****
Les chansons post-industrielles de Springsteen sur la perte et un Los Angeles hanté
Les sirènes annonçant le changement d'équipe de Bethlehem Steel
Ne retentissent plus dans Maywood
Les travailleurs de l'usine ne se rassemblent plus
Dans les bars de Slauson Avenue les jours de paye
Les puits trempés de Bethlehem sont glacés maintenant
Les familles de l'usine, autrefois fières et aisées
Maintenant se regroupent pour les chèques d'allocation chômage ou la nourriture...
Le site de la vieille usine de Bethlehem Steel au sud-est de Los Angeles est aujourd'hui un entrepôt, un relais routier et un centre commercial. Jadis, plusieurs milliers de familles habitant ce coin de Los Angeles travaillaient ici lorsque les fours électriques de l'usine rugissaient et que ses ateliers forgeaient des poutres, des armatures, des câbles, des feuilles d'acier, et d'autres produits en acier, avant que Bethlehem ne ferme ses portes en 1981.
Le matériel de l'usine du XIXème siècle avait été acheminé depuis l'Est aux alentours de la Seconde Guerre Mondiale, quand Los Angeles se targuait aussi de fabriquer, d'assembler ou de raffiner dans le secteur automobile, les pneumatiques, la confection, la construction navale, l’aéronautique, l'emballage, le pétrole, et plus encore. Nous avions les usines GM et Ford, Firestone et Michelin, Boeing et Lockheed. Cette industrie attiraient les travailleurs américains de toutes les origines ethniques, du sud, du Midwest, du nord-est, du sud-ouest, et du Mexique, pour ce qui était des emplois largement bien rémunérés, pour la plupart syndiqués, avec des pensions, des assurances maladies, et le goût d'une stabilité en col bleu.
[...]
J'ai commencé à travailler à Bethlehem à l'automne 1974. J'ai été embauché dans "l'équipe de réparation" quelque temps après avoir épousé ma première femme, ce qui arriva deux mois à peine après qu'elle ait obtenu son baccalauréat à la Garfield High School à East Los Angeles. Juste après, nous avons eu notre premier enfant.
Je sentais alors que ma vie avait un but, une direction, une longévité. C'était un travail avec des équipes tournantes, dont "l'équipe de nuit", souvent en doublant les tours (16 heures par jour), et une bonne paye, notamment grâce aux heures supplémentaires. Je me souviens enfiler mon casque de protection, mes lunettes de sécurité, mes chaussures coquées, et mon uniforme de mécanicien et me regarder dans le miroir, admirant cet invraisemblable héros de la classe ouvrière. (Je ressemblais plutôt à un idiot de la classe ouvrière).
Comme dans une chanson de Bruce Springsteen.
Ne vous méprenez pas. La région de Los Angeles possède encore son industrie - aujourd'hui, nous avons plus de travail dans la défense ou l'aérospatiale que dans n'importe quelle autre région du pays. Il y a toujours des bureaux de courtiers, des devantures de confection d’habits, de la construction, et, bien évidemment, la plus grande économie créative (films, musique, mode, etc...). Mais la désindustrialisation du pays a durement touché les régions les plus pauvres, créant de l'instabilité qui a contribué à l'émergence des gangs de rue, du marché de la drogue, et un mal-être général de stress et de dépression.
[...]
Commençant au milieu des années 70 et se propageant rapidement pendant les années 80, la technologie avancée, dont la robotique, a posé les bases de la désindustrialisation. Les machines à préserver le travail sont devenues des machines à remplacer le travail. Les principales industries ont également cherché de la main d’œuvre meilleur marché, au Sud, au Mexique, en Amérique Centrale, dans le sud-est asiatique, et tant d'autres endroits - des régions appauvries avec peu ou pas de régulation, des salaires tombant jusqu'à 1$ par jour, et des faibles niveaux de qualité de vie. Les profits, comme toujours sous des économies capitalistes, ont mené à des décisions majeures sur le travail et les règles. C'est essentiellement au cours des années Reagan que la pire récession depuis la Grande Dépression a explosé en 1981-'82, et que le taux de chômage est devenu à deux chiffres (seule la récession de 2008 a été plus douloureuse).
Les sans-abris sont devenus une marque indélébile de la vie américaine.
[...]
La musique de Bruce Springsteen a servi de bande-son à la perte - perte d'un jeune amour idéalisé, d'un travail, d'une famille, d'un foyer, et, pour beaucoup trop, de dignité.
Quand tout cet acier et ces histoires ne seront plus que rouille / Et que toute notre jeunesse et notre beauté seront livrées à la poussière / Et quand les jeux seront faits et que notre compte à rebours aura commencé / Et que toutes nos petites victoires et gloires se seront transformées en parkings / Quand vos espoirs et désirs les plus chers sont éparpillés dans le vent... [Wrecking Ball, ndt]
C'est ainsi que c'est ressenti, que vous soyez migrant mexicain à East Los Angeles, noir à Chicago, ou ouvrier blanc dans le New Jersey. Les pertes et la dureté grandissante de l'économie nous a unis, si ce n'est pas politiquement ou culturellement, tout du moins dans le porte-monnaie.
J'ai rencontré Bruce pour la première fois au cours de la tournée Born In The U.S.A. de 1984-1985, quand il aidait à financer les banques alimentaires du pays, servant de 6 000 à 10 000 familles, devant le Local 1845 du syndicat des métallurgistes, après la fermeture de la Bethlehem Steel. Susan Franklin, actrice et directrice de théâtre, a également mené des ateliers d'écriture au Local 1845. Une pièce en est sortie, Lady Beth, qui a parcouru le pays, avec d'anciens métallurgistes récitant leur rôle devant des publics captivés.
J'ai assisté à quelques-uns de ces ateliers, dont celui au cours duquel Bruce a pris part. Un journaliste du Los Angeles Times était présent lorsque j'ai lu mon poème à Bruce, Bethlehem No More, sur la fermeture de l'usine.
... Bethlehem, je n'ai jamais pensé que tu manquerais
Quand nous avons travaillé avec peine sous les poutres métalliques, nous avons maudit ton nom
Mais tu étais le pain sur la table, un autre demain
Mes bébés étaient nés sous le régime de santé de Bethlehem
Mon loyer était payé à cause de ces journées et ces nuits, longues et humides...
J'ai aussi assisté, avec d'autres anciens métallurgistes, à un des concerts de Bruce au Sports Arena au cours de cette tournée-là. Pour lever des fonds, Bruce nous a autorisé à récolter de l'argent à l'entrée et à la sortie pour que les fans contribuent, alors que Bruce annonçait notre situation désespérée et celle de la plupart des travailleurs et des travailleuses. Un ancien métallurgiste prénommé Cruz, aujourd'hui décédé, s'est tourné vers moi et m'a dit, "Je ne me suis jamais senti aussi fier d'être métallurgiste que je le suis maintenant".
Ce moi-ci, Bruce Springsteen a joué son dernier concert au Sports Arena, un endroit prêt à recevoir son propre boulet de démolition pour faire la place à un terrain de football. Quelque 32 ans après mon premier concert de Bruce, je suis revenu samedi 19 mars, avec de quoi récolter des dons. Cette fois, nous avions été autorisés à récolter de l'argent pour le centre culturel et la librairie que ma femme Trini et moi avons fondé il y a 15 ans dans le nord-est de la San Fernando Valley : Tia Chucha's Cultural Center & Bookstore, pas loin de l'ancienne usine General Motors à Panorama City et de la fonderie de cuivre de Price Pfister à Pacoima (les deux sites sont des centres commerciaux maintenant).
Bruce continue de soutenir des associations à but non lucratif tel que la notre, essayant de combler les lacunes dans ces communautés d'ouvriers, qui sont dans le même temps en train de se démener pour trouver leur chemin à travers une économie qui les a largement effacés.
Même les candidats à l'élection présidentielle, de la droite et de la gauche, ont galvanisé cette classe fracturée de travailleurs américains qui sont las des manigances politiciennes qui continuent de rendre les 1% plus riches et plus puissants, et qui nous maintiennent, nous autres, fatigués et pauvres. Il est manifeste, pour une multitude grandissante, que nous avons la même source et les mêmes buts.
Malheureusement, le climat politique actuel divise aussi les travailleurs le long d'une ligne de couleur, mais à mes yeux, de telles lignes n'influencent plus de la façon dont elles le faisaient auparavant. Les travailleurs d’aujourd’hui et d'hier ont besoin d'arrêter de tomber dans les pièges vicieux du racisme, du nativisme, et des politiques étroites d'esprit. La musique de Bruce continue de parler à l'esprit qui réalise ses rêves, ses passions, son art particulier, dans un monde rempli de restrictions et de murs bâtis par l'homme, réel ou autre.
Bruce est toujours la voix des ouvriers dans le rock 'n' roll, dans une époque où le travail décroit... toujours insoumis, toujours rêveur. Toujours tombant, mais aussi toujours se relevant. Trop affamé pour capituler, trop déterminé pour se rendre. Il continue de souligner qu'il est temps d'enclencher nos niveaux d'imagination et de créativité les plus élevés, dans le but d'accomplir la compassion et la coopération sociétales.
Oui, je ne travaille plus dans les fonderies, les fabriques, et les usines. Je suis écrivain publié depuis les années 1980, avec 15 livres de poésie, de fiction, de non-fiction, et des livres pour enfants, dont mon autobiographie, qui s'est le mieux vendue, Always Running: La Vida Loca: Gang Days in L.A. Aujourd'hui, je suis aussi l'actuel Poète Lauréat de Los Angeles, choisi en 2014 par le maire Eric Garcetti.
Voici la fin de mon poème, dédié à Bruce, dans mon livre de poésie de 1991, The Concret River. Je me souviens de ce que Bruce m'a dit durant les ateliers d'écriture au Local 1845, des paroles que je porte en moi à chaque instant : "Ce poème est à mes yeux très puissant; tu es le seul qui aurait pu écrire quelque chose comme ça".
... Mais Bethlehem, tu n'es plus
Nous t'avons rendu riche, assez riche
Pour nous ôter notre labeur et le réinvestir ailleurs
Assez riche pour nous rendre à nouveau pauvre.
Et pourtant nous nous élevons.
Les sirènes annonçant le changement d'équipe de Bethlehem Steel
Ne retentissent plus dans Maywood
Les travailleurs de l'usine ne se rassemblent plus
Dans les bars de Slauson Avenue les jours de paye
Les puits trempés de Bethlehem sont glacés maintenant
Les familles de l'usine, autrefois fières et aisées
Maintenant se regroupent pour les chèques d'allocation chômage ou la nourriture...
Le site de la vieille usine de Bethlehem Steel au sud-est de Los Angeles est aujourd'hui un entrepôt, un relais routier et un centre commercial. Jadis, plusieurs milliers de familles habitant ce coin de Los Angeles travaillaient ici lorsque les fours électriques de l'usine rugissaient et que ses ateliers forgeaient des poutres, des armatures, des câbles, des feuilles d'acier, et d'autres produits en acier, avant que Bethlehem ne ferme ses portes en 1981.
Le matériel de l'usine du XIXème siècle avait été acheminé depuis l'Est aux alentours de la Seconde Guerre Mondiale, quand Los Angeles se targuait aussi de fabriquer, d'assembler ou de raffiner dans le secteur automobile, les pneumatiques, la confection, la construction navale, l’aéronautique, l'emballage, le pétrole, et plus encore. Nous avions les usines GM et Ford, Firestone et Michelin, Boeing et Lockheed. Cette industrie attiraient les travailleurs américains de toutes les origines ethniques, du sud, du Midwest, du nord-est, du sud-ouest, et du Mexique, pour ce qui était des emplois largement bien rémunérés, pour la plupart syndiqués, avec des pensions, des assurances maladies, et le goût d'une stabilité en col bleu.
[...]
J'ai commencé à travailler à Bethlehem à l'automne 1974. J'ai été embauché dans "l'équipe de réparation" quelque temps après avoir épousé ma première femme, ce qui arriva deux mois à peine après qu'elle ait obtenu son baccalauréat à la Garfield High School à East Los Angeles. Juste après, nous avons eu notre premier enfant.
Je sentais alors que ma vie avait un but, une direction, une longévité. C'était un travail avec des équipes tournantes, dont "l'équipe de nuit", souvent en doublant les tours (16 heures par jour), et une bonne paye, notamment grâce aux heures supplémentaires. Je me souviens enfiler mon casque de protection, mes lunettes de sécurité, mes chaussures coquées, et mon uniforme de mécanicien et me regarder dans le miroir, admirant cet invraisemblable héros de la classe ouvrière. (Je ressemblais plutôt à un idiot de la classe ouvrière).
Comme dans une chanson de Bruce Springsteen.
Ne vous méprenez pas. La région de Los Angeles possède encore son industrie - aujourd'hui, nous avons plus de travail dans la défense ou l'aérospatiale que dans n'importe quelle autre région du pays. Il y a toujours des bureaux de courtiers, des devantures de confection d’habits, de la construction, et, bien évidemment, la plus grande économie créative (films, musique, mode, etc...). Mais la désindustrialisation du pays a durement touché les régions les plus pauvres, créant de l'instabilité qui a contribué à l'émergence des gangs de rue, du marché de la drogue, et un mal-être général de stress et de dépression.
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Commençant au milieu des années 70 et se propageant rapidement pendant les années 80, la technologie avancée, dont la robotique, a posé les bases de la désindustrialisation. Les machines à préserver le travail sont devenues des machines à remplacer le travail. Les principales industries ont également cherché de la main d’œuvre meilleur marché, au Sud, au Mexique, en Amérique Centrale, dans le sud-est asiatique, et tant d'autres endroits - des régions appauvries avec peu ou pas de régulation, des salaires tombant jusqu'à 1$ par jour, et des faibles niveaux de qualité de vie. Les profits, comme toujours sous des économies capitalistes, ont mené à des décisions majeures sur le travail et les règles. C'est essentiellement au cours des années Reagan que la pire récession depuis la Grande Dépression a explosé en 1981-'82, et que le taux de chômage est devenu à deux chiffres (seule la récession de 2008 a été plus douloureuse).
Les sans-abris sont devenus une marque indélébile de la vie américaine.
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La musique de Bruce Springsteen a servi de bande-son à la perte - perte d'un jeune amour idéalisé, d'un travail, d'une famille, d'un foyer, et, pour beaucoup trop, de dignité.
Quand tout cet acier et ces histoires ne seront plus que rouille / Et que toute notre jeunesse et notre beauté seront livrées à la poussière / Et quand les jeux seront faits et que notre compte à rebours aura commencé / Et que toutes nos petites victoires et gloires se seront transformées en parkings / Quand vos espoirs et désirs les plus chers sont éparpillés dans le vent... [Wrecking Ball, ndt]
C'est ainsi que c'est ressenti, que vous soyez migrant mexicain à East Los Angeles, noir à Chicago, ou ouvrier blanc dans le New Jersey. Les pertes et la dureté grandissante de l'économie nous a unis, si ce n'est pas politiquement ou culturellement, tout du moins dans le porte-monnaie.
J'ai rencontré Bruce pour la première fois au cours de la tournée Born In The U.S.A. de 1984-1985, quand il aidait à financer les banques alimentaires du pays, servant de 6 000 à 10 000 familles, devant le Local 1845 du syndicat des métallurgistes, après la fermeture de la Bethlehem Steel. Susan Franklin, actrice et directrice de théâtre, a également mené des ateliers d'écriture au Local 1845. Une pièce en est sortie, Lady Beth, qui a parcouru le pays, avec d'anciens métallurgistes récitant leur rôle devant des publics captivés.
J'ai assisté à quelques-uns de ces ateliers, dont celui au cours duquel Bruce a pris part. Un journaliste du Los Angeles Times était présent lorsque j'ai lu mon poème à Bruce, Bethlehem No More, sur la fermeture de l'usine.
... Bethlehem, je n'ai jamais pensé que tu manquerais
Quand nous avons travaillé avec peine sous les poutres métalliques, nous avons maudit ton nom
Mais tu étais le pain sur la table, un autre demain
Mes bébés étaient nés sous le régime de santé de Bethlehem
Mon loyer était payé à cause de ces journées et ces nuits, longues et humides...
J'ai aussi assisté, avec d'autres anciens métallurgistes, à un des concerts de Bruce au Sports Arena au cours de cette tournée-là. Pour lever des fonds, Bruce nous a autorisé à récolter de l'argent à l'entrée et à la sortie pour que les fans contribuent, alors que Bruce annonçait notre situation désespérée et celle de la plupart des travailleurs et des travailleuses. Un ancien métallurgiste prénommé Cruz, aujourd'hui décédé, s'est tourné vers moi et m'a dit, "Je ne me suis jamais senti aussi fier d'être métallurgiste que je le suis maintenant".
Ce moi-ci, Bruce Springsteen a joué son dernier concert au Sports Arena, un endroit prêt à recevoir son propre boulet de démolition pour faire la place à un terrain de football. Quelque 32 ans après mon premier concert de Bruce, je suis revenu samedi 19 mars, avec de quoi récolter des dons. Cette fois, nous avions été autorisés à récolter de l'argent pour le centre culturel et la librairie que ma femme Trini et moi avons fondé il y a 15 ans dans le nord-est de la San Fernando Valley : Tia Chucha's Cultural Center & Bookstore, pas loin de l'ancienne usine General Motors à Panorama City et de la fonderie de cuivre de Price Pfister à Pacoima (les deux sites sont des centres commerciaux maintenant).
Bruce continue de soutenir des associations à but non lucratif tel que la notre, essayant de combler les lacunes dans ces communautés d'ouvriers, qui sont dans le même temps en train de se démener pour trouver leur chemin à travers une économie qui les a largement effacés.
Même les candidats à l'élection présidentielle, de la droite et de la gauche, ont galvanisé cette classe fracturée de travailleurs américains qui sont las des manigances politiciennes qui continuent de rendre les 1% plus riches et plus puissants, et qui nous maintiennent, nous autres, fatigués et pauvres. Il est manifeste, pour une multitude grandissante, que nous avons la même source et les mêmes buts.
Malheureusement, le climat politique actuel divise aussi les travailleurs le long d'une ligne de couleur, mais à mes yeux, de telles lignes n'influencent plus de la façon dont elles le faisaient auparavant. Les travailleurs d’aujourd’hui et d'hier ont besoin d'arrêter de tomber dans les pièges vicieux du racisme, du nativisme, et des politiques étroites d'esprit. La musique de Bruce continue de parler à l'esprit qui réalise ses rêves, ses passions, son art particulier, dans un monde rempli de restrictions et de murs bâtis par l'homme, réel ou autre.
Bruce est toujours la voix des ouvriers dans le rock 'n' roll, dans une époque où le travail décroit... toujours insoumis, toujours rêveur. Toujours tombant, mais aussi toujours se relevant. Trop affamé pour capituler, trop déterminé pour se rendre. Il continue de souligner qu'il est temps d'enclencher nos niveaux d'imagination et de créativité les plus élevés, dans le but d'accomplir la compassion et la coopération sociétales.
Oui, je ne travaille plus dans les fonderies, les fabriques, et les usines. Je suis écrivain publié depuis les années 1980, avec 15 livres de poésie, de fiction, de non-fiction, et des livres pour enfants, dont mon autobiographie, qui s'est le mieux vendue, Always Running: La Vida Loca: Gang Days in L.A. Aujourd'hui, je suis aussi l'actuel Poète Lauréat de Los Angeles, choisi en 2014 par le maire Eric Garcetti.
Voici la fin de mon poème, dédié à Bruce, dans mon livre de poésie de 1991, The Concret River. Je me souviens de ce que Bruce m'a dit durant les ateliers d'écriture au Local 1845, des paroles que je porte en moi à chaque instant : "Ce poème est à mes yeux très puissant; tu es le seul qui aurait pu écrire quelque chose comme ça".
... Mais Bethlehem, tu n'es plus
Nous t'avons rendu riche, assez riche
Pour nous ôter notre labeur et le réinvestir ailleurs
Assez riche pour nous rendre à nouveau pauvre.
Et pourtant nous nous élevons.
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NOTES
Luis J. Rodriguez (1954) est un poète américain, romancier, journaliste, et poète Lauréat 2014 de la ville de Los Angeles. Figure majeure de la littérature Chicano, son autobiographie, Always Running: La Vida Loca, Gang Days in L.A, retrace son parcours de jeunesse comme membre d'un gang de Los Angeles. Il est aussi le fondateur d'organisations culturelles ou dédiées à la jeunesse en difficulté.
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"J'ai rencontré un type nommé Luis Rodriguez, un écrivain et un poète, qui avait un centre culturel à Los Angeles. Ce sont des personnes que j'ai connues et avec lesquelles j'ai travaillé depuis de nombreuses années. Ce sont des personnes essayant de combler les trous qui auraient du être comblés depuis de longues années par le gouvernement. Ce sont des personnes qui m'apportent de l'optimisme. Elle sont constamment pleine d'espoir, elles font face en première ligne quotidiennement" (Rolling Stone, 14 novembre 2007)