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J'ai intitulé mon roman Independence Day (Independance, 1995), en référence à la chanson du même nom, écrite en 1980 par Springsteen, une ballade à la fois lyrique et mélancolique. Je ne me souviens plus ce qui est venu en premier, le moment où se déroule l'action de mon livre - le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine - ou bien le morceau de Springsteen. Quand on écrit un roman et que l'on sent que l'on tient quelque chose de bon, c'est le genre de simultanéité qui se produit par magie. Je n'ai pas hésité une seconde au moment de choisir mon titre, et il ne m'est jamais venu à l'esprit que je puisse voler celui de la chanson. Le jour de la fête nationale me semblait un thème suffisamment vaste pour que nous puissions y trouver tous les deux notre place, et j'avais le sentiment de pouvoir ajouter quelque chose à ce qu'avait dit Springsteen.
Ce qui me plait dans la chanson, c'est le côté émouvant de son point de départ : un fils qui s'adresse à son père juste au moment de quitter sa maison familiale, apparemment pour toujours. Cela collait bien avec le sujet de mon livre. Springsteen chante de manière singulièrement poignante et mémorable, et sa voix rauque s'adapte parfaitement à la lenteur et à la mélancolie de la mélodie, jusqu'à ce passage particulièrement émouvant où il dit : "Papa, va te coucher maintenant, il se fait tard et rien de ce que nous dirons ne pourra plus rien changer".
C'est une chanson qui montre vraiment ce que cela implique de grandir et qui met en lumière les malentendus insurmontables qui existent entre pères et fils - et sans doute entre mères et filles. Pourtant, ce n'est pas une chanson dure. Il n'y a pas de scepticisme, ni même de tristesse profonde dedans : elle respire l'amour. L'indépendance, c'est partir, mais partir avec un amour intact. C'est ce que j'essaie de montrer dans mon livre : l'amour persiste et survit même là où on s'y attend le moins. C'est la chanson de Springsteen qui m'a encouragé à écrire ce roman, et elle me donne toujours des frissons quand je l'écoute.
Un jour, peut-être, j'aurai l'occasion de le remercier.
Ce qui me plait dans la chanson, c'est le côté émouvant de son point de départ : un fils qui s'adresse à son père juste au moment de quitter sa maison familiale, apparemment pour toujours. Cela collait bien avec le sujet de mon livre. Springsteen chante de manière singulièrement poignante et mémorable, et sa voix rauque s'adapte parfaitement à la lenteur et à la mélancolie de la mélodie, jusqu'à ce passage particulièrement émouvant où il dit : "Papa, va te coucher maintenant, il se fait tard et rien de ce que nous dirons ne pourra plus rien changer".
C'est une chanson qui montre vraiment ce que cela implique de grandir et qui met en lumière les malentendus insurmontables qui existent entre pères et fils - et sans doute entre mères et filles. Pourtant, ce n'est pas une chanson dure. Il n'y a pas de scepticisme, ni même de tristesse profonde dedans : elle respire l'amour. L'indépendance, c'est partir, mais partir avec un amour intact. C'est ce que j'essaie de montrer dans mon livre : l'amour persiste et survit même là où on s'y attend le moins. C'est la chanson de Springsteen qui m'a encouragé à écrire ce roman, et elle me donne toujours des frissons quand je l'écoute.
Un jour, peut-être, j'aurai l'occasion de le remercier.
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NOTES
Ce texte est paru dans le magazine l'Obs, le 29 septembre 2016, à l'occasion de la parution de l'autobiographie de Bruce Springsteen, Born To Run. Richard Ford est un écrivain américain, lauréat du Prix Pulitzer 1995 pour son roman Independence Day.