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J'avais 22 ans quand j'ai fait l’expérience en direct de la générosité de Bruce Springsteen. A l'époque, je sortais avec Pam, sa sœur cadette. Pam et moi étions en Californie, il était minuit et nous écoutions une cassette de Nebraska, le dernier album de son grand frère, qui n'était pas encore sorti à ce moment-là. Chanson après chanson, une vision cinématographique du cœur de l'Amérique a commencé à se dessiner. Un cœur grand comme ça, mais aussi un cœur brisé.
Quelques Heineken plus tard, j'ai entendu Highway Patrolman. Une ballade émouvante qui parle d'amour fraternel, de deuil, de violence et de rédemption. J'ai demandé à Pam si elle pouvait me mettre en contact avec son grand frère. Il était 3 heures du matin dans le New Jersey quand elle me l'a passé au téléphone et j'ai soudain entendu sa voix rauque. Nous ne nous connaissions pas encore mais je me souviens à quel point il a été chaleureux quand je me suis présenté: "Salut Sean, comment ça va ?".
Je ne savais pas trop quoi dire, donc je suis allé droit au but et je lui ai demandé s'il me laisserait adapter cette chanson pour en faire un film. Je pense qu'il n'était pas trop inquiet: il n'y avait pas de danger qu'un gamin californien de 22 ans qui avait bu trop de bières risque de mettre ses projets à exécution. Il m'a répondu brièvement: "Pas de problème, Sean, vas-y".
Nous n'en avons reparlé que huit ans plus tard, quand j'ai terminé l'écriture d'un scénario intitulé The Indian Runner. J'ai appelé Bruce pour lui rappeler notre première conversation et il a éclaté de rire. Il a ri, mais il a tenu sa promesse et il m'a donné l'autorisation de faire le film, qui reprend l'histoire que raconte la chanson. Comme cette histoire se déroule en 1968, avant que Springsteen ait enregistré quoi que ce soit, je n'ai pas mis Highway Patrolman dans le film, bien que ça ait été ma bible pour l'écrire. Mais quand il a fallu choisir une chanson pour le générique de fin, j'ai repensé à Bruce et au cadeau qu'il m'avait fait.
C'est la reprise de I Shall Be Released de Bob Dylan par The Band qui clôt le film. Pas seulement parce qu'elle reflète l'âme des personnages, mais parce qu'elle me semblait aussi être une forme d'hommage à Bruce. Lui-même a trouvé son salut dans la musique: elle l'a sauvé et elle l'a libéré. Il n'est pas étonnant que les foules qui vont aux concerts de Bruce Springsteen manifestent autant de ferveur et autant de reconnaissance. Il donne énormément. C'est incontestablement un poète, qu'il parle de ce qui hante le cœur des hommes et qui les laisse sur leur faim, ou de l'esprit victorieux qui exorcise nos démons par la rédemption du rock'n'roll. Bruce Springsteen est généreux, il nous libère tous.
Quelques Heineken plus tard, j'ai entendu Highway Patrolman. Une ballade émouvante qui parle d'amour fraternel, de deuil, de violence et de rédemption. J'ai demandé à Pam si elle pouvait me mettre en contact avec son grand frère. Il était 3 heures du matin dans le New Jersey quand elle me l'a passé au téléphone et j'ai soudain entendu sa voix rauque. Nous ne nous connaissions pas encore mais je me souviens à quel point il a été chaleureux quand je me suis présenté: "Salut Sean, comment ça va ?".
Je ne savais pas trop quoi dire, donc je suis allé droit au but et je lui ai demandé s'il me laisserait adapter cette chanson pour en faire un film. Je pense qu'il n'était pas trop inquiet: il n'y avait pas de danger qu'un gamin californien de 22 ans qui avait bu trop de bières risque de mettre ses projets à exécution. Il m'a répondu brièvement: "Pas de problème, Sean, vas-y".
Nous n'en avons reparlé que huit ans plus tard, quand j'ai terminé l'écriture d'un scénario intitulé The Indian Runner. J'ai appelé Bruce pour lui rappeler notre première conversation et il a éclaté de rire. Il a ri, mais il a tenu sa promesse et il m'a donné l'autorisation de faire le film, qui reprend l'histoire que raconte la chanson. Comme cette histoire se déroule en 1968, avant que Springsteen ait enregistré quoi que ce soit, je n'ai pas mis Highway Patrolman dans le film, bien que ça ait été ma bible pour l'écrire. Mais quand il a fallu choisir une chanson pour le générique de fin, j'ai repensé à Bruce et au cadeau qu'il m'avait fait.
C'est la reprise de I Shall Be Released de Bob Dylan par The Band qui clôt le film. Pas seulement parce qu'elle reflète l'âme des personnages, mais parce qu'elle me semblait aussi être une forme d'hommage à Bruce. Lui-même a trouvé son salut dans la musique: elle l'a sauvé et elle l'a libéré. Il n'est pas étonnant que les foules qui vont aux concerts de Bruce Springsteen manifestent autant de ferveur et autant de reconnaissance. Il donne énormément. C'est incontestablement un poète, qu'il parle de ce qui hante le cœur des hommes et qui les laisse sur leur faim, ou de l'esprit victorieux qui exorcise nos démons par la rédemption du rock'n'roll. Bruce Springsteen est généreux, il nous libère tous.
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NOTES
Ce texte est paru dans le magazine l'Obs, le 29 septembre 2016, à l'occasion de la parution de l'autobiographie de Bruce Springsteen, Born To Run.