****
Il existe une vision héroïque au cœur de la musique de Bruce Springsteen. Elle est manifeste dans l'étendue de l'expérience américaine qu'il couvre dans ses chansons, dans le paysage riche et haut en couleur de sa musique, dans la beauté sans fioritures de ses paroles. Elle se trouve précisément là, dans cette voix qui lui est propre, un instrument qui n'est devenu que plus éloquent au fur et à mesure que les années ont passé. Et cette vision héroïque est là dans ses chansons et leur éventail extraordinaire d'émotions - euphorie, tragédie, désir, chagrin, espoir, résignation, colère, trahison, nostalgie.
J'ai entendu pour la première fois Springsteen au milieu des années 70. Comme beaucoup de personnes, j'ai été sidéré. A cette époque, il n'y avait personne d'autre comme lui. Les explosions punk et new wave se produisaient ici et en Angleterre, mais c'était un genre de musique différent – anarchique, constamment acerbe. Springsteen, c'était autre chose – profondément romantique, voire même avec extravagance. Mais il était aussi réellement plein de compassion – c'était un type qui avait un engagement envers la classe ouvrière américaine, solide comme un roc, et une estime pour les vies de gens ordinaires: il donnait à leurs rêves et à leurs espoirs la grandeur qu'ils méritaient. C'était aussi un immense homme de scène, un des plus grands, comme pourrait vous le raconter quiconque ayant assisté à un de ses concerts. A l'exception des projets solo tels que Nebraska et The Ghost Of Tom Joad, chaque album semble englober l'histoire entière du rock & roll. Écoutez Born To Run ou Darkness On The Edge Of Town ou The River et vous entendrez le blues, le R&B, le garage rock, le folk, la country, la Motown, Phil Spector, la pop parfaite, et bien plus encore. Springsteen possède une générosité extraordinaire – dans la musique, dans les performances légendaires, dans sa perception de la justice sociale et dans sa franchise politique – qui est presque inégalables.
J'ai entendu pour la première fois Springsteen au milieu des années 70. Comme beaucoup de personnes, j'ai été sidéré. A cette époque, il n'y avait personne d'autre comme lui. Les explosions punk et new wave se produisaient ici et en Angleterre, mais c'était un genre de musique différent – anarchique, constamment acerbe. Springsteen, c'était autre chose – profondément romantique, voire même avec extravagance. Mais il était aussi réellement plein de compassion – c'était un type qui avait un engagement envers la classe ouvrière américaine, solide comme un roc, et une estime pour les vies de gens ordinaires: il donnait à leurs rêves et à leurs espoirs la grandeur qu'ils méritaient. C'était aussi un immense homme de scène, un des plus grands, comme pourrait vous le raconter quiconque ayant assisté à un de ses concerts. A l'exception des projets solo tels que Nebraska et The Ghost Of Tom Joad, chaque album semble englober l'histoire entière du rock & roll. Écoutez Born To Run ou Darkness On The Edge Of Town ou The River et vous entendrez le blues, le R&B, le garage rock, le folk, la country, la Motown, Phil Spector, la pop parfaite, et bien plus encore. Springsteen possède une générosité extraordinaire – dans la musique, dans les performances légendaires, dans sa perception de la justice sociale et dans sa franchise politique – qui est presque inégalables.
Au cours des années 70, le mot ''épiphanie'' était souvent utilisé par certains critiques de films – se référant à ces moments où tout bascule, quand le public se trouve lui-même transporté par l'artiste vers un lieu nouveau et inattendu, que l'artiste soit réalisateur, poète, musicien, ou écrivain. Springsteen, avec son extraordinaire E Street Band ou tout seul, nous a fait vivre beaucoup de ces moments. Born To Run en est rempli. Il y avait une époque en 1975 où vous pouviez entendre ces chansons rugir des autoradios et des fenêtres d'appartements, et peu importe le nombre de fois où vous les aviez écoutées, elles ne perdaient jamais leur tranchant: cet instant dans la chanson-titre, quand le groupe semble nous pousser vers un nouvel endroit, et Springsteen crie , "La route est pleine de héros brisés dans une course de la dernière chance"; la trompette plaintive de Randy Brecker sur le calmement tragique Meeting Across The River; le climax crescendo de Jungleland. Springsteen avait déjà fait deux magnifiques albums avant Born To Run, mais c'est celui-là qui l'a positionné sur la carte, et cet album possède encore cette même grandeur sauvage qu'il avait la première fois qu'il a atteint les ondes (et les platines de disques) il y a presque trente ans.
Il y a beaucoup d'autres pics artistiques, du surprenant calme Racing In The Street sur Darkness On The Edge Of Town, en passant par le déchirant Valentine's Day sur Tunnel Of Love, un album très sous-estimé, à la chanson obsédante sur le 11 septembre, la chanson-titre de The Rising. Vous lirez beaucoup de choses sur ces chansons dans ce livre, et si vous n'étiez pas né quand elles sont sorties, vous découvrirez ce qu'elles ont signifié pour les gens, la raison pour laquelle elles ont été si particulières et si importantes, et si éternellement nouvelles.
En deux mots, Bruce Springsteen est un artiste américain majeur, et ce livre merveilleux en est l'hommage qui convient.
En deux mots, Bruce Springsteen est un artiste américain majeur, et ce livre merveilleux en est l'hommage qui convient.
****
NOTES
Ce texte est la préface du livre de June Skinner Sawyers "Racing in the Street: The Bruce Springsteen Reader", paru en 2004 chez Penguin Books.