appelait Easy Money. Je suis revenu au studio en vitesse et il y était, et nous avons commencé à l’enregistrer. Quand il a commencé à l’enregistrer, il a apporté un ensemble de compétences qui étaient parfaitement adaptées aux chansons sur lesquelles je travaillais depuis peu.
Il a une immense palette de sons, une immense palette d’images sonores. Il est très créatif. Je pense que Working On A Dream est notre plus grande production, mais véritablement dans Wrecking Ball, nous avons utilisé beaucoup de boucles et de choses que je n’avais jamais utilisées à ce point sur certains de nos autres disques. Comme je l’ai dit, je suis toujours à la recherche de moyens d’étendre et de renforcer le groupe, sur nos disques et sur scène.
Enregistrer pendant une tournée, c’est différent de votre approche habituelle pour faire un disque.
Avant, tout se passait comme lorsque j’étais enfant : il fallait que les pois soient sur une assiette et le maïs dans une autre assiette et je n’aimais pas qu’ils se touchent. Voilà d’où je venais et dans ce stade, tout était extrêmement séparé. Surtout au début de ma carrière, où on enregistrait un disque de A à Z, et puis on le sortait et on faisait ensuite une tournée pendant deux ans. Et quand je regarde en arrière, même à cette époque-là, il y avait beaucoup de chansons qui se chevauchaient. Si vous écoutez les premiers enregistrements de Born To Run qui passent parfois à la radio, il y a des versions qui semblent sortir tout droit de Wild and The Innocent. Sur le plan de l’enregistrement, ces versions sont beaucoup plus proches de ces chansons. J’avais ces chansons, mais je n’avais pas encore eu l’idée du nouveau son. Il y a beaucoup de passerelles et de choses qui vont d’un projet à l’autre et se chevauchent. J’ai oublié de quoi je parlais…
Vous parliez d’enregistrer pendant une tournée pour la première fois.
C’est quelque chose que nous ne faisions pas. On jouait. On était excités. On n’allait pas en studio. On n’en avait pas l’énergie, ou bien le programme ne le permettait pas. Là, on y est allés, c’était excitant et on s’est bien amusés et j’avais ces chansons qui, je pensais, étaient en attente. J’étais en train de penser à réunir une partie de ces titres. Et tout d’un coup, j’ai trouvé une accroche pour leur donner vie et, dès ce moment, j’ai été impatient de travailler dessus. Je pense que ce sont les premières séances d’enregistrement jamais faites en même temps qu’une tournée. C’était marrant.
Vous reprenez sur l'album le titre de Suicide, Dream Baby Dream. Vous êtes un grand fan de ce groupe depuis des décennies, n’est-ce pas ?
Oui. Pour moi, ce sont les maîtres de l’underground. Parmi les plus grands, tout simplement. Alan Vega, un des plus grands. Je pense qu’ils devraient figurer au Rock and Roll Hall Of Fame. Ils sont incroyables. Je les aimais et ils ont influencé l'album Nebraska d’une manière indirecte.
Les fans ont pu voir votre reprise de Dream Baby Dream vraiment évoluer sur scène au cours de la tournée Devils And Dust.
C’est une de leurs chansons que j’ai toujours beaucoup aimée. Quand j’ai fait la tournée Devils And Dust, j’ai décidé de la jouer tout seul. Je me suis demandé, "Comment Roy Orbison chanterait cette chanson ?". Ce qui était formidable dans la musique de Roy, c’était son côté grand public, mais il avait une face cachée que David Lynch a exploitée pour ses films. Il y a un endroit où ils étaient en phase. Je me suis demandé, "Quelle serait son approche de la chanson ?". Je suis donc parti de ce postulat et je l’ai associée à mon propre travail, à mes idées et à mes inspirations.
C’était une chanson que j’ai essayé d’enregistrer en studio à plusieurs reprises mais sans y parvenir, mais je ne l’ai jamais perdue de vue. Et à la fin de la tournée, cette chanson n’était pas sur l’album, et j’ai pensé, "Mon dieu, ce serait bien de l’utiliser pour remercier mes fans". J’en avais enregistré quelques versions en studio, mais encore une fois, j'y suis revenu, j'ai réenregistré de nombreuses choses et au final, c’est le morceau que nous avons utilisé sur la vidéo Dream Baby Dream. Et elle s’est retrouvée sur le disque.
Êtes-vous tenté d’embaucher Tom Morello comme membre à part entière du E Street Band ?
Je pense qu’à l’heure actuelle, nous jouons juste ensemble, quand l’occasion se présente. Nous avons un excès de grands guitaristes. Steve Van Zandt, le pauvre, ne joue pas assez lorsque je monopolise beaucoup des solos. Steve est un guitariste fabuleux. Quand nous étions adolescents, il avait son propre groupe, il en était le chanteur et il a toujours été un guitariste formidable. Bien sûr, Nils c’est un gars qui a son propre univers au bout des doigts. Tom, encore une fois, apporte autre chose avec son instrument et avec son esprit et avec sa personnalité. C’est un grand apport pour nous et la situation actuelle nous convient. Je suis excité à l’idée qu’il vienne avec nous pour la prochaine partie de la tournée.
Oui. Pour moi, ce sont les maîtres de l’underground. Parmi les plus grands, tout simplement. Alan Vega, un des plus grands. Je pense qu’ils devraient figurer au Rock and Roll Hall Of Fame. Ils sont incroyables. Je les aimais et ils ont influencé l'album Nebraska d’une manière indirecte.
Les fans ont pu voir votre reprise de Dream Baby Dream vraiment évoluer sur scène au cours de la tournée Devils And Dust.
C’est une de leurs chansons que j’ai toujours beaucoup aimée. Quand j’ai fait la tournée Devils And Dust, j’ai décidé de la jouer tout seul. Je me suis demandé, "Comment Roy Orbison chanterait cette chanson ?". Ce qui était formidable dans la musique de Roy, c’était son côté grand public, mais il avait une face cachée que David Lynch a exploitée pour ses films. Il y a un endroit où ils étaient en phase. Je me suis demandé, "Quelle serait son approche de la chanson ?". Je suis donc parti de ce postulat et je l’ai associée à mon propre travail, à mes idées et à mes inspirations.
C’était une chanson que j’ai essayé d’enregistrer en studio à plusieurs reprises mais sans y parvenir, mais je ne l’ai jamais perdue de vue. Et à la fin de la tournée, cette chanson n’était pas sur l’album, et j’ai pensé, "Mon dieu, ce serait bien de l’utiliser pour remercier mes fans". J’en avais enregistré quelques versions en studio, mais encore une fois, j'y suis revenu, j'ai réenregistré de nombreuses choses et au final, c’est le morceau que nous avons utilisé sur la vidéo Dream Baby Dream. Et elle s’est retrouvée sur le disque.
Êtes-vous tenté d’embaucher Tom Morello comme membre à part entière du E Street Band ?
Je pense qu’à l’heure actuelle, nous jouons juste ensemble, quand l’occasion se présente. Nous avons un excès de grands guitaristes. Steve Van Zandt, le pauvre, ne joue pas assez lorsque je monopolise beaucoup des solos. Steve est un guitariste fabuleux. Quand nous étions adolescents, il avait son propre groupe, il en était le chanteur et il a toujours été un guitariste formidable. Bien sûr, Nils c’est un gars qui a son propre univers au bout des doigts. Tom, encore une fois, apporte autre chose avec son instrument et avec son esprit et avec sa personnalité. C’est un grand apport pour nous et la situation actuelle nous convient. Je suis excité à l’idée qu’il vienne avec nous pour la prochaine partie de la tournée.
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Vos fans américains veulent vraiment voir cette tournée. Pensez-vous être de retour ici cet été ?
Je ne sais pas. Ce n’est pas impossible. Nous étudions les possibilités. Nous allons en Afrique et nous allons en Australie. Nous avons quelques autres dates… quelques-unes aux États-Unis, des concerts dans le cadre d’événements. Nous y pensons. Je ne veux pas dire "oui" car je ne veux pas décevoir, mais je ne veux certainement pas l’exclure non plus. Nous regardons ça de près. Et il y a des endroits que nous avons ratés lors de la dernière tournée. Bien qu’ayant beaucoup joué, nous ne sommes pas allés au Texas où j’adore jouer. Nous ne sommes pas allés en Floride. Il y avait d’autres endroits où nous ne sommes pas allés sur toute cette tournée. Ce serait amusant de revenir dans certains de ces endroits.
Vous avez dit que vous étiez en train de travailler sur des chansons écrites avant Wrecking Ball. Pensez-vous que ce soit votre prochain album ?
Je ne sais pas [rires]. La seule chose que je dis dans toute cette conversation, c’est que je ne sais pas exactement ce que je fais. Non. J’avais un ensemble de chansons solo très avancées – pas terminées - mais très avancées, dans un genre très différent, sur lesquelles j’avais travaillé pendant assez longtemps avant Wrecking Ball. Au moment de la sortie de Wrecking Ball, tout d’abord, avec ce qui se passait dans le pays, je voulais que le disque sorte immédiatement. Il est devenu prioritaire et c’est un disque – comme Nebraska ou Tunnel Of Love - qui a été bouclé en dix jours, d'une traite. C’est le cas de la plupart des chansons. Au moins pour les nouvelles, et pour celles que j’ai sorties de mon carnet, elles se sont remodelées, reformatées en très peu de temps. Et puis tous ensemble, on leur a donné leur forme définitive.
Je travaille toujours sur quelque chose. Au cours des 10, 15 dernières années, j’ai eu la chance de beaucoup écrire et d’avoir une période d'écriture très prolifique. C’est ce brouillon qui est à l’origine de tout ce que nous faisons. C’est la clé de l’existence du groupe. Chaque soir, la moitié de notre concert est ce que j’appelle "notre nouveau matériel", qui comprend tout ce qui a été écrit plus ou moins au cours de la dernière décennie. Nous avons la chance d’avoir un ensemble de chansons qui sont importantes pour nos fans, que les fans veulent entendre sur scène. C’est une chose pour laquelle nous avons travaillé dur et pour laquelle nous avons beaucoup réfléchi et continuer m’intéresse.
Il y a tellement d’enregistrements pirates qui circulent parmi vos fans. Pensez-vous en sortir certains, comme les Bruce Springsteen Bootleg Series ?
Les vieux concerts, je ne sais pas. Est-ce que les gens en ont encore besoin ? [rires] Est-ce qu’ils ne vont pas sur internet pour les trouver ?
Les fans les veulent avec un son parfait et sous la forme d’une sortie officielle, et vous n’avez que très peu d’albums en public. Pensez-vous un jour revenir à ces choses ?
Je reviens à des choses qui datent d’avant mes premiers enregistrements. J’ai eu toute une carrière comme guitariste de heavy metal [éclat de rire] qui n’est jamais sortie sur disque. Mais il y a des tonnes de musique. Si vous allez sur YouTube, vous en entendrez pas mal, en fait. Et j’ai eu un groupe de rock progressif [rires] essentiellement. Steel Mill était un groupe de quatre musiciens de la fin des années 60, début des années 70 qui jouait du heavy metal, du rock progressif, et des classique blues. Nous avons fait beaucoup de musique [rires]. Je ne ferme la porte sur rien. Je suppose que ce serait sympa de prendre certains de ces concerts classiques qui ont intéressé les gens pendant les vingt, trente ou même quarante dernières années, et peut-être les formaliser d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas non plus exclu. Tout est là.
Je ne sais pas. Ce n’est pas impossible. Nous étudions les possibilités. Nous allons en Afrique et nous allons en Australie. Nous avons quelques autres dates… quelques-unes aux États-Unis, des concerts dans le cadre d’événements. Nous y pensons. Je ne veux pas dire "oui" car je ne veux pas décevoir, mais je ne veux certainement pas l’exclure non plus. Nous regardons ça de près. Et il y a des endroits que nous avons ratés lors de la dernière tournée. Bien qu’ayant beaucoup joué, nous ne sommes pas allés au Texas où j’adore jouer. Nous ne sommes pas allés en Floride. Il y avait d’autres endroits où nous ne sommes pas allés sur toute cette tournée. Ce serait amusant de revenir dans certains de ces endroits.
Vous avez dit que vous étiez en train de travailler sur des chansons écrites avant Wrecking Ball. Pensez-vous que ce soit votre prochain album ?
Je ne sais pas [rires]. La seule chose que je dis dans toute cette conversation, c’est que je ne sais pas exactement ce que je fais. Non. J’avais un ensemble de chansons solo très avancées – pas terminées - mais très avancées, dans un genre très différent, sur lesquelles j’avais travaillé pendant assez longtemps avant Wrecking Ball. Au moment de la sortie de Wrecking Ball, tout d’abord, avec ce qui se passait dans le pays, je voulais que le disque sorte immédiatement. Il est devenu prioritaire et c’est un disque – comme Nebraska ou Tunnel Of Love - qui a été bouclé en dix jours, d'une traite. C’est le cas de la plupart des chansons. Au moins pour les nouvelles, et pour celles que j’ai sorties de mon carnet, elles se sont remodelées, reformatées en très peu de temps. Et puis tous ensemble, on leur a donné leur forme définitive.
Je travaille toujours sur quelque chose. Au cours des 10, 15 dernières années, j’ai eu la chance de beaucoup écrire et d’avoir une période d'écriture très prolifique. C’est ce brouillon qui est à l’origine de tout ce que nous faisons. C’est la clé de l’existence du groupe. Chaque soir, la moitié de notre concert est ce que j’appelle "notre nouveau matériel", qui comprend tout ce qui a été écrit plus ou moins au cours de la dernière décennie. Nous avons la chance d’avoir un ensemble de chansons qui sont importantes pour nos fans, que les fans veulent entendre sur scène. C’est une chose pour laquelle nous avons travaillé dur et pour laquelle nous avons beaucoup réfléchi et continuer m’intéresse.
Il y a tellement d’enregistrements pirates qui circulent parmi vos fans. Pensez-vous en sortir certains, comme les Bruce Springsteen Bootleg Series ?
Les vieux concerts, je ne sais pas. Est-ce que les gens en ont encore besoin ? [rires] Est-ce qu’ils ne vont pas sur internet pour les trouver ?
Les fans les veulent avec un son parfait et sous la forme d’une sortie officielle, et vous n’avez que très peu d’albums en public. Pensez-vous un jour revenir à ces choses ?
Je reviens à des choses qui datent d’avant mes premiers enregistrements. J’ai eu toute une carrière comme guitariste de heavy metal [éclat de rire] qui n’est jamais sortie sur disque. Mais il y a des tonnes de musique. Si vous allez sur YouTube, vous en entendrez pas mal, en fait. Et j’ai eu un groupe de rock progressif [rires] essentiellement. Steel Mill était un groupe de quatre musiciens de la fin des années 60, début des années 70 qui jouait du heavy metal, du rock progressif, et des classique blues. Nous avons fait beaucoup de musique [rires]. Je ne ferme la porte sur rien. Je suppose que ce serait sympa de prendre certains de ces concerts classiques qui ont intéressé les gens pendant les vingt, trente ou même quarante dernières années, et peut-être les formaliser d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas non plus exclu. Tout est là.
Envisagez-vous un Tracks 2 à un moment donné ?
Encore une fois, on se heurte au temps dont nous disposons. En ce moment, nous nous occupons du projet The River, dans le style de ce que nous avons fait avec Darkness. Tout dépend du matériau dont on dispose et de ce qu'il exige. Sur Darkness, nous avons pu sortir beaucoup de chansons de cette époque et qui n’étaient jamais sorties jusque-là. C’était amusant à faire.
Il y a tant de choses. Je reste ouvert à tout. Je suis à la recherche du contexte dans lequel ces différentes choses pourront sortir, et du moment qui semble opportun. Il s’agit de ce qui intéressera nos fans à un moment donné, ou de ce que j’ai besoin de faire à un instant particulier. Ou bien de ce qui m’intéresse. C’est ainsi que je travaille maintenant. Je tiens compte de toutes ces choses et de toutes ces idées, de manière permanente [rires].
C’est intéressant de voir que vous avez pris sept ans entre Tom Joad et The Rising, mais que maintenant, vous travaillez à un rythme nettement plus rapide.
C’est vieux comme le monde, l'histoire de "la lumière du train qui arrive et qui concentre ton esprit" [rires]. Il y a un petit peu de ça et vous vous dites, "J’ai toutes ces chansons, et j’en ai sorti moins que je ne le souhaitais". Cette pensée vous recentre comme il faut sur la musique. Certainement, au cours des années 90, j'y repense et je me dis, "Quelque fois, je ne suis pas complètement satisfait de quelque chose. Quelque fois, ce n’est pas réellement une raison pour ne pas le sortir". Il y a des choses qui sont intéressantes en elles-mêmes et elles sortent comme elles veulent. Mais quand je prends le taureau par les cornes, je me dis, "Si ce n’est pas assez pour moi, ce n’est pas assez pour mon public".
On ressent ces choses à des niveaux différents, à des moments différents. Je pense que dans les années 1990, je me cherchais vraiment. Est-ce que j’étais devenu un chanteur acoustique ? Je ne travaillais pas avec le E Street Band. Comment allais-je continuer ? Avais-je un moyen pour rendre le E Street Band en phase avec l’époque ? J’essayais de répondre à toutes ces questions qui ont, en quelque sorte, mijoté pendant les années 1990.
Et puis, les étapes Streets Of Philadelphia et Ghost Of Tom Joad m’ont en quelque sorte ramené vers une forme d’écriture à thème, ce qui m’a réellement ramené vers le groupe, ce qui a permis à mon écriture de se développer et d’atteindre le plus grand public. Donc, tout est... c’est comme tout le reste. Il y a des périodes plus lentes, des hauts, des bas. Ce n’est pas un travail linéaire.
Mais vous voyez un train qui vous arrive dessus ?
Pas vous ? Quel âge avez-vous ? [éclats de rire]
Trente-deux ans.
[rires] Oh, vous ne le voyez pas encore ! Mais il arrive ! [rires]
Travaillez-vous toujours sur ce livre ?
J’ai un peu écrit. J’ai commencé avec le petit essai que j’avais écrit pour le Super Bowl et que nous avions mis en ligne. Je me suis dit, "C’est une voix intéressante". J’ai écrit d’autres choses avec cette voix. Et je ne l’appellerai pas encore un livre [rires]. Ce sont des écrits, des écrits divers.
Au sujet de ce coffret The River, préparez-vous un documentaire pour aller avec ?
Le projet Darkness était vraiment bien, mais ça dépend de ce que vous avez. Avec Darkness, nous avions à la fois un vieux concert formidable et nous avons aussi enregistré cette performance à Asbury Park avec le groupe et puis il y avait beaucoup de musique, non publiée, plus que je ne l’imaginais. Beaucoup dépend de ce que vous avez quand vous retournez au coffre et que vous commencez à voir ce qu’il y avait à cette époque-là de votre carrière. Ça façonne en quelque sorte le projet et sa présentation. Je prends chaque disque l’un après l’autre. C'est quelque chose sur lequel nous travaillons. S’il n’y a pas assez de matière, alors il n’y en aura pas.
Vos deux premiers albums n’ont pas encore été remastérisés.
Oui. Entre le boulot et la maison. Peut-être faudrait-il que je délègue un peu plus. [rires]
Revenons à la tournée, vous donnez l’impression qu’il y a d’autres dates américaines pour cet été.
Je ne veux rien dire car je ne veux pas décevoir. Mais nous jouons en Afrique. Nous jouons en Australie. Puis, il est possible de continuer à jouer encore. Ce serait bien de revenir aux États-Unis si c’est possible pour tous ceux qui sont impliqués.
Encore une fois, on se heurte au temps dont nous disposons. En ce moment, nous nous occupons du projet The River, dans le style de ce que nous avons fait avec Darkness. Tout dépend du matériau dont on dispose et de ce qu'il exige. Sur Darkness, nous avons pu sortir beaucoup de chansons de cette époque et qui n’étaient jamais sorties jusque-là. C’était amusant à faire.
Il y a tant de choses. Je reste ouvert à tout. Je suis à la recherche du contexte dans lequel ces différentes choses pourront sortir, et du moment qui semble opportun. Il s’agit de ce qui intéressera nos fans à un moment donné, ou de ce que j’ai besoin de faire à un instant particulier. Ou bien de ce qui m’intéresse. C’est ainsi que je travaille maintenant. Je tiens compte de toutes ces choses et de toutes ces idées, de manière permanente [rires].
C’est intéressant de voir que vous avez pris sept ans entre Tom Joad et The Rising, mais que maintenant, vous travaillez à un rythme nettement plus rapide.
C’est vieux comme le monde, l'histoire de "la lumière du train qui arrive et qui concentre ton esprit" [rires]. Il y a un petit peu de ça et vous vous dites, "J’ai toutes ces chansons, et j’en ai sorti moins que je ne le souhaitais". Cette pensée vous recentre comme il faut sur la musique. Certainement, au cours des années 90, j'y repense et je me dis, "Quelque fois, je ne suis pas complètement satisfait de quelque chose. Quelque fois, ce n’est pas réellement une raison pour ne pas le sortir". Il y a des choses qui sont intéressantes en elles-mêmes et elles sortent comme elles veulent. Mais quand je prends le taureau par les cornes, je me dis, "Si ce n’est pas assez pour moi, ce n’est pas assez pour mon public".
On ressent ces choses à des niveaux différents, à des moments différents. Je pense que dans les années 1990, je me cherchais vraiment. Est-ce que j’étais devenu un chanteur acoustique ? Je ne travaillais pas avec le E Street Band. Comment allais-je continuer ? Avais-je un moyen pour rendre le E Street Band en phase avec l’époque ? J’essayais de répondre à toutes ces questions qui ont, en quelque sorte, mijoté pendant les années 1990.
Et puis, les étapes Streets Of Philadelphia et Ghost Of Tom Joad m’ont en quelque sorte ramené vers une forme d’écriture à thème, ce qui m’a réellement ramené vers le groupe, ce qui a permis à mon écriture de se développer et d’atteindre le plus grand public. Donc, tout est... c’est comme tout le reste. Il y a des périodes plus lentes, des hauts, des bas. Ce n’est pas un travail linéaire.
Mais vous voyez un train qui vous arrive dessus ?
Pas vous ? Quel âge avez-vous ? [éclats de rire]
Trente-deux ans.
[rires] Oh, vous ne le voyez pas encore ! Mais il arrive ! [rires]
Travaillez-vous toujours sur ce livre ?
J’ai un peu écrit. J’ai commencé avec le petit essai que j’avais écrit pour le Super Bowl et que nous avions mis en ligne. Je me suis dit, "C’est une voix intéressante". J’ai écrit d’autres choses avec cette voix. Et je ne l’appellerai pas encore un livre [rires]. Ce sont des écrits, des écrits divers.
Au sujet de ce coffret The River, préparez-vous un documentaire pour aller avec ?
Le projet Darkness était vraiment bien, mais ça dépend de ce que vous avez. Avec Darkness, nous avions à la fois un vieux concert formidable et nous avons aussi enregistré cette performance à Asbury Park avec le groupe et puis il y avait beaucoup de musique, non publiée, plus que je ne l’imaginais. Beaucoup dépend de ce que vous avez quand vous retournez au coffre et que vous commencez à voir ce qu’il y avait à cette époque-là de votre carrière. Ça façonne en quelque sorte le projet et sa présentation. Je prends chaque disque l’un après l’autre. C'est quelque chose sur lequel nous travaillons. S’il n’y a pas assez de matière, alors il n’y en aura pas.
Vos deux premiers albums n’ont pas encore été remastérisés.
Oui. Entre le boulot et la maison. Peut-être faudrait-il que je délègue un peu plus. [rires]
Revenons à la tournée, vous donnez l’impression qu’il y a d’autres dates américaines pour cet été.
Je ne veux rien dire car je ne veux pas décevoir. Mais nous jouons en Afrique. Nous jouons en Australie. Puis, il est possible de continuer à jouer encore. Ce serait bien de revenir aux États-Unis si c’est possible pour tous ceux qui sont impliqués.
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NOTES
Photographies Jo Lopez & Danny Clinch
Photographies Jo Lopez & Danny Clinch