POTUS BARACK OBAMA: Bruce et moi avons terminé nos échanges par un retour vers là où nous avons commencé, en nous questionnant, « Que faudra-t-il pour restaurer la foi en cette promesse Américaine ? », « Comment raconter une nouvelle histoire fédératrice sur notre pays, qui soit fidèle à nos idéaux les plus élevés, tout en établissant un état des lieux honnête des sujets sur lesquels nous n’avons pas été à la hauteur ? » Ce n’est pas chose aisée à faire en ces temps cyniques, surtout lorsque vous avez des milliers de médias différents et de plate-formes internet qui vous expliquent que vous pouvez gagner beaucoup d’argent en soufflant sur les braises de la colère et du ressentiment.
[L’orgue joue]
Cependant, d’une manière ou d’une autre, nous croyons tous les deux qu’il est encore possible de raconter une telle histoire, et que, à travers le pays, il y a des gens désireux de la connaître. Nous sommes convaincus qu'en dépit de tous nos désaccords, la plupart d’entre nous aspire à une Amérique plus juste et plus empathique. Une Amérique qui appartient à tous. Nous avons commencé à explorer cet idée-là avec le récit d’un cadeau invraisemblable qu’une inconnue m’a offert au cours de ma campagne pour la présidence. Et puis avec Bruce expliquant la genèse d'une de ses chansons les plus populaires et les plus mal comprises.
[L’orgue joue en fond, puis s’estompe]
[L’orgue joue]
Cependant, d’une manière ou d’une autre, nous croyons tous les deux qu’il est encore possible de raconter une telle histoire, et que, à travers le pays, il y a des gens désireux de la connaître. Nous sommes convaincus qu'en dépit de tous nos désaccords, la plupart d’entre nous aspire à une Amérique plus juste et plus empathique. Une Amérique qui appartient à tous. Nous avons commencé à explorer cet idée-là avec le récit d’un cadeau invraisemblable qu’une inconnue m’a offert au cours de ma campagne pour la présidence. Et puis avec Bruce expliquant la genèse d'une de ses chansons les plus populaires et les plus mal comprises.
[L’orgue joue en fond, puis s’estompe]
****
BRUCE SPRINGSTEEN: Dis-moi, quand as-tu pensé la première fois que tu voulais te présenter à l’élection présidentielle ?
POTUS BARACK OBAMA: Uh, oh [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Quelle était ton ambition ? [rires] Qu’est-ce qui... [rires] Qu’est-ce qui t’en a donné l'envie ? [rires]
POTUS BARACK OBAMA: On m’a certainement fait tomber sur la tête.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: L'envie remonte à tout ce dont nous avons parlé... A cette idée d’aligner l’Amérique avec ses idéaux. C’était mon travail, c’était mon but.
Ce qui est formidable lorsque tu pars en campagne, c'est que tu voyages aux quatre coins du pays. Nous avons commencé la campagne dans l'Iowa, qui n'est pas un État très représentatif. C'est un État blanc, en très grande majorité. Beaucoup de maïs, beaucoup d'élevages de porcs. La population est, en moyenne, assez âgée. Et donc, si tu cherches un endroit où un jeune Afro-Américain, du nom de Barack Hussein Obama, a les meilleures chances de gagner, et bien l'Iowa n'est pas le choix le plus judicieux. Et pourtant, parce que j'habitais dans l'État voisin de l'Illinois, et que j'avais beaucoup fait campagne dans le sud de ce même État, je connaissais la population plutôt bien. Ce que j'avais découvert assez tôt - au cours de ma campagne pour me faire élire au Sénat - c'est que bon nombre d'entre eux étaient exactement comme mes grands-parents. Lorsque tu vas chez eux, ils te servent la même Jell-O moulée (1). Ils parlent des choses de la même manière. Les valeurs fondamentales sont très similaires, très Midwest, amicaux, rien d'ostentatoire. Et je suis donc très à l'aise dans cet environnement.
Tu vas de ville en ville, et tu parles à une centaine de citoyens. Tu parles à cinq cent personnes. Et puis bientôt un millier. Mais tu as toujours l'impression d'engager une discussion intime. Et ce que j'ai appris dans l'Iowa n'a fait que conforter ce en quoi j'avais cru depuis le début : en dépit de toutes nos différences, il y a des traits communs chez tous les Américains. Les parents de Michelle, dans le South Side de Chicago, envisageaient les choses de manière très similaire à un couple de l'Iowa. Ces deux couples croyaient au dur labeur. Tous deux croyaient aux sacrifices consentis pour les enfants. Pour les deux, il était important de tenir parole. Ils croyaient en la responsabilité individuelle, et que nous devons accomplir certaines choses les uns pour les autres, comme par exemple s'assurer que tous les enfants bénéficient d'un bon enseignement, ou que les seniors ne sombrent pas dans la pauvreté. Qu'en cas de maladie, vous ne vous retrouviez pas livré à vous-même. Et la fierté d'avoir un bon boulot. Tu vois ces valeurs communes, et tu te dis : si j'arrive juste à convaincre les habitants des villes et ceux de la campagne, les Blancs, les Noirs et les Hispaniques - si j'arrive à faire en sorte qu'ils s'entendent, ils se verront et se reconnaitront les uns dans les autres et, à partir de ce moment-là, nous aurons une base pour véritablement faire avancer le pays.
BRUCE SPRINGSTEEN: As-tu vu des choses qui t'ont choqué ? Où qui t'ont amené à remettre en question tes choix ?
POTUS BARACK OBAMA: Je remettais en questions mes décisions chaque jour, parce que tu te fais bousculer lorsque tu es sur la route. Parce que tu fais des erreurs, tu dis des idioties et, parfois, le public est mortellement déçu. La plupart du temps, lorsque je remettais mes choix en question, ce n'était pas l'entreprise proprement dite qui était en question, ce n'était pas mon incapacité manifeste à me hisser à la hauteur de l'occasion. Ou la déception que j'éprouvais quand je n'arrivais pas à faire passer le courant avec les gens, quand je ne parvenais pas à raconter leur histoire. Si tu t'y prends bien, quand tu te présentes à l'élection présidentielle, le sujet, ce n'est pas toi, en fait. Le sujet consiste à trouver le chœur, à trouver le collectif.
Au début de la campagne, je dois me rendre en Caroline, dans une ville appelée Greenwood. La raison pour laquelle je m'y rends, c’est parce que je voulais à tout prix le soutien d'une élue de l’État (2). Et elle m'avait dit, « Si vous venez dans cette ville, je vous soutiendrai officiellement ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: « Dans ma ville ».
[La guitare acoustique joue en fond]
Je réponds, « Oui ». Il se trouve que cette ville est à une heure et demi de la grande ville...
BRUCE SPRINGSTEEN: Ok.
POTUS BARACK OBAMA: ...la plus proche. Et à l’époque, je ne suis pas bien placé dans les sondages. Et nous arrivons sur place, et il pleut à verse, et le New York Times vient de publier un article à charge contre moi. Et puis tu sais, tout le monde commence à se dire, « Ce n'était qu'un feu de paille »... Finalement, j’arrive là-bas et... C’est dans un gymnase, ou quelque chose comme ça. Et j’entre, et je suis mouillé, je suis de mauvaise humeur, et tout à coup, alors que je serre les mains de tout le monde, j’entends...
[Archive audio de Edith Childs et du Président Obama scandant: “Gonflé à Bloc ! ...Gonflé à bloc !”]
POTUS BARACK OBAMA: « Gonflé à bloc ! »
BRUCE SPRINGSTEEN: « Prêt à y aller ! »
POTUS BARACK OBAMA: « Prêt à y aller ! »
[Archive audio de Edith Childs et du Président Obama scandant: “Prêt à y aller ! Gonflé à Bloc ! Gonflé à bloc ! Prêt à y aller !”]
POTUS BARACK OBAMA: Il s’est avéré que cette... [rires] magnifique femme s’appelait Edith Childs.
[La guitare acoustique joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: C’était une sorte de détective privée à mi-temps [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: D’accord [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et elle avait un grand sourire, et elle portait une robe assez flamboyante et un chapeau, et apparemment, elle avait l’habitude de scander ce cri de ralliement.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Gonflé à bloc, prêt à y aller » Et je me suis dit, au début, « C’est dingue ».
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Mais tout le monde répétait ces mots, alors je me suis dit, « Et bien, je ferais mieux de faire pareil. De toute façon, je suis là ». Et tout à coup, j’ai commencé à me sentir bien. Et, j’ai adoré.
BRUCE SPRINGSTEEN: C’est formidable.
POTUS BARACK OBAMA: L’excentricité de...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...de la détermination dont elle faisait preuve.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: C’était juste une détermination joyeuse.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Soudain, je suis de meilleure humeur. Nous avons un bon échange avec les personnes présentes. Quand je pars, je dis à mon équipe, « Êtes-vous gonflés à bloc ? Êtes-vous prêt à foncer ? » C'est ce que j'ai découvert pendant la campagne présidentielle, c'est que les gens te portent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Évidemment.
POTUS BARACK OBAMA: Ce n'est pas toi. Tu fais passer leur énergie.
[La guitare acoustique joue]
Leurs espoirs. Leurs puissances. Ah, leur résilience. Ce que tu découvres également - mais on s'y attend - c'est que certaines des tensions les plus sombres de la vie américaine sont présentes. Tu sais, lorsque je suis allé en Caroline du Sud, j'ai connu ce grand moment avec Edith Childs. J'ai aussi eu des moments où j'entre dans un restaurant... Et je commence à serrer des mains et tout le monde...
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: ...est très gentil, et puis tu arrives à une table.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Où on refuse de te serrer la main.
BRUCE SPRINGSTEEN: Hmm.
POTUS BARACK OBAMA: Tu comprends... Et puis tu reprends ta voiture et tu aperçois un drapeau confédéré (3) hissé par certains manifestants. Le message n'est pas vraiment subtil [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Non.
POTUS BARACK OBAMA: Dans l'ensemble, pour un moment sombre comme celui que je viens d'évoquer, tu as 10...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...15, 20, 30 petits moments de gloire, tu comprends ? Il n'y a pas une seule manière d'être un Américain, et c'est la raison pour laquelle lorsque tu vois certaines prises de positions politiques qui ont émergé...
BRUCE SPRINGSTEEN: Dingue... Si répugnant, mec.
POTUS BARACK OBAMA: Quand tu entends... Pendant notre campagne, il y avait Sarah Palin (4), qui était une sorte de prototype et une précurseur de...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...ce qui allait arriver après. Et elle parlait des vrais américains et moi, visiblement, je ne correspondais pas à ces critères-là. Et lorsque je l'entends, je m'interroge, « Tu ne t'es pas beaucoup baladé, parce que...
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: ...les Américains sont de toutes les tailles et de toutes les formes ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et c'est une joie de faire campagne pour la présidence. Tu visites les cinquante États.
[Bruce Springsteen - Born In The USA]
Tu rencontres des citoyens de tous horizons et de toutes positions, et il y a un fil conducteur entre nous... Il y a ce lien. Il y a cet attachement. Même entre les conservateurs, les libéraux... Il y a un ensemble commun de valeurs, mais elles ont été très profondément enterrées. Une partie de l'intensité de nos désaccords vient précisément du fait que nos sujets de désaccords, ce sont les contradictions que nous portons en nous.
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond: “Booorn in the U.S.A... I was...Booorn in the U.S.A... I was...Booorn in the U.S.A....Booorn in the U.S.A...”]
POTUS BARACK OBAMA: Uh, oh [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Quelle était ton ambition ? [rires] Qu’est-ce qui... [rires] Qu’est-ce qui t’en a donné l'envie ? [rires]
POTUS BARACK OBAMA: On m’a certainement fait tomber sur la tête.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: L'envie remonte à tout ce dont nous avons parlé... A cette idée d’aligner l’Amérique avec ses idéaux. C’était mon travail, c’était mon but.
Ce qui est formidable lorsque tu pars en campagne, c'est que tu voyages aux quatre coins du pays. Nous avons commencé la campagne dans l'Iowa, qui n'est pas un État très représentatif. C'est un État blanc, en très grande majorité. Beaucoup de maïs, beaucoup d'élevages de porcs. La population est, en moyenne, assez âgée. Et donc, si tu cherches un endroit où un jeune Afro-Américain, du nom de Barack Hussein Obama, a les meilleures chances de gagner, et bien l'Iowa n'est pas le choix le plus judicieux. Et pourtant, parce que j'habitais dans l'État voisin de l'Illinois, et que j'avais beaucoup fait campagne dans le sud de ce même État, je connaissais la population plutôt bien. Ce que j'avais découvert assez tôt - au cours de ma campagne pour me faire élire au Sénat - c'est que bon nombre d'entre eux étaient exactement comme mes grands-parents. Lorsque tu vas chez eux, ils te servent la même Jell-O moulée (1). Ils parlent des choses de la même manière. Les valeurs fondamentales sont très similaires, très Midwest, amicaux, rien d'ostentatoire. Et je suis donc très à l'aise dans cet environnement.
Tu vas de ville en ville, et tu parles à une centaine de citoyens. Tu parles à cinq cent personnes. Et puis bientôt un millier. Mais tu as toujours l'impression d'engager une discussion intime. Et ce que j'ai appris dans l'Iowa n'a fait que conforter ce en quoi j'avais cru depuis le début : en dépit de toutes nos différences, il y a des traits communs chez tous les Américains. Les parents de Michelle, dans le South Side de Chicago, envisageaient les choses de manière très similaire à un couple de l'Iowa. Ces deux couples croyaient au dur labeur. Tous deux croyaient aux sacrifices consentis pour les enfants. Pour les deux, il était important de tenir parole. Ils croyaient en la responsabilité individuelle, et que nous devons accomplir certaines choses les uns pour les autres, comme par exemple s'assurer que tous les enfants bénéficient d'un bon enseignement, ou que les seniors ne sombrent pas dans la pauvreté. Qu'en cas de maladie, vous ne vous retrouviez pas livré à vous-même. Et la fierté d'avoir un bon boulot. Tu vois ces valeurs communes, et tu te dis : si j'arrive juste à convaincre les habitants des villes et ceux de la campagne, les Blancs, les Noirs et les Hispaniques - si j'arrive à faire en sorte qu'ils s'entendent, ils se verront et se reconnaitront les uns dans les autres et, à partir de ce moment-là, nous aurons une base pour véritablement faire avancer le pays.
BRUCE SPRINGSTEEN: As-tu vu des choses qui t'ont choqué ? Où qui t'ont amené à remettre en question tes choix ?
POTUS BARACK OBAMA: Je remettais en questions mes décisions chaque jour, parce que tu te fais bousculer lorsque tu es sur la route. Parce que tu fais des erreurs, tu dis des idioties et, parfois, le public est mortellement déçu. La plupart du temps, lorsque je remettais mes choix en question, ce n'était pas l'entreprise proprement dite qui était en question, ce n'était pas mon incapacité manifeste à me hisser à la hauteur de l'occasion. Ou la déception que j'éprouvais quand je n'arrivais pas à faire passer le courant avec les gens, quand je ne parvenais pas à raconter leur histoire. Si tu t'y prends bien, quand tu te présentes à l'élection présidentielle, le sujet, ce n'est pas toi, en fait. Le sujet consiste à trouver le chœur, à trouver le collectif.
Au début de la campagne, je dois me rendre en Caroline, dans une ville appelée Greenwood. La raison pour laquelle je m'y rends, c’est parce que je voulais à tout prix le soutien d'une élue de l’État (2). Et elle m'avait dit, « Si vous venez dans cette ville, je vous soutiendrai officiellement ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: « Dans ma ville ».
[La guitare acoustique joue en fond]
Je réponds, « Oui ». Il se trouve que cette ville est à une heure et demi de la grande ville...
BRUCE SPRINGSTEEN: Ok.
POTUS BARACK OBAMA: ...la plus proche. Et à l’époque, je ne suis pas bien placé dans les sondages. Et nous arrivons sur place, et il pleut à verse, et le New York Times vient de publier un article à charge contre moi. Et puis tu sais, tout le monde commence à se dire, « Ce n'était qu'un feu de paille »... Finalement, j’arrive là-bas et... C’est dans un gymnase, ou quelque chose comme ça. Et j’entre, et je suis mouillé, je suis de mauvaise humeur, et tout à coup, alors que je serre les mains de tout le monde, j’entends...
[Archive audio de Edith Childs et du Président Obama scandant: “Gonflé à Bloc ! ...Gonflé à bloc !”]
POTUS BARACK OBAMA: « Gonflé à bloc ! »
BRUCE SPRINGSTEEN: « Prêt à y aller ! »
POTUS BARACK OBAMA: « Prêt à y aller ! »
[Archive audio de Edith Childs et du Président Obama scandant: “Prêt à y aller ! Gonflé à Bloc ! Gonflé à bloc ! Prêt à y aller !”]
POTUS BARACK OBAMA: Il s’est avéré que cette... [rires] magnifique femme s’appelait Edith Childs.
[La guitare acoustique joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: C’était une sorte de détective privée à mi-temps [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: D’accord [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et elle avait un grand sourire, et elle portait une robe assez flamboyante et un chapeau, et apparemment, elle avait l’habitude de scander ce cri de ralliement.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Gonflé à bloc, prêt à y aller » Et je me suis dit, au début, « C’est dingue ».
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Mais tout le monde répétait ces mots, alors je me suis dit, « Et bien, je ferais mieux de faire pareil. De toute façon, je suis là ». Et tout à coup, j’ai commencé à me sentir bien. Et, j’ai adoré.
BRUCE SPRINGSTEEN: C’est formidable.
POTUS BARACK OBAMA: L’excentricité de...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...de la détermination dont elle faisait preuve.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: C’était juste une détermination joyeuse.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Soudain, je suis de meilleure humeur. Nous avons un bon échange avec les personnes présentes. Quand je pars, je dis à mon équipe, « Êtes-vous gonflés à bloc ? Êtes-vous prêt à foncer ? » C'est ce que j'ai découvert pendant la campagne présidentielle, c'est que les gens te portent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Évidemment.
POTUS BARACK OBAMA: Ce n'est pas toi. Tu fais passer leur énergie.
[La guitare acoustique joue]
Leurs espoirs. Leurs puissances. Ah, leur résilience. Ce que tu découvres également - mais on s'y attend - c'est que certaines des tensions les plus sombres de la vie américaine sont présentes. Tu sais, lorsque je suis allé en Caroline du Sud, j'ai connu ce grand moment avec Edith Childs. J'ai aussi eu des moments où j'entre dans un restaurant... Et je commence à serrer des mains et tout le monde...
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: ...est très gentil, et puis tu arrives à une table.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Où on refuse de te serrer la main.
BRUCE SPRINGSTEEN: Hmm.
POTUS BARACK OBAMA: Tu comprends... Et puis tu reprends ta voiture et tu aperçois un drapeau confédéré (3) hissé par certains manifestants. Le message n'est pas vraiment subtil [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Non.
POTUS BARACK OBAMA: Dans l'ensemble, pour un moment sombre comme celui que je viens d'évoquer, tu as 10...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...15, 20, 30 petits moments de gloire, tu comprends ? Il n'y a pas une seule manière d'être un Américain, et c'est la raison pour laquelle lorsque tu vois certaines prises de positions politiques qui ont émergé...
BRUCE SPRINGSTEEN: Dingue... Si répugnant, mec.
POTUS BARACK OBAMA: Quand tu entends... Pendant notre campagne, il y avait Sarah Palin (4), qui était une sorte de prototype et une précurseur de...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...ce qui allait arriver après. Et elle parlait des vrais américains et moi, visiblement, je ne correspondais pas à ces critères-là. Et lorsque je l'entends, je m'interroge, « Tu ne t'es pas beaucoup baladé, parce que...
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: ...les Américains sont de toutes les tailles et de toutes les formes ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et c'est une joie de faire campagne pour la présidence. Tu visites les cinquante États.
[Bruce Springsteen - Born In The USA]
Tu rencontres des citoyens de tous horizons et de toutes positions, et il y a un fil conducteur entre nous... Il y a ce lien. Il y a cet attachement. Même entre les conservateurs, les libéraux... Il y a un ensemble commun de valeurs, mais elles ont été très profondément enterrées. Une partie de l'intensité de nos désaccords vient précisément du fait que nos sujets de désaccords, ce sont les contradictions que nous portons en nous.
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond: “Booorn in the U.S.A... I was...Booorn in the U.S.A... I was...Booorn in the U.S.A....Booorn in the U.S.A...”]
****
POTUS BARACK OBAMA: Et tu sais, il y a une question que tout le monde veut que je te pose : Dis-moi ce que tu avais en tête quand tu écrivais Born In The U.S.A.
[Bruce Springsteen - Born In The USA s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Donc, Paul Schrader (5), qui a...
ENSEMBLE: ...réalisé Blue Collar...
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: ...m'envoie un scénario intitulé Born in the U.S.A.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je le pose sur ma table. On est en 198...2. Je suis en train d'écrire une chanson sur le Vietnam, parce que j'avais rencontré un ancien combattant, Ron Kovic, qui avait écrit un livre intitulé Born on the Fourth of July (6). J'avais aussi fait la connaissance d'un autre vétéran, qui s'appelait Bobby Muller. Ils avaient été tous les deux blessés par balles, et s'étaient retrouvés en chaise roulante, des vétérans activistes. Je les ai rencontrés d'une étrange façon. Je traversais le désert en voiture et je me suis arrêté dans un petit magasin, et j'ai acheté un exemplaire de Born on the Fourth of July. J'ai conduit jusqu'à... jusqu'à Los Angeles. Je prends une chambre dans un petit motel, et il y a un type en fauteuil roulant près de la piscine. Au bout de deux jours, il s'approche finalement de moi et me dit, « Salut, je m'appelle Ron Kovic ». Je lui dis... Je commence à réfléchir, « Attends, Ron... Ce nom me dit quelque chose ». Il me dit, « J'ai écrit Born On The Fourth of July ».
Je me dis, « Mon Dieu, je viens juste de terminer ce livre, il y a deux semaines à peine ». Il m'a donc invité à une réunion des Anciens Combattants à Venice, j'ai passé l'après-midi là-bas, j'ai écouté, et j'ai appris. Ce qui a déclenché mon envie d'écrire quelque chose sur eux. J'avais le scénario sur la table. J'avais quelques couplets, et puis j'ai regardé le scénario, et il y avait écrit, Born in the U.S.A., et je me suis dit simplement, Born in the U.S.A. [rires] Je suis né aux U.S.A., et je me suis dit, « Oui ! Oui ! C'est ça ! C'est ça ! ».
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond : “Il avait une femme qu'il aimait à Saïgon... Tout ce que j'ai maintenant, c'est une photo de lui dans ses bras”]
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est une chanson qui parle de douleur, de gloire, de la honte d'être celui que l'on est, de venir d'où l'on vient. C'est un tableau complexe du pays. Notre protagoniste a été trahi par son pays et cependant il se sent profondément attaché au pays dans lequel il a grandi.
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond : “Né aux U.S.A... Je ne suis qu'un vieux, depuis longtemps oublié aux U.S.A... ”]
POTUS BARACK OBAMA: La chanson a fini également par être récupérée, comme une chanson iconique, patriotique. Même si ce n'était pas nécessairement tes intentions.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mais je pense que si la chanson a été récupérée... Premièrement, elle était puissante, et deuxièmement, l'image qu'elle développait était si fondamentalement Américaine. Mais elle obligeait le public à garder en tête deux idées contradictoires en même temps : tu peux être à la fois très critique envers ton pays et très fier de ton pays, simultanément. Et c'est un sujet sur lequel on revient beaucoup encore aujourd'hui.
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond, puis s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Lorsque tu joues à l'étranger, quelle est la différence ? Est-ce que tu es soucieux de te dire, « Mec, j'ai besoin de montrer que je suis un chanteur de rock Américain » Ou, tu te dis juste, « C'est un public différent, et je vais être moi et... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: « Et j'espère qu'ils seront réceptifs, mais peut-être pas »
BRUCE SPRINGSTEEN: Un peu de tout ça, tu vois. Nous sommes dans une situation amusante où les 2/3 de notre public se trouve en Europe. Nous avons peut-être 1/3 de notre public aux États-Unis, nous avons donc un public beaucoup plus important à l'étranger. Et je ne sais pas exactement pourquoi, mais je sais que le public a été fasciné pendant longtemps par l'histoire américaine, nos films, notre musique.
Il continue d'y avoir une profonde fascination. Le E Street Band fait passer cette dramaturgie, cette puissance émotionnelle, cette pointe de liberté, symbole d'égalité, de communauté, de camaraderie, l'envie de passer des bons moments. Nous avons essayé de créer un son aussi grand que le pays en lui-même. Nous célébrons ce qu'il y a de meilleur dans notre pays et nous critiquons ses échecs. Et je pense qu'à l'étranger, le public respecte ça, tu vois.
L'Europe a été une part importante de ma vie - raconter mes histoires là-bas et l'accueil que nous avons eu - même dans nos pires périodes. Nous avons joué devant cinquante mille personnes en France, peu après l'invasion de l'Irak. Il y a quelque chose dans la culture américaine - et le rêve de l'Amérique que tu symbolises et que nous avons essayé de symboliser avec mon groupe - qui exerce une influence culturelle énorme, où que tu sois. J'ai pas mal voyagé, nous avons joué en Afrique, en Amérique Centrale, en Inde, et à chaque fois, il se passe quelque chose. Le voyage a été extraordinaire.
POTUS BARACK OBAMA: C'est la chose qui m'a frappé la première fois que je suis entré en fonction comme Président, ce degré avec lequel... Lorsque je suis entré en fonction, le rang que l'Amérique avait occupé auparavant dans le monde s'était affaissé de manière précipitée.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: En grande partie suite à l'Irak (7), et l'ouragan Katrina avait écorné notre image (8), et puis nous avons été reconnus responsables de la crise financière internationale et de la grave crise qui a suivi... Les gens n'étaient donc pas forcément satisfaits de la politique américaine et du gouvernement. Mais ce que les gens savaient autour du monde, c'est que l'Amérique n'est pas parfaite. Il y a une discrimination raciale chronique. Elle est violente. Socialement, le filet de sécurité, comparé aux...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: ...aux autres pays avancés, est défectueux. Parfois l'Amérique est ignorante [rires] du reste du monde. Tu entendras toutes ces critiques sur les États-Unis. Mais ce que tout le monde sait également, c'est que nous sommes la seule nation sur terre à être constitués d'une population originaire de tous les coins de la planète, de toutes les confessions, de toutes les races, de toutes les éducations, de tous les milieux économiques. Et ce qui fascine le monde, c'est de se dire, « Est-ce que ça peut marcher ? »
BRUCE SPRINGSTEEN: Mmmm.
POTUS BARACK OBAMA: Est-ce que ce creuset...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...où tout ce petit monde se retrouve, et où on met en place une démocratie où chacun est supposé détenir un vote, au moins après la Guerre de Sécession, et les amendements d'après-guerre, où on proclame que tous les hommes naissent égaux... Et si cette expérience-là marche, est-ce qu'elle pourrait être notre salut à tous ?
BRUCE SPRINGSTEEN: J'aime cette idée.
POTUS BARACK OBAMA: Et parfois, nous pouvons être sceptiques sur notre réussite, mais dans un coin de leur tête, les gens se disent aussi, « Mon Dieu, si seulement ils pouvaient réussir...
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Ce serait une bonne chose ». La reconnaissance et la dignité de tout un peuple, où chacun a sa chance, et où chaque enfant peut devenir Président, et où chacun peut réussir s'il essaye.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: « Et si c'était vrai... Mon Dieu, ce serait grand » Tu sais, de temps à autre, nous devenons effectivement ce que nous prétendons être et quand ça arrive, le monde se sent un petit peu plus optimiste. Et à l'inverse, c'est lorsque nous ne sommes pas...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui. Lorsque c'est sombre. Lorsqu'on devient sombre.
POTUS BARACK OBAMA: Là les gens peuvent se dire, « Oui, tu sais quoi ? Le monde est ce qu'il est » Et... « L'Amérique se comporte comme la Chine » ou « Elle se comporte comme la Russie » ou « Elle se comporte comme les anciens empires d'Europe » ou « Nous sommes encore pris dans cette logique de la loi du plus fort, et c'est toujours le plus fort qui exploite le plus faible ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et puis, tout à coup les gens finissent par penser, « Je présume... Je présume que je ne peux pas espérer beaucoup plus de mon pays non plus » Et...
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que tu as raison, oui.
POTUS BARACK OBAMA: Mais lorsque c'est juste, c'est juste. C'est juste. Et c'est la raison pour laquelle à chaque fois que nous avons fait des erreurs, nous avons toujours été capable de retomber sur nos pattes. Et finalement, c'est pour ça que notre culture est vivante, même lorsque l'époque est sombre. C'est pourquoi les Français peuvent désapprouver à 80% l'invasion de l'Irak, et pourtant...
BRUCE SPRINGSTEEN: Et 50,000 d'entre eux...
ENSEMBLE: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: ...assister à un concert de Bruce Springsteen...
BRUCE SPRINGSTEEN: ...poser leurs fesses sur les sièges le lendemain...
POTUS BARACK OBAMA: ...et chanter Born In The U.S.A.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée, puis s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que même avec quelque chose d'aussi modeste et insignifiant qu'un groupe de rock'n'roll, lorsque nous débarquons en ville, nous représentons ces idéaux-là, nous représentons cette promesse. Et nous construisons une œuvre qui reflète ça. Et nous n'oublions jamais nos défauts. Comme je l'ai déjà dit, nous sommes des patriotes critiques. C'est ce qui fait notre honnêteté. Mais nous apportons toujours de la transcendance, la promesse du pays. Et cette idée - l'idée sacrée, du style « Et si ça marchait ? » - cette possibilité-là n'est pas encore morte, elle est encore vivante et elle résonne dans le cœur du public, partout dans le monde.
J'ai consacré une partie de ma vie à m'inviter dans cette discussion, pour que nous nous rapprochions des idéaux affichés de notre pays en utilisant comme médium ma musique et mon œuvre. Nous avons constamment échoué à atteindre cet objectif pendant trop d'années, pour de trop nombreux citoyens, et cette inégalité sociale, économique, entache notre contrat social. Il revient à chaque citoyen et à notre gouvernement de faire son possible pour nous rapprocher des idéaux que nous affichons.
POTUS BARACK OBAMA: Et comment penses-tu qu'on puisse combler ce fossé ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Il y a des choses pratiques qui semblent relever du bon sens : établir des liens politiques au-delà des frontières des partis, redécouvrir l'expérience commune, l'amour du pays, forger une nouvelle identité nationale, incluant une image multiculturelle des États-Unis, qui est une réalité aujourd'hui, ancrée dans des idéaux communs, et simplement voir à nouveau l'autre comme un Américain, qu'il soit bleu, rouge, noir, blanc. Ce sont des choses difficiles, très difficiles à accomplir, et quelle que soit la manière dont on s'y prendra, la route sera longue pour y parvenir.
[PAUSE]
[Bruce Springsteen - Born In The USA s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Donc, Paul Schrader (5), qui a...
ENSEMBLE: ...réalisé Blue Collar...
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: ...m'envoie un scénario intitulé Born in the U.S.A.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je le pose sur ma table. On est en 198...2. Je suis en train d'écrire une chanson sur le Vietnam, parce que j'avais rencontré un ancien combattant, Ron Kovic, qui avait écrit un livre intitulé Born on the Fourth of July (6). J'avais aussi fait la connaissance d'un autre vétéran, qui s'appelait Bobby Muller. Ils avaient été tous les deux blessés par balles, et s'étaient retrouvés en chaise roulante, des vétérans activistes. Je les ai rencontrés d'une étrange façon. Je traversais le désert en voiture et je me suis arrêté dans un petit magasin, et j'ai acheté un exemplaire de Born on the Fourth of July. J'ai conduit jusqu'à... jusqu'à Los Angeles. Je prends une chambre dans un petit motel, et il y a un type en fauteuil roulant près de la piscine. Au bout de deux jours, il s'approche finalement de moi et me dit, « Salut, je m'appelle Ron Kovic ». Je lui dis... Je commence à réfléchir, « Attends, Ron... Ce nom me dit quelque chose ». Il me dit, « J'ai écrit Born On The Fourth of July ».
Je me dis, « Mon Dieu, je viens juste de terminer ce livre, il y a deux semaines à peine ». Il m'a donc invité à une réunion des Anciens Combattants à Venice, j'ai passé l'après-midi là-bas, j'ai écouté, et j'ai appris. Ce qui a déclenché mon envie d'écrire quelque chose sur eux. J'avais le scénario sur la table. J'avais quelques couplets, et puis j'ai regardé le scénario, et il y avait écrit, Born in the U.S.A., et je me suis dit simplement, Born in the U.S.A. [rires] Je suis né aux U.S.A., et je me suis dit, « Oui ! Oui ! C'est ça ! C'est ça ! ».
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond : “Il avait une femme qu'il aimait à Saïgon... Tout ce que j'ai maintenant, c'est une photo de lui dans ses bras”]
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est une chanson qui parle de douleur, de gloire, de la honte d'être celui que l'on est, de venir d'où l'on vient. C'est un tableau complexe du pays. Notre protagoniste a été trahi par son pays et cependant il se sent profondément attaché au pays dans lequel il a grandi.
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond : “Né aux U.S.A... Je ne suis qu'un vieux, depuis longtemps oublié aux U.S.A... ”]
POTUS BARACK OBAMA: La chanson a fini également par être récupérée, comme une chanson iconique, patriotique. Même si ce n'était pas nécessairement tes intentions.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mais je pense que si la chanson a été récupérée... Premièrement, elle était puissante, et deuxièmement, l'image qu'elle développait était si fondamentalement Américaine. Mais elle obligeait le public à garder en tête deux idées contradictoires en même temps : tu peux être à la fois très critique envers ton pays et très fier de ton pays, simultanément. Et c'est un sujet sur lequel on revient beaucoup encore aujourd'hui.
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée en fond, puis s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Lorsque tu joues à l'étranger, quelle est la différence ? Est-ce que tu es soucieux de te dire, « Mec, j'ai besoin de montrer que je suis un chanteur de rock Américain » Ou, tu te dis juste, « C'est un public différent, et je vais être moi et... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: « Et j'espère qu'ils seront réceptifs, mais peut-être pas »
BRUCE SPRINGSTEEN: Un peu de tout ça, tu vois. Nous sommes dans une situation amusante où les 2/3 de notre public se trouve en Europe. Nous avons peut-être 1/3 de notre public aux États-Unis, nous avons donc un public beaucoup plus important à l'étranger. Et je ne sais pas exactement pourquoi, mais je sais que le public a été fasciné pendant longtemps par l'histoire américaine, nos films, notre musique.
Il continue d'y avoir une profonde fascination. Le E Street Band fait passer cette dramaturgie, cette puissance émotionnelle, cette pointe de liberté, symbole d'égalité, de communauté, de camaraderie, l'envie de passer des bons moments. Nous avons essayé de créer un son aussi grand que le pays en lui-même. Nous célébrons ce qu'il y a de meilleur dans notre pays et nous critiquons ses échecs. Et je pense qu'à l'étranger, le public respecte ça, tu vois.
L'Europe a été une part importante de ma vie - raconter mes histoires là-bas et l'accueil que nous avons eu - même dans nos pires périodes. Nous avons joué devant cinquante mille personnes en France, peu après l'invasion de l'Irak. Il y a quelque chose dans la culture américaine - et le rêve de l'Amérique que tu symbolises et que nous avons essayé de symboliser avec mon groupe - qui exerce une influence culturelle énorme, où que tu sois. J'ai pas mal voyagé, nous avons joué en Afrique, en Amérique Centrale, en Inde, et à chaque fois, il se passe quelque chose. Le voyage a été extraordinaire.
POTUS BARACK OBAMA: C'est la chose qui m'a frappé la première fois que je suis entré en fonction comme Président, ce degré avec lequel... Lorsque je suis entré en fonction, le rang que l'Amérique avait occupé auparavant dans le monde s'était affaissé de manière précipitée.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: En grande partie suite à l'Irak (7), et l'ouragan Katrina avait écorné notre image (8), et puis nous avons été reconnus responsables de la crise financière internationale et de la grave crise qui a suivi... Les gens n'étaient donc pas forcément satisfaits de la politique américaine et du gouvernement. Mais ce que les gens savaient autour du monde, c'est que l'Amérique n'est pas parfaite. Il y a une discrimination raciale chronique. Elle est violente. Socialement, le filet de sécurité, comparé aux...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: ...aux autres pays avancés, est défectueux. Parfois l'Amérique est ignorante [rires] du reste du monde. Tu entendras toutes ces critiques sur les États-Unis. Mais ce que tout le monde sait également, c'est que nous sommes la seule nation sur terre à être constitués d'une population originaire de tous les coins de la planète, de toutes les confessions, de toutes les races, de toutes les éducations, de tous les milieux économiques. Et ce qui fascine le monde, c'est de se dire, « Est-ce que ça peut marcher ? »
BRUCE SPRINGSTEEN: Mmmm.
POTUS BARACK OBAMA: Est-ce que ce creuset...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...où tout ce petit monde se retrouve, et où on met en place une démocratie où chacun est supposé détenir un vote, au moins après la Guerre de Sécession, et les amendements d'après-guerre, où on proclame que tous les hommes naissent égaux... Et si cette expérience-là marche, est-ce qu'elle pourrait être notre salut à tous ?
BRUCE SPRINGSTEEN: J'aime cette idée.
POTUS BARACK OBAMA: Et parfois, nous pouvons être sceptiques sur notre réussite, mais dans un coin de leur tête, les gens se disent aussi, « Mon Dieu, si seulement ils pouvaient réussir...
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Ce serait une bonne chose ». La reconnaissance et la dignité de tout un peuple, où chacun a sa chance, et où chaque enfant peut devenir Président, et où chacun peut réussir s'il essaye.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: « Et si c'était vrai... Mon Dieu, ce serait grand » Tu sais, de temps à autre, nous devenons effectivement ce que nous prétendons être et quand ça arrive, le monde se sent un petit peu plus optimiste. Et à l'inverse, c'est lorsque nous ne sommes pas...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui. Lorsque c'est sombre. Lorsqu'on devient sombre.
POTUS BARACK OBAMA: Là les gens peuvent se dire, « Oui, tu sais quoi ? Le monde est ce qu'il est » Et... « L'Amérique se comporte comme la Chine » ou « Elle se comporte comme la Russie » ou « Elle se comporte comme les anciens empires d'Europe » ou « Nous sommes encore pris dans cette logique de la loi du plus fort, et c'est toujours le plus fort qui exploite le plus faible ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et puis, tout à coup les gens finissent par penser, « Je présume... Je présume que je ne peux pas espérer beaucoup plus de mon pays non plus » Et...
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que tu as raison, oui.
POTUS BARACK OBAMA: Mais lorsque c'est juste, c'est juste. C'est juste. Et c'est la raison pour laquelle à chaque fois que nous avons fait des erreurs, nous avons toujours été capable de retomber sur nos pattes. Et finalement, c'est pour ça que notre culture est vivante, même lorsque l'époque est sombre. C'est pourquoi les Français peuvent désapprouver à 80% l'invasion de l'Irak, et pourtant...
BRUCE SPRINGSTEEN: Et 50,000 d'entre eux...
ENSEMBLE: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: ...assister à un concert de Bruce Springsteen...
BRUCE SPRINGSTEEN: ...poser leurs fesses sur les sièges le lendemain...
POTUS BARACK OBAMA: ...et chanter Born In The U.S.A.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
[Bruce Springsteen - Born In The USA est jouée, puis s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que même avec quelque chose d'aussi modeste et insignifiant qu'un groupe de rock'n'roll, lorsque nous débarquons en ville, nous représentons ces idéaux-là, nous représentons cette promesse. Et nous construisons une œuvre qui reflète ça. Et nous n'oublions jamais nos défauts. Comme je l'ai déjà dit, nous sommes des patriotes critiques. C'est ce qui fait notre honnêteté. Mais nous apportons toujours de la transcendance, la promesse du pays. Et cette idée - l'idée sacrée, du style « Et si ça marchait ? » - cette possibilité-là n'est pas encore morte, elle est encore vivante et elle résonne dans le cœur du public, partout dans le monde.
J'ai consacré une partie de ma vie à m'inviter dans cette discussion, pour que nous nous rapprochions des idéaux affichés de notre pays en utilisant comme médium ma musique et mon œuvre. Nous avons constamment échoué à atteindre cet objectif pendant trop d'années, pour de trop nombreux citoyens, et cette inégalité sociale, économique, entache notre contrat social. Il revient à chaque citoyen et à notre gouvernement de faire son possible pour nous rapprocher des idéaux que nous affichons.
POTUS BARACK OBAMA: Et comment penses-tu qu'on puisse combler ce fossé ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Il y a des choses pratiques qui semblent relever du bon sens : établir des liens politiques au-delà des frontières des partis, redécouvrir l'expérience commune, l'amour du pays, forger une nouvelle identité nationale, incluant une image multiculturelle des États-Unis, qui est une réalité aujourd'hui, ancrée dans des idéaux communs, et simplement voir à nouveau l'autre comme un Américain, qu'il soit bleu, rouge, noir, blanc. Ce sont des choses difficiles, très difficiles à accomplir, et quelle que soit la manière dont on s'y prendra, la route sera longue pour y parvenir.
[PAUSE]
****
[Le synthétiseur joue]
POTUS BARACK OBAMA: Plus tôt, nous avons parlé du sentiment qui s'impose, à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, d'une classe moyenne émergente, d'un monde unifié, où tu sais ce que veut dire être Américain. Et puis, il y a ces ruptures majeures, et une de ces ruptures, c'est le Watergate (9), un sujet que nous n'avons pas abordé, dont tu sais...
BRUCE SPRINGSTEEN: Énorme.
POTUS BARACK OBAMA: Tu as décris la façon dont cette doctrine, chère à Nixon, sur la Majorité Silencieuse (10) - ce qui été dénommé en interne « La Stratégie du Sud (11) » - la manière dont cette doctrine-là, pour toi et pour la première fois, t'a fait voir un Président essayer de méthodiquement, explicitement, délibérément, diviser l'Amérique.
BRUCE SPRINGSTEEN: Nous avons immédiatement perçu cette division, tu comprends. Immédiatement. La ville s'est coupée en deux, comme je le décrivais ce matin. Il y avait les hommes et les femmes des années 50, et il y avait ceux des années 60. Mon adorable beau-frère, qui a épousé ma charmante sœur en 1968 - une des années les plus agitées du Mouvement pour les droits civiques - a toujours été un homme des années 50. Il aurait fait partie de ces silencieux, ce que Nixon appelait la Majorité Silencieuse, et, évidemment, moi je me suis retrouvé de l'autre côté.
Mais c'était la première fois que ces divisions strictes étaient profondément visibles dans la société et pleinement liées au Mouvement pour les droits civiques, liées à la race, au rôle croissant des voix noires dans la société.
POTUS BARACK OBAMA: Oui... Écoute, tu as la race, et dans une certaine mesure, tu as juste des relations entre hommes et femmes qui changent, non ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: Et, dans une certaine mesure, ce type des années 50, cette Majorité Silencieuse, elle se solidifie. Elle s’endurcit. Et elle continue de caractériser le paysage politique actuel. Nixon a posé les bases.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tout à fait.
POTUS BARACK OBAMA: Même si Nixon lui-même a puisé ces bases-là de Goldwater (12)
BRUCE SPRINGSTEEN: Mais il en a repoussé les limites.
POTUS BARACK OBAMA: Mais Nixon...
BRUCE SPRINGSTEEN: La Stratégie du Sud, Lee Atwater (13), ils en ont fait une vérité absolue, comme une manière de s'accrocher au pouvoir.
POTUS BARACK OBAMA: Exactement.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et retourner le pays à leur avantage.
POTUS BARACK OBAMA: Une des raisons pour laquelle la stratégie a marché - quand je parlais de la signification d'être un Américain - c'est qu'il existe une culture américaine, que nous partageons tous.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: La monoculture... elle a rassemblé la population, sauf qu'elle excluait une grande partie du pays. Une grande partie du pays restait invisible.
BRUCE SPRINGSTEEN: Point barre.
POTUS BARACK OBAMA: Et puis, ce qui est arrivé, c'est que cette partie du pays qui était jusqu'alors invisible - limitée aux serveurs, aux bagagistes - s'est dit tout à coup, « Tu sais quoi... Nous sommes là. Nous voulons être au cœur de l'histoire ».
Et c'est là que l'enfer se déchaîne [rires] C'est lorsque la Majorité Silencieuse répond, « Attendez une seconde. Elle nous allait très bien cette histoire américaine que nous avions en commun. Nous avons compris ce que ça signifiait...
BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.
POTUS BARACK OBAMA: ...de se définir nous-mêmes comme Américains. Mais vous êtes en train de dire que vous voulez faire partie de l'histoire. Mais c'est déroutant pour nous ». La raison pour laquelle il est primordial de reconnaître l'importance de cet élément culturel, c'est qu'il se reflète aussi dans les informations. S'il y avait eu Fox News (14) à l'époque du Watergate, il n'est pas certain que Richard Nixon finisse par démissionner...
BRUCE SPRINGSTEEN: Destitué...
POTUS BARACK OBAMA: Ah il aurait été destitué, mais il n'aurait peut-être pas...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement. Il n'aurait pas quitté le pouvoir. Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...quitté le pouvoir. Une de mes histoires préférées remonte à assez tard au cours de mon mandat, à l'époque où cette polarisation était déjà très présente.
Nous nous rendons dans un des États du Dakota pour une cérémonie de remise des diplômes, dans une université qui fait un travail remarquable en matière de formation professionnelle des jeunes, en vue d'une insertion directe dans le monde du travail. C'est une petite ville, clairement pas acquise à ma cause. Manifestement, pas un comté m'est favorable, et un comté m'est franchement hostile. Il n'empêche que c'est toujours un évènement un Président qui se déplace, alors tout le monde se presse le long de la route pour observer le cortège. Puis, nous entrons dans la grande salle qui est pleine.
Habituellement, les correspondants de la Maison-Blanche se contentent de rester avec moi, au lieu d'aller explorer la communauté à laquelle nous rendons visite. Mais, cette fois-ci, un journaliste prend l'initiative de se rendre dans un bar local pour voir quelle sera la réaction, dans cette ville, à mon intervention lors de la remise des diplômes. Il est assis là, au milieu de quelques types en chemises de bucherons et casquettes, qui boivent leur bière. Fox News retransmet l'évènement en direct, parce que je suis sur leur fief. Ces types regardent la télévision, ils sont assis tranquillement, puis se tournent vers le journaliste et lui demandent, « C'est comme ça qu'il parle habituellement Obama ? » Et le journaliste répond, « Oui, c'est du Obama relativement classique » . Ils disent, « Ha, pas vraiment ce à quoi je m'attendais ! » J'étais président depuis cinq ou six ans. La cloison était si épaisse que, en tant que Président des États-Unis, je ne pouvais atteindre ces types qu'en me rendant physiquement dans leur ville, pour que les médias locaux couvrent l'évènement. Et ça, c'est nouveau.
Et je pense que c'est difficile de se dire, « Comment reconstituons-nous cette idée de chaîne commune ? » Celle dont tu parlais. Cette idée que ce n'est pas bleu ou rouge, ce n'est pas noir ou blanc, c'est l'Amérique. Comment fais-tu pour la recréer, si tu as une culture scindée en deux ? Si, à un moment donné, quelqu'un dit au sujet des Beatles, « Les Beatles sont plus grands que Dieu, ou plus grands que Jésus... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et bien, la raison, c'est qu'on les a vu passer au Ed Sullivan Show (15).
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Non ? Elvis passe au Ed Sullivan Show. Et il faisait partie de cette culture commune.
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument. Et je sais que récemment il y a eu un débat sur Elvis, sur l'appropriation culturelle. Mais...
POTUS BARACK OBAMA: Vas-y, donne-moi ton point de vue sur Elvis maintenant. Et je signale, au passage...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...je suis un grand fan d'Elvis.
BRUCE SPRINGSTEEN: Ok ! Et bien Elvis, tu sais, Elvis faisait partie de mon enfance, il ne faisait pas partie de mon adolescence, il faisait partie de mon enfance, j'avais 9 ans. C'est à l'âge où je l'ai vu au Ed Sullivan Show.
[Archive d'Elvis parlant au The Ed Sullivan Show : (applaudissements) “Mesdames et Messieurs ah... Pourrais-je avoir votre attention s'il vous plaît ? Ah, J'aimerais vous dire que nous allons jouer une chanson triste pour vous...”]
BRUCE SPRINGSTEEN: On a tendance à oublier qu'au départ Elvis a été présenté comme une nouveauté. On pouvait se méprendre sur lui. En partie parce que c'était une nouveauté, tu vois. Il a ébranlé les images de la masculinité. Il se teignait les cheveux, il se maquillait, il bougeait, certains disaient, « comme une strip-teaseuse, comme une femme ». Et donc dans les yeux d'un enfant, il ressemblait à un personnage de cartoon. Il marquait ton imagination.
[Archive d'Elvis jouant au The Ed Sullivan Show : (applaudissements) “You ain't nothin' but a hound dog... Cryin' all the time... You ain't nothin' but a hound dog... Cryin' all the time... (applaudissements)]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et donc, je suis allé immédiatement devant le glace et j'ai commencé à me trémousser.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'ai attrapé le balai, et j'ai commencé à gratter ce balai comme une guitare et, « Maman, je veux cette guitare ». Et j'ai eu une guitare pendant deux semaines, et j'ai réalisé qu'elle était vraie et qu'il fallait apprendre à en jouer. Et j'en suis resté là jusqu'à ce que les Beatles débarquent sur nos côtes.
Et j'ai appris que toute cette musique que j'écoutais, particulièrement les premières chansons des Beatles et des Stones, provenaient de musiciens noirs. Chuck Berry, Arthur Alexander... il y en trop pour les citer tous. C'est de cette façon-là que j'ai remonté le temps jusqu'aux racines Afro-Américaines de la musique rock [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Écoute, toute cette histoire... Je ne veux pas être lourd, et nous pouvons y revenir, mais cette histoire d'appropriation culturelle...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Je dois dire que je ne crois pas en une définition étroite qui dicterait qui a le droit de faire quoi.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je suis d'accord. Je suis d'accord avec toi sur ça.
POTUS BARACK OBAMA: Je pense que nous volons...
ENSEMBLE: Tout le monde, partout.
POTUS BARACK OBAMA: C'est la nature de l'humanité. C'est la nature de la culture. C'est ainsi que les idées migrent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: C'est ainsi que la musique est créée. C'est ainsi que les spécialités culinaires sont créées. Je ne veux pas que nous pensions que telle personne doit obligatoirement procéder de cette manière-là...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...et telle autre personne de cette manière-ci.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je suis d'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Je pense que ce qui a toujours été pertinent concernant cette appropriation culturelle, c'est quand le compositeur noir qui écrit la chanson et qui joue mieux la chanson sur scène, ne peut pas signer de contrat discographique, alors là est le problème. Le problème n'est pas... Je n'ai aucun problème avec les artistes blancs qui jouent de la musique noire, car je ne pense pas qu'il existe aussi simplement, exclusivement, une musique noire ou une musique blanche...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: ...ou une musique Hispanique. Ce sont des réalités économiques et des dynamiques de pouvoir qui sont sous-jacentes, et dont Elvis, de toute évidence, était partie prenante. Il ne l'a pas inventé. Mais la réalité, c'était qu'il y avait des chansons composées par des artistes noirs, et dont les musiciens noirs ne pouvaient pas tirer profit.
BRUCE SPRINGSTEEN: La seule chose qui pourrait me faire changer d'avis, c'est Pat Boone reprenant Little Richard.
POTUS BARACK OBAMA: C'est un problème.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est brutal [rires]
POTUS BARACK OBAMA: C'est mauvais.
BRUCE SPRINGSTEEN: J'ai encore quelques questions. Je peux ?
POTUS BARACK OBAMA: Tu es autorisé !
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Vas-y... Quoi d'autre... Qu'est-ce que tu as d'autre ?
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Juste une... encore quelques trucs sympas : la première chose, tes héros Américains.
POTUS BARACK OBAMA: Oh mec ! Oui, nous allons parler d'eux.
[La guitare acoustique joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Ok, tu veux que je commence ?
POTUS BARACK OBAMA: Oui, vas-y. Qui as-tu ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Mohammed Ali.
POTUS BARACK OBAMA: Ali est... C'est du solide.
BRUCE SPRINGSTEEN: Il est tout en haut, au sommet.
POTUS BARACK OBAMA: [rires] Si nous commençons par le sport, tu dois mentionner Jackie Robinson (16).
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: Jackie Robinson est non seulement la fierté de l'Amérique noire, qui le voit se battre et exceller face aux menaces et traitements des plus brutaux, mais il a également changé les cœurs et les esprits de l'Amérique blanche tout au long de sa carrière.
[La guitare acoustique joue en fond]
Le nombre de blancs d'une certaine génération qui m'ont dit la manière dont ils ont été transformés, eux ou leurs pères...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Ce qu'il représentait pour un gamin de 8 ans... Un gamin blanc dans les tribunes qui supporte un noir.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
[La guitare acoustique joue]
[Archive audio de la dernière apparition publique de Jackie Robinson : “Je suis extrêmement fier et heureux d'être là cet après-midi, mais je dois avouer que je vais être beaucoup plus heureux et beaucoup plus fier lorsque je regarderai l’entraîneur de cette troisième base un jour et que je verrai un visage noir entraînant l'équipe. Merci beaucoup” (applaudissements)]
BRUCE SPRINGSTEEN: Musique. Prêt ?
POTUS BARACK OBAMA: Qu'est-ce que tu as ?
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Je choisis Bob Dylan.
POTUS BARACK OBAMA: Mec, tu ne peux pas te disputer à propos de Dylan.
BRUCE SPRINGSTEEN: Non ! [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et il continue d'avancer !
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui !
POTUS BARACK OBAMA: Il est un peu comme Picasso, dans le sens où il enchaine différentes périodes.
BRUCE SPRINGSTEEN: Géant, tout simplement.
POTUS BARACK OBAMA: Et il continue de rester novateur.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et il semble le faire pour lui-même...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...tout autant que pour les autres. Il ne peut s'empêcher, mais...
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est un artiste. Il fait ce qu'il a à faire. C'est tout.
POTUS BARACK OBAMA: C'est une source de créativité.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense à James Brown.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Pas de hip-hop sans James Brown.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Musicalement, qui as-tu ?
POTUS BARACK OBAMA: Ray Charles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Sans aucun doute.
[Ray Charles jouant ‘America the Beautiful’ : “Oh, now wait a minute, I'm talking about America, sweet America...”]
POTUS BARACK OBAMA: America (The Beautiful) est notre véritable hymne national en fait (17).
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que tu as raison.
POTUS BARACK OBAMA: Sans vouloir offenser l'autre !
BRUCE SPRINGSTEEN: Non, non, non. Tu as raison.
POTUS BARACK OBAMA: Je ne veux pas, tu sais, recevoir soudainement une avalanche de messages...
[Ray Charles jouant ‘America the Beautiful’ : “Yes he did, in brotherhoooood....From sea to shining sea...you know I wish I had some help...”]
POTUS BARACK OBAMA: Aretha Franklin.
BRUCE SPRINGSTEEN: Boom. Énorme héroïne.
[Aretha Franklin - Respect en fond]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, si je pense à la musique Américaine qui ne pourrait venir de nulle part ailleurs... Lorsque j'écoute n'importe quelle chanson que chante Aretha Franklin, je ressens l'Amérique.
[Aretha Franklin jouant Rock Steady : “Let's call this song exactly what it is (what it is, what it is, what it is) It's a funky and lowdown feeling (what it is) In the hips from left to right (what it is) What it is I might be doin' (what it is)....This funky dance all night...Ahhhhhhhhhhhh (Let me hear ya gotta feeling in the air)...]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais qui j'adore, juste parce qu'il est la quintessence de l'artiste américain ? Frank Sinatra.
BRUCE SPRINGSTEEN: Il a sa place au sommet. Il incarne toute une époque.
POTUS BARACK OBAMA: Cet espèce de décontraction, mais avec précision, l'espèce de décontraction étudiée qu'il projette. C'est un style américain très spécifique pour moi.
BRUCE SPRINGSTEEN: Les années 40, le cynisme romantique.
POTUS BARACK OBAMA: Exactement. C'est comme Bogart. Dans le fond, tu es un grand romantique.
BRUCE SPRINGSTEEN: Bien dit ! La vie est belle, la vie est merdique, tout en un.
POTUS BARACK OBAMA: Stevie Wonder.
BRUCE SPRINGSTEEN: Il fait des disques historiques pendant la décennie 70.
POTUS BARACK OBAMA: Cinq albums de suite, qui n'ont rien à envier à cinq albums de quiconque dans l'histoire.
BRUCE SPRINGSTEEN: Qui sont les autres Américains qui t'inspirent ?
POTUS BARACK OBAMA: Sans surprise, ceux qui me viennent en tête en premier, c'est Dr [Martin Luther] King et Malcom X, une sorte de yin et yang du mouvement de libération dans ce pays, et qui m'ont tant aidé à me façonner.
Mais ces personnalités-là ont parfois semblé plus grands que nature, et souvent celles qui m’ont le plus inspirées étaient celles qui étaient moins connues. Ah, pas seulement John Lewis, mais Dianne Nash et Bob Moses et Ella Baker, Fannie Lou Hamer, Joseph Lowery, C. T. Vivian, Fred Shuttlesworth. Tu vois, des personnalités qui n’ont jamais atteint ce même niveau de célébrité, qui n’ont pas bénéficié de ces extraordinaires dons, et qui, pourtant, grâce à leur obstination et à leur courage, ont accompli des choses extraordinaires. Ce sont des héros à taille humaine.
POTUS BARACK OBAMA: Plus tôt, nous avons parlé du sentiment qui s'impose, à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, d'une classe moyenne émergente, d'un monde unifié, où tu sais ce que veut dire être Américain. Et puis, il y a ces ruptures majeures, et une de ces ruptures, c'est le Watergate (9), un sujet que nous n'avons pas abordé, dont tu sais...
BRUCE SPRINGSTEEN: Énorme.
POTUS BARACK OBAMA: Tu as décris la façon dont cette doctrine, chère à Nixon, sur la Majorité Silencieuse (10) - ce qui été dénommé en interne « La Stratégie du Sud (11) » - la manière dont cette doctrine-là, pour toi et pour la première fois, t'a fait voir un Président essayer de méthodiquement, explicitement, délibérément, diviser l'Amérique.
BRUCE SPRINGSTEEN: Nous avons immédiatement perçu cette division, tu comprends. Immédiatement. La ville s'est coupée en deux, comme je le décrivais ce matin. Il y avait les hommes et les femmes des années 50, et il y avait ceux des années 60. Mon adorable beau-frère, qui a épousé ma charmante sœur en 1968 - une des années les plus agitées du Mouvement pour les droits civiques - a toujours été un homme des années 50. Il aurait fait partie de ces silencieux, ce que Nixon appelait la Majorité Silencieuse, et, évidemment, moi je me suis retrouvé de l'autre côté.
Mais c'était la première fois que ces divisions strictes étaient profondément visibles dans la société et pleinement liées au Mouvement pour les droits civiques, liées à la race, au rôle croissant des voix noires dans la société.
POTUS BARACK OBAMA: Oui... Écoute, tu as la race, et dans une certaine mesure, tu as juste des relations entre hommes et femmes qui changent, non ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: Et, dans une certaine mesure, ce type des années 50, cette Majorité Silencieuse, elle se solidifie. Elle s’endurcit. Et elle continue de caractériser le paysage politique actuel. Nixon a posé les bases.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tout à fait.
POTUS BARACK OBAMA: Même si Nixon lui-même a puisé ces bases-là de Goldwater (12)
BRUCE SPRINGSTEEN: Mais il en a repoussé les limites.
POTUS BARACK OBAMA: Mais Nixon...
BRUCE SPRINGSTEEN: La Stratégie du Sud, Lee Atwater (13), ils en ont fait une vérité absolue, comme une manière de s'accrocher au pouvoir.
POTUS BARACK OBAMA: Exactement.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et retourner le pays à leur avantage.
POTUS BARACK OBAMA: Une des raisons pour laquelle la stratégie a marché - quand je parlais de la signification d'être un Américain - c'est qu'il existe une culture américaine, que nous partageons tous.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: La monoculture... elle a rassemblé la population, sauf qu'elle excluait une grande partie du pays. Une grande partie du pays restait invisible.
BRUCE SPRINGSTEEN: Point barre.
POTUS BARACK OBAMA: Et puis, ce qui est arrivé, c'est que cette partie du pays qui était jusqu'alors invisible - limitée aux serveurs, aux bagagistes - s'est dit tout à coup, « Tu sais quoi... Nous sommes là. Nous voulons être au cœur de l'histoire ».
Et c'est là que l'enfer se déchaîne [rires] C'est lorsque la Majorité Silencieuse répond, « Attendez une seconde. Elle nous allait très bien cette histoire américaine que nous avions en commun. Nous avons compris ce que ça signifiait...
BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.
POTUS BARACK OBAMA: ...de se définir nous-mêmes comme Américains. Mais vous êtes en train de dire que vous voulez faire partie de l'histoire. Mais c'est déroutant pour nous ». La raison pour laquelle il est primordial de reconnaître l'importance de cet élément culturel, c'est qu'il se reflète aussi dans les informations. S'il y avait eu Fox News (14) à l'époque du Watergate, il n'est pas certain que Richard Nixon finisse par démissionner...
BRUCE SPRINGSTEEN: Destitué...
POTUS BARACK OBAMA: Ah il aurait été destitué, mais il n'aurait peut-être pas...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement. Il n'aurait pas quitté le pouvoir. Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...quitté le pouvoir. Une de mes histoires préférées remonte à assez tard au cours de mon mandat, à l'époque où cette polarisation était déjà très présente.
Nous nous rendons dans un des États du Dakota pour une cérémonie de remise des diplômes, dans une université qui fait un travail remarquable en matière de formation professionnelle des jeunes, en vue d'une insertion directe dans le monde du travail. C'est une petite ville, clairement pas acquise à ma cause. Manifestement, pas un comté m'est favorable, et un comté m'est franchement hostile. Il n'empêche que c'est toujours un évènement un Président qui se déplace, alors tout le monde se presse le long de la route pour observer le cortège. Puis, nous entrons dans la grande salle qui est pleine.
Habituellement, les correspondants de la Maison-Blanche se contentent de rester avec moi, au lieu d'aller explorer la communauté à laquelle nous rendons visite. Mais, cette fois-ci, un journaliste prend l'initiative de se rendre dans un bar local pour voir quelle sera la réaction, dans cette ville, à mon intervention lors de la remise des diplômes. Il est assis là, au milieu de quelques types en chemises de bucherons et casquettes, qui boivent leur bière. Fox News retransmet l'évènement en direct, parce que je suis sur leur fief. Ces types regardent la télévision, ils sont assis tranquillement, puis se tournent vers le journaliste et lui demandent, « C'est comme ça qu'il parle habituellement Obama ? » Et le journaliste répond, « Oui, c'est du Obama relativement classique » . Ils disent, « Ha, pas vraiment ce à quoi je m'attendais ! » J'étais président depuis cinq ou six ans. La cloison était si épaisse que, en tant que Président des États-Unis, je ne pouvais atteindre ces types qu'en me rendant physiquement dans leur ville, pour que les médias locaux couvrent l'évènement. Et ça, c'est nouveau.
Et je pense que c'est difficile de se dire, « Comment reconstituons-nous cette idée de chaîne commune ? » Celle dont tu parlais. Cette idée que ce n'est pas bleu ou rouge, ce n'est pas noir ou blanc, c'est l'Amérique. Comment fais-tu pour la recréer, si tu as une culture scindée en deux ? Si, à un moment donné, quelqu'un dit au sujet des Beatles, « Les Beatles sont plus grands que Dieu, ou plus grands que Jésus... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et bien, la raison, c'est qu'on les a vu passer au Ed Sullivan Show (15).
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Non ? Elvis passe au Ed Sullivan Show. Et il faisait partie de cette culture commune.
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument. Et je sais que récemment il y a eu un débat sur Elvis, sur l'appropriation culturelle. Mais...
POTUS BARACK OBAMA: Vas-y, donne-moi ton point de vue sur Elvis maintenant. Et je signale, au passage...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...je suis un grand fan d'Elvis.
BRUCE SPRINGSTEEN: Ok ! Et bien Elvis, tu sais, Elvis faisait partie de mon enfance, il ne faisait pas partie de mon adolescence, il faisait partie de mon enfance, j'avais 9 ans. C'est à l'âge où je l'ai vu au Ed Sullivan Show.
[Archive d'Elvis parlant au The Ed Sullivan Show : (applaudissements) “Mesdames et Messieurs ah... Pourrais-je avoir votre attention s'il vous plaît ? Ah, J'aimerais vous dire que nous allons jouer une chanson triste pour vous...”]
BRUCE SPRINGSTEEN: On a tendance à oublier qu'au départ Elvis a été présenté comme une nouveauté. On pouvait se méprendre sur lui. En partie parce que c'était une nouveauté, tu vois. Il a ébranlé les images de la masculinité. Il se teignait les cheveux, il se maquillait, il bougeait, certains disaient, « comme une strip-teaseuse, comme une femme ». Et donc dans les yeux d'un enfant, il ressemblait à un personnage de cartoon. Il marquait ton imagination.
[Archive d'Elvis jouant au The Ed Sullivan Show : (applaudissements) “You ain't nothin' but a hound dog... Cryin' all the time... You ain't nothin' but a hound dog... Cryin' all the time... (applaudissements)]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et donc, je suis allé immédiatement devant le glace et j'ai commencé à me trémousser.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'ai attrapé le balai, et j'ai commencé à gratter ce balai comme une guitare et, « Maman, je veux cette guitare ». Et j'ai eu une guitare pendant deux semaines, et j'ai réalisé qu'elle était vraie et qu'il fallait apprendre à en jouer. Et j'en suis resté là jusqu'à ce que les Beatles débarquent sur nos côtes.
Et j'ai appris que toute cette musique que j'écoutais, particulièrement les premières chansons des Beatles et des Stones, provenaient de musiciens noirs. Chuck Berry, Arthur Alexander... il y en trop pour les citer tous. C'est de cette façon-là que j'ai remonté le temps jusqu'aux racines Afro-Américaines de la musique rock [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Écoute, toute cette histoire... Je ne veux pas être lourd, et nous pouvons y revenir, mais cette histoire d'appropriation culturelle...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Je dois dire que je ne crois pas en une définition étroite qui dicterait qui a le droit de faire quoi.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je suis d'accord. Je suis d'accord avec toi sur ça.
POTUS BARACK OBAMA: Je pense que nous volons...
ENSEMBLE: Tout le monde, partout.
POTUS BARACK OBAMA: C'est la nature de l'humanité. C'est la nature de la culture. C'est ainsi que les idées migrent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: C'est ainsi que la musique est créée. C'est ainsi que les spécialités culinaires sont créées. Je ne veux pas que nous pensions que telle personne doit obligatoirement procéder de cette manière-là...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...et telle autre personne de cette manière-ci.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je suis d'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Je pense que ce qui a toujours été pertinent concernant cette appropriation culturelle, c'est quand le compositeur noir qui écrit la chanson et qui joue mieux la chanson sur scène, ne peut pas signer de contrat discographique, alors là est le problème. Le problème n'est pas... Je n'ai aucun problème avec les artistes blancs qui jouent de la musique noire, car je ne pense pas qu'il existe aussi simplement, exclusivement, une musique noire ou une musique blanche...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: ...ou une musique Hispanique. Ce sont des réalités économiques et des dynamiques de pouvoir qui sont sous-jacentes, et dont Elvis, de toute évidence, était partie prenante. Il ne l'a pas inventé. Mais la réalité, c'était qu'il y avait des chansons composées par des artistes noirs, et dont les musiciens noirs ne pouvaient pas tirer profit.
BRUCE SPRINGSTEEN: La seule chose qui pourrait me faire changer d'avis, c'est Pat Boone reprenant Little Richard.
POTUS BARACK OBAMA: C'est un problème.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est brutal [rires]
POTUS BARACK OBAMA: C'est mauvais.
BRUCE SPRINGSTEEN: J'ai encore quelques questions. Je peux ?
POTUS BARACK OBAMA: Tu es autorisé !
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Vas-y... Quoi d'autre... Qu'est-ce que tu as d'autre ?
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Juste une... encore quelques trucs sympas : la première chose, tes héros Américains.
POTUS BARACK OBAMA: Oh mec ! Oui, nous allons parler d'eux.
[La guitare acoustique joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Ok, tu veux que je commence ?
POTUS BARACK OBAMA: Oui, vas-y. Qui as-tu ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Mohammed Ali.
POTUS BARACK OBAMA: Ali est... C'est du solide.
BRUCE SPRINGSTEEN: Il est tout en haut, au sommet.
POTUS BARACK OBAMA: [rires] Si nous commençons par le sport, tu dois mentionner Jackie Robinson (16).
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: Jackie Robinson est non seulement la fierté de l'Amérique noire, qui le voit se battre et exceller face aux menaces et traitements des plus brutaux, mais il a également changé les cœurs et les esprits de l'Amérique blanche tout au long de sa carrière.
[La guitare acoustique joue en fond]
Le nombre de blancs d'une certaine génération qui m'ont dit la manière dont ils ont été transformés, eux ou leurs pères...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Ce qu'il représentait pour un gamin de 8 ans... Un gamin blanc dans les tribunes qui supporte un noir.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
[La guitare acoustique joue]
[Archive audio de la dernière apparition publique de Jackie Robinson : “Je suis extrêmement fier et heureux d'être là cet après-midi, mais je dois avouer que je vais être beaucoup plus heureux et beaucoup plus fier lorsque je regarderai l’entraîneur de cette troisième base un jour et que je verrai un visage noir entraînant l'équipe. Merci beaucoup” (applaudissements)]
BRUCE SPRINGSTEEN: Musique. Prêt ?
POTUS BARACK OBAMA: Qu'est-ce que tu as ?
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Je choisis Bob Dylan.
POTUS BARACK OBAMA: Mec, tu ne peux pas te disputer à propos de Dylan.
BRUCE SPRINGSTEEN: Non ! [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et il continue d'avancer !
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui !
POTUS BARACK OBAMA: Il est un peu comme Picasso, dans le sens où il enchaine différentes périodes.
BRUCE SPRINGSTEEN: Géant, tout simplement.
POTUS BARACK OBAMA: Et il continue de rester novateur.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et il semble le faire pour lui-même...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...tout autant que pour les autres. Il ne peut s'empêcher, mais...
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est un artiste. Il fait ce qu'il a à faire. C'est tout.
POTUS BARACK OBAMA: C'est une source de créativité.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense à James Brown.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Pas de hip-hop sans James Brown.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Musicalement, qui as-tu ?
POTUS BARACK OBAMA: Ray Charles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Sans aucun doute.
[Ray Charles jouant ‘America the Beautiful’ : “Oh, now wait a minute, I'm talking about America, sweet America...”]
POTUS BARACK OBAMA: America (The Beautiful) est notre véritable hymne national en fait (17).
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que tu as raison.
POTUS BARACK OBAMA: Sans vouloir offenser l'autre !
BRUCE SPRINGSTEEN: Non, non, non. Tu as raison.
POTUS BARACK OBAMA: Je ne veux pas, tu sais, recevoir soudainement une avalanche de messages...
[Ray Charles jouant ‘America the Beautiful’ : “Yes he did, in brotherhoooood....From sea to shining sea...you know I wish I had some help...”]
POTUS BARACK OBAMA: Aretha Franklin.
BRUCE SPRINGSTEEN: Boom. Énorme héroïne.
[Aretha Franklin - Respect en fond]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, si je pense à la musique Américaine qui ne pourrait venir de nulle part ailleurs... Lorsque j'écoute n'importe quelle chanson que chante Aretha Franklin, je ressens l'Amérique.
[Aretha Franklin jouant Rock Steady : “Let's call this song exactly what it is (what it is, what it is, what it is) It's a funky and lowdown feeling (what it is) In the hips from left to right (what it is) What it is I might be doin' (what it is)....This funky dance all night...Ahhhhhhhhhhhh (Let me hear ya gotta feeling in the air)...]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais qui j'adore, juste parce qu'il est la quintessence de l'artiste américain ? Frank Sinatra.
BRUCE SPRINGSTEEN: Il a sa place au sommet. Il incarne toute une époque.
POTUS BARACK OBAMA: Cet espèce de décontraction, mais avec précision, l'espèce de décontraction étudiée qu'il projette. C'est un style américain très spécifique pour moi.
BRUCE SPRINGSTEEN: Les années 40, le cynisme romantique.
POTUS BARACK OBAMA: Exactement. C'est comme Bogart. Dans le fond, tu es un grand romantique.
BRUCE SPRINGSTEEN: Bien dit ! La vie est belle, la vie est merdique, tout en un.
POTUS BARACK OBAMA: Stevie Wonder.
BRUCE SPRINGSTEEN: Il fait des disques historiques pendant la décennie 70.
POTUS BARACK OBAMA: Cinq albums de suite, qui n'ont rien à envier à cinq albums de quiconque dans l'histoire.
BRUCE SPRINGSTEEN: Qui sont les autres Américains qui t'inspirent ?
POTUS BARACK OBAMA: Sans surprise, ceux qui me viennent en tête en premier, c'est Dr [Martin Luther] King et Malcom X, une sorte de yin et yang du mouvement de libération dans ce pays, et qui m'ont tant aidé à me façonner.
Mais ces personnalités-là ont parfois semblé plus grands que nature, et souvent celles qui m’ont le plus inspirées étaient celles qui étaient moins connues. Ah, pas seulement John Lewis, mais Dianne Nash et Bob Moses et Ella Baker, Fannie Lou Hamer, Joseph Lowery, C. T. Vivian, Fred Shuttlesworth. Tu vois, des personnalités qui n’ont jamais atteint ce même niveau de célébrité, qui n’ont pas bénéficié de ces extraordinaires dons, et qui, pourtant, grâce à leur obstination et à leur courage, ont accompli des choses extraordinaires. Ce sont des héros à taille humaine.
BRUCE SPRINGSTEEN: C’était, j’imagine... Le début des années 60 était... Celle que je voulais mentionner, c’était Ruby Bridges (18).
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: 6 ans. Le premier enfant noir à fréquenter l’école élémentaire William Frantz en Louisiane, dans le cadre de la politique de déségrégation. Elle se rend à l’école. La police fédérale l’escorte seule jusqu’à l’école.
POTUS BARACK OBAMA: Nous avons eu l’opportunité d’accrocher la peinture de Ruby par Norman Rockwell, le tableau a fait partie de la collection de la Maison-Blanche.
[Le piano joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Juste à la sortie du Bureau Ovale. Je pouvais donc le voir tous les jours.
[Images des informations du premier jour d’école de Ruby Bridges : (sirène) “La police fédérale des États-Unis protège de la foule Ruby Nell Bridges, 6 ans...”]
POTUS BARACK OBAMA: Et ce tableau dépeint Ruby, cette minuscule petite chose avec ses nattes et ses socquettes blanches et, tout ce que tu vois, ce sont les corps imposants de ces policiers, et à l’arrière, tu peux vaguement apercevoir ce graffiti gribouillé avec le mot nègre sur le mur.
[Le piano joue en fond]
Ruby est venue à la Maison-Blanche. Elle a mon âge aujourd'hui. Nous étions debout devant le tableau et...
BRUCE SPRINGSTEEN: Vraiment ?
POTUS BARACK OBAMA: ...elle m'a plus ou moins décrit la scène...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...et ce qu'elle avait ressenti. Et tu sais, elle était la grandiose représentante de cet héroïsme paisible, si commun à cette époque-là.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: La grâce absolue, tu pouvais encore le percevoir des décennies plus tard.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est incroyable ! A 6 ans.
POTUS BARACK OBAMA: A 6 ans.
[Le piano joue en fond, puis s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Si nous élargissons, Lincoln (19) reste... Il est au centre de ce que je pense être l'Amérique.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: La cabane en rondins de bois, ce n'est pas un mythe. C'est un gamin fauché... [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Exact.
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, il grandit dans conditions très misérables, limitées, sans raffinement, sans une scolarité complète, il s'instruit tout seul en lisant la Bible de King James et Shakespeare, et devient un des plus grands auteurs Américains de tous les temps.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Il fait carrière avant... Avant que tout le monde le connaisse. Il prépare seul l'examen pour devenir avocat. Il devient juriste itinérant à cheval dans l'Illinois, faisant des blagues et racontant des histoires. Il fait des affaires et gagne de l'argent. Et cependant, quelque part, il ne se départit jamais d'un vigoureux sens moral, de cette mélancolie, de cette profondeur.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exact.
POTUS BARACK OBAMA: Et il... Finalement, il se trouve être au cœur de cette question centrale sur l'Amérique, qui est, tu le sais bien, « Allons-nous devenir une nation véritablement libre ou pas ? »
BRUCE SPRINGSTEEN: Mmm.
POTUS BARACK OBAMA: Et il se confronte à cette question-là, avec autant de sérieux que possible. Et son espoir n'a jamais vacillé, il n'a jamais détourné l’œil de la vérité, y compris sur lui-même, y compris lorsqu'il est plongé dans l'amertume de la guerre et des incertitudes et des doutes. Et ce qui me frappe toujours, c'est le fait qu'il n'a jamais plié sous cette pression.
BRUCE SPRINGSTEEN: Non.
POTUS BARACK OBAMA: Et la pression était colossale. Et la vénération que j'éprouve à son égard ne signifie pas pour autant que j'ignore... Il n'a pas nécessairement pensé que les Noirs et les Blancs étaient égaux. Il pensait juste, « Je ne devrais pas enlever ce pain de la bouche de l'homme Noir qui fait tout le travail. Je devrais travailler moi-même et être responsable et gagner mon propre pain ». Je n'ai donc pas une vision trop romantique de Lincoln...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et je suppose que c'est ce qu'il y a de plus difficile à concevoir, que ce soit individuellement comme adulte ou comme nation... S'imaginer qu'il est possible de voir les torts chez quelqu'un sans le discréditer complètement.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Il est possible de regarder nos Pères Fondateurs et de se dire, « Oui, ils étaient propriétaires d'esclaves », et puis se dire également, « Mais cette Déclaration d'Indépendance, c'est quelque chose ». Je ne partage pas l'idée selon laquelle le fait d'avoir été propriétaire d'esclaves diminuerait le mérite de George Washington, en tant que père de ce pays, et figue historique extraordinaire. Je considère que les gens appartiennent à leur époque, et souvent les torts de leur temps sont incarnés en eux. Un pays avec à sa tête quelqu'un au caractère moins trempé que George Washington n'aurait peut-être pas tenu, n'aurait peut-être pas remporté la guerre d'Indépendance, et aurait aussi bien pu échouer.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Parce que de la même façon, je veux être capable de m'approprier n'importe quelle type de musique, ou n'importe quelle tradition, ou n'importe quelle type de cuisine... Si c'est bon, je le veux.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Je veux aussi être capable de m'approprier et de revendiquer l'exemple des bonnes choses que d'autres ont accompli, même s'ils n'étaient pas parfaits.
BRUCE SPRINGSTEEN: J'aime cette idée.
POTUS BARACK OBAMA: Je veux être capable de lire le second discours d'inauguration de Lincoln et juste savourer sa majesté.
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare et de l'harmonica en fond]
POTUS BARACK OBAMA: « Tendrement nous espérons, ardemment nous prions, pour que ce fléau terrible de la guerre puisse bientôt disparaître. Cependant, si Dieu veut qu’elle continue, jusqu’à ce que toute la richesse amassée en deux cents cinquante ans de travail de l'esclave soit détruite... et jusqu’à ce que chaque goutte de sang versée par le fouet, soit payée par une autre versée par l’épée, comme, parait-il, il y a 3000 ans. Alors, c'est que « les jugements du Seigneur, sont complètement bons et justes »
Sans haine contre personne, avec charité envers tous, avec une ferme confiance dans le droit, alors que Dieu nous permet de voir où est le bien, finissons le travail que nous avons commencé; pansons les blessures de la nation, occupons-nous de celui qui a lutté dans la bataille, de sa veuve et de son orphelin, faisons tout notre possible pour réaliser et chérir une paix juste et durable entre nous, et avec toutes les nations »
[Bruce Springsteen joue de la guitare et de l'harmonica en fond]
[PAUSE]
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: 6 ans. Le premier enfant noir à fréquenter l’école élémentaire William Frantz en Louisiane, dans le cadre de la politique de déségrégation. Elle se rend à l’école. La police fédérale l’escorte seule jusqu’à l’école.
POTUS BARACK OBAMA: Nous avons eu l’opportunité d’accrocher la peinture de Ruby par Norman Rockwell, le tableau a fait partie de la collection de la Maison-Blanche.
[Le piano joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Juste à la sortie du Bureau Ovale. Je pouvais donc le voir tous les jours.
[Images des informations du premier jour d’école de Ruby Bridges : (sirène) “La police fédérale des États-Unis protège de la foule Ruby Nell Bridges, 6 ans...”]
POTUS BARACK OBAMA: Et ce tableau dépeint Ruby, cette minuscule petite chose avec ses nattes et ses socquettes blanches et, tout ce que tu vois, ce sont les corps imposants de ces policiers, et à l’arrière, tu peux vaguement apercevoir ce graffiti gribouillé avec le mot nègre sur le mur.
[Le piano joue en fond]
Ruby est venue à la Maison-Blanche. Elle a mon âge aujourd'hui. Nous étions debout devant le tableau et...
BRUCE SPRINGSTEEN: Vraiment ?
POTUS BARACK OBAMA: ...elle m'a plus ou moins décrit la scène...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...et ce qu'elle avait ressenti. Et tu sais, elle était la grandiose représentante de cet héroïsme paisible, si commun à cette époque-là.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: La grâce absolue, tu pouvais encore le percevoir des décennies plus tard.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est incroyable ! A 6 ans.
POTUS BARACK OBAMA: A 6 ans.
[Le piano joue en fond, puis s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Si nous élargissons, Lincoln (19) reste... Il est au centre de ce que je pense être l'Amérique.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: La cabane en rondins de bois, ce n'est pas un mythe. C'est un gamin fauché... [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Exact.
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, il grandit dans conditions très misérables, limitées, sans raffinement, sans une scolarité complète, il s'instruit tout seul en lisant la Bible de King James et Shakespeare, et devient un des plus grands auteurs Américains de tous les temps.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Il fait carrière avant... Avant que tout le monde le connaisse. Il prépare seul l'examen pour devenir avocat. Il devient juriste itinérant à cheval dans l'Illinois, faisant des blagues et racontant des histoires. Il fait des affaires et gagne de l'argent. Et cependant, quelque part, il ne se départit jamais d'un vigoureux sens moral, de cette mélancolie, de cette profondeur.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exact.
POTUS BARACK OBAMA: Et il... Finalement, il se trouve être au cœur de cette question centrale sur l'Amérique, qui est, tu le sais bien, « Allons-nous devenir une nation véritablement libre ou pas ? »
BRUCE SPRINGSTEEN: Mmm.
POTUS BARACK OBAMA: Et il se confronte à cette question-là, avec autant de sérieux que possible. Et son espoir n'a jamais vacillé, il n'a jamais détourné l’œil de la vérité, y compris sur lui-même, y compris lorsqu'il est plongé dans l'amertume de la guerre et des incertitudes et des doutes. Et ce qui me frappe toujours, c'est le fait qu'il n'a jamais plié sous cette pression.
BRUCE SPRINGSTEEN: Non.
POTUS BARACK OBAMA: Et la pression était colossale. Et la vénération que j'éprouve à son égard ne signifie pas pour autant que j'ignore... Il n'a pas nécessairement pensé que les Noirs et les Blancs étaient égaux. Il pensait juste, « Je ne devrais pas enlever ce pain de la bouche de l'homme Noir qui fait tout le travail. Je devrais travailler moi-même et être responsable et gagner mon propre pain ». Je n'ai donc pas une vision trop romantique de Lincoln...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et je suppose que c'est ce qu'il y a de plus difficile à concevoir, que ce soit individuellement comme adulte ou comme nation... S'imaginer qu'il est possible de voir les torts chez quelqu'un sans le discréditer complètement.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Il est possible de regarder nos Pères Fondateurs et de se dire, « Oui, ils étaient propriétaires d'esclaves », et puis se dire également, « Mais cette Déclaration d'Indépendance, c'est quelque chose ». Je ne partage pas l'idée selon laquelle le fait d'avoir été propriétaire d'esclaves diminuerait le mérite de George Washington, en tant que père de ce pays, et figue historique extraordinaire. Je considère que les gens appartiennent à leur époque, et souvent les torts de leur temps sont incarnés en eux. Un pays avec à sa tête quelqu'un au caractère moins trempé que George Washington n'aurait peut-être pas tenu, n'aurait peut-être pas remporté la guerre d'Indépendance, et aurait aussi bien pu échouer.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Parce que de la même façon, je veux être capable de m'approprier n'importe quelle type de musique, ou n'importe quelle tradition, ou n'importe quelle type de cuisine... Si c'est bon, je le veux.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Je veux aussi être capable de m'approprier et de revendiquer l'exemple des bonnes choses que d'autres ont accompli, même s'ils n'étaient pas parfaits.
BRUCE SPRINGSTEEN: J'aime cette idée.
POTUS BARACK OBAMA: Je veux être capable de lire le second discours d'inauguration de Lincoln et juste savourer sa majesté.
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare et de l'harmonica en fond]
POTUS BARACK OBAMA: « Tendrement nous espérons, ardemment nous prions, pour que ce fléau terrible de la guerre puisse bientôt disparaître. Cependant, si Dieu veut qu’elle continue, jusqu’à ce que toute la richesse amassée en deux cents cinquante ans de travail de l'esclave soit détruite... et jusqu’à ce que chaque goutte de sang versée par le fouet, soit payée par une autre versée par l’épée, comme, parait-il, il y a 3000 ans. Alors, c'est que « les jugements du Seigneur, sont complètement bons et justes »
Sans haine contre personne, avec charité envers tous, avec une ferme confiance dans le droit, alors que Dieu nous permet de voir où est le bien, finissons le travail que nous avons commencé; pansons les blessures de la nation, occupons-nous de celui qui a lutté dans la bataille, de sa veuve et de son orphelin, faisons tout notre possible pour réaliser et chérir une paix juste et durable entre nous, et avec toutes les nations »
[Bruce Springsteen joue de la guitare et de l'harmonica en fond]
[PAUSE]
****
[La basse funky joue]
POTUS BARACK OBAMA: Voilà ce qui me rend optimiste et, si tu es d'accord avec moi à ce sujet, nous sommes tous les deux... Tu sais, je suis « l'optimiste ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm. Tu l'es.
POTUS BARACK OBAMA: Tu es le...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm. Je pensais l'être, mais tu es meilleur que moi [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Non, non, non, non. Allez, mec. Tu es « celui qui se lève (The Rising, ndt) ».
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Nous finissons donc sur une note optimiste, non ? La question qui se pose est, « Qu'est-ce qui nous fait croire que nous pouvons traverser jusqu'à l'autre rive, avec une Amérique qui soit pleine et entière et qui soit sincère et qui soit meilleure que celle d'aujourd'hui ? » Et nous l'avons déjà abordé, mais ce qui me rend optimiste, c'est cette génération qui arrive. Nous avons pu nous en rendre compte avec cette élection, de manière écrasante... Cette foule des moins de 35 ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Ils croient en une histoire unifiée de l'Amérique. Majoritairement, lorsque tu regardes cette jeunesse.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Nos enfants, les jeunes à travers le pays... Ils croient, presque que comme une seconde nature, que les gens sont égaux.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: Ils ne croient pas qu'on puisse discriminer quelqu'un sur la base d'une couleur de peau ou d'une orientation sexuelle ou d'un genre ou d'une appartenance ethnique ou d'une foi. Ils ne croient pas en l'ordre économique qui est grossièrement inégalitaire, avec une poignée d'individus qui valent plus que des millions de leur concitoyens. Ils ne croient pas en une société qui ignore la mutilation de la planète. Ils rejettent l'idée que nous n'aurions aucune responsabilité envers les futures générations...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: ...lorsque nous faisons face au changement climatique. La bonne nouvelle, c'est qu'une génération se lève. La question est, « Pouvons-nous tenir assez longtemps...»
ENSEMBLE: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Le temps qu'ils soient assez murs pour être aux commandes.
BRUCE SPRINGSTEEN: En attendant la cavalerie ! [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Nous avons tellement foiré ces choses-là. Et tu sais, je veux croire que nous pouvons réussir. Notre job est d'aider à bâtir ce pont pour la prochaine génération.
[La guitare électrique joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: Et tes chansons et mes discours ou mes livres ou cette conversation... Je pense que c'est pour que la prochaine génération puisse savoir, « Vous êtes sur la bonne voie »
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu dois laisser la lanterne allumée, mon ami.
POTUS BARACK OBAMA: Oui ! Exactement.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est ce qu'il fait retenir.
POTUS BARACK OBAMA: Exactement. Retenir que l'Amérique est vraie et réelle et disponible pour vous. Je sais que ce n'est pas le cas aujourd'hui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Mais elle est là.
[La guitare électrique joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Je suis d'accord. C'est mièvre, mais nos enfants nous rendent optimiste, tu sais. Ils nous forcent à être optimiste. C'est leur monde et nous passons le relais. Je ne veux pas entendre parler de parent pessimiste. Si c'est le cas, c'est que tu t'es trompé [rires] Mes enfants, et je le dis en remerciant Dieu, sont de solides citoyens [rires] dont le caractère à tout juste 30 ans surpasse largement le mien [rires] Ils me rendent donc humble et... Patti et moi, nous vivons dans leur grâce et nous leur en sommes reconnaissants.
[La guitare électrique joue et s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: Merci.
POTUS BARACK OBAMA: Je pense que nous avons bien travaillé aujourd'hui, mon frère.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement. Oui, merci mon frère.
POTUS BARACK OBAMA: J'ai appris des choses.
BRUCE SPRINGSTEEN: Moi aussi [rires] Woo !
[Bruce Springsteen joue Born in the U.S.A. à la guitare acoustique]
BRUCE SPRINGSTEEN: [chantant] Né dans une ville paumée... Le premier coup de pied, je l'ai reçu en heurtant le sol... Tu finis comme un chien qui a été trop battu... Jusqu'à passer la moitié de ta vie à cacher tes blessures... Je suis né aux U.S.A... Né aux U.S.A... J'ai trempé dans une petite histoire, dans ma ville... Alors ils m'ont mis un fusil entre les mains... Ils m'ont expédié dans un pays étranger... Pour aller tuer l'homme jaune... Je suis né aux U.S.A.... Né aux U.S.A.... De retour au pays, à la raffinerie... Le chef du personnel m'a dit "Fiston, si ça ne tenait qu'à moi"... Je suis allé voir mon conseiller au bureau des Vétérans... Il m'a dit "Fiston, n'as-tu rien compris"... J'avais un frère à Khe Sahn qui combattait les Viet Cong... Ils sont toujours là, lui a bel et bien disparu... Il avait une femme qu'il aimait à Saïgon... Tout ce que j'ai maintenant, c'est une photo de lui dans ses bras... Dans l'ombre du pénitencier... Sous les feux de la raffinerie... Dix ans que je brûle ma colère sur la route... J'ai nulle part où m'enfuir, nulle part où aller... Je suis né aux U.S.A. Né aux U.S.A....Je suis né aux U.S.A.... Je ne suis qu'un vieux, qui se la joue cool aux U.S.A....
[Bruce Springsteen joue Born in the U.S.A. à la guitare acoustique, et s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Voilà ce qui me rend optimiste et, si tu es d'accord avec moi à ce sujet, nous sommes tous les deux... Tu sais, je suis « l'optimiste ».
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm. Tu l'es.
POTUS BARACK OBAMA: Tu es le...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm. Je pensais l'être, mais tu es meilleur que moi [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Non, non, non, non. Allez, mec. Tu es « celui qui se lève (The Rising, ndt) ».
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Nous finissons donc sur une note optimiste, non ? La question qui se pose est, « Qu'est-ce qui nous fait croire que nous pouvons traverser jusqu'à l'autre rive, avec une Amérique qui soit pleine et entière et qui soit sincère et qui soit meilleure que celle d'aujourd'hui ? » Et nous l'avons déjà abordé, mais ce qui me rend optimiste, c'est cette génération qui arrive. Nous avons pu nous en rendre compte avec cette élection, de manière écrasante... Cette foule des moins de 35 ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Ils croient en une histoire unifiée de l'Amérique. Majoritairement, lorsque tu regardes cette jeunesse.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Nos enfants, les jeunes à travers le pays... Ils croient, presque que comme une seconde nature, que les gens sont égaux.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: Ils ne croient pas qu'on puisse discriminer quelqu'un sur la base d'une couleur de peau ou d'une orientation sexuelle ou d'un genre ou d'une appartenance ethnique ou d'une foi. Ils ne croient pas en l'ordre économique qui est grossièrement inégalitaire, avec une poignée d'individus qui valent plus que des millions de leur concitoyens. Ils ne croient pas en une société qui ignore la mutilation de la planète. Ils rejettent l'idée que nous n'aurions aucune responsabilité envers les futures générations...
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: ...lorsque nous faisons face au changement climatique. La bonne nouvelle, c'est qu'une génération se lève. La question est, « Pouvons-nous tenir assez longtemps...»
ENSEMBLE: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Le temps qu'ils soient assez murs pour être aux commandes.
BRUCE SPRINGSTEEN: En attendant la cavalerie ! [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Nous avons tellement foiré ces choses-là. Et tu sais, je veux croire que nous pouvons réussir. Notre job est d'aider à bâtir ce pont pour la prochaine génération.
[La guitare électrique joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: Et tes chansons et mes discours ou mes livres ou cette conversation... Je pense que c'est pour que la prochaine génération puisse savoir, « Vous êtes sur la bonne voie »
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu dois laisser la lanterne allumée, mon ami.
POTUS BARACK OBAMA: Oui ! Exactement.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est ce qu'il fait retenir.
POTUS BARACK OBAMA: Exactement. Retenir que l'Amérique est vraie et réelle et disponible pour vous. Je sais que ce n'est pas le cas aujourd'hui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Mais elle est là.
[La guitare électrique joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Je suis d'accord. C'est mièvre, mais nos enfants nous rendent optimiste, tu sais. Ils nous forcent à être optimiste. C'est leur monde et nous passons le relais. Je ne veux pas entendre parler de parent pessimiste. Si c'est le cas, c'est que tu t'es trompé [rires] Mes enfants, et je le dis en remerciant Dieu, sont de solides citoyens [rires] dont le caractère à tout juste 30 ans surpasse largement le mien [rires] Ils me rendent donc humble et... Patti et moi, nous vivons dans leur grâce et nous leur en sommes reconnaissants.
[La guitare électrique joue et s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: Merci.
POTUS BARACK OBAMA: Je pense que nous avons bien travaillé aujourd'hui, mon frère.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement. Oui, merci mon frère.
POTUS BARACK OBAMA: J'ai appris des choses.
BRUCE SPRINGSTEEN: Moi aussi [rires] Woo !
[Bruce Springsteen joue Born in the U.S.A. à la guitare acoustique]
BRUCE SPRINGSTEEN: [chantant] Né dans une ville paumée... Le premier coup de pied, je l'ai reçu en heurtant le sol... Tu finis comme un chien qui a été trop battu... Jusqu'à passer la moitié de ta vie à cacher tes blessures... Je suis né aux U.S.A... Né aux U.S.A... J'ai trempé dans une petite histoire, dans ma ville... Alors ils m'ont mis un fusil entre les mains... Ils m'ont expédié dans un pays étranger... Pour aller tuer l'homme jaune... Je suis né aux U.S.A.... Né aux U.S.A.... De retour au pays, à la raffinerie... Le chef du personnel m'a dit "Fiston, si ça ne tenait qu'à moi"... Je suis allé voir mon conseiller au bureau des Vétérans... Il m'a dit "Fiston, n'as-tu rien compris"... J'avais un frère à Khe Sahn qui combattait les Viet Cong... Ils sont toujours là, lui a bel et bien disparu... Il avait une femme qu'il aimait à Saïgon... Tout ce que j'ai maintenant, c'est une photo de lui dans ses bras... Dans l'ombre du pénitencier... Sous les feux de la raffinerie... Dix ans que je brûle ma colère sur la route... J'ai nulle part où m'enfuir, nulle part où aller... Je suis né aux U.S.A. Né aux U.S.A....Je suis né aux U.S.A.... Je ne suis qu'un vieux, qui se la joue cool aux U.S.A....
[Bruce Springsteen joue Born in the U.S.A. à la guitare acoustique, et s'estompe]
****
NOTES
(1) Jell-O est une marque déposée appartenant à la société Kraft Heinz et proposant une variété de gelée se mangeant en dessert. Le terme « Jell-O » est devenu un nom générique utilisé à travers les États-Unis pour désigner les préparations de gélatines à desserts.
(2) L’élection présidentielle américaine est un scrutin indirect, où le président des États-Unis est élu par un collège électoral (constitué des grands électeurs élus au suffrage universel dans chaque État), et régi par des règles inscrites dans la Constitution. Chacun des cinquante États élit un nombre de grands électeurs, égal au nombre de ses représentants et sénateurs, soit 538 en tout.
(3) Le drapeau des armées des États confédérés d’Amérique, est un drapeau rouge barré d’une croix bleu marine, sur laquelle se retrouvent 13 étoiles, représentant les 13 États du Sud qui avaient autoproclamé leur indépendance, refusant la réforme de l’esclavage portée par le président Abraham Lincoln en 1863. Né durant la guerre de Sécession (1861-1865), ce drapeau est aujourd'hui un symbole d’allégeance à l’Amérique esclavagiste.
(4) Sarah Palin est une femme politique américaine, membre du Parti Républicain, devenue l'égérie du mouvement du Tea Party, mouvement très conservateur.
(5) Paul Schrader (1946) est un scénariste et réalisateur américain.
(6) Born On The 4th Of July (1976) est l'autobiographie de Ron Kovic, soldat américain, revenu paralysé de la Guerre du Vietnam et devenu activiste anti-guerre. Son livre sera adapté au cinéma en 1989 par Oliver Stone, sous le titre Né un 4 juillet.
(7) En mars 2003, une coalition menée par les États-Unis du président George W. Bush envahit l'Irak, amenant la défaite rapide de l'armée irakienne, à l'arrestation et à l'exécution de Saddam Hussein, ainsi qu'à la mise en place d'un nouveau gouvernement. Cette guerre préventive a été menée pour parer à la menace des armes de destruction massive détenue par l'Irak, dont l'administration américaine affirmait à tort détenir la preuve, et dont personne n'a jamais trouvé trace.
(8) L’ouragan Katrina, qui a frappé les États-Unis en août 2005, est l'un des ouragans les plus puissants de l'histoire des États-Unis, avec plus de 1 800 morts, et des très fortes inondations, ayant amené la désolation sur La Nouvelle-Orléans et toute la Louisiane. La gestion par l’administration Bush a été fortement critiquée, à cause de sa lenteur de réaction face à cette catastrophe naturelle.
(9) Le scandale du Watergate est une affaire d'espionnage politique où des cambrioleurs (transportant du matériel d'écoute) sont arrêtés dans les locaux du parti Démocrate à Washington en 1972, année d'élection américaine. L'affaire, d'abord étouffée, puis révélée au grand jour par des journalistes, aboutira en 1974 à la démission de Richard Nixon, alors président Républicain des États-Unis, une commission d'enquête concluant à sa culpabilité et à son rôle actif dans la mise sur écoute du bâtiment du parti Démocrate.
(10) La Majorité Silencieuse est un concept politique servant à délégitimer des groupes contestataires, les renvoyant à leur condition supposée de minorité, et présupposant que ces groupes ne sont pas représentatifs du « pays réel ». Le président Républicain Richard Nixon emploiera cette expression en novembre 1969, pendant la Guerre du Vietnam, demandant le soutien de cette Majorité Silencieuse.
(11) En 1968, le candidat à la présidence américaine Richard Nixon adoptera comme thème de campagne le rétablissement de la loi et de l'ordre, la question des droits civiques étant cruciale, après plusieurs séries d’émeutes raciales, notamment en 1967. Il développera une « Stratégie du Sud », afin de séduire l'électorat blanc des États du Sud, qui votait traditionnellement démocrate.
(12) Barry Goldwater (1909-1998) était un homme politique américain, membre du Parti Républicain, candidat à la présidentielle de 1964, considéré comme le refondateur du mouvement conservateur aux États-Unis, dont les positions ultra-conservatrices, sur les questions fiscales, militaires, mais surtout raciales, ont modifié durablement le Parti Républicain, qui était à l’époque majoritairement modéré.
(13) Harvey LeRoy « Lee » Atwater (1951-1991) était un analyste et stratège politique. Membre du Parti Républicain, il a été conseiller des présidents Ronald Reagan et George W. Bush. Spécialiste de la publicité négative, il a inventé ou amélioré un grand nombre de techniques modernes de la politique électorale aux États-Unis, y compris en faisant circuler des rumeurs infondées sur ses adversaires ou en enquêtant sur leur vie personnelle.
(14) Fox News est une chaîne de télévision d'information en continu américaine, favorisant les positions politiques conservatrices, soutenant des théories conspirationnistes, ou menant des campagnes de désinformation. La chaîne a aussi grandement contribué à la victoire de George W. Bush à l'élection présidentielle de 2000, et encore plus à celle de Donald Trump en 2016.
(15) Le Ed Sullivan Show était une émission de télévision américaine, diffusée de 1948 à 1971.
(16) Jackie Robinson (1919-1972) était un joueur américain de baseball ayant évolué dans la Ligue majeure de 1947 à 1956, devenant le premier Noir à jouer en Ligue majeure depuis l'interdiction posée par les propriétaires des clubs. Infatigable militant de la cause égalitaire, il a ouvert la voie au Mouvement des droits civiques. Depuis 2004, la Ligue dédie le 15 avril à la mémoire de Robinson avec le Jackie Robinson Day.
(17) America (the Beautiful) est un hymne patriotique américain dont les paroles d'abord (comme poème) ont été écrites en 1895 par Katharine Lee Bates. Samuel A. Ward a composé une musique en 1882, et l'association des paroles et de la musique s'est faite en 1910 pour la première fois. Cette chanson est l'hymne officieux des États-Unis, l'hymne officiel étant The Star-Spangled Banner.
(18) En novembre 1960, Ruby Bridges est entrée dans l'histoire en devenant la première élève noire à intégrer le système scolaire public entièrement blanc de la Nouvelle-Orléans. Le moment a été immortalisé en 1964 par le tableau de Norman Rockwell, The Problem We All Live With. Le 15 juillet 2011, Ruby Bridges a rencontré le Président Obama pour réfléchir à ce moment historique, ainsi que sur le tableau, exposé dans l'aile Ouest de la Maison-Blanche pendant cinq mois, à la fin de l'année 2011.
(19) Abraham Lincoln (1809-1865) était un homme d'État américain, président des États-Unis, élu à deux reprises, en 1860 et 1864, et premier président Républicain de l’histoire du pays. Il a dirigé les États-Unis lors de la pire crise constitutionnelle, militaire et morale de leur histoire, lors de la guerre de Sécession.
Cet épisode a été diffusé pour la première fois le 05 avril 2021.
(1) Jell-O est une marque déposée appartenant à la société Kraft Heinz et proposant une variété de gelée se mangeant en dessert. Le terme « Jell-O » est devenu un nom générique utilisé à travers les États-Unis pour désigner les préparations de gélatines à desserts.
(2) L’élection présidentielle américaine est un scrutin indirect, où le président des États-Unis est élu par un collège électoral (constitué des grands électeurs élus au suffrage universel dans chaque État), et régi par des règles inscrites dans la Constitution. Chacun des cinquante États élit un nombre de grands électeurs, égal au nombre de ses représentants et sénateurs, soit 538 en tout.
(3) Le drapeau des armées des États confédérés d’Amérique, est un drapeau rouge barré d’une croix bleu marine, sur laquelle se retrouvent 13 étoiles, représentant les 13 États du Sud qui avaient autoproclamé leur indépendance, refusant la réforme de l’esclavage portée par le président Abraham Lincoln en 1863. Né durant la guerre de Sécession (1861-1865), ce drapeau est aujourd'hui un symbole d’allégeance à l’Amérique esclavagiste.
(4) Sarah Palin est une femme politique américaine, membre du Parti Républicain, devenue l'égérie du mouvement du Tea Party, mouvement très conservateur.
(5) Paul Schrader (1946) est un scénariste et réalisateur américain.
(6) Born On The 4th Of July (1976) est l'autobiographie de Ron Kovic, soldat américain, revenu paralysé de la Guerre du Vietnam et devenu activiste anti-guerre. Son livre sera adapté au cinéma en 1989 par Oliver Stone, sous le titre Né un 4 juillet.
(7) En mars 2003, une coalition menée par les États-Unis du président George W. Bush envahit l'Irak, amenant la défaite rapide de l'armée irakienne, à l'arrestation et à l'exécution de Saddam Hussein, ainsi qu'à la mise en place d'un nouveau gouvernement. Cette guerre préventive a été menée pour parer à la menace des armes de destruction massive détenue par l'Irak, dont l'administration américaine affirmait à tort détenir la preuve, et dont personne n'a jamais trouvé trace.
(8) L’ouragan Katrina, qui a frappé les États-Unis en août 2005, est l'un des ouragans les plus puissants de l'histoire des États-Unis, avec plus de 1 800 morts, et des très fortes inondations, ayant amené la désolation sur La Nouvelle-Orléans et toute la Louisiane. La gestion par l’administration Bush a été fortement critiquée, à cause de sa lenteur de réaction face à cette catastrophe naturelle.
(9) Le scandale du Watergate est une affaire d'espionnage politique où des cambrioleurs (transportant du matériel d'écoute) sont arrêtés dans les locaux du parti Démocrate à Washington en 1972, année d'élection américaine. L'affaire, d'abord étouffée, puis révélée au grand jour par des journalistes, aboutira en 1974 à la démission de Richard Nixon, alors président Républicain des États-Unis, une commission d'enquête concluant à sa culpabilité et à son rôle actif dans la mise sur écoute du bâtiment du parti Démocrate.
(10) La Majorité Silencieuse est un concept politique servant à délégitimer des groupes contestataires, les renvoyant à leur condition supposée de minorité, et présupposant que ces groupes ne sont pas représentatifs du « pays réel ». Le président Républicain Richard Nixon emploiera cette expression en novembre 1969, pendant la Guerre du Vietnam, demandant le soutien de cette Majorité Silencieuse.
(11) En 1968, le candidat à la présidence américaine Richard Nixon adoptera comme thème de campagne le rétablissement de la loi et de l'ordre, la question des droits civiques étant cruciale, après plusieurs séries d’émeutes raciales, notamment en 1967. Il développera une « Stratégie du Sud », afin de séduire l'électorat blanc des États du Sud, qui votait traditionnellement démocrate.
(12) Barry Goldwater (1909-1998) était un homme politique américain, membre du Parti Républicain, candidat à la présidentielle de 1964, considéré comme le refondateur du mouvement conservateur aux États-Unis, dont les positions ultra-conservatrices, sur les questions fiscales, militaires, mais surtout raciales, ont modifié durablement le Parti Républicain, qui était à l’époque majoritairement modéré.
(13) Harvey LeRoy « Lee » Atwater (1951-1991) était un analyste et stratège politique. Membre du Parti Républicain, il a été conseiller des présidents Ronald Reagan et George W. Bush. Spécialiste de la publicité négative, il a inventé ou amélioré un grand nombre de techniques modernes de la politique électorale aux États-Unis, y compris en faisant circuler des rumeurs infondées sur ses adversaires ou en enquêtant sur leur vie personnelle.
(14) Fox News est une chaîne de télévision d'information en continu américaine, favorisant les positions politiques conservatrices, soutenant des théories conspirationnistes, ou menant des campagnes de désinformation. La chaîne a aussi grandement contribué à la victoire de George W. Bush à l'élection présidentielle de 2000, et encore plus à celle de Donald Trump en 2016.
(15) Le Ed Sullivan Show était une émission de télévision américaine, diffusée de 1948 à 1971.
(16) Jackie Robinson (1919-1972) était un joueur américain de baseball ayant évolué dans la Ligue majeure de 1947 à 1956, devenant le premier Noir à jouer en Ligue majeure depuis l'interdiction posée par les propriétaires des clubs. Infatigable militant de la cause égalitaire, il a ouvert la voie au Mouvement des droits civiques. Depuis 2004, la Ligue dédie le 15 avril à la mémoire de Robinson avec le Jackie Robinson Day.
(17) America (the Beautiful) est un hymne patriotique américain dont les paroles d'abord (comme poème) ont été écrites en 1895 par Katharine Lee Bates. Samuel A. Ward a composé une musique en 1882, et l'association des paroles et de la musique s'est faite en 1910 pour la première fois. Cette chanson est l'hymne officieux des États-Unis, l'hymne officiel étant The Star-Spangled Banner.
(18) En novembre 1960, Ruby Bridges est entrée dans l'histoire en devenant la première élève noire à intégrer le système scolaire public entièrement blanc de la Nouvelle-Orléans. Le moment a été immortalisé en 1964 par le tableau de Norman Rockwell, The Problem We All Live With. Le 15 juillet 2011, Ruby Bridges a rencontré le Président Obama pour réfléchir à ce moment historique, ainsi que sur le tableau, exposé dans l'aile Ouest de la Maison-Blanche pendant cinq mois, à la fin de l'année 2011.
(19) Abraham Lincoln (1809-1865) était un homme d'État américain, président des États-Unis, élu à deux reprises, en 1860 et 1864, et premier président Républicain de l’histoire du pays. Il a dirigé les États-Unis lors de la pire crise constitutionnelle, militaire et morale de leur histoire, lors de la guerre de Sécession.
Cet épisode a été diffusé pour la première fois le 05 avril 2021.
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Renegades: Born in the U.S.A. is a Spotify Original
Presented and produced by Higher Ground Audio in collaboration with Dustlight Productions.
From Higher Ground Audio: Dan Fierman, Anna Holmes, Mukta Mohan, and Joe Paulsen are executive producers.
Carolyn Lipka and Adam Sachs are consulting producers.
Janae Marable is our Editorial Assistant.
From Dustlight Productions: Misha Euceph and Arwen Nicks are executive producers.
Elizabeth Nakano, Mary Knauf and Tamika Adams are producers.
Mary Knauf is also editor.
Andrew Eapen is our composer and mix engineer.
Additional mixing from Valentino Rivera.
Rainier Harris is our apprentice.
Transcriptions by David Rodrigruez.
Special thanks to Rachael Garcia, the Dustlight development and operations coordinator.
Daniel Ek, Dawn Ostroff and Courtney Holt are executive producers for Spotify.
Gimlet and Lydia Polgreen are consulting producers.
Music Supervision by Search Party Music.
From the Great State of New Jersey, special thanks to: Jon Landau, Thom Zimny, Rob Lebret, Rob DeMartin, and Barbara Carr.
We also want to thank: Adrienne Gerard, Marilyn Laverty, Tracy Nurse, Greg Linn and Betsy Whitney.
And a special thanks to Patti Scialfa for her encouragement and inspiration.
And to Evan, Jess and Sam Springsteen.
From the District of Columbia, thanks to: Kristina Schake, MacKenzie Smith, Katie Hill, Eric Schultz, Caroline Adler Morales, Merone Hailemeskel, Alex Platkin, Kristin Bartoloni and Cody Keenan.
And a special thanks to Michelle, Malia and Sasha Obama.
This is Renegades: Born in the U.S.A.
ANNA HOLMES: And thanks again to our sponsors Dollar Shave Club and Comcast.
Presented and produced by Higher Ground Audio in collaboration with Dustlight Productions.
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And a special thanks to Patti Scialfa for her encouragement and inspiration.
And to Evan, Jess and Sam Springsteen.
From the District of Columbia, thanks to: Kristina Schake, MacKenzie Smith, Katie Hill, Eric Schultz, Caroline Adler Morales, Merone Hailemeskel, Alex Platkin, Kristin Bartoloni and Cody Keenan.
And a special thanks to Michelle, Malia and Sasha Obama.
This is Renegades: Born in the U.S.A.
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POTUS BARACK OBAMA: Je pense qu'il y a là des choses qui valent le coup d'être écoutées !
BRUCE SPRINGSTEEN: Quelque chose ! Quelque part !
POTUS BARACK OBAMA: Quelque part.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Qu'est-ce que vous en pensez les gars ? Quelque chose ?
BRUCE SPRINGSTEEN: D'une manière ou d'une autre.
POTUS BARACK OBAMA: Nous allons pouvoir couper pas mal de choses que Bruce a dites, mais...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Vous savez, tout ce que j'ai dit, c'est clairement de l'or.
BRUCE SPRINGSTEEN: Gardez uniquement quand je joue de la guitare.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Quelque chose ! Quelque part !
POTUS BARACK OBAMA: Quelque part.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Qu'est-ce que vous en pensez les gars ? Quelque chose ?
BRUCE SPRINGSTEEN: D'une manière ou d'une autre.
POTUS BARACK OBAMA: Nous allons pouvoir couper pas mal de choses que Bruce a dites, mais...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Vous savez, tout ce que j'ai dit, c'est clairement de l'or.
BRUCE SPRINGSTEEN: Gardez uniquement quand je joue de la guitare.
ENSEMBLE: [rires]