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Des locaux, avant toute chose; le Stone Pony était un bar local, le club du coin. J'ai commencé dans un endroit qui s'appelait le Student Prince, plus haut dans la rue. Quand le Prince était calme, je déambulais jusqu'au Pony, parce que Steve (Van Zandt) et Southside Johnny (1) étaient le groupe maison. C'est rapidement devenu mon QG. Il y avait beaucoup de bons musiciens, de jolies serveuses et barmaids, avec des groupes convenables qui venaient jouer, mais ce n'était pas, au départ, une salle pour des groupes à l'audience nationale. C'était notre club, tout simplement. Ceci dit, Asbury (Park) était une ville socialement vivante à cette époque-là. Le club avait des groupes réguliers plein d'entrain qui maintenaient le lieu en vie et à flot. Dehors, le centre-ville tombait en ruines, les manèges faisaient leur dernier tour, le bord de mer était mort, la ville en majorité vide et les gangs dangereux. Mais le club était en sécurité grâce à la lourde équipe de videurs qui s'évertuait à garantir le calme. Les femmes ne fréquentent pas les clubs dangereux, et là où il n'y a pas de femmes, il n'y aura pas d'hommes, c'est certain. Les garçons devant la porte pouvaient parfois être rudes. Ils ne toléraient pas les embrouilles liées à la drogue. Par une nuit d'été, Danny Federici a fait un vol plané, pour atterrir ventre contre terre, sur le trottoir, à cause de ses frasques stupéfiantes dans les toilettes pour hommes du Pony. Mon pote, un videur qu'on appelait Payback, était un colosse blond, amusant, ceinture noire, qui faisait régner l'ordre chaque semaine. Ensemble, nous prenions la Cadillac rouge de Steve et nous écumions la nuit les clubs de la ville, de Bradley Beach jusqu'à Asbury.
Il y avait beaucoup de bons groupes du coin qui n'iraient pas plus loin, mais qui, par un samedi soir moite, lorsque les plagistes voulaient danser et descendre des cocktails comme le Sex on the Beach, faisaient l'affaire de manière honorable et primordiale. Moi je buvais du Jack Daniel's, la boisson favorite de Ol' Blue Eyes (surnom de Frank Sinatra, ndt), et elle me servait bien. Le club était un endroit fabuleux pour planer et jouer quelques chansons au cours du dernier set. Je m'asseyais au bar toute la soirée, dans une attente brûlante, espérant mettre le feu à cette salle; là où, pendant quarante minutes, je transpirerais tellement, que je pouvais quitter le Pony complètement sobre. Southside Johnny, les vendredi, samedi et dimanche soirs, était probablement le meilleur groupe maison de tout le pays, à cette époque-là. Avec une section complète de cuivres, ils faisaient un bordel monstre dans cette salle. Steve était un incroyable leader-arrangeur, et Southside avait la voix et un vrai grain. L'endroit était plein d'excentriques du coin. Les propriétaires, Jack et Butch, imposants et videurs eux-mêmes, gardaient la maitrise sur tout, et tout le monde était content. C'était une bonne époque pour être jeune, au sein d'une communauté qui aimait la musique, tout comme vous. J'y ai passé beaucoup de soirs de semaine et de week-ends pendant quelques années, même au pic de ma popularité, et je n'ai jamais eu le moindre problème. Les gens étaient contents de me voir, et j'étais content de les voir. Continuer à rester local pendant toutes les années folles que j'ai traversées a été la chose la plus intelligente que j'ai faite. Le Stone Pony et ses patrons m'ont autorisé à continuer à être un des leurs, et je leur en serais pour toujours reconnaissant. A 74 ans, je ne descends pas au Pony aussi souvent qu'avant, mais je suis heureux de savoir qu'il est toujours là. Qu'il puisse continuer encore longtemps.
Bruce Springsteen
Il y avait beaucoup de bons groupes du coin qui n'iraient pas plus loin, mais qui, par un samedi soir moite, lorsque les plagistes voulaient danser et descendre des cocktails comme le Sex on the Beach, faisaient l'affaire de manière honorable et primordiale. Moi je buvais du Jack Daniel's, la boisson favorite de Ol' Blue Eyes (surnom de Frank Sinatra, ndt), et elle me servait bien. Le club était un endroit fabuleux pour planer et jouer quelques chansons au cours du dernier set. Je m'asseyais au bar toute la soirée, dans une attente brûlante, espérant mettre le feu à cette salle; là où, pendant quarante minutes, je transpirerais tellement, que je pouvais quitter le Pony complètement sobre. Southside Johnny, les vendredi, samedi et dimanche soirs, était probablement le meilleur groupe maison de tout le pays, à cette époque-là. Avec une section complète de cuivres, ils faisaient un bordel monstre dans cette salle. Steve était un incroyable leader-arrangeur, et Southside avait la voix et un vrai grain. L'endroit était plein d'excentriques du coin. Les propriétaires, Jack et Butch, imposants et videurs eux-mêmes, gardaient la maitrise sur tout, et tout le monde était content. C'était une bonne époque pour être jeune, au sein d'une communauté qui aimait la musique, tout comme vous. J'y ai passé beaucoup de soirs de semaine et de week-ends pendant quelques années, même au pic de ma popularité, et je n'ai jamais eu le moindre problème. Les gens étaient contents de me voir, et j'étais content de les voir. Continuer à rester local pendant toutes les années folles que j'ai traversées a été la chose la plus intelligente que j'ai faite. Le Stone Pony et ses patrons m'ont autorisé à continuer à être un des leurs, et je leur en serais pour toujours reconnaissant. A 74 ans, je ne descends pas au Pony aussi souvent qu'avant, mais je suis heureux de savoir qu'il est toujours là. Qu'il puisse continuer encore longtemps.
Bruce Springsteen
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NOTES
Cette préface a été écrite en juin 2024 pour le livre I Don't Want To Go Home : The Oral History of The Stone Pony de Nick Corasaniti, racontant l'histoire du club The Stone Pony, à Asbury Park (NJ), de sa création au début des années 70 à aujourd'hui, par ceux qui l'ont fréquenté.
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(1) Southside Johnny & the Asbury Jukes est un groupe américain de la côte du New Jersey, formé par (Southside) Johnny Lyon et Steve Van Zandt (qui en était le co-leader, le guitariste, le compositeur, l'arrangeur et le producteur) dans les années 1970. Les membres du groupe se sont succédé au cours des années, mais Johnny Lyon en est toujours resté le chanteur et le leader.