Backstreets, 10 décembre 2015

Many Rivers To Cross



Un an et demi après la fin de l'escapade High Hopes, il est l'heure de repartir en tournée. Le week-end prochain, Bruce Springsteen & le E Street Band se réuniront à nouveau pour (l'émission) Saturday Night Live, un coup de semonce avant de prendre la route en janvier pour une série de concerts, d'une côte à l'autre. La tournée The River 2016 verra Bruce et les E Streeters jouer l'album The River chaque soir dans son intégralité, du début à la fin, ainsi que des inédits de cette période-là et "d'autres chansons préférées de Springsteen". La saison commence réellement demain avec la mise en vente éclair des places (que les Dieu des billets de concert aient pitié de nous).

Mais avant que tout démarre, Springsteen nous a téléphoné à Backstreets afin de nous dévoiler un peu plus ses plans, parlant au rédacteur Chris Phillips de sujets tels que l'album The Ties That Bind, les concerts, les albums live, et cette tournée impromptue qu'il n'avait pas vu venir, non plus.

The Backstreets Interview by Christopher Phillips
December 10, 2015

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Cette tournée arrive donc comme une sorte de surprise !

C'était une surprise. Pour nous aussi, il s'agissait d'une surprise, vous savez ? Nous étions partis sur un chemin légèrement différent – j'avais de nouvelles chansons, qui faisaient partie d'un projet plutôt personnel. Je pensais partir en tournée avec ce disque. Et puis le coffret est sorti, et nous avons commencé à plaisanter sur l'idée de faire un concert, peut-être... puis, deux, peut-être... et au final l'idée s'est transformée en une mini-tournée américaine. C'est une chance de laisser au public la possibilité de faire l'expérience du disque du début à la fin, ce que nous avons fait auparavant une seule fois sur scène.

Évidement, à chaque fois qu'une tournée se termine, il y a toujours des fans qui se demandent si c'est la dernière fois que nous verrons le groupe, c'est donc excitant d'avoir un nouveau chapitre. Savez-vous quel sera le line-up cette fois-ci ?

Il s'agira du line-up original post-réunion, tout simplement.

Pas de section de cuivres, pas de choristes ?

C'est exact. Donc, ce devrait être fun. Le projet personnel était un de ces projets que j'ai regardé et où je me suis dit, "Et bien, j'ai ce projet que j'aime beaucoup, mais il n'impliquera que moi, seul en scène". Et je me suis dit que si je me lançais dans ce projet-là, il se pouvait que le groupe ne reparte pas en tournée avant un petit moment. Donc, avoir ce petit répit aujourd'hui sera une bonne chose – il nous donnera la chance, à nouveau, de remonter sur scène, plutôt que de se retrouver après une période véritablement longue.

Il semble que la tournée soit prévue pour être courte – 22 villes uniquement, neuf semaines, et c'est tout. Est-ce la manière dont vous voyez les choses au jour d'aujourd'hui ?

Au jour d'aujourd'hui, oui. Pourrait-elle être un peu plus longue ? Tout dépend. Tout dépend de... si nous prenons du plaisir, si quelques autres concerts peuvent peut-être s'intégrer, nous pourrions peut-être y réfléchir. Mais à ce moment précis, ce sont les seules dates certaines que nous faisons.

A l'évidence, votre public européen est un public très dévoué, et on entend beaucoup de choses de la part de fans qui gardent les doigts croisés. Étant donné que la tournée européenne de 1981 a tenu une part prépondérante dans la période The River, je sais qu'il existe de grands espoirs.

Oui, c'est la tournée qui nous a établie en Europe – pour nous, la tournée The River a été un événement majeur, majeur. Mais je ne sais pas, il faut voir – comme je l'ai dit, nous n'avions initialement planifié que quelques concerts. Je ne sais pas si nous allons en faire beaucoup plus que ceux que nous avons planifiés, je suis incapable de le dire.

Qu'est-ce qui vous a motivé à reprendre la route avec ce coffret ? C'était il y a cinq ans, presque jour pour jour, vous étiez au Carrousel à Asbury Park pour un concert dédié à (l'album) The Promise, mais c'était un concert unique. Vous avez sorti le coffret Born To Run, et puis le coffret Darkness... Est-ce qu'il y a quelque chose dans le coffret The River qui vous donne envie de monter sur scène pour le jouer ?

L'idée de prendre la route a juste été... Et bien, nous avions ce grand projet - ces coffrets prennent beaucoup de temps à être assemblés - et quelle est la façon de lui donner le plus d'attention, et de le rendre le plus excitant possible ? C'est évidemment de se dire : "Et bien, nous pourrions peut-être le jouer sur scène !" Il y a bien longtemps que nous n'avons pas joué cet album, et le résultat avait été assez bon.

Aujourd'hui, nous n'avons pas besoin de jouer 150 concerts à chaque fois que le groupe se retrouve. Nous pouvons jouer une vingtaine de concerts, si nous avons quelque chose à dire – ou juste si nous aimons ça. Nous ne sommes plus liés par les anciennes règles, du style "Vous devez sortir un disque, puis vous devez partir en tournée pendant deux ans..." Je ne pense pas que nous ayons encore besoin de procéder comme ça aujourd'hui. Bien que je sois certain que c'est ce que nous ferons à l'avenir.

Mais vous n'avez pas besoin de le faire.

Nous n'avons pas besoin de le faire. Nous avons beaucoup plus de liberté. Vous savez, vous pouvez réunir le groupe pour jouer quelques dates – avec une idée derrière la tête, et du matériel avec lequel vous savez que les fans vont apprécier. Nous allons jouer le disque du début à la fin, et puis nous allons jouer certains des inédits, et nous allons jouer certaines chansons préférées, et la soirée devrait être belle.

Savez-vous déjà, en ce qui concerne les inédits, autour de quoi allez-vous graviter ? J'imagine que Stevie va pousser pour jouer Restless Nights. Avez-vous des chansons favorites dans le nouveau coffret ?

Je ne sais pas – vous savez, les inédits parmi lesquels nous allons piocher et que nous allons jouer changeront probablement d'un soir sur l'autre. Nous verrons comment ça se passe. J'en ai plusieurs en tête, mais je ne suis pas encore certain tant que nous ne commençons pas à jouer pour voir ce qui marche.

Un truc très important s'est produit depuis la dernière fois que nous avons parlé, ce sont les téléchargements des concerts. C'est bon de savoir que vous allez mettre de nouveau à disposition tous ces concerts à venir, soir après soir.

Oui. Si un spectateur veut un souvenir de son concert, alors il aura la possibilité de l'avoir.

Quel rapport entretenez-vous avec ces séries ? Ecoutez-vous chaque concert au fur et à mesure ?

Oui, c'est ce que je fais. J'en écoute différentes portions à des périodes différentes, pour écouter le son que nous avons, et voir la façon dont nous travaillons dessus. Mais dans le but de continuer, ce qui est ce que nous avons essayé de faire... c'est une sorte de mise sur le marché beaucoup plus spontanée. C'est bien de présenter aux fans notre musique d'une manière rapide, dans une qualité bien meilleure que ce qu'ils pourraient avoir avec les disques non officiels.

Et bien, de notre point de vue, c'était une nouvelle journée ensoleillée. Une chose formidable, longue à venir, et beaucoup de gratitude et de reconnaissance de la part des fans. Et ces concerts tirés des archives, avec les sorties de chez Nugs qui piochent dans les tournées précédentes, êtes-vous content du programme pour le moment ?

Oui, c'est du plaisir, également. Il n'y a vraiment pas de raison de ne pas sortir certains de ces concerts devenus classiques. Et certains dépassent vraiment d'une tête tout le reste. Nous essayons donc de trouver les concerts que les fans trouvent essentiels, à leurs yeux, et puis nous regardons si nous en avons un bon enregistrement. C'est bien de pouvoir les sortir – c'est bien d'avoir un espace dans lequel vous pouvez sortir vos disques si librement, là où auparavant, pendant la plupart de notre carrière, nous ne l'avions pas fait. C'est donc bien de servir les fans de cette façon-là.

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(Le concert de) Tempe est un document extraordinaire. Quand (le réalisateur) Thom Zimny est venu à Monmouth (University) il y a quelques semaines pour nous le montrer sur grand écran, c'était juste stupéfiant, et en le regardant, je me demandais... qu'est-ce qui vous a traversé l'esprit quand vous l'avez vu pour la première fois ? Vous avez mentionné vous être senti chanceux de dévoiler ces images, que voyez-vous quand vous regardez un documentaire comme celui-là, 35 ans plus tard ?

Je vois des musiciens tout maigres ! [rires] Il y a plein de petits jeunes tout maigres sur scène !

Des gamins !

Vous savez, à cette époque-là – à 30 ans, vous pensiez que vous étiez vieux. Nous pensions que nous étions vieux à 30 ans. Et puis vous regardez en arrière, et évidemment, c'est amusant. Mais le groupe avait atteint une sorte de sommet à cette période-là. Nous avions beaucoup de matériel sur lequel puiser, Clarence était au sommet de sa force, il était émouvant, et juste incroyable... Je me suis beaucoup amusé en regardant ce concert. C'est amusant de regarder votre propre moi plus jeune. Et il s'agissait d'une très bonne représentation du groupe que nous formions à ce moment-là.

J'étais trop jeune pour cette tournée – j'avais neuf ans à cette époque-là.

C'est la raison pour laquelle j'aime vraiment rendre disponible des choses comme le concert à l'Hammersmith, et les trucs que nous avons publié avec le coffret Darkness, et puis avec celui-là. C'est bien d'avoir ces témoignages du groupe à nos débuts. Car si vous n'étiez pas là, si vous n'étiez pas né, si vous étiez trop jeune, vous pouvez vous faire une idée de ce que nous faisions alors.

Nous étions vraiment contre le fait d'être filmé, et nous nous sommes donc très peu fait filmer. Quand j'y repense, c'était une erreur. Mais j'étais jeune et un peu superstitieux, et je ne voulais pas briser la magie en donnant la possibilité de voir le tour de trop près, vous comprenez ? Donc, nous avons peu filmé. Aujourd'hui, en regardant en arrière, si j'avais pu faire quelque chose de différent, j'aurais aimé que notre travail soit beaucoup plus documenté. Mais nous avons été assez chanceux que, d'une façon ou d'une autre, pour presque chaque tournée, quelqu'un avait une caméra pour capturer quelque chose. Aujourd'hui, nous filmons régulièrement. Mais à cette époque-là... non.

Quand je parlais avec Zimny, au sujet du concert de Tempe, au sujet de la déception de certains que le concert ne soit pas dans son intégralité, sa réponse a été, "Mec, on a été chanceux d'avoir autant que ce que ce qu'on a !"

Oh, nous l'avons été. Et évidemment, nous avons tout fouillé, pour voir ce qui était disponible, mais nous avons été chanceux d'avoir ce que nous avions trouvé. Car il était plus probable de n'avoir rien du tout, étant donné notre approche à cette période.

Le concert était filmé pour la promotion ? Pour la publicité ?

Je ne m'en souviens vraiment pas – je ne me souviens pas la raison pour laquelle le concert a été filmé. C'était peut-être... quelqu'un me l'a peut-être demandé, et j'ai juste dit "Ok". Je ne me souviens pas qu'il ait été filmé pour la promotion – mais peu importe la raison pour laquelle il a été filmé, il n'a pas été utilisé ! Comme tout le reste, comme le concert à l'Hammersmith, les films se sont retrouvés aux archives et y sont restés. Donc, je ne sais vraiment pas – peut-être était-ce filmé pour la postérité. Mais je ne m'en souciais pas trop à cette époque-là, car ça me perturbait. Si je voyais des techniciens avec des caméras, ou en train de filmer, j'en étais gêné quand j'étais jeune, donc je ne voulais pas m'en occuper.

Vous savez, je me suis toujours focalisé... le spectacle, c'est ce moment présent, c'est toi, c'est ce soir. Cet instant appartient aux personnes présentes dans la salle, et c'était mon premier et principal souci. Et tout ce qui pouvait l'entraver, j'étais contre à cette période-là. Par conséquent, nous n'avons pas beaucoup filmé [rires]

Qu'est ce qui a changé en vous, concernant cette attitude ?

Et bien, vous vieillissez et vous réalisez que certaines de ces choses auraient du être documentées. J'aurais aimé avoir un film de nous en train d'enregistrer The River, ou d'enregistrer Born In The USA - J'aurais vraiment aimé que ces films existent. En me replongeant dans les images de studio de Born To Run et de Darkness que nous avons, j'ai vraiment l'impression que, wow, j'aurais bien aimé que nous nous relâchions un peu et qu'on puisse laisser quelqu'un entrer pour quelques soirs. Mais nous n'avions qu'une idée en tête sur le disque. C'est de cette façon que nous avons enregistré le disque – c'est ainsi que les choses étaient faites. Mais en vieillissant, je me suis dit, "Non, je ne ferai plus cette erreur à nouveau", et une fois que nous sommes entrés dans les années 90, nous avons commencé à filmé beaucoup plus de choses. Je suis encore heureux aujourd'hui d'avoir ça.

Donc, pour cette tournée, vous allez jouer l'album The River en entier, du début à la fin. J'ai été assez chanceux pour être là au Madison Square Garden cette seule et unique fois, et c'était un spectacle incroyable, tout simplement.

Oui, c'était une soirée grandiose. Mes souvenirs de cette soirée sont fabuleux, donc nous nous sommes dit, "Oh, oui, nous pourrions le faire à nouveau !" Car je m'en souviens comme d'une soirée formidable. Ça a semblé fonctionner plutôt bien.

L'album s'adapte vraiment bien à un concert – avec toutes ces cimes et ces vallées que vous avez habituellement.

Oui – L'album The River a été configuré pour qu'il ressemble à un concert. Et donc il s'adapte bien à la scène – il s'adapte très bien tel quel. C'est la raison pour laquelle nous avons pris tout ce temps pour l'achever : notre idée était que le nouveau matériel puisse correspondre à un concert. Car les fans, jusqu'à ce moment-là, se disaient, "Mince, ce disque est formidable, mais..." Il y avait toujours le concert, le concert, le concert - l'idée que sur disque nous n'arrivions pas à capturer ce que nous faisions sur scène. Ce que nous n'avons pas toujours essayé de faire. Les disques sont très différents. Mais avec The River, nous avons essayé de retrouver sur l'album ce sentiment et un peu de cette ambiance.

La version simple de l'album (The River : Single Album), que j'aime beaucoup, n'aurait pas eu le même effet. Parlons un peu de ce disque.

Oui. C'était un disque que nous avons fait, et que nous avons donné à la maison de disques, et évidemment, qui n'est jamais sorti - nous avons fini par le reprendre. Quand je l'écoutais, j'employais souvent le même terme, je trouvais qu'il n'était pas assez grand. Il n'était pas assez vaste. Il n'incluait pas assez. J'étais arrivé à un point où je voulais inclure tout ce que je faisais, de mes chansons de fête à mes études de personnages, et je ne pensais pas que j'arriverais à le faire avec succès en une seule fois, en un album simple. Je n'ai pas récupéré cet album dans le but de faire un double album... je l'ai juste récupéré avec l'intention de le rendre meilleur.

Est-ce que la maison de disques a été furieuse lorsque vous l'avez récupéré ?

Je ne m'en souviens pas, vous savez ? Je ne me souviens pas qu'ils aient été en colère - nous étions assez chanceux, dans le sens où ils suivaient vraiment la direction que je prenais d'un point de vue créatif. Je suis un des rares artistes dont la maison de disques, la plupart du temps, est derrière moi, quelque soit la direction que je prends. Donc, je ne me souviens pas que le retrait de ce disque ait été un sujet sensible à cette époque-là.

Pourquoi avez-vous voulu l'inclure dans le coffret ? J'aime l'idée que cette partie cachée de l'histoire fasse partie à présent de votre catalogue, et à mes yeux, les différences sont significatives. Mais j'ai été surpris par cette décision - surtout, étant donné qu'une partie a finalement été publiée sur Tracks ou sur le double-album.

En le réécoutant aujourd'hui, la chose qui le rend assez particulier, c'est que l'ensemble de l'album a été mixé par Bob Clearmountain, présageant Born In The U.S.A. C'est un disque très différent. Un disque mixé par Bob... Bob est un transformateur. C'est un disque complètement différent du double album qui est sorti : si vous comparez, disons, les deux versions de The Ties That Bind, leur ressenti est très, très différent. Aujourd'hui, j'apprécie l'album simple - je l'adore, je l'ai écouté en assemblant ce coffret, et je me suis dit, "Hey, ce disque était bon". C'était bon de l'écouter à nouveau. Mais il n'avait pas la vaste envergure cinématographique du double disque que nous avons finalisé.

Le double album que nous avons finalisé a été notre au revoir au son de garage, d'une certaine façon. C'est là que nous avons compris la façon d'enregistrer et de mixer par nous-même, et nous avons laissé sur le disque tous les contours rugueux. Et au final, c'est une des caractéristiques que j'aime sur The River. Le disque rock suivant, évidemment, a été Born In The U.S.A., et donc, au moment de l'enregistrement, il y avait un critère différent concernant la qualité du son, et la façon dont nous sortions les disques.

Dans quelle proportion vous créditez Steve (Van Zandt) pour ce son et cette sensibilité ?

Sur The River, énormément. Steve était très... il a encouragé ce son garage à l'intérieur du disque, et l'album The River était un des albums sur lequel j'ai beaucoup cédé à Steve. Il l'a vraiment influencé. Moi-même, j'étais intéressé pour aller dans cette direction, mais il a été un véritable partenaire et une réelle influence sur le son de ce disque.

Qu'est-ce que vous aimez quand vous jouez un album dans son intégralité ? C'est quelque chose que vous faites régulièrement depuis le concert au Count Basie (Theatre) en 2008 ?

Premièrement, j'aime beaucoup car dans la plupart des cas, nous avons passé des années à mettre ces albums en ordre. Rien qu'à les mettre en ordre. Il s'agit d’œuvres complètes, et elles étaient censées être écoutées du début à la fin. Je continue à mettre mes disques en ordre de cette façon-là, vous savez ?

C'est très étrange, car j'ai toujours remarqué que la première chose que font les artistes lorsqu'ils montent sur scène, c'est de briser complètement l’album en morceaux. Ils jouent quelques chansons ici, quelques chansons là... En fait, c'est très inhabituel, si on considère le temps et l'attention passés à mettre en ordre le contenu d'un disque.

Donc, lorsque vous jouez sur scène ces albums-là, vous vous les remémorez un peu. Vous faites l'expérience cumulative d'un endroit très précis et d'une période très précise, un groupe de chansons très précis. Qui possède sa propre identité. Et je crois que l'accumulation de ces 20 chansons est plus grande que chaque chanson particulière jouée un soir donné. Vous vous remémorez l'époque, vous vous remémorez l'endroit où se trouvait votre esprit, les sujets auxquels vous pensiez, la personne que vous étiez à ce moment-là... Donc, j'aime jouer sur scène les albums dans leur intégralité. Quand vous le faites, vous avez l'impression que vous avez fait l'expérience de l'album dans son ensemble.

Oui, c'est le sentiment que j'ai au Garden ce soir-là. Et même certaines chansons que vous pourriez ne pas prendre au sérieux au moment de les jouer individuellement, comme Crush On You par exemple - quand elle arrive, juste au bon moment, c'est un grand plaisir.

[rires] Et bien, nous la jouerons !

Est-ce qu'il y a des concerts d'autres artistes qui se démarquent, à vos yeux, et que vous avez vu jouer sur scène un album dans son intégralité ? Avez-vous vu la tournée Quadrophenia ou quelque chose comme ça ?

Non, je ne l'ai pas vu. En fait, je ne suis même pas certain avoir déjà vu quelqu'un le faire sur scène. J'ai vu la vidéo de Van (Morrison) jouer Astral Weeks, et évidemment, c'est un de mes disques préférés de tous les temps, j'ai donc beaucoup aimé. Je sais qu'il y a plein d'autres artistes qui le font, mais je n'ai pas vu... Je sais que Steely Dan a fait un truc, je crois que c'était au Beacon, où chaque soir ils jouaient un album différent - j'aurais bien aimé voir ça. Je sais que John Fogerty a joué quelques-uns de ses albums aussi. Je n'ai pas eu la chance de les voir sur scène. Mais c'est amusant - c'est amusant à écouter, et je pense que c'est amusant à jouer pour les musiciens.

Est-ce qu'il y a des challenges qui vont avec ? Je pense au fait d'avoir un set comprenant une séquence rigide, ce qui ne vous arrive pas trop souvent. Il y a eu la tournée Tunnel Of Love, et le début de la tournée The Rising, mais en général...

Je pense que ce sera un soulagement, dans une certaine mesure [rires] Généralement, une fois sur scène, lorsque je suis au 1/3 ou au 2/3 de la chanson, mon esprit se demande déjà, "Ok, qu'est-ce que je vais jouer après ?". J'aime faire ça - et le groupe fait ça mieux que quiconque - mais ce sera amusant de jouer de la musique comme s'il s'agissait d'un petit opéra ou d'une petite pièce. Ce sera agréable à faire. J'ai hâte.

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