Les sessions d'enregistrement



De nos jours, l'enregistrement de musique fait appel aux techniques modernes de production, mais le processus qui mène au résultat final reste souvent immuable. Une fois la chanson composée, l'étape du studio d'enregistrement reste indispensable.

L'enregistrement

Tout d'abord, on définit les instruments "témoins" et on établit un plan de la chanson à enregistrer. Une fois établi, on peut, par exemple, enregistrer en premier la batterie, la basse, une guitare-témoin et une voix-témoin. Ces instruments "témoins" sont des éléments qui auront la possibilité d'être refaits plus tranquillement par la suite, lorsque tous les autres instruments seront enregistrés.

Pour enregistrer ces quatre instruments, on passe par des micros (qui changent l'onde sonore acoustique en électricité), par des compresseurs (qui permettent d'éviter les excès de volume et d'atténuer ses variations), par des préamplificateurs (qui transforment une onde acoustique en signal électrique), puis dans des convertisseurs (qui transforment le signal audio analogique en données numériques stockées sur le disque dur de l'ordinateur du studio). Cette étape se nomme "l'acquisition" de données.

Une fois ces pistes gardées au chaud, on fait appel aux autres musiciens pour enregistrer leurs instruments un à un (bien que l'enregistrement par groupe reste possible). Mais pourquoi procéder ainsi ? Tout simplement, pour ne pas avoir à gérer huit ou dix musiciens en même temps, chacun risquant avec ses parties ou parfois ses erreurs de gêner son voisin. De plus, pas besoin d'un studio d'enregistrement de 100 m2 pour un faire un disque avec 30 musiciens différents. L'espacement permet aussi de penser à des idées nouvelles entre deux sessions. Ce mode de fonctionnement est très souple.

On peut ajouter à ces instruments une partie de programmation. La programmation représente des "boucles" de musique répétées de manière automatique à partir de quelques secondes initialement bien enregistrées. On trouve de la programmation principalement chez les chansons de R&B, mais pas uniquement (cf. la batterie de The Fuse).

Il est évident que les cordes ou tout autre élément d'orchestre ne sont pas enregistrés au même endroit, mais généralement dans des studios plus grands destinés à la prise de son "classique". Les plus gros demandeurs de ce type de studios sont le cinéma et la télévision, même si les orchestres "logiciels" commencent à prendre des parts de marché au détriment du véritable instrument.

L'édition

Une fois toutes les pistes enregistrées, on peut commencer l'édition. L'édition consiste à corriger numériquement les éventuelles erreurs (comme un coup de caisse claire en retard, par exemple). Les logiciels d'aujourd'hui comportent des sections dédiées à cet effet. Les analyseurs de rythme décalent au bon moment tout élément mal placé.

Des logiciels permettent également de corriger la tonalité d'une voix, d'une guitare... lorsque le chanteur (ou la chanteuse) ne sait pas chanter parfaitement juste.

L'édition ou tout autre étape de ce processus n'est pas destructrice ou définitive. Si au moment de l'édition, on pense que manque une voix, il suffit de la rajouter et il y a possibilité de reprendre là où tout s'était arrêté.

Le mixage

C'est seulement à cette étape de l'enregistrement qu'on commence à se servir de la table de mixage, pour son rôle de... mixeur.

La table de mixage peut, malgré tout, être utilisée à d'autres étapes de l'enregistrement, pour gérer l'écoute (les grosses baffles de studio pour les ingénieurs du son), où le Talk Back, c'est à dire le son qui provient de la régie et qui mène aux différentes pièces où jouent les musiciens, chacun bénéficiant d'un casque sur les oreilles, ou même d'un système de baffles.

On "recrache" alors toutes les pistes de l'ordinateur, par l'intermédiaire des convertisseurs qui fonctionnent alors dans le sens contraire à l'enregistrement. Ils restituent les signaux numériques en analogique, de l'ordinateur vers du matériel analogique. Ce processus permet d'analyser et d'identifier les "besoins" d'une chanson.

Généralement, la première étape consiste à nettoyer les pistes. On peut, par exemple, enlever le charleston [également nommé le charley, ou le "Hi-Hat"] - la double cymbale qui marque le tempo de la chanson - de la piste de la caisse claire et des Toms. Ou bien enlever la grosse caisse du micro placé sous la caisse claire. Ce processus peut se faire à l'aide de logiciels, soit à l'aide de la section "dynamiques & filtres" présent dans chaque tranche de la table de mixage.

Une fois les pistes nettoyées, on peut commencer à colorer et à compléter le son de chaque partie, comme donner plus de lourdeur à la grosse caisse, plus d'impact à la caisse claire... En effet, en ajoutant des extrêmes graves et en enlevant des bas médiums à une grosse caisse, on arrive à retrouver cette impression d'impact profond des salles de concerts. En ajoutant des hauts médiums à certaines guitares, on peut faire "ressortir" les pincements des cordes par les mains du guitariste. Et ainsi de suite, sur chaque instrument, chaque partie. C'est le processus d'égalisation.

De la dynamique peut également être donnée à un élément (qu'il soit percussif ou non) en le faisant passer par un compresseur ou tout autre traitement spécial de la dynamique. Certains compresseurs donnent une couleur "grasse" ou "sèche". D'autres, à lampes, donnent un aspect "bouffé", si on veut salir certaines parties.

Puis, il faut penser à "panoriser" chacune des pistes (au centre ? à droite ? à gauche ?). En règle générale, la voix principale est placée au centre, avec la caisse claire, la grosse caisse et la basse. Les guitares sur les côtés, et selon l'effet recherché, les claviers sur les côtés ou au contraire plus au centre. Les percussions et les chœurs se retrouvent souvent excentrés. Aucune règle précise n'existe à ce sujet, et l'effet permet de créer des "ambiances" (cf. le mixage de la batterie sur I'm On Fire).

Après l'égalisation, la dynamique et la panorisation, il y a l'occupation de l'espace, avec les effets de spatialisation, comme le "delay", qui donne un effet de répétition (cf. la voix de The Fuse). Ou la réverbération, qui permet à une voix de prendre toute sa place en s'élevant et en résonnant (cf. la voix sur le refrain de Outlaw Pete). Ces effets sont envoyés par signal vers un rack, externe à la table de mixage. Puis, le signal est renvoyé dans un "bus", une tranche spéciale située dans la partie centrale de la console. Un ou deux bus sont dédiés à la batterie, un bus aux guitares rythmiques... mais chaque ingénieur dispose de sa propre méthode.

Le signal stéréo qui sort de la table de mixage peut soit passer à nouveau à travers un compresseur stéréo (pour donner une certaine couleur), soit entrer directement dans un convertisseur, qui envoie le morceau sur disque dur.

Lors des sessions de mixage, il est nécessaire d'écouter les pistes à travers plusieurs paires d'enceintes, car chaque enceinte a son propre son.

Le mastering

Une fois l'étape du mixage achevée, le disque dur ou le CD est envoyé à un studio de mastering. C'est là que tous les morceaux passent à travers plusieurs moulinettes qui permettent sa transformation en CD définitif et commercialisable.

Tous les morceaux sont mis au même niveau sonore, sans dépasser un certain seuil. Au besoin, un peu plus de dynamique peut être ajoutée, en donnant une dernière couche de compression, de manière différente, sur les aigus, les graves et les médiums. Une erreur de mixage peut aussi être rattrapée par un nouveau mixage, en égalisant à nouveau sur l'ensemble du morceau.

Une fois cette étape finie, le CD "master" peut être envoyé aux chaînes de production.


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