"Dans la boule de cristal, je vois l’amour, je vois l’aventure, je vois la récompense financière. Je vois ces albums, mec, je les vois remonter dans les charts. Je les vois passer devant ce vieux Def Leppard, devant Kris Kross. Je les vois tout en haut, devant ‘Weird Al’ Yankovic, même... Attendez une minute. On est en train de chuter. On est en train de chuter dans ces charts. On redescend bien bas, tout en bas, hors de vue, dans l’obscurité..."
par James Henke
par James Henke
C’était le 5 juin, et pendant que Bruce Springsteen chantait Glory Days vers la fin d’une retransmission radio en direct d'une scène de Los Angeles, il a finalement fait son propre commentaire sur l’échec très médiatisé de ces derniers albums - Human Touch et Lucky Town - qui n’ont pas atteint le sommet des charts contrairement à certains de leurs prédécesseurs. Heureusement, Springsteen a prouvé que, même s’il avait peut-être perdu un peu de son pouvoir commercial, il n’avait pas perdu son sens de l’humour.
Ce spectacle, devant environ 250 invités et gagnants d’un concours radio, était "une répétition générale" pour présenter son nouveau groupe - le claviériste Roy Bittan, le guitariste Shane Fontayne, le bassiste Tommy Sims, le batteur Zachary Alford, la chanteuse et guitariste Crystal Taliefero et les choristes Bobby King, Gia Ciambotti, Carol Dennis, Cleo Kennedy et Angel Rogers - et pour créer un enthousiasme pour sa tournée d’été aux États-Unis. Il a réussi sur les deux tableaux. Le concert a prouvé que même sans le E Street Band, Springsteen est toujours aussi magistral sur scène; en fait, sa nouvelle formation joue un rock plus dur, et représente musicalement un plus grand défi que son précédent groupe. Et il a toujours bien plus qu’une poignée de fans loyaux: le jour qui a suivi la retransmission radio, toutes les places de ses onze concerts au Brendan Byrne Arena dans le New Jersey (plus de 200 000 places) se sont vendues en tout juste deux heures et demie.
Pourtant, cette période a été particulièrement difficile pour Springsteen. Même si Human Touch et Lucky Town sont directement entrés, respectivement à la 2ème et 3ème place des charts, ils ont rapidement perdu des places pour finalement sortir du Top 40. Et en plus, certains médias ont apparemment pris un grand plaisir à parler du relatif manque de succès de Springsteen (et en effet, c’est relatif : chaque album s’est vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires). Un magazine, Entertainment Weekly, a même mis Springsteen en couverture avec le titre QU'EST-IL DONC ARRIVÉ A BRUCE ?
Ce spectacle, devant environ 250 invités et gagnants d’un concours radio, était "une répétition générale" pour présenter son nouveau groupe - le claviériste Roy Bittan, le guitariste Shane Fontayne, le bassiste Tommy Sims, le batteur Zachary Alford, la chanteuse et guitariste Crystal Taliefero et les choristes Bobby King, Gia Ciambotti, Carol Dennis, Cleo Kennedy et Angel Rogers - et pour créer un enthousiasme pour sa tournée d’été aux États-Unis. Il a réussi sur les deux tableaux. Le concert a prouvé que même sans le E Street Band, Springsteen est toujours aussi magistral sur scène; en fait, sa nouvelle formation joue un rock plus dur, et représente musicalement un plus grand défi que son précédent groupe. Et il a toujours bien plus qu’une poignée de fans loyaux: le jour qui a suivi la retransmission radio, toutes les places de ses onze concerts au Brendan Byrne Arena dans le New Jersey (plus de 200 000 places) se sont vendues en tout juste deux heures et demie.
Pourtant, cette période a été particulièrement difficile pour Springsteen. Même si Human Touch et Lucky Town sont directement entrés, respectivement à la 2ème et 3ème place des charts, ils ont rapidement perdu des places pour finalement sortir du Top 40. Et en plus, certains médias ont apparemment pris un grand plaisir à parler du relatif manque de succès de Springsteen (et en effet, c’est relatif : chaque album s’est vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires). Un magazine, Entertainment Weekly, a même mis Springsteen en couverture avec le titre QU'EST-IL DONC ARRIVÉ A BRUCE ?
Mais les choses pourraient être pires, comme Springsteen le sait si bien. Durant ces dernières années, il a mené un combat bien plus dur - essayant de réparer ce qui était devenu une vie personnelle sérieusement endommagée. "J’étais vraiment bon en musique" dit-il "et vraiment mauvais pour tout le reste".
Sur scène, bien sûr, Springsteen savait tout faire; en dehors de la scène, c’était une autre histoire. Plutôt solitaire de nature, il avait des difficultés à maintenir toute forme de relation sur le long terme. Même quand il prêchait sur le sujet de "la communauté" pendant sa tournée Born In The U.S.A., lui-même se tenait éloigné de pratiquement tout le monde. Et quand il ne travaillait pas, il n’était pas heureux.
Quand il est parti en tournée en 1988 pour promouvoir son album Tunnel Of Love, les failles dans la vie personnelle de Springsteen commençaient à apparaître. Son mariage avec l’actrice Julianne Phillips avait commencé à battre de l’aile, et grâce aux tabloïds, il est devenu rapidement de notoriété publique qu’il fréquentait la choriste du E Street Band, Patti Scialfa. Quand il a terminé sa tournée à la fin 1988, après avoir joué une série de concerts pour Amnesty International, Springsteen a touché le fond.
Progressivement, il a commencé à reprendre sa vie en main. Il a entamé une psychothérapie. Il a divorcé de Phillips et a finalement épousé Scialfa. Il s’est séparé du E Street Band. Il a quitté le New Jersey et s’est installé à Los Angeles. Et avec Scialfa, il est devenu père de deux enfants : Evan James, qui aura bientôt deux ans, et Jessica Rae, qui est née l’année dernière, le soir du réveillon du Nouvel An.
Les épreuves personnelles de Springsteen sont documentées sur l’album Human Touch; sa victoire sur ces épreuves forment le thème de Lucky Town. On continue toujours à débattre pour savoir si sa tournée américaine, qui démarre le 23 juillet dans le New Jersey, apportera une deuxième vie à ces deux albums. Mais il n’y a aucun doute que Springsteen lui-même est bien plus heureux qu’il ne l’a été depuis longtemps. Au cours de trois longues interviews faites à Los Angeles et à New York - les premières grandes interviews qu’il donne depuis 1986 - il décrit de façon très détaillée ce qu’il appelle "le plus grand combat de ma vie" et aborde tout un tas d’autres sujets, de la musique rap à la course présidentielle.
Sur scène, bien sûr, Springsteen savait tout faire; en dehors de la scène, c’était une autre histoire. Plutôt solitaire de nature, il avait des difficultés à maintenir toute forme de relation sur le long terme. Même quand il prêchait sur le sujet de "la communauté" pendant sa tournée Born In The U.S.A., lui-même se tenait éloigné de pratiquement tout le monde. Et quand il ne travaillait pas, il n’était pas heureux.
Quand il est parti en tournée en 1988 pour promouvoir son album Tunnel Of Love, les failles dans la vie personnelle de Springsteen commençaient à apparaître. Son mariage avec l’actrice Julianne Phillips avait commencé à battre de l’aile, et grâce aux tabloïds, il est devenu rapidement de notoriété publique qu’il fréquentait la choriste du E Street Band, Patti Scialfa. Quand il a terminé sa tournée à la fin 1988, après avoir joué une série de concerts pour Amnesty International, Springsteen a touché le fond.
Progressivement, il a commencé à reprendre sa vie en main. Il a entamé une psychothérapie. Il a divorcé de Phillips et a finalement épousé Scialfa. Il s’est séparé du E Street Band. Il a quitté le New Jersey et s’est installé à Los Angeles. Et avec Scialfa, il est devenu père de deux enfants : Evan James, qui aura bientôt deux ans, et Jessica Rae, qui est née l’année dernière, le soir du réveillon du Nouvel An.
Les épreuves personnelles de Springsteen sont documentées sur l’album Human Touch; sa victoire sur ces épreuves forment le thème de Lucky Town. On continue toujours à débattre pour savoir si sa tournée américaine, qui démarre le 23 juillet dans le New Jersey, apportera une deuxième vie à ces deux albums. Mais il n’y a aucun doute que Springsteen lui-même est bien plus heureux qu’il ne l’a été depuis longtemps. Au cours de trois longues interviews faites à Los Angeles et à New York - les premières grandes interviews qu’il donne depuis 1986 - il décrit de façon très détaillée ce qu’il appelle "le plus grand combat de ma vie" et aborde tout un tas d’autres sujets, de la musique rap à la course présidentielle.
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La scène musicale a beaucoup changé depuis la sortie de votre dernier album. Comment pensez-vous y trouver votre place aujourd'hui ?
Je n’y trouve jamais vraiment ma place, bizarrement. Dans les années soixante-dix, la musique que j’écrivais était assez romantique, et elle contenait beaucoup d’innocence, et elle ne donnait pas l’impression de faire partie de cette époque-là. Et dans les années quatre-vingt, j’écrivais et je chantais sur ce que je sentais arriver aux gens autour de moi et sur la direction, qu'à mes yeux, ce pays prenait. Et cela n’était pas non plus en adéquation avec l’époque.
Et bien, vu la réaction à votre musique à cette époque-là, je pense que vous aviez bien trouvé votre place pendant les années quatre-vingt.
Et bien, nous avions du succès, mais ce n’est pas la même chose. Tout ce que j’essaie de faire, c’est écrire de la musique qui a un sens à mes yeux, avec en elle de l'engagement et de la passion. Et je pense que j’ai le sentiment que si les thèmes sur lesquels j'écris sont vrais, et s’il y a de l’émotion, et bien il y aura quelqu’un qui voudra l’entendre. Je ne sais pas si c’est un grand public ou un public plus petit que j’ai eu par le passé. Mais le sujet n’a jamais été ma motivation première. J’ai une sorte d’histoire que je raconte, et je n’en suis vraiment qu’au milieu.
En même temps, vos nouveaux albums n’ont pas eu dans les charts le succès escompté, et vous avez dû subir des attaques de la part de médias. Qu'en ressentez-vous ?
J’essaie de ne pas m’impliquer. C’est une chose qui semble être dans l’air pour tout le monde et n’importe qui, mais je ne le prends pas vraiment personnellement. Je veux dire, peu importe le temps que vous passez à Los Angeles, vous entendez souvent: "Fantastique ! Vous êtes en haut de l'affiche - maintenant plantez-vous !".
Il y a un jeu des médias qui se joue ici et là, et je pense que ce jeu fait vendre journaux et magazines. Mais ce n’est pas un élément fondamental de la personne que je suis ou de ce que je fais. Vous faites votre musique, puis vous essayez de lui trouver un public, quel qu’il soit.
Je n’y trouve jamais vraiment ma place, bizarrement. Dans les années soixante-dix, la musique que j’écrivais était assez romantique, et elle contenait beaucoup d’innocence, et elle ne donnait pas l’impression de faire partie de cette époque-là. Et dans les années quatre-vingt, j’écrivais et je chantais sur ce que je sentais arriver aux gens autour de moi et sur la direction, qu'à mes yeux, ce pays prenait. Et cela n’était pas non plus en adéquation avec l’époque.
Et bien, vu la réaction à votre musique à cette époque-là, je pense que vous aviez bien trouvé votre place pendant les années quatre-vingt.
Et bien, nous avions du succès, mais ce n’est pas la même chose. Tout ce que j’essaie de faire, c’est écrire de la musique qui a un sens à mes yeux, avec en elle de l'engagement et de la passion. Et je pense que j’ai le sentiment que si les thèmes sur lesquels j'écris sont vrais, et s’il y a de l’émotion, et bien il y aura quelqu’un qui voudra l’entendre. Je ne sais pas si c’est un grand public ou un public plus petit que j’ai eu par le passé. Mais le sujet n’a jamais été ma motivation première. J’ai une sorte d’histoire que je raconte, et je n’en suis vraiment qu’au milieu.
En même temps, vos nouveaux albums n’ont pas eu dans les charts le succès escompté, et vous avez dû subir des attaques de la part de médias. Qu'en ressentez-vous ?
J’essaie de ne pas m’impliquer. C’est une chose qui semble être dans l’air pour tout le monde et n’importe qui, mais je ne le prends pas vraiment personnellement. Je veux dire, peu importe le temps que vous passez à Los Angeles, vous entendez souvent: "Fantastique ! Vous êtes en haut de l'affiche - maintenant plantez-vous !".
Il y a un jeu des médias qui se joue ici et là, et je pense que ce jeu fait vendre journaux et magazines. Mais ce n’est pas un élément fondamental de la personne que je suis ou de ce que je fais. Vous faites votre musique, puis vous essayez de lui trouver un public, quel qu’il soit.
Pensez-vous qu’un adolescent qui adore le rap ou le heavy metal serait intéressé par vos nouveaux albums ?
Je ne sais pas. Et je ne sais pas si on peut généraliser les choses comme ça. Je pense que pour certains oui et pour d’autres non. Tout ce que je peux faire c’est sortir ma musique. Je ne peux pas créer quelque chose qui ne soit pas honnête. Mon écriture n’est pas démographique. Je n’écris pas pour atteindre ces gens-ci ou ces gens-là.
Bien sûr, avoir un jeune public m'intéresse. Quiconque s’intéressant à ce que je fais m'intéresse. Et ce que je dois dire c'est : "Voici la façon dont j’ai grandi. Cela aura peut-être une certaine utilité. Voici les endroits où j’ai été, et voici les choses que j’ai apprises".
Mais je veux chanter sur la personne que je suis maintenant. Je veux monter sur scène et chanter avec chacune des 42 années que je porte en moi. Quand j’étais jeune, j’ai toujours dit que je ne voulais pas arriver à l’âge de 45 ou 50 ans et faire semblant d’en avoir 15 ou 16 ou 20. Cela ne m’intéressait pas du tout. Je suis un musicien à vie. Je jouerai toujours de la musique. Je n’envisage pas un moment de ma vie où je ne monterais pas sur scène quelque part, jouant de la guitare et en jouant fort, avec puissance et passion. J’attends avec impatience d’avoir 60 ou 65 ans et de le faire.
Je ne sais pas. Et je ne sais pas si on peut généraliser les choses comme ça. Je pense que pour certains oui et pour d’autres non. Tout ce que je peux faire c’est sortir ma musique. Je ne peux pas créer quelque chose qui ne soit pas honnête. Mon écriture n’est pas démographique. Je n’écris pas pour atteindre ces gens-ci ou ces gens-là.
Bien sûr, avoir un jeune public m'intéresse. Quiconque s’intéressant à ce que je fais m'intéresse. Et ce que je dois dire c'est : "Voici la façon dont j’ai grandi. Cela aura peut-être une certaine utilité. Voici les endroits où j’ai été, et voici les choses que j’ai apprises".
Mais je veux chanter sur la personne que je suis maintenant. Je veux monter sur scène et chanter avec chacune des 42 années que je porte en moi. Quand j’étais jeune, j’ai toujours dit que je ne voulais pas arriver à l’âge de 45 ou 50 ans et faire semblant d’en avoir 15 ou 16 ou 20. Cela ne m’intéressait pas du tout. Je suis un musicien à vie. Je jouerai toujours de la musique. Je n’envisage pas un moment de ma vie où je ne monterais pas sur scène quelque part, jouant de la guitare et en jouant fort, avec puissance et passion. J’attends avec impatience d’avoir 60 ou 65 ans et de le faire.
Pour la première fois depuis environ vingt ans, vous allez partir en tournée sans le E Street Band. Qu’est-ce qui a motivé votre décision de vous débarrasser d’eux ?
A la fin de la tournée Born In The U.S.A. et après avoir fait l’album live, j’ai eu le sentiment que c’était la fin de la première partie de mon voyage. Et puis pour la tournée Tunnel Of Love, j’ai pas mal chamboulé le groupe. J’ai changé la place des membres, une place qu’ils occupaient depuis 15 ans, simplement pour essayer de donner à tout cela une tournure différente.
Mais vous pouvez arriver à cet endroit où vous commencez à reproduire le rituel, et la nostalgie s’installe furtivement. Et j’ai décidé qu’il était temps de mélanger les choses. J’ai simplement dû aérer un peu les choses pour être en mesure d’avoir quelque chose de nouveau à mettre sur la table. Je voulais me débarrasser de certaines de ces vieilles attentes. Les gens venaient à mes concerts et s’attendaient à entendre Born To Run ou des trucs que j’avais écrit il y a 15 ou 20 ans. Et je voulais arriver à un endroit où, si les gens venaient au concert, il y aurait un sentiment que, et bien, le spectacle ne se déroulera pas ainsi, ce sera autre chose.
A la fin de la tournée Born In The U.S.A. et après avoir fait l’album live, j’ai eu le sentiment que c’était la fin de la première partie de mon voyage. Et puis pour la tournée Tunnel Of Love, j’ai pas mal chamboulé le groupe. J’ai changé la place des membres, une place qu’ils occupaient depuis 15 ans, simplement pour essayer de donner à tout cela une tournure différente.
Mais vous pouvez arriver à cet endroit où vous commencez à reproduire le rituel, et la nostalgie s’installe furtivement. Et j’ai décidé qu’il était temps de mélanger les choses. J’ai simplement dû aérer un peu les choses pour être en mesure d’avoir quelque chose de nouveau à mettre sur la table. Je voulais me débarrasser de certaines de ces vieilles attentes. Les gens venaient à mes concerts et s’attendaient à entendre Born To Run ou des trucs que j’avais écrit il y a 15 ou 20 ans. Et je voulais arriver à un endroit où, si les gens venaient au concert, il y aurait un sentiment que, et bien, le spectacle ne se déroulera pas ainsi, ce sera autre chose.
Est-ce que vous avez appelé chacun des membres pour leur annoncer la nouvelle ?
Oui, bien sûr. Au début, certains ont été surpris, d’autres n’ont pas été si surpris que ça. Je suis sûr que certains étaient en colère, et que d’autres ne l’étaient pas. Mais quand le temps a passé, tout s’est mis en place et vraiment bien mis en place. Je veux dire que je n’étais plus le mec qui faisait les chèques à chaque fin de mois. Tout à coup, j’étais juste Bruce, et certaines amitiés ont commencé lentement à se développer. Et c’était intéressant parce que nous n’avions pas eu ce genre de relation. Nous avions travaillé ensemble pendant si longtemps que nous n’avions vraiment pas de relation en dehors du contexte professionnel.
Vous avez mentionné que la tournée Born In The U.S.A. a marqué la fin d’une phase de votre carrière. Comment est-ce que le succès énorme de l’album et de la tournée vous ont-ils affecté ?
Le succès de Born In The U.S.A. m’a vraiment procuré un grand plaisir, mais à la fin de tout ce truc, j’ai eu cette sorte de sentiment que "Bruce était usé". Un truc du genre: "Waouh, j’en ai ma claque". Vous finissez par créer une sorte d'icône, et en fin de compte, elle vous opprime.
Oui, bien sûr. Au début, certains ont été surpris, d’autres n’ont pas été si surpris que ça. Je suis sûr que certains étaient en colère, et que d’autres ne l’étaient pas. Mais quand le temps a passé, tout s’est mis en place et vraiment bien mis en place. Je veux dire que je n’étais plus le mec qui faisait les chèques à chaque fin de mois. Tout à coup, j’étais juste Bruce, et certaines amitiés ont commencé lentement à se développer. Et c’était intéressant parce que nous n’avions pas eu ce genre de relation. Nous avions travaillé ensemble pendant si longtemps que nous n’avions vraiment pas de relation en dehors du contexte professionnel.
Vous avez mentionné que la tournée Born In The U.S.A. a marqué la fin d’une phase de votre carrière. Comment est-ce que le succès énorme de l’album et de la tournée vous ont-ils affecté ?
Le succès de Born In The U.S.A. m’a vraiment procuré un grand plaisir, mais à la fin de tout ce truc, j’ai eu cette sorte de sentiment que "Bruce était usé". Un truc du genre: "Waouh, j’en ai ma claque". Vous finissez par créer une sorte d'icône, et en fin de compte, elle vous opprime.
Vous faites allusion à quoi exactement ?
Et bien, par exemple, toute cette image qui avait été créée, - et que, c'est certain, j'ai encouragé - je l’ai vraiment toujours ressentie comme "Hé, ce n’est pas moi"; Je veux dire, l’aspect macho, ce truc n’a simplement jamais été moi. C’est peut-être un peu plus en moi que je ne le pense, mais quand j’étais petit, j’étais vraiment un enfant doux, et j’étais plus en contact avec ce genre de choses.
C’est drôle, vous savez, ce que vous créez, mais en fin de compte, je crois que la seule chose que vous puissiez faire c’est de le détruire. Donc quand j’ai écrit Tunnel Of Love, j’ai pensé qu’il fallait que je me présente de nouveau en tant qu’auteur/compositeur, et plus du tout comme une icône. Et quel soulagement. Et puis je suis arrivé à un stade où il fallait que j’enterre encore plus de ces choses, et cela a consisté en partie à venir ici à Los Angeles et à faire de la musique avec des musiciens différents et à voir ce que le résultat donnait et à vivre dans un endroit différent pendant un moment.
Comment c'est ici, comparé au New Jersey ?
Los Angeles offre beaucoup d’anonymat. Vous n’êtes pas comme un gros poisson dans une petite mare. Les gens vous saluent de la main et disent bonjour, mais dans l’ensemble on vous laisse faire votre propre chemin. Moi dans le New Jersey, d’un autre côté, j’étais comme le Père Noël au Pôle Nord (rires).
Et bien, par exemple, toute cette image qui avait été créée, - et que, c'est certain, j'ai encouragé - je l’ai vraiment toujours ressentie comme "Hé, ce n’est pas moi"; Je veux dire, l’aspect macho, ce truc n’a simplement jamais été moi. C’est peut-être un peu plus en moi que je ne le pense, mais quand j’étais petit, j’étais vraiment un enfant doux, et j’étais plus en contact avec ce genre de choses.
C’est drôle, vous savez, ce que vous créez, mais en fin de compte, je crois que la seule chose que vous puissiez faire c’est de le détruire. Donc quand j’ai écrit Tunnel Of Love, j’ai pensé qu’il fallait que je me présente de nouveau en tant qu’auteur/compositeur, et plus du tout comme une icône. Et quel soulagement. Et puis je suis arrivé à un stade où il fallait que j’enterre encore plus de ces choses, et cela a consisté en partie à venir ici à Los Angeles et à faire de la musique avec des musiciens différents et à voir ce que le résultat donnait et à vivre dans un endroit différent pendant un moment.
Comment c'est ici, comparé au New Jersey ?
Los Angeles offre beaucoup d’anonymat. Vous n’êtes pas comme un gros poisson dans une petite mare. Les gens vous saluent de la main et disent bonjour, mais dans l’ensemble on vous laisse faire votre propre chemin. Moi dans le New Jersey, d’un autre côté, j’étais comme le Père Noël au Pôle Nord (rires).
Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Euh, comment l'exprimer ? C’est comme si vous êtes une partie du produit de l’imagination de beaucoup d’autres personnes. Et ça, il faut toujours savoir le gérer. Mais c’est encore bien pire quand vous vous voyez vous-même comme un produit de votre propre imagination. Et ces trois ou quatre dernières années, c’est quelque chose dont je me suis vraiment libéré.
Je pense que ce qui s’est passé était que, quand j’étais jeune, j’ai eu cette idée de jouer ma vie comme si c'était un film, d’en écrire le scénario et de faire coller tous les morceaux. Et je l'ai vraiment fait pendant très longtemps. Mais vous pouvez devenir esclave de votre propre mythe ou de votre propre image, faute de mieux. Et c’est déjà une mauvaise chose que d’autres personnes vous perçoivent ainsi mais vous percevoir vous-même de cette façon c'est vraiment une mauvaise chose. C’est pathétique. Et je suis arrivé à un stade, quand Patti et moi sommes sortis ensemble, où j’ai dit que je devais arrêter d’écrire cette histoire. Elle ne marche pas.
Et c’est là que je me suis rendu compte que j’avais besoin d’un changement, et j’aime la Côte Ouest, j’aime sa géographie. Los Angeles est une drôle de ville. En 30 minutes, vous êtes dans les montagnes, où sur 150 kilomètres, il n’y a qu’un seul magasin. Ou dans le désert où vous trouvez cinq villes sur 750 kilomètres.
Donc, Patti et moi sommes venus ici et avons préparé la maison et avons eu nos bébés et... en fait, j’étais passé à côté d’une grande partie de ma vie. La seule façon dont je pourrais décrire cela, est que avoir du succès dans un domaine est illusoire. Les gens pensent que si vous êtes doué pour cette chose particulière, vous êtes doué pour plein de choses. Et ce n'est quasiment jamais le cas. Vous êtes doué pour cette chose particulière, et le danger est que cette chose vous autorise l’indulgence de vous détacher des autres parties de votre vie. Et au fil du temps, je me suis rendu compte que je faisais, de beaucoup de façons, bon usage de mon métier, mais j’avais aussi tendance à en abuser. Et - cela avait commencé déjà autour de la trentaine - je savais vraiment que quelque chose n’allait pas.
Euh, comment l'exprimer ? C’est comme si vous êtes une partie du produit de l’imagination de beaucoup d’autres personnes. Et ça, il faut toujours savoir le gérer. Mais c’est encore bien pire quand vous vous voyez vous-même comme un produit de votre propre imagination. Et ces trois ou quatre dernières années, c’est quelque chose dont je me suis vraiment libéré.
Je pense que ce qui s’est passé était que, quand j’étais jeune, j’ai eu cette idée de jouer ma vie comme si c'était un film, d’en écrire le scénario et de faire coller tous les morceaux. Et je l'ai vraiment fait pendant très longtemps. Mais vous pouvez devenir esclave de votre propre mythe ou de votre propre image, faute de mieux. Et c’est déjà une mauvaise chose que d’autres personnes vous perçoivent ainsi mais vous percevoir vous-même de cette façon c'est vraiment une mauvaise chose. C’est pathétique. Et je suis arrivé à un stade, quand Patti et moi sommes sortis ensemble, où j’ai dit que je devais arrêter d’écrire cette histoire. Elle ne marche pas.
Et c’est là que je me suis rendu compte que j’avais besoin d’un changement, et j’aime la Côte Ouest, j’aime sa géographie. Los Angeles est une drôle de ville. En 30 minutes, vous êtes dans les montagnes, où sur 150 kilomètres, il n’y a qu’un seul magasin. Ou dans le désert où vous trouvez cinq villes sur 750 kilomètres.
Donc, Patti et moi sommes venus ici et avons préparé la maison et avons eu nos bébés et... en fait, j’étais passé à côté d’une grande partie de ma vie. La seule façon dont je pourrais décrire cela, est que avoir du succès dans un domaine est illusoire. Les gens pensent que si vous êtes doué pour cette chose particulière, vous êtes doué pour plein de choses. Et ce n'est quasiment jamais le cas. Vous êtes doué pour cette chose particulière, et le danger est que cette chose vous autorise l’indulgence de vous détacher des autres parties de votre vie. Et au fil du temps, je me suis rendu compte que je faisais, de beaucoup de façons, bon usage de mon métier, mais j’avais aussi tendance à en abuser. Et - cela avait commencé déjà autour de la trentaine - je savais vraiment que quelque chose n’allait pas.
C’était il y a dix ans environ ?
Oui, ça a commencé à la fin de la tournée The River. J’avais eu plus de succès que je n’aurais pu l’imaginer. Nous avions joué un peu partout dans le monde. Et j’ai pensé un truc du genre "C'est arrivé !". Et j’ai décidé, "Très bien, je veux une maison". Et j’ai commencé à chercher une maison.
J’ai cherché pendant 2 ans. Je n’arrivais pas en trouver une. J’ai probablement visité chaque maison du New Jersey - deux fois. Je n’ai jamais acheté de maison. J’ai pensé que je ne pouvais simplement pas en trouver une que j’aimais. Et puis je me suis rendu compte que ce n’était pas que je ne pouvais pas en trouver une, je ne pouvais pas en acheter une. Je peux en trouver une, mais je ne peux pas en acheter une. Merde ! Pourquoi ?
Et j’ai commencé à me demander pourquoi. Pourquoi est-ce que je me sentais bien seulement quand j’étais en tournée ? Pourquoi tous les personnages de mes chansons étaient-ils dans des voitures ? Je veux dire que, quand j’avais une vingtaine d’années, j’étais toujours du style "Hé, ce que je peux mettre dans cette valise, cet étui à guitare, ce bus, c’est tout ce dont j’ai besoin, maintenant et pour toujours". Et je l’ai vraiment cru. Et je l’ai vraiment vécu. Vécu pendant longtemps.
Oui, ça a commencé à la fin de la tournée The River. J’avais eu plus de succès que je n’aurais pu l’imaginer. Nous avions joué un peu partout dans le monde. Et j’ai pensé un truc du genre "C'est arrivé !". Et j’ai décidé, "Très bien, je veux une maison". Et j’ai commencé à chercher une maison.
J’ai cherché pendant 2 ans. Je n’arrivais pas en trouver une. J’ai probablement visité chaque maison du New Jersey - deux fois. Je n’ai jamais acheté de maison. J’ai pensé que je ne pouvais simplement pas en trouver une que j’aimais. Et puis je me suis rendu compte que ce n’était pas que je ne pouvais pas en trouver une, je ne pouvais pas en acheter une. Je peux en trouver une, mais je ne peux pas en acheter une. Merde ! Pourquoi ?
Et j’ai commencé à me demander pourquoi. Pourquoi est-ce que je me sentais bien seulement quand j’étais en tournée ? Pourquoi tous les personnages de mes chansons étaient-ils dans des voitures ? Je veux dire que, quand j’avais une vingtaine d’années, j’étais toujours du style "Hé, ce que je peux mettre dans cette valise, cet étui à guitare, ce bus, c’est tout ce dont j’ai besoin, maintenant et pour toujours". Et je l’ai vraiment cru. Et je l’ai vraiment vécu. Vécu pendant longtemps.
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Dans un article du Rolling Stone de 1978, Dave Marsh a écrit que vous étiez si dévoué à votre musique qu’il était impossible de vous imaginer marié avec des enfants ou une maison...
Beaucoup de gens ont dit la même chose. Mais ensuite, quelque chose a commencé à me faire cogiter. Quelque chose clochait. C’était déprimant. C’était du style : "C’est une plaisanterie. J’ai fait un long chemin et ici au bout, il y a cette plaisanterie sinistre".
Je ne voulais pas être un de ces types qui sait écrire de la musique et raconter des histoires et qui a un impact sur la vie des gens, et peut-être sur la société d’une certaine façon, mais être incapable de trouver son propre moi. Mais c’était plus ou moins mon histoire.
J’ai tendance à être, par nature, un isolationniste. Ce n’est pas une question d’argent, ni d’endroit où vous vivez, ni de la manière dont vous vivez. C’est psychologique. Mon père, sans aucun doute, l’était aussi. Vous n’avez pas besoin d’une tonne de fric et de murs autour de votre maison pour être isolé. Je connais plein de gens qui sont isolés avec un pack de bières et un poste de télévision. Mais c’était en grande partie dans ma nature.
Puis la musique est arrivée, et je m'y suis accroché pour combattre cet aspect de moi-même. C’était une façon de pouvoir parler avec les gens. Elle m’a offert un moyen de communication, un moyen de me placer dans un contexte social - ce que j’avais tendance à ne pas vouloir faire.
Et la musique a fait ces choses mais finalement d’une façon abstraite. Elle a fait ces choses pour le type avec sa guitare, mais le type sans sa guitare était plus ou moins toujours le même qu'avant.
Aujourd’hui, je vois que deux des meilleurs jours de ma vie ont été le jour où j’ai pris la guitare et le jour où j’ai appris comment la poser. Quelqu’un m'a dit: "Mec, comment avez-vous fait pour jouer si longtemps ?". J’ai dit: "Ça, c’est facile. C’est s’arrêter qui est dur".
Beaucoup de gens ont dit la même chose. Mais ensuite, quelque chose a commencé à me faire cogiter. Quelque chose clochait. C’était déprimant. C’était du style : "C’est une plaisanterie. J’ai fait un long chemin et ici au bout, il y a cette plaisanterie sinistre".
Je ne voulais pas être un de ces types qui sait écrire de la musique et raconter des histoires et qui a un impact sur la vie des gens, et peut-être sur la société d’une certaine façon, mais être incapable de trouver son propre moi. Mais c’était plus ou moins mon histoire.
J’ai tendance à être, par nature, un isolationniste. Ce n’est pas une question d’argent, ni d’endroit où vous vivez, ni de la manière dont vous vivez. C’est psychologique. Mon père, sans aucun doute, l’était aussi. Vous n’avez pas besoin d’une tonne de fric et de murs autour de votre maison pour être isolé. Je connais plein de gens qui sont isolés avec un pack de bières et un poste de télévision. Mais c’était en grande partie dans ma nature.
Puis la musique est arrivée, et je m'y suis accroché pour combattre cet aspect de moi-même. C’était une façon de pouvoir parler avec les gens. Elle m’a offert un moyen de communication, un moyen de me placer dans un contexte social - ce que j’avais tendance à ne pas vouloir faire.
Et la musique a fait ces choses mais finalement d’une façon abstraite. Elle a fait ces choses pour le type avec sa guitare, mais le type sans sa guitare était plus ou moins toujours le même qu'avant.
Aujourd’hui, je vois que deux des meilleurs jours de ma vie ont été le jour où j’ai pris la guitare et le jour où j’ai appris comment la poser. Quelqu’un m'a dit: "Mec, comment avez-vous fait pour jouer si longtemps ?". J’ai dit: "Ça, c’est facile. C’est s’arrêter qui est dur".
Quand avez-vous appris à poser la guitare ?
Très récemment. Je m’étais enfermé dans une forme d’obsession intense, qui me donnait énormément de détermination, d’énergie et de feu à brûler, parce qu'elle venait d’une peur totale, d’un dégoût et d’une haine de moi-même. Je montais sur scène et c’était dur pour moi de m’arrêter. C’est pourquoi mes concerts étaient si longs. Ils n’étaient pas longs parce que j’avais l’idée ou le projet qu’ils devaient être aussi longs. Je ne pouvais pas m’arrêter tant que je ne me sentais pas consumé, point barre. Complètement consumé.
C’est drôle, parce que les résultats du concert ou de ma musique ont peut-être eu un effet positif pour les autres, mais il y avait un élément à l'intérieur qui était destructeur pour moi. En fait, c’était ma drogue. Et donc, j’ai commencé à suivre le chemin pour m’en sevrer.
Pendant longtemps, j’avais été en mesure de l’ignorer. Quand vous avez 19 ans et que vous êtes dans un camion et que vous traversez le pays d’un bout à l’autre, et puis quand vous avez 25 ans et que vous êtes en tournée avec votre groupe - ça correspondait à ma personnalité. C’est pourquoi j’étais capable d’être bon, mais ensuite je suis arrivé à un âge où ma vraie vie a commencé à me manquer - où même à savoir qu’il y avait une autre vie à vivre. Je veux dire que c'était presque une surprise. Au début vous croyez la vivre. Vous avez eu plusieurs petites amies et puis c’est le: "Désolé, je dois partir maintenant". C’était comme un numéro de Groucho Marx - c’est drôle, parce que c’est un truc qui existe un peu dans ma famille, et c'est: "Salut, je suis venu dire que j’aimerais bien rester, mais vraiment je dois y aller". Et cette phrase c’était moi.
Qu’est-ce qui vous a alerté au fait que vous passiez à côté de quelque chose ou que vous aviez un problème ?
Le fait d’être malheureux. Et d’autres choses, comme mes relations amoureuses. Elles se terminaient toujours mal. Je ne savais pas vraiment comment maintenir une relation avec une femme. Je me demandais aussi comment je pouvais avoir tout cet argent et ne pas le dépenser ? Avant les années 80, je n’avais pas vraiment d’argent. Quand nous avons commencé la tournée The River, j’avais environ 20.000 $, je crois. Donc, vraiment, vers 1983, c’est la première fois que j’ai eu de l’argent à la banque. Mais je ne savais pas le dépenser, je ne savais pas m’amuser. Beaucoup de choses ont donc commencé à apparaître illogiques. Je me suis rendu compte qu’il y avait une forme d’aberration dans mon comportement. Et je ne me sentais pas si bien que ça. Dès que je sortais du contexte des tournées, et du contexte de mon travail, je me sentais perdu.
Très récemment. Je m’étais enfermé dans une forme d’obsession intense, qui me donnait énormément de détermination, d’énergie et de feu à brûler, parce qu'elle venait d’une peur totale, d’un dégoût et d’une haine de moi-même. Je montais sur scène et c’était dur pour moi de m’arrêter. C’est pourquoi mes concerts étaient si longs. Ils n’étaient pas longs parce que j’avais l’idée ou le projet qu’ils devaient être aussi longs. Je ne pouvais pas m’arrêter tant que je ne me sentais pas consumé, point barre. Complètement consumé.
C’est drôle, parce que les résultats du concert ou de ma musique ont peut-être eu un effet positif pour les autres, mais il y avait un élément à l'intérieur qui était destructeur pour moi. En fait, c’était ma drogue. Et donc, j’ai commencé à suivre le chemin pour m’en sevrer.
Pendant longtemps, j’avais été en mesure de l’ignorer. Quand vous avez 19 ans et que vous êtes dans un camion et que vous traversez le pays d’un bout à l’autre, et puis quand vous avez 25 ans et que vous êtes en tournée avec votre groupe - ça correspondait à ma personnalité. C’est pourquoi j’étais capable d’être bon, mais ensuite je suis arrivé à un âge où ma vraie vie a commencé à me manquer - où même à savoir qu’il y avait une autre vie à vivre. Je veux dire que c'était presque une surprise. Au début vous croyez la vivre. Vous avez eu plusieurs petites amies et puis c’est le: "Désolé, je dois partir maintenant". C’était comme un numéro de Groucho Marx - c’est drôle, parce que c’est un truc qui existe un peu dans ma famille, et c'est: "Salut, je suis venu dire que j’aimerais bien rester, mais vraiment je dois y aller". Et cette phrase c’était moi.
Qu’est-ce qui vous a alerté au fait que vous passiez à côté de quelque chose ou que vous aviez un problème ?
Le fait d’être malheureux. Et d’autres choses, comme mes relations amoureuses. Elles se terminaient toujours mal. Je ne savais pas vraiment comment maintenir une relation avec une femme. Je me demandais aussi comment je pouvais avoir tout cet argent et ne pas le dépenser ? Avant les années 80, je n’avais pas vraiment d’argent. Quand nous avons commencé la tournée The River, j’avais environ 20.000 $, je crois. Donc, vraiment, vers 1983, c’est la première fois que j’ai eu de l’argent à la banque. Mais je ne savais pas le dépenser, je ne savais pas m’amuser. Beaucoup de choses ont donc commencé à apparaître illogiques. Je me suis rendu compte qu’il y avait une forme d’aberration dans mon comportement. Et je ne me sentais pas si bien que ça. Dès que je sortais du contexte des tournées, et du contexte de mon travail, je me sentais perdu.
Aviez-vous déjà consulté un thérapeute ou cherché une forme d’aide ?
Oh oui. Je veux dire, je suis devenu très déprimé. J’allais vraiment mal pendant un moment. Et ce qui se passait c’était que, toutes les réponses que m'apportait le rock'nroll ne marchaient plus. Je me suis rendu compte que mon idée centrale - qui, dans ma jeunesse, était d'attaquer la musique avec une intensité vraiment religieuse - marchait jusqu’à un certain point. Mais il existait un moment où cette idée se retourne contre elle-même. Et vous commencez à emprunter ce chemin obscur, où même les meilleures choses sont déformées. Et je suis arrivé à un point où j’ai senti que ma vie était déformée. J’aime ma musique, et je voulais la prendre simplement pour ce qu’elle était. Je ne voulais pas essayer de la déformer pour qu’elle soit toute ma vie. Parce que c’est un mensonge. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas toute votre vie. Cela ne peut jamais l’être
Et je me suis rendu compte que ma vraie vie attendait d’être vécue. Tout l’amour et l’espoir et le chagrin et la tristesse - tout est là quelque part, à attendre d’être vécu. Et je pouvais l’ignorer et le mettre de côté ou je pouvais y dire oui. Mais dire oui à une partie c’est dire oui à tout. C’est pourquoi des gens disent non à tout: "Je me passerai du bonheur tant que je n’ai pas à ressentir la douleur".
Donc, j’ai décidé de travailler là dessus. J’y ai travaillé dur. Et en fait, vous devez commencer à vous ouvrir à vous-même. Je n’étais pas du tout la personne que je pensais être. C’était autour de l’époque de Born In The U.S.A.. Et j’ai acheté cette grande maison dans le New Jersey, ce qui était vraiment pour moi quelque chose d’énorme. C’est un endroit devant lequel j’avais tout le temps l’habitude de passer en courant. C’était une grande maison, et j’ai dit, "Hé, c’est la maison d’un homme riche". Et je crois que la chose la plus dure était qu’elle se trouvait dans une ville où je m’étais fait cracher dessus quand j’étais gamin.
Oh oui. Je veux dire, je suis devenu très déprimé. J’allais vraiment mal pendant un moment. Et ce qui se passait c’était que, toutes les réponses que m'apportait le rock'nroll ne marchaient plus. Je me suis rendu compte que mon idée centrale - qui, dans ma jeunesse, était d'attaquer la musique avec une intensité vraiment religieuse - marchait jusqu’à un certain point. Mais il existait un moment où cette idée se retourne contre elle-même. Et vous commencez à emprunter ce chemin obscur, où même les meilleures choses sont déformées. Et je suis arrivé à un point où j’ai senti que ma vie était déformée. J’aime ma musique, et je voulais la prendre simplement pour ce qu’elle était. Je ne voulais pas essayer de la déformer pour qu’elle soit toute ma vie. Parce que c’est un mensonge. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas toute votre vie. Cela ne peut jamais l’être
Et je me suis rendu compte que ma vraie vie attendait d’être vécue. Tout l’amour et l’espoir et le chagrin et la tristesse - tout est là quelque part, à attendre d’être vécu. Et je pouvais l’ignorer et le mettre de côté ou je pouvais y dire oui. Mais dire oui à une partie c’est dire oui à tout. C’est pourquoi des gens disent non à tout: "Je me passerai du bonheur tant que je n’ai pas à ressentir la douleur".
Donc, j’ai décidé de travailler là dessus. J’y ai travaillé dur. Et en fait, vous devez commencer à vous ouvrir à vous-même. Je n’étais pas du tout la personne que je pensais être. C’était autour de l’époque de Born In The U.S.A.. Et j’ai acheté cette grande maison dans le New Jersey, ce qui était vraiment pour moi quelque chose d’énorme. C’est un endroit devant lequel j’avais tout le temps l’habitude de passer en courant. C’était une grande maison, et j’ai dit, "Hé, c’est la maison d’un homme riche". Et je crois que la chose la plus dure était qu’elle se trouvait dans une ville où je m’étais fait cracher dessus quand j’étais gamin.
C’était à Rumson ?
Oui. Quand j’avais 16 ou 17 ans, mon groupe de Freehold avait été engagé par un club sur la plage. Et nous avons suscité des réactions vraiment hostiles. Je pense que c’était notre look - nous portions des vestes en imitation peau de serpent et nous avions les cheveux longs. Il y a une photo de moi avec les Castiles, on était comme ça. Et je me rappelle être sur scène, avec des mecs qui nous crachaient littéralement dessus. C’était avant que ce look ne devienne à la mode, quand ça voulait vraiment dire ce que ça voulait dire.
Donc, c'était une drôle de décision à prendre, mais j’ai acheté cette maison, et au début, je commençais vraiment à l’apprécier, mais ensuite est arrivée la tournée Born In The U.S.A., et je suis de nouveau parti sur la route. J’ai passé du bon temps, et j’ai commencé à essayer de comprendre des choses. J’essayais de trouver comment établir certains de ces liens, mais encore une fois, c’était plus ou moins de façon abstraite, tel que comment intégrer le groupe dans une idée de communauté dans les lieux que nous visitions.
Est-ce à cette époque que vous avez rencontré Julianne ?
Oui, nous nous sommes rencontrés au milieu de cette tournée. Et nous nous sommes mariés. Et c’était dur. Je ne savais pas vraiment comment être un mari. C’était une personne fantastique, mais je ne savais pas comment me comporter, tout simplement.
Est-ce que le mariage faisait partie des efforts que vous faisiez pour établir des liens, pour gérer cette partie de votre vie ?
Oui, oui. J’avais vraiment besoin de quelque chose, et j’ai tenté l’expérience. Quiconque ayant vécu un divorce peut vous dire de quoi il en retourne. C’est difficile, dur et douloureux pour tous ceux concernés. Mais j’ai continué.
Ensuite, Patti et moi sommes sortis ensemble, pendant la tournée Tunnel Of Love, et j’ai commencé à retrouver mon chemin. Mais quand j’ai arrêté de tourner en 1988, j’ai aussitôt traversé une très mauvaise année. Je suis rentré chez moi, et je n’étais pas très utile à grand monde.
Oui. Quand j’avais 16 ou 17 ans, mon groupe de Freehold avait été engagé par un club sur la plage. Et nous avons suscité des réactions vraiment hostiles. Je pense que c’était notre look - nous portions des vestes en imitation peau de serpent et nous avions les cheveux longs. Il y a une photo de moi avec les Castiles, on était comme ça. Et je me rappelle être sur scène, avec des mecs qui nous crachaient littéralement dessus. C’était avant que ce look ne devienne à la mode, quand ça voulait vraiment dire ce que ça voulait dire.
Donc, c'était une drôle de décision à prendre, mais j’ai acheté cette maison, et au début, je commençais vraiment à l’apprécier, mais ensuite est arrivée la tournée Born In The U.S.A., et je suis de nouveau parti sur la route. J’ai passé du bon temps, et j’ai commencé à essayer de comprendre des choses. J’essayais de trouver comment établir certains de ces liens, mais encore une fois, c’était plus ou moins de façon abstraite, tel que comment intégrer le groupe dans une idée de communauté dans les lieux que nous visitions.
Est-ce à cette époque que vous avez rencontré Julianne ?
Oui, nous nous sommes rencontrés au milieu de cette tournée. Et nous nous sommes mariés. Et c’était dur. Je ne savais pas vraiment comment être un mari. C’était une personne fantastique, mais je ne savais pas comment me comporter, tout simplement.
Est-ce que le mariage faisait partie des efforts que vous faisiez pour établir des liens, pour gérer cette partie de votre vie ?
Oui, oui. J’avais vraiment besoin de quelque chose, et j’ai tenté l’expérience. Quiconque ayant vécu un divorce peut vous dire de quoi il en retourne. C’est difficile, dur et douloureux pour tous ceux concernés. Mais j’ai continué.
Ensuite, Patti et moi sommes sortis ensemble, pendant la tournée Tunnel Of Love, et j’ai commencé à retrouver mon chemin. Mais quand j’ai arrêté de tourner en 1988, j’ai aussitôt traversé une très mauvaise année. Je suis rentré chez moi, et je n’étais pas très utile à grand monde.
Vous viviez toujours à Rumson ?
Oui, et puis nous avons vécu à New York pendant un moment. Cette ville n’était pas pour moi, car j’avais grandi dans une petite ville et j’avais l’habitude d’avoir des voitures et tout le reste.
J’avais fait beaucoup de projets mais quand nous sommes rentrés chez nous, j’ai plus ou moins déraillé pendant un moment. Je me suis simplement perdu. Cette période a duré un an environ.
Quelles sortes de choses avez-vous faites ?
La meilleure façon de le dire est que je ne faisais pas les choses que j’avais dit que j’allais faire. Quelque part entre la prise de conscience et la mise en pratique, j’ai glissé entre les failles. J’avais très peur. Et je ne faisais que résister. Je rendais en général la vie désagréable. Et donc à un certain moment, Patti et moi avons simplement dit: "Assez, partons à Los Angeles".
Je m’étais toujours senti un peu plus léger ici. J’avais une maison sur les collines d’Hollywood depuis le début des années 80, et j’y venais trois ou quatre mois par an. Je me souviens m’y être toujours senti plus léger, comme si le fardeau était moins lourd à porter. Donc, Patti et moi sommes venus ici, et les choses ont commencé à aller mieux. Et puis le bébé est arrivé, et c’était fantastique. C’était tout simplement la chose la plus belle.
Aviez-vous voulu avoir un enfant dans le passé ?
Je sais qu’il y a eu beaucoup de choses dans la presse sur Juli et moi et que la question d’avoir un enfant est ce qui a causé notre rupture. Et bien, ce n’est pas du tout vrai. C’est un mensonge.
Mais était-ce quelque chose que vous vouliez faire - fonder une famille - ou était-ce quelque chose dont vous aviez peur ?
Et bien, oui [pause], j’avais peur. Mais j’avais peur de tout ce truc. C’est la raison pour laquelle j’avais fait en sorte que ma musique représente tout pour moi. J’étais vraiment bon en musique et vraiment mauvais pour tout le reste.
Oui, et puis nous avons vécu à New York pendant un moment. Cette ville n’était pas pour moi, car j’avais grandi dans une petite ville et j’avais l’habitude d’avoir des voitures et tout le reste.
J’avais fait beaucoup de projets mais quand nous sommes rentrés chez nous, j’ai plus ou moins déraillé pendant un moment. Je me suis simplement perdu. Cette période a duré un an environ.
Quelles sortes de choses avez-vous faites ?
La meilleure façon de le dire est que je ne faisais pas les choses que j’avais dit que j’allais faire. Quelque part entre la prise de conscience et la mise en pratique, j’ai glissé entre les failles. J’avais très peur. Et je ne faisais que résister. Je rendais en général la vie désagréable. Et donc à un certain moment, Patti et moi avons simplement dit: "Assez, partons à Los Angeles".
Je m’étais toujours senti un peu plus léger ici. J’avais une maison sur les collines d’Hollywood depuis le début des années 80, et j’y venais trois ou quatre mois par an. Je me souviens m’y être toujours senti plus léger, comme si le fardeau était moins lourd à porter. Donc, Patti et moi sommes venus ici, et les choses ont commencé à aller mieux. Et puis le bébé est arrivé, et c’était fantastique. C’était tout simplement la chose la plus belle.
Aviez-vous voulu avoir un enfant dans le passé ?
Je sais qu’il y a eu beaucoup de choses dans la presse sur Juli et moi et que la question d’avoir un enfant est ce qui a causé notre rupture. Et bien, ce n’est pas du tout vrai. C’est un mensonge.
Mais était-ce quelque chose que vous vouliez faire - fonder une famille - ou était-ce quelque chose dont vous aviez peur ?
Et bien, oui [pause], j’avais peur. Mais j’avais peur de tout ce truc. C’est la raison pour laquelle j’avais fait en sorte que ma musique représente tout pour moi. J’étais vraiment bon en musique et vraiment mauvais pour tout le reste.
Est-ce que Patti a été la personne qui vous a aidé à traverser tout ça ?
Oui. Elle savait très bien me voir venir avec toutes mes conneries. Elle les reconnaissait. Elle était capable de me les montrer. J’étais devenu un expert dans l’art de la manipulation. Vous savez, "Oh, je sors pour un tout petit moment, et je vais aller...". Je trouvais toujours un moyen de m’éloigner, de m’en aller et de revenir et de créer cette distance. J’évitais l’intimité, et je ne voulais pas dévoiler mon jeu. J’avais plusieurs façons de faire cette danse en particulier, et je pensais qu’elles étaient très sophistiquées. Mais peut-être qu’elles ne l’étaient pas. Je ne faisais que ce qui me venait naturellement. Et puis quand je montais sur scène, c’est tout le contraire. Je me propulsais en avant, mais ça allait parce que cela ne durait pas longtemps. Hé, c’est pourquoi on les appelle des aventures sans lendemain. C’est du style, vous êtes là et puis bang ! Vous êtes parti. Pendant la tournée en 1985, j’ai commencé à beaucoup parler de communauté, mais je ne faisais partie d’aucune communauté.
Donc quand je suis rentré à New York après la tournée Amnesty International en 1988, j’étais en errance et perdu, et c’est la patience de Patti et sa compréhension qui m’ont tiré de là. C’est une véritable amie, et nous avons une vraie et belle amitié. Et finalement j’ai dit, "Je dois commencer à gérer ce truc, je dois apprendre à faire mes premiers pas".
Quels étaient certains de ces premiers pas ?
La meilleure chose que j’aie faite est de commencer une thérapie. Elle m'a été très utile. Je me suis rentré dedans et j’ai vu une grande partie de moi-même tel que j'étais vraiment. Et j’ai remis en question toutes mes motivations. Pourquoi est-ce que j’écris ce que que j’écris ? Pourquoi est-ce que je dis ce que je dis ? Est-ce des conneries ? Est-ce que j’essaie simplement de devenir le mec le plus populaire au monde ? Est-ce que j’ai besoin d’être autant adulé ? J’ai remis en cause tout ce que j’avais fait, et c’était une bonne chose. Vous devriez le faire. Et puis vous vous rendez compte qu’il n’y a pas une seule et unique motivation. Vous le faites pour toutes les raisons mentionnées.
Donc, je suis passé par une période d’intense analyse personnelle. Je savais que j’avais dû passer huit heures par jour dans ma chambre avec une guitare pour apprendre à en jouer, et maintenant je savais que j’allais devoir passer le même temps juste pour retrouver ma place.
Oui. Elle savait très bien me voir venir avec toutes mes conneries. Elle les reconnaissait. Elle était capable de me les montrer. J’étais devenu un expert dans l’art de la manipulation. Vous savez, "Oh, je sors pour un tout petit moment, et je vais aller...". Je trouvais toujours un moyen de m’éloigner, de m’en aller et de revenir et de créer cette distance. J’évitais l’intimité, et je ne voulais pas dévoiler mon jeu. J’avais plusieurs façons de faire cette danse en particulier, et je pensais qu’elles étaient très sophistiquées. Mais peut-être qu’elles ne l’étaient pas. Je ne faisais que ce qui me venait naturellement. Et puis quand je montais sur scène, c’est tout le contraire. Je me propulsais en avant, mais ça allait parce que cela ne durait pas longtemps. Hé, c’est pourquoi on les appelle des aventures sans lendemain. C’est du style, vous êtes là et puis bang ! Vous êtes parti. Pendant la tournée en 1985, j’ai commencé à beaucoup parler de communauté, mais je ne faisais partie d’aucune communauté.
Donc quand je suis rentré à New York après la tournée Amnesty International en 1988, j’étais en errance et perdu, et c’est la patience de Patti et sa compréhension qui m’ont tiré de là. C’est une véritable amie, et nous avons une vraie et belle amitié. Et finalement j’ai dit, "Je dois commencer à gérer ce truc, je dois apprendre à faire mes premiers pas".
Quels étaient certains de ces premiers pas ?
La meilleure chose que j’aie faite est de commencer une thérapie. Elle m'a été très utile. Je me suis rentré dedans et j’ai vu une grande partie de moi-même tel que j'étais vraiment. Et j’ai remis en question toutes mes motivations. Pourquoi est-ce que j’écris ce que que j’écris ? Pourquoi est-ce que je dis ce que je dis ? Est-ce des conneries ? Est-ce que j’essaie simplement de devenir le mec le plus populaire au monde ? Est-ce que j’ai besoin d’être autant adulé ? J’ai remis en cause tout ce que j’avais fait, et c’était une bonne chose. Vous devriez le faire. Et puis vous vous rendez compte qu’il n’y a pas une seule et unique motivation. Vous le faites pour toutes les raisons mentionnées.
Donc, je suis passé par une période d’intense analyse personnelle. Je savais que j’avais dû passer huit heures par jour dans ma chambre avec une guitare pour apprendre à en jouer, et maintenant je savais que j’allais devoir passer le même temps juste pour retrouver ma place.
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Écriviez-vous des chansons pendant cette période ?
Au début, je n’avais rien à dire. Pendant les années 88 et 89, à chaque fois que je m’asseyais pour écrire, je faisais du réchauffé. Je n’avais pas de nouvelles chansons à chanter. Je finissais par refaire du Tunnel Of Love, mais en moins bon. Ce n’était que des trucs déprimants et nihilistes. C’est drôle, parce que je crois que les gens associent probablement ma musique à des choses positives. Mais c’est comme si je dérive vraiment vers l’autre côté - je crois qu’il y a eu beaucoup d’amusement désespéré dans mes chansons.
Et puis, je me suis souvenu que Roy [Bittan] avait des musiques qu’il me jouait parfois. Donc, je l’ai appelé et lui ai dit: "Viens me voir, peut-être que j’essaierai d’écrire des paroles sur certaines de tes musiques". Il avait la musique de Roll Of The Dice et j’ai trouvé l’idée, et je suis rentré à la maison et j’ai écrit la chanson. Elle parlait vraiment de ce que j’étais en train d’essayer de faire: j’essayais de trouver le courage de prendre un risque.
Et puis Roy et moi avons commencé à travailler ensemble assez régulièrement. J’avais un petit studio dans mon garage, et j’ai écrit Real World. Ce que j’ai commencé à faire était des petits exercices d’écriture. J’essayais d’écrire quelque chose d'orienté vers la soul. Ou je jouais autour de structures pop existantes. C’est plus ou moins comme ça que j’ai fait l’album Human Touch. La majorité de l’album est générique, dans un certain sens.
Nous avons travaillé pendant environ un an, et à la fin, j’ai essayé de l’assembler. Certains albums se font naturellement, Tunnel Of Love, Nebraska, Lucky Town – ils sont tous venu d’un coup. Human Touch est vraiment un album que j’ai eu du mal à assembler. C’était comme un boulot. J’y travaillais dessus chaque jour. Mais finalement, je l’ai trouvé bon, mais il parlait de ma quête à arriver vers un endroit précis. C’était une sorte de chronique post-Tunnel Of Love. Quand nous l'avons fini, je l’ai mis de côté pendant deux mois.
Puis, j’ai écrit la chanson Living Proof, et quand je l’ai écrite, j’ai dit: "Voilà ce que j’essaie de dire. Voilà ce que je ressens". Et ça a été un grand moment, parce que j’avais atterri en plein dans le présent, et c’est là où je voulais être. J’avais passé une grande partie de ma vie à écrire sur mon passé, réel et imaginaire, d’une certaine manière. Mais avec Lucky Town, ce que j’ai ressenti c'est voilà où je suis. Voici qui je suis. Voici ce que j’ai à dire. Voilà les histoires que je veux raconter. Voilà ce qui est important dans ma vie en ce moment. Et j’ai écrit et enregistré tout cet album en trois semaines chez moi.
Au début, je n’avais rien à dire. Pendant les années 88 et 89, à chaque fois que je m’asseyais pour écrire, je faisais du réchauffé. Je n’avais pas de nouvelles chansons à chanter. Je finissais par refaire du Tunnel Of Love, mais en moins bon. Ce n’était que des trucs déprimants et nihilistes. C’est drôle, parce que je crois que les gens associent probablement ma musique à des choses positives. Mais c’est comme si je dérive vraiment vers l’autre côté - je crois qu’il y a eu beaucoup d’amusement désespéré dans mes chansons.
Et puis, je me suis souvenu que Roy [Bittan] avait des musiques qu’il me jouait parfois. Donc, je l’ai appelé et lui ai dit: "Viens me voir, peut-être que j’essaierai d’écrire des paroles sur certaines de tes musiques". Il avait la musique de Roll Of The Dice et j’ai trouvé l’idée, et je suis rentré à la maison et j’ai écrit la chanson. Elle parlait vraiment de ce que j’étais en train d’essayer de faire: j’essayais de trouver le courage de prendre un risque.
Et puis Roy et moi avons commencé à travailler ensemble assez régulièrement. J’avais un petit studio dans mon garage, et j’ai écrit Real World. Ce que j’ai commencé à faire était des petits exercices d’écriture. J’essayais d’écrire quelque chose d'orienté vers la soul. Ou je jouais autour de structures pop existantes. C’est plus ou moins comme ça que j’ai fait l’album Human Touch. La majorité de l’album est générique, dans un certain sens.
Nous avons travaillé pendant environ un an, et à la fin, j’ai essayé de l’assembler. Certains albums se font naturellement, Tunnel Of Love, Nebraska, Lucky Town – ils sont tous venu d’un coup. Human Touch est vraiment un album que j’ai eu du mal à assembler. C’était comme un boulot. J’y travaillais dessus chaque jour. Mais finalement, je l’ai trouvé bon, mais il parlait de ma quête à arriver vers un endroit précis. C’était une sorte de chronique post-Tunnel Of Love. Quand nous l'avons fini, je l’ai mis de côté pendant deux mois.
Puis, j’ai écrit la chanson Living Proof, et quand je l’ai écrite, j’ai dit: "Voilà ce que j’essaie de dire. Voilà ce que je ressens". Et ça a été un grand moment, parce que j’avais atterri en plein dans le présent, et c’est là où je voulais être. J’avais passé une grande partie de ma vie à écrire sur mon passé, réel et imaginaire, d’une certaine manière. Mais avec Lucky Town, ce que j’ai ressenti c'est voilà où je suis. Voici qui je suis. Voici ce que j’ai à dire. Voilà les histoires que je veux raconter. Voilà ce qui est important dans ma vie en ce moment. Et j’ai écrit et enregistré tout cet album en trois semaines chez moi.
N’avez-vous jamais pensé à ne pas sortir Human Touch ?
Si, sauf qu’à chaque fois que je l’écoutais, je l’aimais bien. De plus, je voulais présenter beaucoup de chansons, parce que je ne voulais pas être dépendant de mon ancien répertoire quand je partirais en tournée. Je voulais avoir une bonne réserve de chansons dans laquelle puiser quand je monterais sur scène.
Et puis je me suis rendu compte que les deux albums ensemble racontaient une histoire. Il y a Tunnel Of Love, et puis il y a ce qui se passe après avec Human Touch, puis il y a Lucky Town. Et en fait je me suis dit: "Hé - Guns & Roses ! Ils ont sorti deux albums en même temps, peut-être que je vais tenter le coup !".
Il y a une perception quelque part - et quelques critiques de vos albums l’ont mentionnée - que vous vous êtes coupé de la réalité, vivant dans une grande maison, etc... Cependant, si on se base sur ce que vous dites, je suppose que vous diriez plutôt que c’est le contraire.
Ce sont des clichés, et les gens en sont arrivés à croire aux clichés dans la musique rock. Vous savez, c’est comme si, d'une certaine manière, il est plus acceptable d’être accro à l’héroïne que, disons, fréquenter des gens de la jet-set. Mais vous savez, c’est toujours la même histoire. Les gens ne savent pas ce que vous faites à moins qu’ils essaient de se mettre un peu à votre place.
Certains de vos fans semblent penser la même chose, qu’en vous installant à Los Angeles et en achetant une maison à 14 million de dollars, vous les avez laissé tomber ou les avez trahis.
J’ai tenu mes promesses. Je ne me suis pas détruit. Je n’ai pas gaspillé mon talent. Je ne suis pas mort. Je n’ai pas balancé mes valeurs musicales. Hé, j’ai campé sur mes positions sur toutes ces choses-là. Et ma musique a été, en grande partie, une chose positive, libératrice, vivante et exaltante. Et en chemin j’ai gagné beaucoup d’argent, et j’ai acheté une grande maison. Et je l’adore. Je l’adore. Elle est superbe. Elle est belle, vraiment belle. Et d’une certaine façon, c’est ma première vraie maison. J’y ai des photos de ma famille. Et il y a un endroit où je fais de la musique, un endroit pour les enfants, et c’est comme un rêve.
J’aime toujours le New Jersey. Nous y retournons tout le temps. J’y ai visité une ferme qu’il se peut que j’achète. Je voudrais que mes enfants aient ça aussi. Mais je suis venu ici, et j’ai simplement senti que le mec qui est né aux U.S.A. avait laissé le bandana derrière lui, vous comprenez ?
J’ai combattu beaucoup de choses ces deux ou trois dernières années, et le combat a été très gratifiant. J’ai été très, très heureux, honnêtement le plus heureux que je ne l’ai été dans ma vie. Et ce n’était pas cette idée du 'bonheur' en une seule dimension. C’est accepter la mort, le chagrin et la mortalité. C’est abandonner le scénario et laisser les jeux se faire.
Si, sauf qu’à chaque fois que je l’écoutais, je l’aimais bien. De plus, je voulais présenter beaucoup de chansons, parce que je ne voulais pas être dépendant de mon ancien répertoire quand je partirais en tournée. Je voulais avoir une bonne réserve de chansons dans laquelle puiser quand je monterais sur scène.
Et puis je me suis rendu compte que les deux albums ensemble racontaient une histoire. Il y a Tunnel Of Love, et puis il y a ce qui se passe après avec Human Touch, puis il y a Lucky Town. Et en fait je me suis dit: "Hé - Guns & Roses ! Ils ont sorti deux albums en même temps, peut-être que je vais tenter le coup !".
Il y a une perception quelque part - et quelques critiques de vos albums l’ont mentionnée - que vous vous êtes coupé de la réalité, vivant dans une grande maison, etc... Cependant, si on se base sur ce que vous dites, je suppose que vous diriez plutôt que c’est le contraire.
Ce sont des clichés, et les gens en sont arrivés à croire aux clichés dans la musique rock. Vous savez, c’est comme si, d'une certaine manière, il est plus acceptable d’être accro à l’héroïne que, disons, fréquenter des gens de la jet-set. Mais vous savez, c’est toujours la même histoire. Les gens ne savent pas ce que vous faites à moins qu’ils essaient de se mettre un peu à votre place.
Certains de vos fans semblent penser la même chose, qu’en vous installant à Los Angeles et en achetant une maison à 14 million de dollars, vous les avez laissé tomber ou les avez trahis.
J’ai tenu mes promesses. Je ne me suis pas détruit. Je n’ai pas gaspillé mon talent. Je ne suis pas mort. Je n’ai pas balancé mes valeurs musicales. Hé, j’ai campé sur mes positions sur toutes ces choses-là. Et ma musique a été, en grande partie, une chose positive, libératrice, vivante et exaltante. Et en chemin j’ai gagné beaucoup d’argent, et j’ai acheté une grande maison. Et je l’adore. Je l’adore. Elle est superbe. Elle est belle, vraiment belle. Et d’une certaine façon, c’est ma première vraie maison. J’y ai des photos de ma famille. Et il y a un endroit où je fais de la musique, un endroit pour les enfants, et c’est comme un rêve.
J’aime toujours le New Jersey. Nous y retournons tout le temps. J’y ai visité une ferme qu’il se peut que j’achète. Je voudrais que mes enfants aient ça aussi. Mais je suis venu ici, et j’ai simplement senti que le mec qui est né aux U.S.A. avait laissé le bandana derrière lui, vous comprenez ?
J’ai combattu beaucoup de choses ces deux ou trois dernières années, et le combat a été très gratifiant. J’ai été très, très heureux, honnêtement le plus heureux que je ne l’ai été dans ma vie. Et ce n’était pas cette idée du 'bonheur' en une seule dimension. C’est accepter la mort, le chagrin et la mortalité. C’est abandonner le scénario et laisser les jeux se faire.
Quelle a été la chose la plus dure en devenant père ?
L’engagement. L’engagement. L’engagement. Vous avez peur d’aimer quelque chose si fort, vous avez peur de ressentir autant d’amour. Parce qu’un monde de peur s’empare de vous, particulièrement dans ce monde dans lequel nous vivons. Mais ensuite vous vous rendez compte: "Oh, je vois, pour aimer autant quelque chose, comme j’aime Patti et mes enfants, vous devez pouvoir accepter de vivre avec ce monde de peur, ce monde de doute, par rapport à l’avenir. Et vous devez tout donner aujourd’hui sans retenue". Et c’était ma spécialité; ma spécialité était de garder mes distances, ainsi si je perdais quelque chose, la perte ne me ferait pas autant mal. Et vous pouvez agir ainsi, mais vous n’aurez jamais rien.
C’est drôle, parce que la nuit où mon petit garçon est né, c’était incroyable. J’ai joué sur scène devant des centaines de milliers de personnes, et j’ai senti mon esprit s’élever certains soirs. Mais au moment où il est né, j’ai ressenti une forme d’amour que je n’avais pas ressenti auparavant. Et à la minute où je l’ai ressenti, c’était terrifiant. C'était du genre: "Wow, je comprends. Cet amour est là pour être possédé, et pour être ressenti et vécu ? Par tout le monde, au quotidien ?". Et j’ai compris pourquoi on s’enfuit, parce que c’est terrifiant. Mais c’est aussi une fenêtre sur un autre monde. Et c’est dans ce monde que je veux vivre maintenant.
Est-ce que le fait d’avoir des enfants a changé la façon dont vous regardez vos propres parents ?
C’était incroyable, en fait, combien elle a changé. Je suis plus proche de mes parents maintenant, et je crois qu’ils se sentent plus proches de moi. Mon père, en particulier. Il y a dû avoir quelque chose quand j’ai été sur le point d’être père qui a suscité en lui l’émotion qui lui a permis de parler de notre relation. J'ai été assez surpris; c’est venu d'un coup.
Il n’a jamais été une personne qui parlait beaucoup, et je lui parlais à travers mes chansons. Pas le meilleur moyen de communiquer, vous savez. Mais je savais qu’il les entendait. Et puis, avant la naissance d’Evan, nous avons finalement parlé de beaucoup de choses, dont je n’étais pas sûr que nous aborderions le sujet, un jour. Ça a été probablement l’un des plus beaux cadeaux de ma vie. Et ça a donné à ma paternité imminente une grande richesse et une plus grande résonance. C’est drôle, parce que les enfants ont beaucoup de pouvoir, ils affectent tout. Et le bébé n’était pas encore né, mais il affectait la façon dont les gens ressentaient les choses et la façon dont ils se parlaient, la façon dont ils se traitaient.
L’engagement. L’engagement. L’engagement. Vous avez peur d’aimer quelque chose si fort, vous avez peur de ressentir autant d’amour. Parce qu’un monde de peur s’empare de vous, particulièrement dans ce monde dans lequel nous vivons. Mais ensuite vous vous rendez compte: "Oh, je vois, pour aimer autant quelque chose, comme j’aime Patti et mes enfants, vous devez pouvoir accepter de vivre avec ce monde de peur, ce monde de doute, par rapport à l’avenir. Et vous devez tout donner aujourd’hui sans retenue". Et c’était ma spécialité; ma spécialité était de garder mes distances, ainsi si je perdais quelque chose, la perte ne me ferait pas autant mal. Et vous pouvez agir ainsi, mais vous n’aurez jamais rien.
C’est drôle, parce que la nuit où mon petit garçon est né, c’était incroyable. J’ai joué sur scène devant des centaines de milliers de personnes, et j’ai senti mon esprit s’élever certains soirs. Mais au moment où il est né, j’ai ressenti une forme d’amour que je n’avais pas ressenti auparavant. Et à la minute où je l’ai ressenti, c’était terrifiant. C'était du genre: "Wow, je comprends. Cet amour est là pour être possédé, et pour être ressenti et vécu ? Par tout le monde, au quotidien ?". Et j’ai compris pourquoi on s’enfuit, parce que c’est terrifiant. Mais c’est aussi une fenêtre sur un autre monde. Et c’est dans ce monde que je veux vivre maintenant.
Est-ce que le fait d’avoir des enfants a changé la façon dont vous regardez vos propres parents ?
C’était incroyable, en fait, combien elle a changé. Je suis plus proche de mes parents maintenant, et je crois qu’ils se sentent plus proches de moi. Mon père, en particulier. Il y a dû avoir quelque chose quand j’ai été sur le point d’être père qui a suscité en lui l’émotion qui lui a permis de parler de notre relation. J'ai été assez surpris; c’est venu d'un coup.
Il n’a jamais été une personne qui parlait beaucoup, et je lui parlais à travers mes chansons. Pas le meilleur moyen de communiquer, vous savez. Mais je savais qu’il les entendait. Et puis, avant la naissance d’Evan, nous avons finalement parlé de beaucoup de choses, dont je n’étais pas sûr que nous aborderions le sujet, un jour. Ça a été probablement l’un des plus beaux cadeaux de ma vie. Et ça a donné à ma paternité imminente une grande richesse et une plus grande résonance. C’est drôle, parce que les enfants ont beaucoup de pouvoir, ils affectent tout. Et le bébé n’était pas encore né, mais il affectait la façon dont les gens ressentaient les choses et la façon dont ils se parlaient, la façon dont ils se traitaient.
Vous avez dit que Pony Boy était l'une des chansons que votre mère vous chantait.
Ma grand-mère me la chantait quand j’étais petit. J’ai inventé la majorité des vers; je suis sûr qu’il existe de véritables paroles, mais je ne suis pas sûr que ce soit celles que j’ai utilisées. C’était la chanson que je chantais à mon petit garçon quand il était encore dans le ventre de Patti. Et quand il est né, il la savait. C’est drôle. Et ça marchait comme par magie. Il pleurait, et je la lui chantais, et il s’arrêtait net. Incroyable.
Vous et Patti, vous avez fait une grande cérémonie pour votre mariage, non ?
Ce n’était pas une si grande cérémonie, environ 80 ou 90 personnes. La cérémonie s’est déroulée dans notre maison, et la journée a été fantastique. Vous arrivez à dire tout haut toutes les choses qui vous amènent à cet endroit. Je crois maintenant en tous les rituels et toutes ces choses. Je pense qu’elles ont véritablement une valeur. Et je sais que le fait de s’être mariés a donné un sens plus profond à notre relation. Pendant longtemps, je n’ai pas mis beaucoup de foi en ces choses-là, mais j’en suis arrivé à penser qu’elles sont importantes. Tout comme, aller à l’église me manque. J’aimerais bien y aller, mais je ne sais pas où aller. Je ne crois pas à tous ces aspects dogmatiques, mais j’aime l’idée que les gens se retrouvent pour une forme d’enrichissement ou d’illumination spirituelle ou même simplement pour se dire bonjour une fois par semaine.
Ma grand-mère me la chantait quand j’étais petit. J’ai inventé la majorité des vers; je suis sûr qu’il existe de véritables paroles, mais je ne suis pas sûr que ce soit celles que j’ai utilisées. C’était la chanson que je chantais à mon petit garçon quand il était encore dans le ventre de Patti. Et quand il est né, il la savait. C’est drôle. Et ça marchait comme par magie. Il pleurait, et je la lui chantais, et il s’arrêtait net. Incroyable.
Vous et Patti, vous avez fait une grande cérémonie pour votre mariage, non ?
Ce n’était pas une si grande cérémonie, environ 80 ou 90 personnes. La cérémonie s’est déroulée dans notre maison, et la journée a été fantastique. Vous arrivez à dire tout haut toutes les choses qui vous amènent à cet endroit. Je crois maintenant en tous les rituels et toutes ces choses. Je pense qu’elles ont véritablement une valeur. Et je sais que le fait de s’être mariés a donné un sens plus profond à notre relation. Pendant longtemps, je n’ai pas mis beaucoup de foi en ces choses-là, mais j’en suis arrivé à penser qu’elles sont importantes. Tout comme, aller à l’église me manque. J’aimerais bien y aller, mais je ne sais pas où aller. Je ne crois pas à tous ces aspects dogmatiques, mais j’aime l’idée que les gens se retrouvent pour une forme d’enrichissement ou d’illumination spirituelle ou même simplement pour se dire bonjour une fois par semaine.
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Le fait que le pays soit en faillite spirituelle est quelque chose que vous avez mentionné par rapport aux émeutes de Los Angeles.
Nous sommes en train de récolter ce que nous avons semé, d’une façon bien triste. Je veux dire, l’héritage que nous laissons aujourd’hui à nos enfants est un héritage de crainte. C’est en grande partie ce que grandir aux États-Unis représente: la crainte, la peur, la méfiance, la haine aveugle. On est en train de nous épuiser à un tel point que quelque soit la personne que vous êtes, ce que vous pensez, ce en quoi vous croyez, où vous vous situez, ce que vous ressentez dans votre âme ne signifie rien à un moment donné. A la place c’est: "A quoi ressemblez-vous ? D’où venez-vous ?". C’est terrifiant.
Je me souviens qu’au début des années 80, je suis retourné dans le quartier où j’avais créé mon premier groupe. Un quartier qui a toujours eu une population mixte, et j’étais avec un de mes amis, et nous sommes sortis de la voiture et nous avons simplement marché pendant 20 minutes, environ. Et quand je suis retourné à ma voiture, il y avait un groupe d’hommes noirs plus âgés et des mecs plus jeunes, et ils se sont tous attroupés autour de la voiture et ont dit : "Qu’est-ce que vous foutez ?". J’ai dit "Et bien, j’ai vécu ici pendant quatre ou cinq ans" et je leur ai simplement dit ce que nous faisions ici. Et ils m’ont dit: "Non, qu’est-ce que vous foutez dans notre quartier ? Quand nous allons dans vos quartiers, on se fait arrêter simplement parce qu’on marche dans la rue. Les gens veulent savoir ce que nous foutons dans votre quartier. Donc, qu’est-ce que vous foutez dans notre quartier ?". Et c’était très tendu.
Les émeutes (1) ont éclaté juste après la deuxième session de cette interview. C’était terrifiant d’être à Los Angeles à ce moment-là.
C’était vraiment comme si tout s’écroulait. Jeudi [le jour après le début des émeutes], nous étions à Hollywood pour répéter, et les gens avaient peur. Les gens avaient vraiment peur. Et ensuite, vous étiez simplement triste ou en colère.
A la fin des années soixante, il y a eu cette fameuse commission crée par Lyndon Johnson (2), et ils ont dit qu’il faudrait un effort massif et continu du gouvernement et des gens pour améliorer la vie dans les quartiers sensibles. Et toutes les chose qu’ils ont commencé à mettre en place à l’époque ont été démantelées pendant ces dix dernières années. Et beaucoup de signaux violents ont été envoyés, ce qui a créé un véritable climat d’intolérance. Et les gens s'en sont servis et ont abandonné. L’essor de la droite et des groupuscules extrémistes de droite n’est pas un accident. David Duke (3) - c'est gênant.
Donc, nous faisons marche arrière. Et non seulement nous n’avons pas fait les efforts nécessaires pour gérer cette situation, mais en plus, nous nous sommes retrouvés en faillite.
Nous bradons notre avenir, et je ne crois pas que quiconque pense vraiment que celui qui sera élu, peu importe qui, aux prochaines élections, va sérieusement s’attaquer aux problèmes d’une manière significative.
D’un côté, il semble y avoir un énorme sentiment de désillusion dans ce pays. Et d’un autre côté cependant, il semble que George Bush pourrait être réélu.
C’est ce que je pense aussi, mais pas grâce à ma voix. Les gens flirtent avec les candidats marginaux, mais je pense que le geste ne va pas plus loin. Au moment où il faut vraiment prendre une décision, ils finissent toujours par choisir un des principaux candidats. Et ce qui est frustrant est de savoir que ça ne va pas marcher.
Nous sommes en train de récolter ce que nous avons semé, d’une façon bien triste. Je veux dire, l’héritage que nous laissons aujourd’hui à nos enfants est un héritage de crainte. C’est en grande partie ce que grandir aux États-Unis représente: la crainte, la peur, la méfiance, la haine aveugle. On est en train de nous épuiser à un tel point que quelque soit la personne que vous êtes, ce que vous pensez, ce en quoi vous croyez, où vous vous situez, ce que vous ressentez dans votre âme ne signifie rien à un moment donné. A la place c’est: "A quoi ressemblez-vous ? D’où venez-vous ?". C’est terrifiant.
Je me souviens qu’au début des années 80, je suis retourné dans le quartier où j’avais créé mon premier groupe. Un quartier qui a toujours eu une population mixte, et j’étais avec un de mes amis, et nous sommes sortis de la voiture et nous avons simplement marché pendant 20 minutes, environ. Et quand je suis retourné à ma voiture, il y avait un groupe d’hommes noirs plus âgés et des mecs plus jeunes, et ils se sont tous attroupés autour de la voiture et ont dit : "Qu’est-ce que vous foutez ?". J’ai dit "Et bien, j’ai vécu ici pendant quatre ou cinq ans" et je leur ai simplement dit ce que nous faisions ici. Et ils m’ont dit: "Non, qu’est-ce que vous foutez dans notre quartier ? Quand nous allons dans vos quartiers, on se fait arrêter simplement parce qu’on marche dans la rue. Les gens veulent savoir ce que nous foutons dans votre quartier. Donc, qu’est-ce que vous foutez dans notre quartier ?". Et c’était très tendu.
Les émeutes (1) ont éclaté juste après la deuxième session de cette interview. C’était terrifiant d’être à Los Angeles à ce moment-là.
C’était vraiment comme si tout s’écroulait. Jeudi [le jour après le début des émeutes], nous étions à Hollywood pour répéter, et les gens avaient peur. Les gens avaient vraiment peur. Et ensuite, vous étiez simplement triste ou en colère.
A la fin des années soixante, il y a eu cette fameuse commission crée par Lyndon Johnson (2), et ils ont dit qu’il faudrait un effort massif et continu du gouvernement et des gens pour améliorer la vie dans les quartiers sensibles. Et toutes les chose qu’ils ont commencé à mettre en place à l’époque ont été démantelées pendant ces dix dernières années. Et beaucoup de signaux violents ont été envoyés, ce qui a créé un véritable climat d’intolérance. Et les gens s'en sont servis et ont abandonné. L’essor de la droite et des groupuscules extrémistes de droite n’est pas un accident. David Duke (3) - c'est gênant.
Donc, nous faisons marche arrière. Et non seulement nous n’avons pas fait les efforts nécessaires pour gérer cette situation, mais en plus, nous nous sommes retrouvés en faillite.
Nous bradons notre avenir, et je ne crois pas que quiconque pense vraiment que celui qui sera élu, peu importe qui, aux prochaines élections, va sérieusement s’attaquer aux problèmes d’une manière significative.
D’un côté, il semble y avoir un énorme sentiment de désillusion dans ce pays. Et d’un autre côté cependant, il semble que George Bush pourrait être réélu.
C’est ce que je pense aussi, mais pas grâce à ma voix. Les gens flirtent avec les candidats marginaux, mais je pense que le geste ne va pas plus loin. Au moment où il faut vraiment prendre une décision, ils finissent toujours par choisir un des principaux candidats. Et ce qui est frustrant est de savoir que ça ne va pas marcher.
Est-ce qu’aucun des candidats ne vous plaît ?
Ce que dit Jerry Brown (4) est vrai - tout ce truc est vrai. Et j’aimais bien Jesse Jackson (5) quand il était candidat lors de la dernière campagne. Mais je crois qu’il n’y a jamais vraiment eu quelqu’un qui puisse donner vie à ces idées, qui puisse convaincre les gens qu’il existe une alternative.
L’Amérique est un pays conservateur, vraiment conservateur. Je pense que c’est la chose que les dix dernières années ont démontrée. Mais je ne sais pas si les gens sont vraiment organisés, et je ne crois pas qu’il y ait une personnalité capable d’incarner, dans l’ensemble, les choses qui sont en train de ronger l’âme de la nation toute entière.
Ce que je veux dire, c’est que le système politique est vraiment cassé. Nous avons abandonné une énorme partie de la population - nous les avons laissés pour morts. Mais un jour, nous allons devoir payer le prix de nos erreurs. Mais vous vous inquiétez pour la vie de vos propres enfants, et les gens vivent dans un tel état de peur que ça affecte l’ensemble de la vie spirituelle du pays. Je vis bien, et beaucoup de gens également, mais ça vous affecte à l’intérieur d’une certaine façon, et ça bouffe toute forme de spiritualité que vous recherchez.
Est-ce que vous voyez des raisons d’être optimiste ?
Et bien, quelqu’un va devoir s’attaquer à ces problèmes. Je ne pense pas qu’ils puissent être ignorés pour toujours. Je ne pense pas qu'au bout du compte, les gens vont le supporter. Peut-être que nous n’en sommes pas encore là. Mais à un moment donné, ignorer ces choses aura simplement un coût trop élevé.
Beaucoup de gens ont fait remarquer que les rappers ont soulevé beaucoup de ces questions. Quelle sorte de musique écoutez-vous ?
J’aime bien Sir Mix-a-Lot. J’aime bien Queen Latifah; je l’aime beaucoup. J’aime aussi Social Distortion. Je pense que Somewhere Between Heaven and Hell est un grand album, un grand album de rock. Born To Lose est un super truc. J’aime bien Faith No More. J’aime bien Live; je pense que ce type [Edward Kowalczyk] est vraiment un bon chanteur. J’aime une chanson sur l’album de Peter Case, Beyond The Blues. Vraiment une bonne chanson.
Comment vous tenez-vous au courant de ce qui passe sur le plan musical ?
Tous les 3 ou 4 mois, je m’en vais déambuler dans les allées de Tower Records (6) et j’achète quelque chose comme une cinquantaine de trucs, et je monte dans ma voiture et je mets des disques, tout simplement, les uns après les autres. J’achète énormément par curiosité. Parfois j’achète un truc à cause de la pochette. Et puis je regarde la télévision aussi. Le dimanche, je regarde 120 Minutes (7) juste pour voir ce qui se passe.
Ce que dit Jerry Brown (4) est vrai - tout ce truc est vrai. Et j’aimais bien Jesse Jackson (5) quand il était candidat lors de la dernière campagne. Mais je crois qu’il n’y a jamais vraiment eu quelqu’un qui puisse donner vie à ces idées, qui puisse convaincre les gens qu’il existe une alternative.
L’Amérique est un pays conservateur, vraiment conservateur. Je pense que c’est la chose que les dix dernières années ont démontrée. Mais je ne sais pas si les gens sont vraiment organisés, et je ne crois pas qu’il y ait une personnalité capable d’incarner, dans l’ensemble, les choses qui sont en train de ronger l’âme de la nation toute entière.
Ce que je veux dire, c’est que le système politique est vraiment cassé. Nous avons abandonné une énorme partie de la population - nous les avons laissés pour morts. Mais un jour, nous allons devoir payer le prix de nos erreurs. Mais vous vous inquiétez pour la vie de vos propres enfants, et les gens vivent dans un tel état de peur que ça affecte l’ensemble de la vie spirituelle du pays. Je vis bien, et beaucoup de gens également, mais ça vous affecte à l’intérieur d’une certaine façon, et ça bouffe toute forme de spiritualité que vous recherchez.
Est-ce que vous voyez des raisons d’être optimiste ?
Et bien, quelqu’un va devoir s’attaquer à ces problèmes. Je ne pense pas qu’ils puissent être ignorés pour toujours. Je ne pense pas qu'au bout du compte, les gens vont le supporter. Peut-être que nous n’en sommes pas encore là. Mais à un moment donné, ignorer ces choses aura simplement un coût trop élevé.
Beaucoup de gens ont fait remarquer que les rappers ont soulevé beaucoup de ces questions. Quelle sorte de musique écoutez-vous ?
J’aime bien Sir Mix-a-Lot. J’aime bien Queen Latifah; je l’aime beaucoup. J’aime aussi Social Distortion. Je pense que Somewhere Between Heaven and Hell est un grand album, un grand album de rock. Born To Lose est un super truc. J’aime bien Faith No More. J’aime bien Live; je pense que ce type [Edward Kowalczyk] est vraiment un bon chanteur. J’aime une chanson sur l’album de Peter Case, Beyond The Blues. Vraiment une bonne chanson.
Comment vous tenez-vous au courant de ce qui passe sur le plan musical ?
Tous les 3 ou 4 mois, je m’en vais déambuler dans les allées de Tower Records (6) et j’achète quelque chose comme une cinquantaine de trucs, et je monte dans ma voiture et je mets des disques, tout simplement, les uns après les autres. J’achète énormément par curiosité. Parfois j’achète un truc à cause de la pochette. Et puis je regarde la télévision aussi. Le dimanche, je regarde 120 Minutes (7) juste pour voir ce qui se passe.
Mike Appel, votre ancien manager, a contribué à un nouveau livre ('Down Thunder Road: The Making of Bruce Springsteen') qui pour l’essentiel affirme que votre manager actuel, Jon Landau, vous a subtilisé à lui.
Et bien, c’est honteux, vous savez, parce que ce qui s’est passé, c’était que Mike et moi étions arrivés à un point où notre relation avait plus ou moins atteint ses limites. Nous étions dans une impasse. Et Jon est arrivé, et il avait un point de vue assez sophistiqué, et il avait une idée pour résoudre des problèmes très importants, tel que comment enregistrer et où enregistrer.
Mais Mike a fait de Jon son monstre, peut-être pour éviter d’en faire un de moi. C’est une chose classique: Qui veut s’avouer responsable d’une chose qui a foiré ? Personne. C’est dur de se dire : "Peut-être que là j’ai merdé". Mais la vérité est que si ça n’avait pas été Jon, ça aurait été quelqu’un d’autre - ou personne d’autre, mais j’aurais fait mon propre chemin. Jon n’a pas dit, "Hé, faisons ce que je veux faire". Il a dit: "Je suis là pour t’aider à faire ce que tu vas faire". Et c’est ce qu’il fait depuis le jour où nous nous sommes rencontrés.
Deux autres personnes qui travaillaient avec vous, d’anciens roadies, vous ont attaqué en justice il y a quelques années, vous accusant, en autre, de ne pas leur avoir payé leurs heures supplémentaires. Quelle a été votre réaction ?
C’était décevant. J’ai travaillé avec ces deux personnes pendant longtemps, et je pensais vraiment avoir fait les choses correctement. Et quand ils sont partis, c'était poignées de mains et embrassades pour tous, vous savez. Et puis, un an plus tard environ, bang !
Je pense que si vous demandiez à la plupart des gens qui ont travaillé avec moi ce qu’ils ont ressenti de cette expérience, ils diraient qu’ils ont vraiment été bien traités. Mais il suffit d’une personne mécontente ou malheureuse, et c’est ce que les gens veulent entendre; et la rumeur s’amplifie. Mais en dehors de tout ça - la connerie du truc - est que si vous passez beaucoup de temps avec quelqu’un et qu’il y a un gros malentendu, et bien, ça vous affecte.
Et bien, c’est honteux, vous savez, parce que ce qui s’est passé, c’était que Mike et moi étions arrivés à un point où notre relation avait plus ou moins atteint ses limites. Nous étions dans une impasse. Et Jon est arrivé, et il avait un point de vue assez sophistiqué, et il avait une idée pour résoudre des problèmes très importants, tel que comment enregistrer et où enregistrer.
Mais Mike a fait de Jon son monstre, peut-être pour éviter d’en faire un de moi. C’est une chose classique: Qui veut s’avouer responsable d’une chose qui a foiré ? Personne. C’est dur de se dire : "Peut-être que là j’ai merdé". Mais la vérité est que si ça n’avait pas été Jon, ça aurait été quelqu’un d’autre - ou personne d’autre, mais j’aurais fait mon propre chemin. Jon n’a pas dit, "Hé, faisons ce que je veux faire". Il a dit: "Je suis là pour t’aider à faire ce que tu vas faire". Et c’est ce qu’il fait depuis le jour où nous nous sommes rencontrés.
Deux autres personnes qui travaillaient avec vous, d’anciens roadies, vous ont attaqué en justice il y a quelques années, vous accusant, en autre, de ne pas leur avoir payé leurs heures supplémentaires. Quelle a été votre réaction ?
C’était décevant. J’ai travaillé avec ces deux personnes pendant longtemps, et je pensais vraiment avoir fait les choses correctement. Et quand ils sont partis, c'était poignées de mains et embrassades pour tous, vous savez. Et puis, un an plus tard environ, bang !
Je pense que si vous demandiez à la plupart des gens qui ont travaillé avec moi ce qu’ils ont ressenti de cette expérience, ils diraient qu’ils ont vraiment été bien traités. Mais il suffit d’une personne mécontente ou malheureuse, et c’est ce que les gens veulent entendre; et la rumeur s’amplifie. Mais en dehors de tout ça - la connerie du truc - est que si vous passez beaucoup de temps avec quelqu’un et qu’il y a un gros malentendu, et bien, ça vous affecte.
Vous êtes récemment passé dans l’émission Saturday Night Live. C’était la première fois de votre vie que vous jouiez à la télévision. En quoi avez-vous aimé cette expérience ?
C’était très intense. Normalement, vous répétez deux ou trois fois avant de passer, mais quand nous sommes passés, c'était du style, "OK, vous avez trois chansons, donc vous devez laisser tomber les répétitions". C’était différent, mais j’ai vraiment bien aimé. J'imagine qu'il y a dû avoir une raison pour laquelle je n’étais jamais allé à la télévision pendant tout ce temps, mais maintenant que je l’ai fait, c’est: "Mon Dieu, pourquoi ne l’ai-je pas fait avant ?". Il devait y avoir une raison. Et je pense vraiment que je vais commencer à davantage utiliser la télévision, d’une certaine manière. A ce stade, je crois que c’est au programme afin de trouver un moyen d’atteindre des gens qui pourraient être intéressés par ce que je dis, par ce que je chante.
Je crois en cette musique autant qu’aux autres choses que j’ai écrites. Je pense qu’elle est vraie et authentique. Je sens que mes pouvoirs créatifs sont au plus haut en ce moment. Je crois que je présente dans mon travail une complexité d’idées que j’ai vraiment eu du mal à atteindre par le passé. Et il m’a fallu dix années de travail acharné en dehors de la musique pour en arriver là. Un travail vraiment acharné. Mais quand j’y suis parvenu, je n’y ai pas trouvé d’amertume, ni de désillusion. J’y ai trouvé de l’amitié et de l’espoir et une foi en moi-même et un sens à ma vie et de la passion. Et ça fait du bien. Je me sens comme cette superbe chanson de Sam & Dave, Born Again. Je me sens comme un nouvel homme.
C’était très intense. Normalement, vous répétez deux ou trois fois avant de passer, mais quand nous sommes passés, c'était du style, "OK, vous avez trois chansons, donc vous devez laisser tomber les répétitions". C’était différent, mais j’ai vraiment bien aimé. J'imagine qu'il y a dû avoir une raison pour laquelle je n’étais jamais allé à la télévision pendant tout ce temps, mais maintenant que je l’ai fait, c’est: "Mon Dieu, pourquoi ne l’ai-je pas fait avant ?". Il devait y avoir une raison. Et je pense vraiment que je vais commencer à davantage utiliser la télévision, d’une certaine manière. A ce stade, je crois que c’est au programme afin de trouver un moyen d’atteindre des gens qui pourraient être intéressés par ce que je dis, par ce que je chante.
Je crois en cette musique autant qu’aux autres choses que j’ai écrites. Je pense qu’elle est vraie et authentique. Je sens que mes pouvoirs créatifs sont au plus haut en ce moment. Je crois que je présente dans mon travail une complexité d’idées que j’ai vraiment eu du mal à atteindre par le passé. Et il m’a fallu dix années de travail acharné en dehors de la musique pour en arriver là. Un travail vraiment acharné. Mais quand j’y suis parvenu, je n’y ai pas trouvé d’amertume, ni de désillusion. J’y ai trouvé de l’amitié et de l’espoir et une foi en moi-même et un sens à ma vie et de la passion. Et ça fait du bien. Je me sens comme cette superbe chanson de Sam & Dave, Born Again. Je me sens comme un nouvel homme.
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NOTES
(1) Les émeutes de Los Angeles ont débuté le 29 avril 1992 à Los Angeles à la suite de l'acquittement de policiers dans l'affaire Rodney King (le 3 mars 1991 à Los Angeles, Rodney King, en état d'ébriété, est arrêté par des policiers. Refusant de coopérer, il agresse les quatre policiers présents, qui se ruent sur lui et le rouent de coups. Le passage à tabac, d'une grande violence, sera filmé par une caméra amateur).
Les émeutes ont duré six jours. Au final, on a dénombré 38 morts et 4 000 arrestations, plus de 3 600 départs de feu, détruisant 1 100 bâtiments. Après un déploiement important de la police et de la garde nationale sur place, plusieurs milliers de personnes furent arrêtées.
(2) Lyndon Johnson (1908-1973), président démocrate des États-Unis élu en 1964, et concepteur du programme politique ''Great Society'' qui comprenait l'aide à l'éducation, la lutte contre la maladie, la sécurité sociale, la rénovation urbaine, l'embellissement, l'écologie, le développement des zones négligées, la lutte à grande échelle contre la pauvreté, le contrôle et la prévention du crime et de la délinquance, et la disparition des derniers obstacles au droit de vote.
(3) David Duke (1950) est un homme politique américain, deux fois candidat à l'investiture pour la présidentielle américaine, au sein du Parti démocrate (1988) et du Parti républicain (1992), et candidat du Parti Populiste (1988). Ancien membre du Ku Klux Klan, ce nationaliste prône la ségrégation raciale.
(4) Jerry Brown (1938) est un homme politique et un avocat américain. Gouverneur de Californie de 1975 à 1983, il a été maire de la ville d'Oakland de 1998 à 2006. Il a participé sans succès aux primaires du Parti démocrate pour les élections présidentielles de 1976, 1980 et 1992.
(5) Jesse Jackson (1941) est un révérend américain et un militant politique pour les droits civiques, notamment ceux des Noirs américains. Il a été candidat pour la nomination aux élections présidentielles de son pays, pour le Parti démocrate en 1984 et en 1988.
(6) Tower Records est une chaîne de magasins de disques aux États-Unis.
(7) 120 Minutes était une émission de télévision dédiée à la musique alternative, d’abord diffusée sur MTV de 1986 à 2000, puis sur MTV2 de 2001 à 2003.
Les émeutes ont duré six jours. Au final, on a dénombré 38 morts et 4 000 arrestations, plus de 3 600 départs de feu, détruisant 1 100 bâtiments. Après un déploiement important de la police et de la garde nationale sur place, plusieurs milliers de personnes furent arrêtées.
(2) Lyndon Johnson (1908-1973), président démocrate des États-Unis élu en 1964, et concepteur du programme politique ''Great Society'' qui comprenait l'aide à l'éducation, la lutte contre la maladie, la sécurité sociale, la rénovation urbaine, l'embellissement, l'écologie, le développement des zones négligées, la lutte à grande échelle contre la pauvreté, le contrôle et la prévention du crime et de la délinquance, et la disparition des derniers obstacles au droit de vote.
(3) David Duke (1950) est un homme politique américain, deux fois candidat à l'investiture pour la présidentielle américaine, au sein du Parti démocrate (1988) et du Parti républicain (1992), et candidat du Parti Populiste (1988). Ancien membre du Ku Klux Klan, ce nationaliste prône la ségrégation raciale.
(4) Jerry Brown (1938) est un homme politique et un avocat américain. Gouverneur de Californie de 1975 à 1983, il a été maire de la ville d'Oakland de 1998 à 2006. Il a participé sans succès aux primaires du Parti démocrate pour les élections présidentielles de 1976, 1980 et 1992.
(5) Jesse Jackson (1941) est un révérend américain et un militant politique pour les droits civiques, notamment ceux des Noirs américains. Il a été candidat pour la nomination aux élections présidentielles de son pays, pour le Parti démocrate en 1984 et en 1988.
(6) Tower Records est une chaîne de magasins de disques aux États-Unis.
(7) 120 Minutes était une émission de télévision dédiée à la musique alternative, d’abord diffusée sur MTV de 1986 à 2000, puis sur MTV2 de 2001 à 2003.
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